lundi 27 février 2023

Le Visiteur / The Caller

                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site lantreauxintrouvables.blogspot.com

de Arthur Allan Seidelman. 1987. U.S.A. 1h37. Avec Malcom McDowell, Madolin Smith

Sortie salles France: 13 Septembre 1989 (video). U.S: 27 Décembre 1989 (video)

FILMOGRAPHIE: Arthur Allan Seidelman est un réalisateur de télévision , de cinéma et de théâtre américain et un écrivain, producteur et acteur occasionnel. 2022: Delfino's Journey. (2014) Six Dance Lessons in Six Weeks. Quattrocento (2012). 2009 Where Muscles Were Born. 2009 The Venice Beach Hostel. The Awakening of Spring (2008). Two Spirits, One Journey (2007). Une preuve de trop (2007). The Sisters (2005). A Christmas Carol (2004) Traque à Puerto Vallarta (2004).  Liens de sang (2001). Les grandes retrouvailles (2001). Le prix du courage (2000). L'art de séduire (2000). Walking Across Egypt (1999). Grace & Glorie (1998). L'Enfant perdu (1997). Secrets de famille (1997). The Summer of Ben Tyler (1996). Harvest of Fire (1996). Amazing Grace (1995). Trapped in Space (1994).  La loi de la Nouvelle-Orléans (1994). Heaven Help Us (1994). Dying to Remember (1993). Les secrets de Lake Success (1993). FBI: The Untold Stories (1991). L'équipée infernale (1992). Body Language (1992). Un papa pour Noël (1990). Yulin in WIOU (1990). Capital News (1990). La loi de Los Angeles (1986). Double tranchant (1989). Nightingales (1989). Les disparus du lac (1988). A Friendship in Vienna (1988). Addicted to His Love (1988). A Place at the Table (1988). Glory Years (1987).  A Year in the Life (1987).  Des voix dans la nuit (1987). CBS Schoolbreak Special (1984).  Le Visiteur (1987). Poker Alice (1987). Tout pour être heureuse (1986). Bridges to Cross (1986). Angela Lansbury in Arabesque (1984). Sin of Innocence (1986). The Best Times (1985).  Trapper John, M.D. (1979).  Half Nelson (1985). Detective in the House (1985). City Blues (1983). La chasse aux diplômes (1973). Echoes (1982). Romance Theatre (1982). Macbeth (1981). Children of Rage (1975). Hercule à New York (1970)


Il faut du talent pour relever la gageure de maintenir l'attention 1h37 durant à se focaliser sur la dualité psychologique de 2 uniques personnages confinés au sein d'une cabane feutrée. C'est ce que Arthur Allan Seidelman est parvenu très efficacement à concrétiser à l'aide d'une économie de moyens pour tenir un discours initiatique à la maîtrise de soi et à la responsabilité. Tant et si bien qu'à la revoyure, et bien que j'appréhendais un peu de le revoir à cause de son hallucinant final à twist éventé, Le Visiteur demeure une excellente surprise oubliée de tous depuis sa location Vhs. Et c'est fort dommage tant le réalisateur s'y entend pour entretenir mystère et suspense autour de la trouble confrontation d'un étranger (surgi de nulle part) et d'une défunte épouse se combattant cérébralement parlant en s'inversant tour à tour les rôles au gré d'un jeu de défi et de confrontation relativement tendus. Le réalisateur parvenant intelligemment à casser les codes du thriller et du psycho-killer en laissant planer le doute sur ses 2 personnages mutuellement interlopes, notamment auprès de leur passé obscur qu'on nous développe peu à peu avec un art consommé de l'ambiguïté et de la perplexité. 

D'ailleurs, si une majorité du public applaudira l'audace de son cliffhanger, d'autres n'hésiteront pas à le juger risible ou bien discutable. En tout état de cause, et quelque soit les conclusions que l'on peut en tirer, on salue l'audace d'un pitch aussi retors que lunaire que les comédiens excellent dans leur inimitié bipolaire. Ainsi, il faut louer la présence de la méconnue Madolin Smith rigoureusement convaincante en veuve éplorée partagée entre l'angoisse, la rébellion, le goût du risque et la provocation à défier son adversaire afin de mieux dompter la situation. Son regard subtilement étrange car parfois effacé, impassible, demeurant particulièrement intense, diaphane au point d'éventuellement douter sur sa santé mentale. Quant à l'illustre Malcom McDowell, il s'avère toujours aussi génialement magnétique, bicéphale, indicible à travers son jeu sournois de psychologue impromptu cumulant les bravades pour extirper de son confort moral et du mensonge sa partenaire aussi obtuse, mutine, sarcastique et rivale que lui. 


