lundi 28 février 2011

RAMMBOCK (siege of the dead)

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de Marvin Kren. 2010. Allemagne. 1H04. Avec Michael Fuith, Theo Trebs, Steffen Münster, Jörn Hentschel, Brigitte Kren, Sebastian Achilles, Emily Cox.

BIOGRAPHIE: Né en 1980 à Vienne (Autriche), Marvin Kren a travaillé depuis les dix dernières années comme assistant réalisateur, cadreur et producteur. Il a étudié l’économie européenne et la gestion des affaires à Vienne et de 2006 à 2008 il suit des études de metteur en scène à l’école des medias de Hamburg. Il a réalisé des nombreux court-métrages, comme Love is Hard as Walls, des documentaires et des séries. Rammbock est son premier long métrage.


Dans la mouvance actuelle des films d'infectés tels que Rec, la Horde ou The Crazies, Rammbock, production allemande de courte durée (1H04) tire son épingle du jeu par son refus du spectaculaire outrancier grâce à une narration orientée vers la caractérisation de ses personnages humains. Des anti-héros combattants pour leur survie dans un immeuble encerclé par une menace meurtrière.

Alors que Michael vient d'arriver à Berlin pour rencontrer sa petite amie Gabi et tenter une éventuelle réconciliation, un mystérieux virus transforme les êtres humains en monstres atteints d'une folie meurtrière incontrôlée.
En l'absence de Gabi, Michael va se lier d'amitié avec un jeune plombier qui était venu réparer la tuyauterie dans l'appartement de celle-ci. Ensemble ils vont essayer d'échapper à la menace extérieure davantage pernicieuse qui essaie d'investir le portail de l'immeuble.

D'une trame convenue rebattue que l'on connait par coeur, Rammbock, petite production indépendante au budget restreint attise fugacement la sympathie et l'attention grâce en priorité à l'attachement accordé aux deux protagonistes principaux. Un duo formé par Michael, un homme désabusé à la recherche de son amour éperdue et le jeune Harper, un garçon solitaire débrouillard et courageux, bientôt en phase d'accorder une potentielle idylle amoureuse.
Deux personnages lambdas trouvant refuge dans un appartement barricadé que le réalisateur Marvin Kren filme avec humilité et empathie dans leurs tourments intérieurs, gangrénés par leur cause personnelle et l'odeur de la mort davantage exsangue d'une menace contagieuse. 


Son aspect visuel froid et clinique est accentué par une photographie délavée pour authentifier l'ambiance d'apocalypse futilement et efficacement décrite. Grâce aussi à l'emploi adroit de quelques plans brefs de désolation où l'on voit apparaitre des trombes de fumée s'évacuant au dessus de la ville. Tandis qu'au travers des infos retransmises, des  dépêches télévisuellles alarmistes sont narrées de manière aggravée. Et la radio n'est pas non plus en reste pour entendre inlassablement un spot publicitaire tournant en boucle afin d'avertir chaque citoyen.
Le sens du réalisme d'une ambiance anxiogène consolidée dans le quotidien morose d'une banlieue allemande avec ses quidams assiégés adhère la foi du spectateur auquel il s'identifie facilement face à ses personnages crédibilisés.
Tandis qu'au gré des rencontres impromptues, traversées de quelques attaques violentes des infectés (non dénuées de gore dans un arrache de gore hyper réaliste en tout début de métrage), nos protagonistes déconcertés vont tenter de s'unifier, trouver le moyen le plus perspicace de sortir de l'immeuble et rejoindre un bateau pour regagner l'océan se trouvant à proximité de la région.


ATTENTION SPOILER !!!
Mais il faudra pour cela envisager de manière suicidaire de tenter à traverser une ville grouillante de vermines sanguinaires et l'idée de l'appareil photo faisant office d'élément salvateur pourrait prêter à sourire chez certains spectateurs. Pourtant, cette ruse inédite destinée à aveugler la rétine des infectés se révèle plutôt bien pensée et convaincante.
Ces quelques surprises qui parsèment le récit sont plutôt bien amenées et se révèlent crédibles dans l'évolution de l'intrigue pour décrire également en filigrane une histoire d'amour désespérée aboutissant à un final poétiquement morbide.
Par petites touches intimistes, Marvin Kren nous narre donc le cheminement de Michael, désespéré à l'idée de s'octroyer une seconde chance pour sa rupture sentimentale imposée. Alors qu'il rencontrera de manière paradoxale le destin précipité, salvateur d'un couple anodin qui ira s'unir malencontreusement jusque dans la mort.
C'est ce sens sacrificiel de l'amour cathartique que l'on retrouvera à la toute fin du métrage, qui touche l'émotion impliquée du spectateur avant que n'éclot une potentielle romance entre deux jeunes novices rescapés de l'enfer.
FIN DU SPOILER.


Parsemé d'un sens discret de l'humour caustique, Rammbock n'invente rien et n'est pas censé révolutionner le genre mais il se révèle une production mineure plutôt bien bricolée, efficacement menée et convaincante dans son énième huis-clos assiégé par des fous-furieux sanguinaires. Et cela en dépit de sa courte durée.
Par son traitement humain établi en faveur de ses personnages, il vaudra nettement mieux que les produits sevrés aux actions clippesques et au gore racoleur, tendance The Crazies ou du DTV coutumier bas de plafond.

Dédicace à François Most.

13.12.10.

M. Night Shyamalan Presents: DEVIL (The Night Chronicles: Devil)

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de John Erick Dowdle et Drew Dowdle. 2010. U.S.A. 1H20. Avec Chris Messina, Logan Marshall-Green, Jenny O'Hara, Bojana Novakovic, Bokeem Woodbine, Geoffrey Arend, Jacob Vargas, Matt Craven, Joshua Peace...

Sortie en salles en France le 26 Janvier 2011.

FILMOGRAPHIE: John Erick Dowdle est un réalisateur, scénariste et producteur américain.
Son frère Drew Dowdle l'épaulera pour s'octroyer la réalisation du remake américain Quarantaine ainsi que Devil. 
  • 1996 : Full Moon Rising
  • 2005 : The Dry Spell
  • 2007 : The Poughkeepsie Tapes
  • 2008 : Quarantine
  • 2011 : The Night Chronicles: Devil


OUT OF ORDER.
Devil est le premier d'une série de films intitulée Night Chronicles. Ces longs-métrages auront la particularité d'être tous écrits et produits par le réalisateur M. Night Shyamalan (en perte de vitesse depuis pas mal d'années). 

