jeudi 24 mai 2018

Cherry 2000

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site cineclap.free.fr

de Steve De Jarnatt. 1987. U.S.A. 1h39. Avec David Andrews, Melanie Griffith, Tim Thomerson, Jennifer Balgobin, Marshall Bell, Harry Carey Jr., Laurence Fishburne, Pamela Gidley, Michael C. Gwynne.

Sortie salles France: 27 Avril 1988. U.S: 5 Février 1988

FILMOGRAPHIE: Steve De Jarnatt est un réalisateur et scénariste américain.
1983: Strange Brow. 1987: Cherry 2000. 1988: Appel d'Urgence.

Tourné à la fin des années 80, Cherry 2000 s’impose comme l’un des derniers représentants du post-nuke américain, surfant sur le succès phénomène de Mad Max 2 avec un goût prononcé pour la dérision. Véritable bande dessinée menée tambour battant, entre gunfights et cascades explosives (souvent futiles mais généreuses), Cherry 2000 brille par son univers "rose bonbon" - logements futuristes rétro, déserts stylisés, costumes bariolés dignes d’une fête de carnaval. Steve De Jarnatt en tire une mise en scène ample, où chaque petite poursuite à travers les étendues du Nevada respire la liberté du plan large. Évasif, le film repose sur un duo de fortune aussi improbable qu’attachant : David Andrews, candide égaré, et Melanie Griffith, Mad Girl à la douceur armée. Ensemble, ils font osciller Cherry 2000 entre série B et série Z, dans un joyeux cocktail de romantisme, d'humour, de tendresse et d'énergie.


L’intrigue, aussi simple qu’un ticket de métro - un jeune veuf engage une chasseuse marginale pour retrouver le modèle androïde de son ancienne compagne - ne brille pas par sa profondeur. Prévisible, certes, notamment dans l’éveil amoureux du héros pour son guide jalouse, mais le film déploie un plaisir récréatif évident à travers son road trip mécanique. Qu’ils soient suspendus dans les airs par l’aimant d’une grue (séquence homérique, cocasse et débridée) ou filant dans le ciel en avion, leurs péripéties respirent la fantaisie modeste. Entre deux escarmouches et rencontres plus ou moins amicales, nos cowboys du futur affrontent des clans de mercenaires aussi orgueilleux que guindés - des "patibulaires" aux airs d’humanistes burlesques. Derrière ces panoplies saturées, on savoure le retour d’une galerie de seconds couteaux familiers aux cinéphages.


Naïf, pittoresque, mais d’une tendresse sincère, Cherry 2000 charme par sa douce étrangeté et ses accalmies poétiques. Sous ses airs de divertissement anodin, le film esquisse déjà une réflexion prophétique sur le sexisme et la déshumanisation par l’intelligence artificielle. Ce B movie sans prétention, à la fois attendrissant, fantasque et un brin désenchanté, demeure aujourd’hui un curieux OVNI : un western post-apocalyptique mâtiné de romance, baigné d’une mélancolie feutrée. Et Melanie Griffith, tout juste révélée par Body Double, y porte le film sur ses épaules avec une grâce désarmante, à contre-courant, dans la tendresse la plus innocente.

— le cinéphile du cœur noir

14/10/2025. 3èx. Vostf. 

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