Vénéneux suspense à la fois tendu, anxiogène, indécis et intrigant autour d'un règlement de compte moral où les répliques ciselées monopolisent le huis-clos délétère sans une once d'essoufflement, Le Visiteur demeure une vraie pépite de l'étrange sous l'impulsion d'un fulgurant coup de théâtre remettant en question tout ce que nous venions de voir. 

*Bruno
2èx. Vostfr. 

samedi 25 février 2023

Candyman 2 / Candyman: Farewell to the Flesh

                                              
                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site alamy.com

de Bill Condon. 1995. 1h35. Avec Kelly Rowan, Tony Todd, Veronica Cartwright, Bill Nunn, William O'Leary, Timothy Carhart

Sortie salles France: 9 Août 1995. U.S: 17 Mars 1995

FILMOGRAPHIE: Bill Condon est un réalisateur, scénariste, acteur et producteur américain, né le 22 octobre 1955 à New York, aux États-Unis. 1987 : Sister, Sister. 1995 : Candyman 2. 1998 : Ni dieux ni démons. 2004 : Kinsey. 2005 : Dreamgirls. 2011 : Twilight, Chapitre IV : Révélation - 1re Partie. 2012 : Twilight, Chapitre V : Révélation - 2e Partie. 2013 : Le Cinquième Pouvoir. 2015 : Mr. Holmes. 2017 : La Belle et Bête.


Boudé à sa sortie mais réhabilité depuis par certains critiques à l'occasion de sa commercialisation Blu-ray (suffit de surfer sur certaines plateformes de tests Blu-ray et blogs spécialisés), Candyman 2 ne méritait pas tant de discrédit. Car si on reste à 100 lieux de son modèle, authentique classique horrifico-sociologique à travers son pamphlet anti-raciste à la fois poignant et terrifiant, cette séquelle demeure tout à fait fréquentable sous la houlette de Bill Condon à qui l'on doit déjà Sister, Sister et surtout Ni Dieux ni Démons. Car soigneusement photographié sous un éclairage sépia et richement décoré, notamment à travers le carnaval du mardi gras de la nouvelle Orélans, Candyman 2 séduit les mirettes en prime d'entretenir notre attention cérébrale sous l'impulsion d'un pitch, certes simpliste et pafois maladroit, mais bénéficiant de 2 idées fructueuses (un miroir / une filiation) pour maintenir notre attention jusqu'au générique épaulé qui plus est d'une conclusion retorse par son ironie tacite dénuée d'effets de manche. On peut d'ailleurs en dire autant auprès du prologue sardonique (au gré d'un jumscare tétanisant à contrario d'autres aussi vains qu'infructueux !) lorsqu'un enseignant renseigne ses élèves sur la légende urbaine de Candyman avant de trépasser dans les toilettes d'un bar (tous les effets gores mécaniques s'avérant d'ailleurs crédibles au fil du récit). 


Niveau cast, si on s'agace facilement du duo de flics caricaturaux dans leurs mimiques aussi agaçantes qu'outrancières, la blonde Kelly Rowan parvient modestement à donner chair à son personnage héroïque partagée entre scepticisme,  fragilité dépouillée et dépassement de soi d'oser affronter son démon que le charismatique Tony Todd endosse avec un sérieux toujours imperturbable. Et s'il demeure moins effrayant qu'au préalable, sa première apparition lorsqu'il s'adresse à l'héroïne en la nommant par son prénom renoue avec l'angoisse tangible du 1er opus. Quant aux meurtres qui empiètent le récit, ils demeurent assez efficaces puisque justifiés par le traitement narratif n'en faisant jamais trop (en dépit de jump-scares foireux susnommés) quant au sort des personnages impliqués dans un conflit familial. Enfin, il faut également souligner qu'outre le caractère ludique de cette suite agréablement menée puisque dénuée de temps mort, Candyman 2 dégage un charme probant à travers sa chaude ambiance horrifique soigneusement esthétisée auprès de décors tantôt lugubres (le final dans la bicoque humectée), tantôt baroques (le repère de Candyman avec ces immenses tags polychromés) ou solaire (l'anthologique flash-back retraçant avec beaucoup de cruauté le lynchage supplicié de Daniel Robitaille). Quant au score lancinant toujours composée par Philip Glass, il imprègne tout naturellement l'oeuvre par ses tonalités sépulcrales à l'élégie saillante. 