A la manière d'un épisode ludique de la célèbre série de Rod Serling, La 4è Dimension, Devil tire son effet attractif par sa trame résumable en une ligne : un groupe de 5 personnes se retrouve enfermé dans un ascenseur alors qu'une présence meurtrière indocile semble s'acharner sur chacun d'entre eux. 


Cette série B fleurant bon le divertissement décomplexé du samedi soir mise tout son potentiel et ses effets frissonnants dans un sens de l'efficacité éprouvée à travers une histoire diabolique mettant en vedette le Diable en personne.
Par le fait du hasard, cinq personnes réunies dans l'ascenseur d'un immeuble high-tech vont devoir s'opposer et se confronter parce que l'un d'eux a (peut-être) décidé de supprimer chacun des intervenants.
L'habileté de ce jeu de massacre attrayant et débridé vient du fait que nous ne voyons jamais les agressions violemment commises en leur défaveur puisque les attaques répétées de manière intermittente se dérouleront dans le noir le plus opaque !
Cette idée pernicieuse est formidablement bien gérée et attise le danger d'une manière si perverse et insidieuse.
Ce qui accentue le sentiment anxiogène et l'angoisse perceptible de chacun de nos protagonistes, retrouvés prisonniers dans l'étroitesse d'une cabine d'ascenseur trafiquée ! Ajoutez à cela une ambiance quelque peu suffocante en cohésion avec les sens du spectateur.


Nous sommes bien conscients au fur et à mesure de la structure du récit que le responsable des crimes violemment perpétrés vient du Diable en personne (d'où le titre en anglais). Mais le fait que la police dubitative, assistant impuissante aux évènements diffusés en direct devant un écran de télévision et que les otages davantage paniqués s'accusent mutuellement du potentiel meurtrier présumé nous amène à penser que le coupable pourrait bien être parmi eux.

On déplorera que l'interprétation (bien que crédible) soit si stéréotypée et que chaque intervenant manque singulièrement de profondeur. Car cette petite série B bien troussée et techniquement soignée qui postule d'un argument délirant sait créer une certaine tension angoissée, un suspense futilement constant et des séquences spectaculaires qui n'épargnent pas la violence des impacts subis.
Le final cathartique avec sa morale bienfaisante sur la dualité indissociable du Bien et du Mal, fera pouffer de rire certains spectateurs criant au nanar alors que d'autres adhèreront à sa docile naïveté partant d'un bon sens.


L'ANGE DU MAL.
Nonobstant le peu d'épaisseur attribué aux personnages campés malgré tout avec conviction, une voix-off risible bien pensante et un final tiré par les cheveux, Devil est une série B mineure sans surprise mais oh combien ludique, captivante et parfaitement efficace dans sa réalisation gérée avec savoir-faire (en exemple, la séquence générique est formidablement virtuose).
Un pur plaisir coupable de samedi soir jamais ennuyeux que certains pourront aussi savourer comme un (futur) nanar  débridé auquel son postulat de départ est à lui tout seul un défouloir sardonique.

13.12.10

dimanche 27 février 2011

KINATAY (massacre)

Prix de la mise en scène à Cannes 2009
(avis subjectif d'un puriste amateur)


de Brillante Mendoza. 2009. Philippines. 1H45. Avec Mercedes Cabral, Julio Diaz, Jhong Hilario, Maria Isabel Lopez, Coco Martin, Mark Meily, Lauren Novero, John Regala...

FILMOGRAPHIE: Brillante Mendoza, ou Brillante Ma. Mendoza, est un réalisateur philippin né le 30 juillet 1960 à San Fernando.
  • 2005 : Masahista
  • 2006 : Kaleldo
  • 2006 : Manoro
  • 2007 : Pantasya
  • 2007 : John John (Foster Child)
  • 2007 : Tirador
  • 2008 : Serbis
  • 2009 : Kinatay
  • 2009 : Lola


VIOL ET CHATIMENT.
Récompensé du Prix de la mise en scène à Cannes 2009, Kinatay est l'un des derniers films sulfureux de la croisette qui aura autant divisé les conquis que les perplexes face à cette descente aux enfers aussi sordide que tristement actuelle dans la retranscription "live" d'un fait divers crapuleux vouée à la bassesse humaine et l'avilissement.
Difficile alors de sortir indemne après une telle expérience inhumaine aussi insupportable que bestiale, au risque de vous hanter longtemps après le générique de fin.

Peping, un jeune étudiant en criminologie âgé de 27 ans va travailler le temps d'une soirée pour le compte d'un gang de Manille. Son activité primaire d'homme de service lui permettra de recevoir en échange une somme d'argent conséquente pour subvenir aux besoins de sa fiancée et celui de son fils. Mais cette nuit d'horreur va le marquer à jamais dans sa conscience souillée d'avoir été témoin malgré lui de l'immondice humaine.


Dans une mise en scène alerte ancrée au cinéma vérité, le réalisateur Brillante Mendoza nous invite de prime abord à une ballade touristique dans la localité de Manille située aux Philippines. C'est la vie conventionnelle du jeune Peping que nous allons suivre durant la première partie comme cette leçon pédagogique inculquée dans l'impertinence des élèves à l'école de police ou le fait plus harmonieux qu'il parte assister à l'union maritale d'une assemblée d'élus dans une salle festive bondée. Avant de finalement retrouver sa famille au gré d'un déjeuner amical dans le restaurant d'un flunch convivial.
Au dela de ces moments intimes et futiles, de nombreuses séquences prises sur le vif de la vie quotidienne des citadins locaux nous seront axées à l'aide d'une caméra mobile fixée sur l'épaule.
Ce n'est qu'à la nuit tombée que l'ambiance frivole, parmi la population massive d'une ville en ébullition, va doucement s'étioler pour nous faire pénétrer à l'intérieur d'un night club dépravé. Nous allons suivre après coup à la sortie de cet endroit putassier, quasiment en temps réel, la virée nocturne de Peping et cette bande de briscards crapuleux qui ont décidé de kidnapper une jeune droguée prostituée, incapable de payer leur somme sollicitée.
Furtivement désorienté et perturbé par la violence bestiale commise sur la victime par ces bourreaux, réunis dans l'étroitesse d'une voiture roulant en pleine agglomération nocturne, le jeune garçon contrarié et désarçonné va lentement perdre pied face à cette labeur continuelle.
Cette longue séquence déstabilisante inscrite dans la banalité d'un quotidien soudainement glauque et inquiétant nous entraine dans une errance opaque terriblement anxiogène. Durant plus de vingts minutes, nous allons suivre cet itinéraire routier morne et hasardeux vers une lointaine destination pour accéder à un point de chute irréversible.
C'est ici, dans la pièce aménagée d'un sous-sol décrépit d'une sombre demeure que le basculement dans l'horreur la plus hideuse va s'octroyer.


