mercredi 23 mai 2018

SANS UN BRUIT

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"A Quiet Place" de John Krasinski. 2018. U.S.A. 1h30. Avec John Krasinski, Emily Blunt, Noah Jup, Millicent Simmonds, Cade Woodward.

Sortie salles France: 20 Juin 2018. U.S: 6 Avril 2018

FILMOGRAPHIE: John Krasinski est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 20 Octobre 1979 à Newton, Massachusetts, USA. 2018: Sans un bruit. 2016: La Famille Hollar. 2010-2012: The Office (TV Series: 3 episodes). 2009: Brief Interviews with Hideous Men.


Précédé d'une réputation dithyrambique auprès des critiques, Sans un bruit redore ses lettres de noblesse au cinéma horrifique adulte si bien que cette petite pépite d'angoisse et de tension redouble d'inventivité pour nous caler au siège avec une efficience optimale. Et ce en dépit de sa durée minimaliste (1h24 sans le générique) et d'un schéma narratif bien connu des amateurs (le survival en huis-clos avec son lot de stratagèmes offensifs et défensifs et effets-chocs récurrents). Car fort d'un concept génialement insolite (dans un monde post-apo, une famille et une sourde et malentendante vont tenter de déjouer la menace de créatures ultra sensibles au bruit), John Krasinski (réalisateur méconnu de Brief Interviews with Hideous Men et de La Famille Hollar) s'avère redoutablement inspiré pour donner chair à ses personnages démunis au sein du cadre exigu d'une ferme customisée. Sa configuration jalonnée de gadgets faisant notamment office de labo expérimental afin d'y déceler l'éventuelle faille des créatures. Le moindre bruit impromptu, le moindre accident domestique, le moindre objet tombé par inadvertance pouvant leur être fatal si bien que chaque membre familial eut été formé dans la vigilance, la patience, la discipline et l'esprit de solidarité. Par le truchement de cette menace meurtrière d'origine inconnue, on reste d'ailleurs fasciné par le design décharné de ces créatures comparables à des sauterelles mutantes et numérisées avec souci probant de réalisme.


Leurs nombreuses apparitions et agressions véloces provoquant une appréhension sensitive lorsque nos protagonistes sur le qui-vive se résignent à n'émettre aucun son en guise de survie. Maîtrisant une bande-son oppressante où chaque détail sonore nous distille une tension diffuse, et maîtrisant le non-dit des personnages statiques s'exprimant à travers le langage des signes, John Krasinski relance sans modération l'action horrifique dans de multiples directions impromptues. Et ce en départageant la famille (enfants livrés à eux mêmes au sein de la campagne, père à la recherche de ces derniers, mère repliée dans son foyer pour une raison maternelle) et en exploitant la disparité des décors (domestiques / naturels) plongés dans une obscurité à la lisière de l'onirisme (notamment à travers un jeu de lumières rutilants afin d'avertir le membre extérieur d'une situation de danger). Le jeu de cache-cache avec la peur (et le mutisme) atteignant parfois des sommets d'intensité lorsque nos protagonistes font preuve d'un héroïsme suicidaire pour se protéger mutuellement. Sur ce point, John Krasinski n'hésite pas non plus à tailler une carrure fragile à cette famille à la fois pugnace et désespérée si bien que certaines séquences poignantes provoquent une digne empathie jamais pathétique. L'intrigue mettant en exergue à travers ses personnages sévèrement ébranlés les valeurs familiales par le biais de l'amour, de la culpabilité, de la rédemption et du pardon.


Hurlements
Bourré d'idées retorses, de chausse-trappes (dont je tairais tout indice) et de péripéties alertes d'une intensité sensorielle, Sans un Bruit exploite au 1er degré la série B du samedi soir (rare pour ne pas le souligner !) à travers une intrigue linéaire oh combien charpentée si bien que chaque évènement horrifique se renouvelle fissa sous l'impulsion d'une bande-son aphone (ou autrement stridente) où le hurlement escompté tiendra lieu de délivrance ! 

* Bruno

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