Si on a donc affaire à une séquelle imparfaite parfois maladroite (notamment l'intrusion qui fait tâche de ce duo de flics sorti d'une mauvaise série TV) et dénuée d'ambition (l'aspect série B est beaucoup plus prononcé), Candyman 2 demeure toutefois attachant, formellemment soigné, assez captivant et sincère dans sa démarche d'y respecter la mythologie pour se laisser à nouveau séduire en toute modestie. 

*Bruno
24.02.23. 3èx
15.03.17. 2èx. 724 v

Ci-joint les chroniques du modèle et de l'excellent remake: 

jeudi 23 février 2023

Orgie Satanique / Devils of Darkness

                                              
                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

"Devils of Darkness" de Lance Comfort. 1965. Angleterre. 1h28. Avec William Sylvester, Hubert Noël, Carole Gray, Tracy Reed, Diana Decker, Rona Anderson.

Sortie salles France: 2 Décembre 1970. Angleterre: Septembre 1965

FILMOGRAPHIELance Comfort est un réalisateur, producteur et scénariste anglais. né le 11 Août 1908 à Harrow, Londres, décédé le 25 Août 1966 à Sussex. 1965 Orgie satanique. 1965 Be My Guest. 1964 Blind Corner. 1963 Live It Up! 1963 Tomorrow at Ten. 1962 The Break. 1962 The Painted  smile. 1961 The Breaking Point. 1961 Touch of Death. 1961 Pit of Darkness. 1961 Rag Doll. 1959 The Ugly Duckling. 1959 Make Mine a Million. 1957 Man from Tangier. 1957 At the Stroke of Nine. 1957 Face in the Night. 1956 The Man in the Road. 1956 Faccia da mascalzone. 1954 The Last Moment. 1954 Bang! You're Dead. 1954 Eight O'Clock Walk. 1953 The Girl on the Pier. 1953 The Triangle (sement "American Duel"). 1953 The Genie (segments "The Heel", "The Genie"). 1950 Portrait of Clare. 1949 L'homme à la cicatrice. 1948 Daughter of Darkness. 1947 Le port de la tentation. 1946 La perle noire. 1945 Great Day. 1944 Hotel Reserve. 1943 Escape to Danger. 1943 Old Mother Riley Detective. 1943 When We Are Married. 1943 Squadron Leader X. 1942 Those Kids from Town. 1942 Le chapelier et son château. 1942 Penn of Pennsylvania.


Exhumé de l'oubli par le génial éditeur Artus Film, même si uniquement dispo en Dvd (copie tout à fait correcte), VostfrOrgie Satanique (titre français un brin outrancier) est une charmante curiosité qui doit son capital sympathie de par la modestie de l'entreprise surfant sur le gothisme de la Hammer Film dans un contexte un peu plus contemporain. Car exploitant à nouveau le vampirisme sous couvert de magie noire et d'occultisme sans que n'y pointe de quelconques canines incisives, Orgie Satanique dégage un charme rétro constamment probant eu égard de l'application de sa réalisation "bricolée", de la beauté de ses décors domestiques un tantinet gothiques et de l'attrait attachant des interprètes sobrement convaincants à défaut de se transcender. L'intrigue demeurant qui plus est relativement efficace lorsque Paul Baxter se substitue en investigateur depuis la disparition de son amie Anne. 