A l'aide d'une continuelle partition musicale blafarde et bourdonnante faisant intervenir divers bruitages stridents, lourds ou perçants, l'ambiance suffocante hautement malsaine va lentement nous étreindre jusqu'à ce que l'agression fatale et insoutenable nous achève de plein fouet.
Sans complaisance mais avec provocation et sens brutal du réalisme tangible, Brillante Mendoza dérange, provoque, perturbe, créé le malaise, voir l'écoeurement. Il traite de la violence ordurière sans aménager de concession libératrice, de la déchéance du Mal à l'état brut et surtout des conséquences psychologiques pour celui qui en sera malencontreusement témoin, impuissant d'agir et de pouvoir sauver la vie d'une prostituée condamnée.
C'est l'introspection pathétique de cet homme de 27 ans impliqué dans une agression putride, témoin apathique de l'image de  l'abomination, déchargé d'une quelconque audace ou d'un potentiel soutien envers la victime infligée.
Ce n'est qu'après l'horreur fustigée que le nouvel homme qui se regarde dans le miroir ne puisse reconnaitre le reflet de son innocence mais plutôt celui de percevoir la médiocrité de sa lâcheté ainsi que la peur craintive de sa propre identité . Une prise de conscience pervertie, à jamais souillée sans pouvoir accéder à une quelconque rédemption cathartique.


AUTONOMIE D'UN MASSACRE.
Interprété par le jeu naturel et dépouillé de comédiens convaincus, baignant dans une ambiance cauchemardesque d'une sévère rigidité, Kinatay est un film profondément malsain, trop éprouvant et nihiliste pour accéder à une certaine faveur ou une reconnaissance admise. Sa narration limpide, sans aucune surprise, mise en scène à la manière d'un reportage, en direct de la crudité des évènements consolidés dans l'immondice conclut sa devise dans la banalité du lendemain routinier. Pendant que la population éveillée débute sa journée matinale avant de découvrir un nouveau fait-divers macabre tristement actuel.
Un final abrupt sans morale pour notre héros corrompu, condamné à oublier ce dont il a été témoin, obliger de s'atteler à son devoir parental pour subvenir à sa tache familiale. Parce que le temps rotatif est infatigable et que l'humanité suspicieuse ou lamentée se noie dans l'égotisme personnel. Dans la banalité de l'existence manichéenne.
A réserver à un public adulte et averti.

17.12.10

LA TOUR INFERNALE (The Towering Inferno)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de John Guillermin et Irwin Allen. 1974. 2h45. U.S.A. Avec Steve McQueen, Paul Newman, William Holden, Faye Dunaway, Fred Astaire, Susan Blakely, Richard Chamberlain, Jennifer Jones, O.J. Simpson, Robert Vaughn... 

Date de sortie U.S: Décembre 1974. France: 12 Mars 1975.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: John Guillermin est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né le 11 novembre 1925 à Londres (Royaume-Uni).
1959 : La Plus Grande Aventure de Tarzan , 1962 : Tarzan Goes to India, 1964 : Les Canons de Batasi, 1966 : Le Crépuscule des aigles , 1969 : Le Pont de Remagen, 1972 : Alerte à la bombe, 1973 : Shaft contre les trafiquants d'hommes , 1974 : La Tour infernale , 1976 : King Kong, 1978 : Mort sur le Nil, 1980 : Mr. Patman, 1984 : Sheena, reine de la jungle , 1986 : King Kong 2 , 1988 : Poursuite en Arizona (TV). Irwin Allen est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le 12 juin 1916 à New York, et décédé le 2 novembre 1991 à Santa Monica, en Californie (États-Unis). Il est connu pour ses films catastrophe. 1960 : Le Monde perdu (The Lost World) 1961 : Le Sous-marin de l'apocalypse (Voyage to the Bottom of the Sea) 1962 : Cinq semaines en ballon (Five Weeks in a Balloon),1978 : L'Inévitable Catastrophe 1979 : Le Dernier Secret du Poseidon.


Airport and co.
C'est en 1970 qu'est apparu l'âge d'or du genre catastrophe avec le film Airport de George Seaton
Deux ans plus tard, cette nouvelle mode dont l'intrigue se base sur la destruction matérielle d'une catastrophe naturelle ou technologique se consolide avec l'impressionnante Aventure du Poséidon de Ronald NeameUn film phare pour un genre qui allait s'imposer durant toute la décennie 70 et ainsi entraîner une ribambelle d'ersatz. C'est alors qu'en 1974 naquit la Tour Infernale, au moment où sort un autre projet tout aussi extravagant, Tremblement de Terre de Mark Robson.

Rappel des faits.
En 1972, l'énorme succès de l'Aventure du Poséidon motive le producteur Irwin Allen à rempiler deux ans plus tard avec un projet encore plus ambitieux et spectaculaire pour le genre prisé du film catastrophe. Il sollicite le scénariste Stirling Silliphant de s'approprier les droits de deux romans inspirés de la construction du World Trade Center (The Tower  de Richard Martin et The glass inferno de Thomas N. Scortia et Frank M. Robinson) et de les fusionner. Pour s'allouer d’un budget exorbitant, Irwin Allen réussit à avoir l'accord du studio Fox mais aussi celui de la Warner pour accéder à la coquette somme de 14 millions de dollars. Alors que les deux studios refusent qu'il réalise indépendamment ce projet démesuré, il confie donc la co-réalisation à un metteur en scène anglais expérimenté, John Guillermin ayant pour tache de travailler avec les acteurs, tandis qu'Allen s'impliquera personnellement des séquences d'action. Ce dernier aurait alors réalisé 55% des plans de la Tour Infernale.


