vendredi 30 juin 2023

La Malédiction des Whateley / The Shuttered Room

                                        Photo empruntée sur google, appartenant au site 2.bp.blogspot.com

de David Greene. 1967. Angleterre. 1h39. Avec Gig Young, Carol Lynley, Oliver Reed, Flora Robson, Judith Arthy.

Sortie salles France: 17 janvier 1969. Royaume-Uni : 27 juin 1967

FILMOGRAPHIE: David Greene est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique, né le 22 février 1921 à Manchester, Angleterre et mort le 7 avril 2003 à Ojai, Californie, États-Unis. 1967 : La Malédiction des Whateley. 1968 : Les Filles du code secret. 1968 : Chantage à la drogue. 1969 : I Start Counting. 1970 : The People Next Door. 1972 : Madame Sin. 1973 : Godspell (Godspell: A Musical Based on the Gospel According to St. Matthew). 1978 : Sauvez le Neptune. 

Encore une perle maudite, un trésor de l'horreur gothique oublié de tous dans le paysage British. Et ce d'après la nouvelle La Chambre condamnée d'August Derleth et du non moins célèbre H.P. Lovecraft. Et c'est délicieusement atmosphérique par le biais de sa scénographie côtière où s'exhibe sans complexe une poignée de marginaux ignorants à proximité d'un moulin abandonné que le couple Kelton décide d'emménager après que l'épouse, ancienne propriétaire des lieux, fut tourmentée par sa jeunesse amnésique. On apprendra ensuite au cours des retrouvailles avec sa tante dans quelle circonstance ses parents rendirent l'âme. Ainsi, ce qui frappe irrémédiablement à la revoyure de ce joyau horrifique émane d'une direction d'acteur infaillible parmi lesquels on retrouve pour notre plus grand bonheur le monstre sacré Oliver Reed résolument spontané, volcanique en marginal frustré noyé d'immaturité. Quand bien même l'excellent Gig Young lui partage autrement la vedette en époux distingué accompagné de la splendide blonde Carol Lynley endossant Susan, fille des Whateley avec une douceur et une fragilité à la fois trouble et sensuelle. Une interprétation littéralement hypnotique tant l'actrice s'investit corps et âme en victime partagée entre ses réminiscences obscures, son appréhension réservée auprès de ces étrangers machistes et la prémices de son amour conjugal. 

Le couple aura donc fort affaire aux provocations lubriques d'Ethan (Oliver Reed) et de sa bande irresponsable fuyants leur ennui dans l'alcool, la violence et le sexe eu égard de la tournure davantage alerte des rebondissements inhospitaliers. Par conséquent, à travers le  portrait réalistement blafard de cette équipée triviale tributaire de leur cadre rural épargné d'habitation, on peut sans conteste suspecter Sam Peckinpah de s'y être inspiré afin de parfaire son chef-d'oeuvre du Vigilante Movie: les Chiens de Paille. Notamment auprès des séquences d'agressions sexuelles là encore plutôt cruelles et réalistes par son aspect dérangeant, presque sordide si j'ose dire. Mais au-delà de ses passionnantes confrontations morales puis physiques entre le couple, les marginaux et une étrange tante autoritaire tentant de maîtriser la situation (Flora Robson demeure parfaite d'ambiguïté en matrone à la fois taiseuse et faussement hospitalière) s'y éclipse une étrange créature (potentiellement) diabolique que tout le monde s'efforce d'omettre et d'occulter (comme le souligne d'ailleurs son étrange prologue en mode subjectif). Epaulé d'une partition dissonante renforçant l'aspect tour à tour inquiétant, dérangeant et malsain des lieux insalubres du moulin, La Malédiction des Whateley instaure une trouble angoisse palpable avant de culminer auprès d'une dernière partie horrifique chargée en tension, surprise et violence sanguine. 

Classique de l'horreur British à revoir d'urgence, La Malédiction des Whateley mériterait tant de s'immortaliser sur galette HD tant sa facture formelle (mais aussi technique) nous frappe les mirettes sous l'impulsion d'ardues confrontations psychologiques virant au cauchemar filial (en mode aussi épouvanté qu'étonnamment vériste).

*Bruno
2èx

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