The Quiet Girl – Le murmure de l’enfance
Comment ne pas ressentir un immense coup de cœur pour ce bijou d’émotions candides, où la pureté des sentiments s’incarne à travers l’innocence d’une fillette de neuf ans, en initiation parentale, le temps d’un été passé chez une cousine éloignée de sa mère.
Transfiguré par une poésie naturaliste, baigné dans une ruralité irlandaise aussi placide qu’épanouissante, The Quiet Girl nous prend doucement par la main, à la rencontre de ce couple sexagénaire qui accueille la petite Cáit avec une amabilité tranquille, profondément rassurante. Si le père, fermier taiseux, semble d’abord réticent, enfermé dans une réserve hésitante, son épouse, d’une prévenance lumineuse, l’enveloppe d’une tendresse innée, naturelle, presque silencieuse.
Dans l’intelligence d’une mise en scène tout en tact et en pudeur, adepte du non-dit, Colm Bairéad tisse une toile émotionnelle qui joue avec l’ambiguïté du mot secret. Peu à peu, The Quiet Girl dévide son fil narratif, révélant des trajectoires en quête de rédemption, de catharsis. Et lorsque ce secret, brutalement révélé par un tiers, surgit sans ménagement, tout s’éclaire. On reconsidère alors les silences de ces métayers discrets, leur manière d’aimer sans bruit, de cohabiter avec la petite invitée avec une tendresse désormais familière, presque filiale.
Hymne à l’amour parental et aux fondements de l’éducation - respect, écoute, attention - The Quiet Girl porte haut des thématiques universelles et si actuelles, avec une sensibilité à fleur de peau. Jusqu’à ce final bouleversant, suspendu, où le film retarde la séparation inéluctable à coups de regards silencieux, pudiques, ravageurs. Il nous arrache le cœur, littéralement, face au destin de cette fillette introvertie, d’une pureté désarmante, façonnée par une solitude dont son entourage avait scellé les contours. Car c’est bien dans la manière dont on traite une personne que se dessine la vie qu’elle mènera.
Porté par des comédiens irlandais criants de vérité, tous inconnus sous nos latitudes, c’est la petite Catherine Clinch qui éblouit à chaque plan. Sa pudeur vertueuse, jamais forcée, subtilement captée par une caméra d’une modestie bouleversante, imprime la rétine et le cœur.
Une œuvre gracile, dont la tendresse infinie s’exprime à travers des gestes simples, des postures rassurantes, et dont on quitte l’ultime séquence avec une boule dans la gorge… inconsolable.
— le cinéphile du cœur noir.
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Sortie salles France: 12 Avril 2023
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