Piège de Cristal.
A San Francisco, durant l'inauguration du plus grand gratte-ciel du monde, de nombreux invités se retrouvent piégés au 135è étage alors qu'un incendie déclaré au niveau 81 va lentement se propager et investir chaque gradin de la tour de verre. Avec sa durée audacieuse de 2h45, La Tour Infernale propose un spectacle à couper le souffle pour l'intensité des rebondissements alertes épaulés de prouesses techniques d'un réalisme toujours bluffant ! Dans un savant dosage de suspense sournois (la menace du feu s'empare du sous-sol de l'immeuble dès les premières minutes !) et de revirements homériques (l'ascenseur extérieur risquant de sombrer dans le vide, les explosions intempestives chez quelques appartements, les tentatives d'évasion de survivants avec le siège surmonté d'une poulie pour accéder au gratte-ciel voisin, et le point d'orgue de la dernière chance confiné en haute altitude), John Guillermin ne s'éternise pas (de prime abord !) à caractériser ces personnages souvent stéréotypés dans ce type de production, car préférant entrer dans le vif du sujet parmi la menace du brasier ! Pourvu de trucages exemplaires n'ayant pas pris une ride dans leur terrifiant impact réaliste, le récit tendu et dramatique exacerbe son acuité chez la dimension humaine des protagonistes. Des quidams sévèrement assujettis à la progression délétère d'un incendie dantesque fustigeant leur tour de verre haute de 550 mètres. Servi par deux acteurs virils qui iront jusqu'à façonner leurs propres cascades physiques, Paul Newman et Steve Mc Queen incarnent communément des sauveteurs luttant avec sagacité la menace du feu pouvant infiltrer n'importe quelle cloison de l'immeuble (les escaliers, portes, chambres et ascenseurs s'avérant un perpétuel traquenard en guise d'échappatoire !). Un combat belliqueux aussi interminable qu'haletant dont la dimension désenchantée culmine lors des derniers retranchements (point d'orgue ultra spectaculaire dont Piège de Cristal reprendra le concept catastrophiste avec succès).


Ce qui ébranle et surprend encore aujourd'hui découle de son âpreté horrifique et du caractère dramatique des situations. Tel ce couple d'amants plongés dans le désarroi car embrigadés dans leur appartement et donc totalement impuissants face à l'embrasement du lieu clos, alors que le mari tentera vainement un sacrifice de dernier ressort ! Ou celle, toute aussi radicale et inopinée, d'une sexagénaire coincée dans la cage d'un ascenseur externe prêt à se détacher pour sombrer dans le vide (quand bien même un hélicoptère tentera de les récupérer à l'aide d'un câble suspendu !). Toute la narration est donc dédiée à l'angoisse tangible de nos protagonistes soumis à une situation de claustration toujours plus abrupte. Le cheminement dramatique, intense et captivant, n'exploitant jamais l'esbroufe pour nous épater, chaque séquence charpentée demeurant au service de l'intrigue et des efforts de survie des victimes. Enfin, et avec humilité, La Tour Infernale se permet également de rendre hommage à ces sapeurs-pompiers combattant le feu sans répit avec un sens de l'héroïsme stoïque.


Inferno
Pourvu d'une partition épique de John Williams, d'un scénario implacable dans sa dramaturgie inflexible (n'importe quel protagoniste peut trépasser à tous moments !), La Tour Infernale reste 40 ans après sa sortie un chef-d'oeuvre inoxydable, le mastodonte du genre resté inégalé à ce jour. En saluant notamment le charisme des stars notoires jusqu'aux seconds rôles (William Holden en magnat borné, l'émouvant Fred Astaire en dandy amoureux et le détestable Richard Chamberlain dans celui du gendre orgueilleux par qui l'erreur humaine fut irréversible). Enfin, par la symbolique de cette tour de verre, on peut aussi prêter une analogie au spectre des attentats commis un tragique 11 septembre 2001. 

Note: Avec plus de 116 millions de dollars glanés aux States (pour une mise de 14 millions) et une première place annuelle au box-office français de 1975 (avec 4 466 376 entrées), La tour infernale a confirmé les espoirs placés dans un genre appelé à sombrer rapidement dans les abysses de la médiocrité.

Dédicace à Céline Blackwidow
Bruno Matéï
20.12.10. 3èx

RECOMPENSES:
  • Oscars 1975 :
    • Oscar de la meilleure photographie
    • Oscar du meilleur montage
    • Oscar de la meilleure chanson : Al Kasha et Joel Hirschhorn pour We May Never Love Like This Again.
  • Golden Globes 1975 :
    • Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour Fred Astaire.
    • Golden Globe de la révélation féminine de l'année pour Susan Flannery.
  • BAFTA Awards 1976 :
    • British Academy Film Award de la meilleure musique de film
    • British Academy Film Award du meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Fred Astaire
  • Kinema Junpo Awards 1976 : Prix du meilleur film étranger
       
         

BLANCHE NEIGE, LE PRINCE NOIR ET LES 7 NAINS (I Sette Nani Alla Riscossa)

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site arcadesdirect.fr

de Paolo William Tamburella. 1951. Italie. 1h28. Avec Rossana Podestà, Roberto Risco, Georges Marchal, Mario Mastrantonio, Salvatore Furnari, Francesco Gatto, Ulisse Lorenzelli, Giovanni Solinas, Arturo Tosi, Domenico Tosi, Ave Ninchi.

FILMOGRAPHIE: Paolo William Tamburella est un réalisateur, scénariste et producteur Italien. Il n'aurait tourné que 3 longs-métrages avant de mourir prématurément. 1946 Sciuscia (Producteur). 1950 Vogliamoci bene ! (réalisateur, scénariste et producteur). 1950 Sambo (réalisateur et scénariste). 1951 Blanche neige, le prince noir et les 7 nains (producteur, scénariste et réalisateur).

Les 7 nains se déchaînent ! 
En bonne et due forme, l'éditeur Artus films nous a déterré de l'oubli une curiosité transalpine totalement méconnue du public et des critiques, un conte de fée sorti de nulle part remis au goût du jour à travers le célèbre personnage de Blanche Neige. Une mixture incongrue d'aventures, de féérie, de science-fiction et de cape et d'épée ! Faut-il le voir pour le croire ? Alors que le prince aimant doit partir au front rejoindre sa troupe prise en embuscade, Blanche Neige se fait enlever par le sinistre Prince Noir. Au même moment, au fin fond d'une forêt, 7 nains endormis dans leur chaumière apprennent cette mauvaise nouvelle par la prescience d'un rêve commun. Dès lors, ils décident de partir à sa recherche pour une aventure semée d'embûches et d'imprudences.

