mardi 20 juin 2023

Matar a Dios / Killing God

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Caye Casas et Albert Pintó. 2017. Espagne/France. 1h32. Avec Avec Eduardo Antuña, Itziar Castro, Boris Ruiz, Emilio Gavira

Sortie salles France: 9 Décembre 2017 (Paris International Fantastic Film Festival). Espagne: 11 Octobre 2017 (Festival de Sitges)

FILMOGRAPHIE: Caye Casas est un réalisateur et scénariste espagnol. 2022: La mesita del comedor. Asylum: Twisted Horror and Fantasy Tales (2020). Matar a Dios (2017)
Albert Pintó est né le 28 octobre 1985 à Barcelone, Catalogne, Espagne. 2022: La mesita del comedor. Asylum: Twisted Horror and Fantasy Tales (2020). Matar a Dios (2017)


Formidable surprise ibérique hélas passée inaperçue, Matar a Dios prouve qu'avec un budget rachitique, 5 comédiens méconnus (tout du moins chez nous), un décor exigu et surtout une idée aussi saugrenue qu'alléchante on peut encore surprendre le grand public avec une foi qui fait plaisir à voir. Car outre l'aspect réjouissant de son concept improbable (se prétendant Dieu, un nain encapuchonné s'introduit un soir chez une famille pour leur proposer un dilemme sacrificiel afin de sauver l'humanité d'un génocide planétaire), Matar a dios doit énormément de son capital sympathie en la présence affable d'une poignée de comédiens se fondant à coeur joie dans leur rôle sciemment pittoresque eu égard de la dérision permanente instaurée tout le long de leur calvaire. La soirée familiale fleurtant avec le règlement de compte, notamment depuis que Carlos soupçonne l'infidélité de son épouse Anna avec le patron de celle-ci lors d'un dîner arrosé. Or, depuis l'intrusion inopinée de cet étranger de petite taille, ils vont devoir faire face à leur propre morale afin de sauver et d'y sacrifier 2 d'entres eux pour un enjeu humanitaire. Mais vont-ils oser riposter ou se soustraire aux exigences de Dieu en personne ? 


Ainsi donc, avec ses grandes gueules familières d'un naturel strié, nous nous prenons instinctivement d'empathie pour eux de par leur profonde humanité chargée de tendresse, d'amitié, de remord, de tristesse mais aussi de jalousie comme tout citoyen lambda doué de vergogne et de déférence pour son prochain. Nous n'avons donc aucune peine à nous identifier à eux lorsque leurs conversations tournent autour de la désillusion conjugale et de la reconnaissance parentale depuis que ce potentiel Dieu leur prédit l'apocalypse s'ils le considèrent comme charlatan. L'intérêt de l'intrigue reposant également sur le profil équivoque de cet étranger semblable au Père-Noel de fortune, et qui ne cessera d'influer sur les croyances religieuses (ou non) de chacun des personnages d'autant plus témoins malgré eux de pouvoirs potentiellement divins. Or, après nous avoir amusé et attachés à ces épicuriens bonnards au caractère bien distinct et plutôt solidaires, on finit par plonger dans la contradiction d'une dramaturgie démunie eu égard de son final surprenant en disant long sur le devenir de l'humanité, à savoir s'il mérite d'être sauvé des flammes de l'enfer. Un conclusion crépusculaire splendide qui ne laisse pas indifférent. 


Une réflexion caustique sur la nature humaine quant à ses failles indissociables. 
Huis-clos sarcastique virant par ailleurs au gore lors de son final bipolaire aussi déjantée que poignant, Matar a Dios est une excellente surprise hétéroclite qu'il faut impérativement défendre et saluer, tant pour la maîtrise de sa réalisation studieuse que pour le talent enjoué des interprètes communément expansifs, badins, fragiles, colériques dans leur condition torturée de croire ou non à une puissance divine apte à les annihiler en un battement de cil. 

*Bruno

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