lundi 6 février 2023

Tueurs de Dames / The Ladykillers

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alexander Mackendrick. 1955. Angleterre. 1h31. Avec Katie Johnson, Alec Guinness, Cecil Parker, Herbert Lom, Peter Sellers.

Sortie salles France: 3 février 1956. Angleterre: 8 décembre 1955

FILMOGRAPHIE: Alexander Mackendrick (Boston, 8 septembre 1912 – Los Angeles, 22 décembre 1993) est un réalisateur de cinéma britannique, d'ascendance écossaise. 1949 : Whisky à gogo ! 1951 : L’Homme au complet blanc. 1952 : La Merveilleuse Histoire de Mandy. 1954 : The Maggie. 1955 : Tueurs de dames. 1957 : Le Grand Chantage. 1959 : Au fil de l'épée coréalisé par Guy Hamilton — Mackendrick non crédité. 1961 : Les Canons de Navarone coréalisé par Jack Lee Thompson — Mackendrick non crédité. 1963 : L'Odyssée du petit Sammy. 1964 : The Defenders. 1965 : Cyclone à la Jamaïque. 1967 : Oh Dad, Poor Dad, Mama's Hung You in the Closet and I'm Feeling So Sad (non crédité). 1967 : Comment réussir en amour sans se fatiguer.
  

Tout simplement l'une des meilleures comédies jamais réalisées, un chef-d'oeuvre d'humour noir comme seuls les anglais ont le secret lorsque l'on a comme bagage un pitch aussi astucieux, prétexte à mettre en exergue une galerie de 5 gangsters minables (tout droits sortis d'une bande dessinée) élaborant leur coup du siècle parmi l'involontaire complicité d'une vieille dame vertueuse les hébergeant dans sa demeure locative. Multipliant sans modération les gags et situations, tant à l'extérieur de la demeure (le casse, l'altercation du commerçant avec le cheval, les incidents meurtriers à répétition du dernier acte) qu'en interne du huis-clos domestique étrangement dégingandé (certaines pièces de la maison sont obliques à la suite des bombardements de la seconde guerre mondiale), Tueurs de Dames est une jubilatoire confrontation psychologique entre ses pieds nickelés faussement courtois et cette dame débonnaire pour l'enjeu d'un butin. Ainsi, si cette comédie caustique demeure aussi drôle qu'attachante, elle le doit également beaucoup à la complémentarité (sournoise) de ses interprètes masculins génialement caricaturaux et prenant leur rôle résolument au sérieux afin d'y provoquer le décalage hilarant escompté. 


L'immense Alec Guinness endossant sans doute un de ses meilleurs rôles en leader obséquieux jouant magnifiquement avec la pantomime dans sa posture spectrale férue de tics que l'on croirait extirpée d'un film d'épouvante. Rien que sa présence placide provoquant autant la fascination que le rire nerveux à chacune de ses apparitions doucement autoritaires. Quand bien même Katie Johnson s'avère absolument délectable de vertu, de naïveté, de candeur et de correction à accueillir à bras ouverts ses hôtes en compagnie de ses 3 péroquets (non dupes de l'identité de ses criminels !) avant de comprendre ce qui se trame véritablement derrière ses violoncellistes usurpateurs d'une lâcheté sans égale (le final sinistré valant son pesant de cacahuètes). Enfin, on peut également prôner l'effet d'immersion que cette oeuvre british conçu en 55 nous procure grâce au soin de sa scénographie domestique rétro que symbolise cette bicoque décatie implantée à proximité d'un chemin de fer. Une petite ambiance d'étrangeté émanant d'ailleurs de cette modeste demeure encombrée de malfrats davantage patibulaires à décider de se débarrasser de cette pauvre vieille dame sans défense.  


Véritable bijou d'humour et d'insolence à travers le jeu pervers de ses braqueurs chafouins impeccablement dessinés, Tueurs de Dames cumule sans faillir les situations impayables génialement grotesques pour nous passionner de cette farce macabre à la conclusion aussi badine que politiquement incorrecte. A revoir d'urgence, aussi pour se rendre compte à quel point Tueurs de Dames transcende le temps (marque de fabrique du chef-d'oeuvre au sens étymologique) plus de 8 décennies plus tard. 

Dédicace à Jérôme André Tranchant. 

*Bruno
3èx

Récompenses
BAFTA 1956 :
BAFTA de la meilleure actrice britannique pour Katie Johnson
BAFTA du meilleur scénario pour William Rose

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