Découvrir pour la première fois Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains plus de soixante ans après sa sortie s'avère une curiosité insensée dont seuls les italiens ont le secret. A travers un pitch décousu et prémâché (sept nains complètement crétins partis à la recherche de Blanche Neige, prise au piège entre les griffes du méchant prince noir) Paolo William Tamburella en extirpe un ovni pétulant. Le plaisir coupable que l'on éprouve durant cette folle aventure résidant dans les agissements tous plus saugrenus et farfelus de nos fameux nains, persuadés d'épater la galerie avec une bonne foi incommensurable. A travers des situations improbables dénuées de raison, ces sept petits personnages téméraires vont accumuler les pires pitreries pour amuser et faire rire son public prioritairement acquis pour les enfants. Il faut le voir pour le croire car certaines scènes digne d'un Mattei des Rats de Manhattan (souvenez vous, la noiraude enfarinée qui s'exclamait à vive voix: chui toute blanche euh !!! chui dev'nue toute blanche euh !!!!!) sont d'une idiotie si déconcertante qu'elle provoque finalement l'attachement, l'amusement, voir le rire involontaire chez les invétérés du Bis pour rire. A titre d'exemple, la séquence illustrant nos valeureux nains délibérés à emprisonner deux individus de grande taille (sortis d'un âge préhistorique !) avec l'aide d'une simple ficelle provoque un fou-rire incontrôlé ! A travers un jeu improvisé, ils vont tenter de convaincre les hommes des cavernes qu'ils s'amusent de bon coeur avec leur bout de cordelette pour les entremêler du creux de leurs mains. Un casse-tête chinois sans queue ni tête auquel nos deux abrutis des cavernes vont eux aussi daigner y participer pour pouvoir délayer les mains des nabots. Alors qu'au terme, le duo se retrouvera enlacé et emprisonné par la mince cordelette tendue autour de leur corps par nos p'tits compagnons rusés.

Paradoxalement, à certains passages du récit, la mise en scène subitement plus inspirée nous fignole une séquence féérique particulièrement réussie et réellement fantasque auquel le spectateur éprouve un vrai sentiment d'évasion. En effet, nos sept nains partis à la recherche de Blanche Neige décident de faire une pause pour s'endormir sur la verdure apaisante d'une forêt enchantée. Tandis qu'à peine endormis, ils vont subitement être aspirés sous terre et se retrouver dans un monde englouti où de charmantes sirènes sensuelles vont les accueillir avec empathie ! Avec des effets cheaps futiles mais efficaces, les décors fantasmagoriques vont tirer admirablement leur épingle du jeu pour nous adhérer à cette scénographie aquatique grâce à sa mise en scène assidue et inventive. La suite se condense à un chassé croisé entre nos héros attardés et des méchants guerriers réunis dans la tour d'un château aux pouvoirs surnaturels. Puisque à la fin, on apprendra que les pouvoirs du prince noir sont régis par un mécanisme futuriste digne d'un laboratoire dantesque hérité de Frankenstein et Metropolis réunis ! Oui vous avez bien lu ! On notera aussi le décor réussi et baroque de l'entrée du château à travers son architecture exubérante pour laisser place à un monument horrifique symbolisant un terrifiant monstre volatile.

Fourre tout dégingandé mais assumé et réalisé avec une sincérité indéfectible, Blanche Neige, le prince noir et les 7 nains est une bisserie saugrenue unique en son genre chez les férus de bisserie Z. Son alliage cocasse d'aventures, de féérie et de science-fiction, et surtout l'abattage de nos valeureux nains engendrent un spectacle familial à la fois plaisant et oh combien extravagant. Sans oublier le charme docile de la discrète mais courtoise Blanche Neige, amoureuse comme il se doit de son prince vaillant. Pour les spectateurs non cinéphages, réfractaires au charme du nanar puéril, ils seront sans doute atterrés d'avoir assisté à un spectacle aussi risible, d'autant plus infidèle pour célébrer le conte homonyme des frères Grimm.

25 . 12 . 10 .
Bruno Matéï

Anthropophagous / Anthropophagus / The Grim Reaper

         

de Joe d'Amato. Italie. 1980. 1h35. Avec Tisa Farrow, Saverio Vallone, Serena Grandi, Margaret Donnelly, Mark Bodin, Bob Larsen, Rubina Rey, Simone Baker, Mark Logan, George Eastman, Zora Kerova...

Sortie salle France: 20 janvier 1982Etats-Unis:  23 octobre 1981

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.


"Je me rappelle avec un infini plaisir nostalgique de sa locations Vhs chez mon meilleur ami Pascal (décédé depuis) un mercredi matin, alors que son père nous rouspeta parce qu'on louait trop de films d'horreur qu'il n'appréciait guère."

D'Amato Ketchup, Heinz Spaghetti 

En 1979, Joe D’Amato créé sa propre société, Filmirage pour se lancer dans la production d’un métrage à faible budget, Anthropophagous, tourné en 16mm avant que l’image n'y soit gonflée en 35 pour son exploitation ciné. Pour l'élaboration du script, il se partage la paternité avec son acteur premier, George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori). Le film arrive en France le 20 Janvier 1982, soit deux ans après sa sortie italienne, provoquant ainsi autant la stupeur chez le spectateur qu'un tollé d'injures de la part des critiques bigotes, alors qon exploitation lucrative en Vhs renforcera son aura de scandale, à l'instar de son homologue transalpin, Cannibal Holocaust

Le pitchDébarqués sur un archipel, un groupe de jeunes touristes ont fort à faire avec un dangereux maniaque adepte du cannibalisme !  

Réputé pour être l'un des films les plus choquants des années 80, Anthropophagous doit essentiellement sa réputation hardcore à deux séquences particulièrement incongrues. L'arrachage d'un foetus humain du ventre de sa mère que l'anthropophage dévore à pleine dent, et l'éventration de ce dernier, perforé à coup de pioche, abrégeant ainsi ses souffrances en se mastiquant les intestins ! Du délire à l'état pur pour le plus grand plaisir des fans de péloche faisandée ! D'où la fameuse tagline de l'époque: "l'homme qui se mange lui-même !