Ce qui l'entraînera à fréquenter le comte Sinistre (Hubert Noël s'avère magnétique par son petit regard azur reptilien épaulé d'une posture longiligne discrètement snobée) accompagné de son épouse Tania, couple délétère instigateur d'une secte afin d'y vouer une victime féminine (Karen Steele) à l'immortalité. Or, le précieux talisman indispensable au rituel sanglant est depuis passé entre les mains de Paul Baxter qu'il repêcha sur les lieux du crime d'Anne. Ainsi, avec son ambiance occulte fleurant bon le Fantastique vintage, Orgie Satanique séduira les afficionados du genre, à défaut d'y conquérir la nouvelle génération, et ce avec une probité qui fait plaisir à voir de nos jours révolus. Une rareté dénuée de prétention, à découvrir donc, alors qu'il s'afficha sur nos écrans hexagonaux 5 ans après sa sortie British. 


* Bruno
07.06.18
23.02.23

mercredi 22 février 2023

The Whale

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Darren Aronofski. 2022. U.S.A. 1h57. Avec Brendan Fraser, Samantha Morton, Ty Simpkins, Sadie Sink, Hong Chau

Sortie salles France: 8 Mars 2023.  U.S: 9 Décembre 2022

FILMOGRAPHIE: Darren Aronofski est un réalisateur américain né le 12 février 1969 à Brooklyn (New York). Il travaille aussi en tant que scénariste et producteur. 1998 : π, 2000 : Requiem for a dream, 2006 : The Fountain, 2009 : The Wrestler, 2010 : Black Swan. 2014: Noé. 2017: Mother ! 2022: The Whale. 

Dans un climat fétide irrespirable épaulé d'une photo grisonnante cadrée en 4/3 (parti-pris du cadre restreint), Darren Aronofski nous relate la quotidienneté (quasi) esseulée d'un père ventripotent (il pèse plus de 270 kilos) tentant de renouer avec sa fille de 16 ans qu'il n'a pas revu depuis 8 ans. Drame psychologique intimiste d'une redoutable cruauté à travers le calvaire d'une obésité disproportionnée que les sermons d'une ado ne cesse d'appuyer à travers sa haine à la fois parentale et misanthrope, The Whale ne laisse nullement indifférent à observer sans voyeurisme ni complaisance cet homosexuel en berne délibéré à en finir après avoir tenté de réparer ses fautes auprès de sa fille mutine incapable de lui pardonner sa démission familiale. Ainsi, à travers les thématiques de la foi religieuse (en dichotomie avec l'athéisme), l'homosexualité (s'opposant à l'homophobie d'une main trompeuse), la solitude (tristement actuelle) impartie au célibat et la cellule familiale en marasme, The Whale dégage une trouble aura de malaise mêlée d'espoir et d'optimisme auprès de l'éthique de cet homme rongé de remord mais délibéré à prôner autour de lui la force de la passion que symbolisent les valeurs humaines que tout un chacun renferme en son intérieur. 

Et s'il ne s'agit pas à mon sens d'un grand film ni d'un chef-d'oeuvre, c'est que The Whale ne le cherche pas à l'être en oscillant modestie, pudeur et dignité. Un huis-clos confidentiel étouffant nous laissant de redoutables traces (/séquelles) dans l'encéphale sous l'impulsion du jeu lestement tendre et désespéré de Brendan Fraser se livrant à nu face caméra avec une intensité expressive parfois même insupportable (jusqu'au malaise viscéral). Quand bien même les seconds-rôles qui l'entourent demeurent communément expansifs, pour ne pas dire fulgurants à lui infliger leur rage de vivre (et de survie) depuis sa condition recluse irrévocable. Bouleversant et malaisant, The Whale l'est en intermittence assurément (quand bien même son ultime demi-heure demeure magistralement éprouvante auprès de sa profondeur cérébrale) sans s'apitoyer sur le sort précaire de ses personnages torturés. Puisque rongés par le mal-être existentiel, l'incommunicabilité, la remise en question rédemptrice, la quête du pardon, la peur de l'échec et l'hésitation de l'étreinte. 

Une oeuvre forte donc, cruelle et désespérée, mais aussi luminescente (ultime image évocatrice) car pleine d'espoir et d'optimisme à travers son message spirituel du pardon et de l'incitation à l'affirmation afin d'accéder à l'amour.

*Bruno

jeudi 9 février 2023

Le Village / The Village

                                           Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Night. M. Shyamalan. 2004. U.S.A. 1h43. Avec Bryce Dallas Howard, Joaquin Phoenix, Adrien Brody, William Hurt, Sigourney Weaver, Brendan Gleeson, Cherry Jones, Celia Weston.

