Top 2025 en tête de peloton.
"On ira : partir en douceur, vivre en éclats".
Abordant la polémique - du moins chez nous - de l’euthanasie à travers le portrait d’une mamie moribonde, atteinte d’un cancer de stade 4 incurable, On ira emprunte le chemin de la comédie dramatique pour nous épargner la sinistrose avec une grâce que rien ne laissait présager.
Impeccablement porté par des comédiens méconnus ou discrets dans notre paysage cinématographique - à l’exception de l’épatant Pierre Lottin (En Fanfare), en second rôle altruiste au jeu tranquille, littéralement dépouillé - On ira est ce genre de pépite indépendante surgie de nulle part (il s’agit d’ailleurs de la première réalisation d’Enya Baroux) qui, in fine, se révèle aussi précieuse que lumineuse. Chacun des interprètes se glisse dans son rôle sans la moindre afféterie, avec un naturel désarmant de vérité humaine.
Mention spéciale à la jeune Juliette Gasquet, prix d’interprétation mérité à la clé, dont le tempérament explosif irradie l’écran avec une intensité brute, troublante de sincérité, jusqu'aux larmes.
Truffé d’humour corrosif, de bons sentiments exaltants et d’une tendresse infinie pour ses personnages aussi ordinaires que profondément bienveillants, On ira irrigue ce road movie détendu d’ondes positives… puis négatives, à mesure que les proches familiaux, au fil du périple, découvrent cette vérité funeste, difficile à accepter de prime abord.
Hymne à la vie, à la communion fraternelle et familiale - et surtout à la liberté de choisir sa fin dans la dignité - On ira nous foudroie d’une flèche en plein cœur, là où on ne l’attend jamais. Tant la réalisatrice, profondément investie, veille avec délicatesse sur l’évolution morale de ses protagonistes, moteurs d’un récit alarmiste qu’elle maîtrise avec une acuité rare. Elle saisit, avec pudeur et clarté, la contradiction des sentiments - entre le cocasse et le furibond - dans un dépouillement de ton qui force le respect.
On ira milite évidemment avec lucidité pour le droit à l’euthanasie, tout en questionnant le sens de la mort, que les proches apprennent à approcher puis à accepter, à travers une initiation douce à une maturité plus lumineuse.
Inévitablement bouleversant, puis déchirant, On ira s’élève dans un final anthologique, apothéose émotionnelle en feu d’artifice cathartique, ciselé dans une pudeur taiseuse. Le film laisse une empreinte terrible au cœur : celle d’avoir côtoyé - en un temps trop furtif - une famille humble, unie, d’une chaleur humaine bouleversante, jamais complaisante ni outrancière, dans le respect constant d’une thématique houleuse, ici abordée avec un tact et une finesse d’âme que l’actrice Hélène Vincent transcende également de sa fragilité stoïque.
"Et si c'était ça, mourir ? !"
Un des plus beaux films français de 2025.
À moins qu’il ne s’agisse du plus grand, dans une simplicité autonome.
— le cinéphile du cœur noir
Récompenses: Prix d'interprétation féminine pour Hélène Vincent et Juliette Gasquet au Festival international du film de comédie de l'Alpe d'Huez 2025.
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