Ainsi, avec des moyens réduits, un pitch linéaire et la présence (attachante) de comédiens au jeu limité (même si Georges Eastman et Tisa Farrow s'avèrent plus convaincants), Joe D'Amato mise donc ses espoirs sur une ambiance funèbre prédominante au gré de décors peu rassurants. A l'instar de ces foyers blafards renfermant parfois des cadavres décrépis derrière une chambre secrète, d'une forêt clairsemée dénuée de toute vie animale, d'une nécropole nocturne ou encore de cette cave duquel une aveugle s'y est blottie au fond d'un tonneau. Quand bien même le repère du tueur s'instaure sous un monument en ruine, sous-sol nécrosé abritant un charnier d'ossements humains et corps putréfiés. Or, afin de renforcer ce climat funèbre, la partition musicale dissonante, alternant sons électroniques et concert d'orgue, insuffle bien ce sentiment d'inquiétude malaisant qui environne les alentours de l'île. On peut donc surligner qu'au niveau de l'atmosphère anxiogène, D'Amato maître d'oeuvre ne laisse pas indifférent, quand bien même l'attrait minimaliste et grotesque de l'intrigue y accentue son attrait volontiers ludique. En gros, six touristes jouent à cache-cache avec un demeuré cannibale dans les foyers mutiques de l'archipel avant de pouvoir trouver refuge dans sa propre maison logée par sa soeur. Puis en guise de flash-back explicatif, le réalisateur nous divulguera un bref aperçu des circonstances tragiques qui eurent entraîné cet individu vers la folie déviante.


En provocateur sans vergogne, Joe D'Amato n'éprouve donc aucun complexe à illustrer vulgairement des effets chocs, simples mais efficaces, en abusant de zooms pour insister sur les chairs mutilées. Mais son film, aussi sanglant soit-il par moments, n'est pas non plus un étalage de gore métronome, le réalisateur misant plutôt sur l'étrangeté de son climat solaire (toute l'action se déroulant quasiment de jour) et la notion latente du suspense auquel nous participons avec plaisir masochiste. A l'instar des rares apparitions du tueur endossé par Georges Eastman, rôle taillé sur mesure pour sa stature plutôt  imposante. Ainsi, de par son visage lépreux suant l'odeur fétide et ces accès expressifs de folie cannibale, sa présence monstrueuse ne passe pas inaperçue en évoquant d'ailleurs l'ogre des bois que l'on aime se narrer autour d'un feu ou lors des contes de fée.


L'homme qui se mange lui même !
Aussi aimablement bricolé que maladroit, Anthropophagous séduit bougrement de par son ton irrévérencieux et surtout l'agencement de son climat ombrageux distillant une fascination des plus macabres. La présence terrifiante de George Eastman, l'ambiance putride de ces décors touristiques, son score envoûtant et ses effets gores décadents concourant d'y transcender un produit Z en perle de déviance putrescente typiquement latine. En l'état, il s'agit donc d'une fort plaisante bisserie low-cost comme seuls ces italiens dévoyés eurent le secret. Si bien que de nos jours "ultra conservateurs" aucun réalisateur n'oserait suggérer pareil méfait fétide auprès d'un producteur lambda. 
                                 
*Bruno
27.12.10
14.07.14
Octobre 2022. 4èx

La critique de Mathias Chaput:
Partant du gimmick culotté de "l'homme qui se mange lui même" (!) qui servira d'accroche au film et garant d'un immense succès suscité par la curiosité coupable des spectateurs, "Anthropophagous", outre un scénario qui tient à peu près la route, reste un monument dans le genre, déclinant effets gore nauséeux et atmosphère terrifiante !

George Eastman, de par son charisme, y est pour beaucoup dans la réussite du métrage, dont il a également écrit le scénario...

D'amato se fait plaisir et NOUS fait plaisir, le bougre se lâche, nous gratifiant de passages délirants et anxiogènes (la nuit de l'orage, la caverne du cannibale, les sous sols de la maison...) mais n'oublie jamais de prendre conscience du risque de l'impact que son film peut avoir...

Re(con)stituant une angoisse qui va crescendo, il met habilement en exergue des idées qui feront date (le miroir qui se brise, renfermant derrière lui une mini mausolée), l'exploitation de l'aura de l'archipel, comme un piège sournois qui enferme les pauvres gens ainsi que le spectateur, un microcosme glaçant et ultime où gravitent les "petites souris" avec le "chat", prédateur qui finira par les manger !

"Anthropophagous" est une gigantesque partie de cache-cache avec comme point d'orgue une issue salvatrice extrêmement gorasse, presque minimaliste !

Doté de trouvailles graphiques plus perverses et imaginatives les unes que les autres (le plan légendaire d'arrachage de foetus, fallait être fou pour oser un truc pareil !), se suivant avec attention et bénéficiant de rebondissements assez bienvenus dans son déroulement, "Anthropophagous" est un des piliers dans l'oeuvre de D'Amato et dans la continuité du cinéma gore italien, le bougre récidivant un an plus tard avec son "Rosso sangue" et allant encore plus loin dans le gore, celui ci étant un peu les prémices de son style...

Réservé à une poignée d'aficionados et pas du tout grand public, "Anthropophagous" ravira les cinéphages friands d'horreur déviante, les autres passeront leur chemin !

Le travail de BACH films sur le dvd est remarquable et les bonus avec l'immense Christophe Lemaire sont un pur régal !

Calibré pour une soirée pizza entre potes, "Anthropophagous" a le mérite de terrifier et de divertir en même temps, ce qui est louable !

Ne boudons pas notre plaisir et savourons ce film mythique !

Note : 8/10

DREAM HOME (Wai dor lei ah yut ho)

(avis subjectif d'un puriste amateur)



de Pang Ho-Cheung. 2010. Hong-Kong. 1H36. Avec Eason Chan, Michelle Ye, Josie Ho, Norman Chu, Anthony Wong, Kwok Cheu-Sang, Hee Ching Paw.

Sortie française: courant 2011.

FILMOGRAPHIE: Pang Ho-Cheung est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur Hongkongais né en 1973.
2001: You Shoot, I Shoot
2003: Men Suddenly in Black
2004: Beyond Our Ken
2005: A.V.
2006: Isabella
2007: Exodus
2007: Trivial Matters
2010: Love in a Puff
2010: Dream Home

    CATEGORIE 3.
    Retour en fanfare chez nos Hongkongais pour l'horreur hardgore (mais ludique) avec un métrage dans la droite lignée des fameux Catégories 3 (interdit au moins de 18 ans). Autant avertir d'emblée les curieux qu'il s'agit encore d'un de ces métrages extrêmes baignant dans l'immoralité et la violence crue comme seul les asiatiques effrontés ont le secret.