Sortie salles France: 18 Août 2004. U.S: 30 Juillet 2004

FILMOGRAPHIE: M. Night Shyamalan est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, d'origine indienne, né le 6 Août 1970 à Pondichéry. 1992: Praying with Angers. 1998: Eveil à la vie. 1999: Sixième Sens. 2000: Incassable. 2002: Signs. 2004: Le Village. 2006: La Jeune fille de l'eau. 2008: Phenomènes. 2010: Le Dernier maître de l'air. 2013: After Earth. 2015: The Visit. 2017: Split. 2019: Glass. 2021: Old. 2023: Knock at the Cabin. 


Après avoir été profondément déçu lors de sa sortie en salles, faute d'avoir été vendu à tort comme un film d'épouvante en bonne et due forme, et bien qu'il m'eut fallu ce soir une grosse demi-heure d'adaptation à m'immerger dans cet univers hermétique (en espérant que ce soit un problème de fatigue et qu'au 3è visionnage j'y sois plus attentif et investi au vu de sa progression dramatique loin de laisser indifférent), Le Village m'est apparu autrement substantiel, profond, fragile, intimiste, émouvant à travers la thématique de l'obscurantisme que Night. M. Shyamalan traite de manière étonnamment prude et personnelle. Or, il s'agit toutefois d'une oeuvre délicate un brin difficile d'accès si j'en juge ma difficulté à m'être familiarisé auprès des personnages introvertis et de leur environnement paisible puisque vivants en autarcie dans une campagne loin de toute urbanisation. Et si le récit languissant peine à captiver au 1er abord, dès qu'intervient le 1er incident (sans dévoiler d'autre détail), le Village demeure davantage captivant, envoûtant, étrange, ombrageux, alerte lors de l'initiation d'une jeune aveugle collapsée, délibérée à sauver de l'agonie son prince charmant. Un modeste paysan gagné lui aussi par la curiosité de découvrir ce qui se tapi dans les bois et au-delà, si bien que selon la légende locale une créature est aux aguets si un des métayers ose s'y aventurer pour regagner la ville. 


Franchement poignant et émouvant à travers son discours pacifiste militant pour la non-violence et la tranquillité d'une existence sectaire impartie au non-dit, à la feinte, au simulacre, le Village nous démontre avec pudeur et retenue que la violence reste pour autant une menace environnementale où que nous nous implantions et quelque soit nos moyens mis à disposition pour s'en préserver. Si bien que le Mal reste dans la nature humaine à travers sa dualité bicéphale à combattre ou pas ses démons internes lorsque rancoeur, jalousie, vengeance entrent en scène pour le défier de sa capacité (ou non) à canaliser ses sentiments préjudiciables. Joliment photographié et traversé d'images graciles d'un onirisme naturaliste, le Village séduit les mirettes mais aussi l'ouïe. Tant auprès de ses dialogues étonnamment ciselés auquel il faut rester à l'écoute que du jeu investi des acteurs résolument impliqués dans leur morale anti progressiste puisque réfutant toute forme de modernisme, communication avec l'étranger et technologie envahissante. C'est donc une forme de cri de désespoir que nous cultive sobrement Night M Shyamalan à observer les motivations conservatrices de cette communauté à la fois superstitieuse et rétrograde car s'inventant en lieu et place de survie un semblant d'havre de paix en ayant recours à l'artillerie de légendes séculaires. Il y émane une oeuvre épurée d'une grande sensibilité, tel ce besoin immodéré d'aimer et d'être aimé, notamment auprès de son amertume tacite renforcé d'un happy-end non rédempteur. 


A revoir, en ayant toutefois conscience d'avoir affaire à un drame psychologique d'une rigueur communicative plutôt que l'affabulation du "ouh fais moi peur" grossièrement étendu lors de sa sortie ciné. 

*Bruno

Box-Office France: 2 430 910 entrées

lundi 6 février 2023

Tueurs de Dames / The Ladykillers

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alexander Mackendrick. 1955. Angleterre. 1h31. Avec Katie Johnson, Alec Guinness, Cecil Parker, Herbert Lom, Peter Sellers.

