mercredi 11 novembre 2020

Bacurau

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles. 2019. Brésil/France. 2h12. Avec Barbara Colen, Sônia Braga, Udo Kier, Thomas Aquino, Silvero Pereira 

Sortie salles France: 25 Septembre 2019

FILMOGRAPHIEKleber Mendonça Filho est un réalisateur, scénariste et ingénieur du son brésilien, né le 3 novembre 1968 à Recife. 2012 : Les Bruits de Recife. 2016 : Aquarius. 2019 : Bacurau (coréalisé avec Juliano Dornelles).  Juliano Dornelles est un réalisateur et producteur brésilien. 2019: Bacurau. 2016: O Ateliê da Rua do Brum. 


"La guerre, c'est comme la chasse, sauf qu'à la guerre les lapins tirent."
Ovni franc-tireur produit entre la France et le Brésil, Bacurau ne peut laisser indifférent le spectateur fureteur d'expérience atypique si bien que le divertissement bigarré proposé ici surfe avec le film d'auteur à travers un contexte politique aussi arbitraire que dictatorial. L'intrigue se focalisant sur les us et coutumes d'un peuple brésilien au sein de leur microcosme rural dénué de hiérarchie policière et politique. Car vivant en autarcie en dépit des sollicitations d'un élu perfide en lice pour la présidentielle, les villageois solidaires vont finalement avoir affaire à une menace nonsensique fondée sur une chasse à l'homme somme toute triviale. Version tropicale des Chasses du Comte Zaroff donc, tout du moins lors de sa seconde partie autrement gorasse et sauvage (tête explosée et corps démembrés à coups de machette à l'appui !), Bacuro cultive les ruptures de ton au risque de dérouter une partie du public impliqué dans un bad trip capiteux où les laissés pour compte nous suscitent une empathie non programmée. Car si la 1ère partie documentée parvint avec succès à nous familiariser auprès de ses contestataires tentant de survivre avec un sens inné de la débrouillardise, le second acte déploie la carte du divertissement pugnace lorsque ces derniers se réapproprieront les armes de leurs ancêtres belliqueux pour se défendre contre l'oppresseur assoiffé de sang. 

Nos prédateurs émissaires ayant comme unique motivation de massacrer la populace à balle réelle, et ce en essayant d'épargner femmes et enfants. Inutile de préciser que les dommages collatéraux épiceront leur cheminement criminel appuyé d'un sadisme (orgasmique) parfois dérangeant (le couple en coït dans les champs afin de fêter leur victoire sanglante). Dès lors, le carnage peut commencer, avec en intermittence, des situations insolites impromptues que l'on ne voit pas arriver. Les réalisateurs adoptant une étonnante maîtrise à travers un esprit de dérision sardonique, et ce même si l'ultra réalisme du contexte drama ne prête pas à la rigolage en dépit d'un grand-guignol graphique sporadique. Parfaitement mis en scène sous l'impulsion d'un suspense lestement oppressant; notamment en y oscillant les partitions musicales au synthé, Bacurau s'engage vers un cheminement tortueux de règlements de compte épiques en y conjuguant les composants du western, du thriller, de l'horreur, de la guerre et d'un soupçon de science-fiction avec ce drone discoïde surplombant le village afin d'espionner la populace retranchée dans des planques sous-terraines. Tout un programme vitriolé donc fréquemment détonnant et fulgurant en faisant la nique aux codes usuels. 


Illuminé de la présence du monstre sclérosé Udo Kier en leader militariste à demi-demeuré (même s'il faut patienter 1 heure pour le diaboliser) et d'une poignée de seconds-rôles méconnus résolument expressifs à travers leur humanisme à la fois meurtri et frondeur, Bacuro laisse une drôle d'impression d'expérience incongrue sous couvert d'une réflexion politico-sociale (inévitablement fascisante) dénuée de scrupule quant au sort des minorités ethniques livrées à l'isolement et à l'abandon, jusqu'à épuration. 
Pour public averti

*Bruno  

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