    A travers une trame horrifique vindicative et punitive alignant en intermittence une succession de meurtres d'un réalisme sidérant mais heureusement volontairement dénaturée par un humour acide exutoire, Dream Home décrit le calvaire financier qu'une jeune fille, Cheng Lai-sheung, doit traverser pour pouvoir s'approprier une demeure de luxe.
    Parce que durant son enfance, elle pouvait admirer le paysage radieux du quartier Victoria de Hong-Kong depuis sa fenêtre d'appartement familial, Cheng Lai-sheung s'était jurée de posséder un logement semblable situé en bord de mer. Mais comme la ville est en perpétuelle évolution industrielle et que l'urbanisation envahissante a délaissé l'écologie contre la beauté harmonieuse de la nature, le rêve de notre héroïne sera une éprouvante labeur, surtout que le marché de l'immobilier davantage en inflation ne cesse de progresser. De ce fait, Cheng entreprend deux emplois successifs pour pouvoir concrétiser son rêve et son père, gravement malade, pourrait lui laisser une somme conséquente en guise d'assurance vie. Mais l'attente insupportable des prêts immobiliers va sérieusement contraindre la jeune fille de se lancer dans le meurtre expéditif auprès des habitants de l'immeuble. De sorte à dissuader les futurs acquéreurs pour sélectionner un des appartements.


    Le film démarre brutalement avec un meurtre d'anthologie par strangulation mis en scène avec une virtuosité que n'aurait pas renié Dario Argento (le magnifique pré-générique qui juxtapose une succession de building high-tech n'est pas non plus en reste !). La caméra agile multipliant les angles de prise de vue et les cadrages alambiqués incessants dans une parfaite fluidité.
    Le calvaire moribond que va subir cet agent de sécurité lapidé est long, viscéral et désespérément vain dans ses tentatives de se raccrocher au fil de sa vie. L'homme essayant de se délier à l'aide d'un cutter pour tenter de sectionner le cordon acéré autour de son cou. Sauf qu'à force de vouloir ciseler la cordelette à l'aveuglette dans un état d'affolement incontrôlé, c'est sa gorge qu'il atteindra par petites coupures successives lui entaillant la peau, jusqu'à ce qu'il périsse étouffé dans sa mare de sang.

    La suite immuable tient ses promesses en variant continuellement une série de meurtres inventifs, soigneusement concoctés et sacrément impressionnants dans des FX hyper réalistes et perfectibles sans toutefois verser dans l'insoutenable nauséeux.
    C'est son savant dosage de cynisme sarcastique qui va dédramatiser chaque situation extrême, redoutée pourtant avec appréhension, puisque chaque meurtre envisagé se révèle ultra sanglant, violent et sans concession admise.
    Cette farce grotesque au ton incongru entamée dans un climat déroutant séduit les amateurs d'horreur brute avec en prime l'intelligence de dénoncer un message social tout à fait actuel sur la spéculation immobilière, davantage intransigeante et perfide envers le citoyen lambda tributaire du "toujours travailler plus" (l'héroïne pratiquant 2 emplois succincts).
    Seul bémol cependant envers quelques flashs-back un peu rébarbatifs, volontairement déstructurés à propos de l'enfance de notre jeune héroïne. Des va et vient désordonnés un peu trop appuyés et insistants jusqu'à semer la confusion dans l'esprit du spectateur futilement désorienté.
    Tandis que le final extravagant, Tarantinesque dans son absurdité sanguinaire commise en défaveur de ses témoins indirects va se concrétiser dans un bain de sang débridé, (in)volontairement déraisonné !


    Michelle Ye qui incarne le rôle d'une meurtrière en demi-teinte dans sa quiétude mêlée d'inquiétude est totalement étonnante, singulière dans son physique neutre, sa personnalité trouble et austère, d'un calme confondant dans ces agissements meurtriers. Froide, inflexible et déterminée dans ses ambitions matérielles axées sur le confort et la tranquillité dans une société de consommation inéquitable.
    ATTENTION SPOILER !!!!!Une meurtrière d'autant plus ambivalente qu'elle ira jusqu'à délaisser son paternel agonisant pour volontairement le laisser périr dans ses derniers souffles suppliciés d'une chambre d'hôpital. Une manière indocile, plus furtive à pouvoir encaisser l'assurance vie garantie. FIN DU SPOILER.

    C.L.S CHERCHE APPARTEMENT.
    Dans une réalisation soigneusement ciselée variant les ruptures de ton, Dream Home se révèle un excellent divertissement horrifique, sardonique et extrême dont les nombreuses séquences chocs percutantes et rigides sont exécutées avec un sens spectaculaire jouissif expurgé d'un potentiel malaise rigoureux par son humour noir libérateur.
    Le scénario, loin de se réduire au canevas basique et orthodoxe du genre symptomatique se permet en sus de dénoncer l'abus de spéculation immobilière qui touche les pays du monde entier (comme il l'est spécifié à la toute fin du métrage). Une dérive quotidienne vécue à travers le destin baroque, immoral d'une jeune fille dépitée de son existence morne et désillusionnée, avide de renommée par le pouvoir capital.


    NOTE: Le film a été présenté avec succès lors de la 10ème édition du Festival International du Film Fantastique de Neuchatel (Suisse)

    28.12.10

    LE RENNE BLANC (Valkoinen peura)


    (avis subjectif d'un puriste amateur)

    Prix du film légendaire à Cannes.

    de Erik Blomberg. 1952. Finlande. 1H05. Avec Mirjami Kuosmanen, Kalervo Nissilä, Åke Lindman.

    FILMOGRAPHIE: Erik Blomberg (18 September 1913 – 12 October 1996) est un réalisateur, scénariste et producteur finlandais. Il a été marié à l'actrice Mirjami Kuosmanen qui incarne le rôle principal du Renne Blanc (également illustrée dans la co-scénarisation), son seul et unique long-métrage.


    LES OUBLIES DU FANTASTIQUE FINLANDAIS.
    L'éditeur Artus Films nous a une fois de plus déterré il y a peu une merveille du cinéma Fantastique Finlandais tirée d'une légende nordique. Un film particulièrement notoire dans son pays d'origine qui a été couronné en 1953 du Prix international du film légendaire du Festival de Cannes, décerné par Jean Cocteau.