Sortie salles France: 3 février 1956. Angleterre: 8 décembre 1955

FILMOGRAPHIE: Alexander Mackendrick (Boston, 8 septembre 1912 – Los Angeles, 22 décembre 1993) est un réalisateur de cinéma britannique, d'ascendance écossaise. 1949 : Whisky à gogo ! 1951 : L’Homme au complet blanc. 1952 : La Merveilleuse Histoire de Mandy. 1954 : The Maggie. 1955 : Tueurs de dames. 1957 : Le Grand Chantage. 1959 : Au fil de l'épée coréalisé par Guy Hamilton — Mackendrick non crédité. 1961 : Les Canons de Navarone coréalisé par Jack Lee Thompson — Mackendrick non crédité. 1963 : L'Odyssée du petit Sammy. 1964 : The Defenders. 1965 : Cyclone à la Jamaïque. 1967 : Oh Dad, Poor Dad, Mama's Hung You in the Closet and I'm Feeling So Sad (non crédité). 1967 : Comment réussir en amour sans se fatiguer.
  

Tout simplement l'une des meilleures comédies jamais réalisées, un chef-d'oeuvre d'humour noir comme seuls les anglais ont le secret lorsque l'on a comme bagage un pitch aussi astucieux, prétexte à mettre en exergue une galerie de 5 gangsters minables (tout droits sortis d'une bande dessinée) élaborant leur coup du siècle parmi l'involontaire complicité d'une vieille dame vertueuse les hébergeant dans sa demeure locative. Multipliant sans modération les gags et situations, tant à l'extérieur de la demeure (le casse, l'altercation du commerçant avec le cheval, les incidents meurtriers à répétition du dernier acte) qu'en interne du huis-clos domestique étrangement dégingandé (certaines pièces de la maison sont obliques à la suite des bombardements de la seconde guerre mondiale), Tueurs de Dames est une jubilatoire confrontation psychologique entre ses pieds nickelés faussement courtois et cette dame débonnaire pour l'enjeu d'un butin. Ainsi, si cette comédie caustique demeure aussi drôle qu'attachante, elle le doit également beaucoup à la complémentarité (sournoise) de ses interprètes masculins génialement caricaturaux et prenant leur rôle résolument au sérieux afin d'y provoquer le décalage hilarant escompté. 


L'immense Alec Guinness endossant sans doute un de ses meilleurs rôles en leader obséquieux jouant magnifiquement avec la pantomime dans sa posture spectrale férue de tics que l'on croirait extirpée d'un film d'épouvante. Rien que sa présence placide provoquant autant la fascination que le rire nerveux à chacune de ses apparitions doucement autoritaires. Quand bien même Katie Johnson s'avère absolument délectable de vertu, de naïveté, de candeur et de correction à accueillir à bras ouverts ses hôtes en compagnie de ses 3 péroquets (non dupes de l'identité de ses criminels !) avant de comprendre ce qui se trame véritablement derrière ses violoncellistes usurpateurs d'une lâcheté sans égale (le final sinistré valant son pesant de cacahuètes). Enfin, on peut également prôner l'effet d'immersion que cette oeuvre british conçu en 55 nous procure grâce au soin de sa scénographie domestique rétro que symbolise cette bicoque décatie implantée à proximité d'un chemin de fer. Une petite ambiance d'étrangeté émanant d'ailleurs de cette modeste demeure encombrée de malfrats davantage patibulaires à décider de se débarrasser de cette pauvre vieille dame sans défense.  


Véritable bijou d'humour et d'insolence à travers le jeu pervers de ses braqueurs chafouins impeccablement dessinés, Tueurs de Dames cumule sans faillir les situations impayables génialement grotesques pour nous passionner de cette farce macabre à la conclusion aussi badine que politiquement incorrecte. A revoir d'urgence, aussi pour se rendre compte à quel point Tueurs de Dames transcende le temps (marque de fabrique du chef-d'oeuvre au sens étymologique) plus de 8 décennies plus tard. 

Dédicace à Jérôme André Tranchant. 

*Bruno
3èx

Récompenses
BAFTA 1956 :
BAFTA de la meilleure actrice britannique pour Katie Johnson
BAFTA du meilleur scénario pour William Rose

jeudi 2 février 2023

Contronatura / Schreie in der Nacht

                                           
                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmposter-archiv.de
                                      
de Antonio Margheriti. 1969. Italie/Allemagne. 1h31. Avec Joachim Fuchsberger, Marianne Koch, Helga Anders, Claudio Camaso, Luciano Pigozzi, Dominique Boschero, Giuliano Raffaelli.

Inédit en France. Sortie salles Italie: 12 Septembre 1969

FILMOGRAPHIEAntonio Margheriti (Anthony M. Dawson) est un réalisateur italien, né le 19 septembre 1930 à Rome, décédé le 4 Novembre 2002 à Monterosi. 1960: Le Vainqueur de l'espace.  1962: Les Derniers jours d'un empire. 1963: La Vierge de Nuremberg. 1964: La Sorcière Sanglante. 1964: Les Géants de Rome. 1964: Danse Macabre. 1968: Avec Django, la mort est là. 1969: Contronatura. 1970: Et le vent apporta le Violence. 1971: Les Fantômes de Hurlevent. 1973: Les Diablesses. 1974: La brute, le colt et le karaté. 1975: La Chevauchée terrible. 1976: l'Ombre d'un tueur. 1979: l'Invasion des Piranhas. 1980: Pulsions Cannibales. 1980: Héros d'Apocalypse. 1982: Les Aventuriers du Cobra d'Or. 1983: Yor, le chasseur du futur. 1985: L'Enfer en 4è vitesse.


Le pitch: Le très riche Archibald Barrett doit rencontrer son avocat d’affaire pour lui remettre les derniers papiers qui le rendront définitivement propriétaire des biens de son défunt cousin, Richard Wright. Il voyage accompagné de son comptable Ben Taylor, de sa femme Vivian, de son secrétaire Alfred et de la femme de ce dernier. Il pleut averse et la voiture s’embourbe. Le groupe se réfugie alors dans un chalet isolé qui se trouve non loin de leur route. Ils interrompent en cela une séance de spiritisme, organisée par Unah, la propriétaire de ces lieux. Celle-ci , en complète transe commence à dévoiler le passer de chacun des hôtes.


Hyper rare, quasi invisible, inédit en salles chez nous et peu abordé chez les critiques spécialisées, si bien que j'ignorai son existence, Contronatura renait de ses cendres grâce à l'éditeur Artus Films. Et ce même si leur copie relativement terne, médiocre, monochrome, qui plus est émaillée de scratchs, ne favorise pas l'immersion de cette sombre machination vénale constamment inquiétante en utilisant à bon escient l'alibi du genre Fantastique en trompe l'oeil. Il est d'ailleurs considéré selon les fans de  Margheriti  comme son meilleur film avec Danse Macabre. Et bien que j'avoue préféré ce dernier, la Vierge de Nuremberg et la Sorcière SanglanteContronatura demeure sans conteste une excellente surprise exhumée d'outre-tombe. Un thriller à suspense constamment captivant en dépit d'une structure narrative plutôt désordonnée, ce qui hélas fait parfois perdre le fil de l'intrigue au spectateur, embourbée dans les va-et-vient de (trop) nombreux flash-back et moult personnages interlopes (que l'on peine parfois à identifier à cause de la copie opaque) impliqués dans une série de morts violentes laissées en suspens. 

                                                              

Ainsi, en dépit de cette mauvaise gestion rehaussant la complexité d'une intrigue aussi originale que nébuleuse, Contronatura ne relâche toutefois point l'attention et la tension, notamment grâce à la conviction des comédiens communément impliqués dans leur fonction coupable ou revancharde où s'infiltre en intermittence le thème audacieux du saphisme en cette année 69. A découvrir absolument donc, en espérant qu'un jour prochain un éditeur puisse le redorer en qualité HD, si bien que son ambiance gothico-funeste ne manque pas d'attrait envoûtant avant de nous ébranler lors d'un surprenant épilogue faisant inopinément intervenir le genre Spoil ! catastrophe ! Fin du Spoil. C'est dire si Contronatura  s'avère une oeuvre marginale à la fois ambitieuse, sincère, retorse, vénéneuse, appliquée pour s'extirper de l'ornière. 

*Bruno
2èx. Vostfr