    En Laponie, dans le cercle polaire, une jeune femme sorcière contre son gré épouse un jeune chasseur de renne. A cause des absences répétées de son époux, Pirita, délaissée, décide de rencontrer un sorcier pour retrouver un potentiel intérêt à sa vie esseulée.
    Elle conclut alors un pacte avec le Mal avec l'aide du sorcier et doit sacrifier un être vivant au Dieu de la pierre pour pouvoir bénéficier d'un pouvoir ensorcelant les hommes de la région. Mais cet accord du Mal se forgera en malédiction pour la jeune fille, incapable de se débarrasser d'un fardeau davantage contraignant et finalement fustigé.


    Le film débute par un court poème vaillamment conté et chantonné par une narratrice candide. C'est cette histoire insolite qui nous sera visuellement évoqué durant la totalité narrative axée sur une légende diabolique pour mettre en cause la perte identitaire d'une jeune fille avide d'affection, de pouvoir vampirique sur les hommes, contribué par ces charmes sensuels insoupçonnés.
    Pour une production Finlandaise datant de 1952, nous sommes en dépaysement total devant l'étendue clairsemée de leurs immenses plaines enneigées que l'on parcourt inlassablement à perte de vue ! Un florilège de décors naturalistes en accord avec la beauté limpide écologique. Un paysage ensorcelant d'une autre époque, un ailleurs inexploré irrésistiblement tangible, un environnement fantasque submergé de son manteau de neige qui illumine chaque toile de l'horizon, telle une féérie gracile pleine de candeur. Quelques chaumières emmitouflées par l'abondance de flocons blancs et légers où l'on peut discerner de l'étendue des collines nacrées la fumée bienveillante qui s'évacue des cheminées dans l'air frais du cercle polaire. Alors que des habitants familiers sont sur le point de fêter un traditionnel mariage rituel avant de partir chasser ces centaines de rennes dégourdis, chevauchant les routes désertes de présence humaine.
    Mais dans cette contemplation irréelle au fluide sensoriel il y a de sombres superstitions que l'on redoute chuchoter, craignant le pouvoir maudit du Dieu de pierre ou celle plus ample de la vallée de la mort.
    Pirita, jeune fille élégante, immature et insouciante se laissera facilement berner par le pouvoir d'une entité pernicieuse en lui sacrifiant un renne pour devenir elle-même cet animal vigoureux tant convoité. Dans un sentiment hautain de supériorité, elle prendra plaisir à se laisser courser par les habitants du quartier, intrigués par l'apparence monochrome de l'animal sauvage. Tandis que Pirita, renouée dans son corps de femme devant la stupeur déconcertée de l'homme qui l'aura finalement traqué, assassinera sa victime de manière sarcastique en l'égorgeant de ces dents lascives et incisives.
    Mais la supercherie désinvolte de la jeune sorcière possédée ne pourra éternellement satisfaire ses méfaits dédaigneux quand les hommes revanchards connaitront le moyen antique de détruire le renne blanc.


    C'est un conte baroque et inhabituel que nous retranscrit Erik Blomberg dans un mélange de fantastique teinté de vampirisme, de superstition, de sorcellerie et de merveilleux centré sur la beauté de la nature et de ceux qui y résident, en harmonie avec la danse des rennes omniprésents.
    La prestance inhabituelle des comédiens totalement inconnus chez nous, induite dans leur patrimoine d'une culture différente de la notre et l'ambiance étrange, irrésistiblement envoutante qui s'y dégage nous entraine dans un magnifique poème incandescent, amer et cruel. Une légende nordique traçant la convoitise d'une jeune sorcière niaise de ses désirs envers l'homme intrigué, angoissé par le mystère insondable de la femme charnelle et séductrice.

    PIRITA, LA SORCIERE.
    Réalisé dans un noir et blanc naturel et expressif mis en exergue pour l'immensité palpable de ces décors enneigés, Le Renne Blanc est un conte méconnu qui retrouve soixante ans plus tard une aura d'estime, de reconnaissance, de légitimité, via un éditeur couillu qui aura entrepris, par le support du dvd, à faire découvrir au public curieux une perle probante du Fantastique venue de l'étranger. Et cela, même si malheureusement, l'insuccès de sa cote de popularité en France ne sera toujours pas reconnue, alourdie de sa discrète campagne publicitaire.
    Mais l'essentiel est que cette merveille soit enfin disponible chez nous et que si parmi vous, en décuplant votre curiosité addictive, vous aurez un jour la chance de découvrir cet enchantement permanent, vous vous laisserez sans commune mesure happer par ce voyage étrangement merveilleux auquel les affres du temps ne pourront jamais annihiler son pouvoir diaphane.

    Dédicace à ARTUS FILMS que je ne remercierai jamais assez !

    30.12.10


    Le destin de Pirita représente les peurs, les angoisses, et les refoulements éternels de l’homme… (site web)

    Rosemary's Baby

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site fan-de-cinema.com

    de Roman Polanski. 1968. U.S.A. 2h17. Avec Mia Farrow, John Cassavetes, Ruth Gordon, Sidney Blackmer, Maurice Evans, Ralph Bellamy, Elisha Cook Jr., Patsy Kelly, Charles Grodin.

    Sortie en salles: États-Unis : 12 juin 1968

    FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais. 1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer
    2011 : Le Dieu du carnage.


    Gestation:
    Fasciné par le roman éponyme d'Ira Levin paru en 1967, William Castle achète les droits du livre pour tenter de le réaliser lui même. Mais la Paramount ne l'entend pas de cette oreille, faute de sa réputation d'aimable faiseur de frissons du samedi soir. Elle lui demande alors de produire le film puis de recruter un réalisateur chevronné. Le choix s'oriente vers Roman Polanski qui accepte la proposition à la seule condition que le scénario reste le plus fidèle possible au roman de Levin. Enorme succès lors de sa sortie, Rosemary's Baby devient dès lors le fer de lance du fantastique contemporain où s'y conjuguent démonologie, sorcellerie et satanisme si bien que l'Exorciste, La Malédiction et Suspiria adopteront la relève avec dignité.


    De façon circonspecte, Roman Polanski nous illustre l'introspection d'une jeune épouse éprise de maternité mais sombrant lentement dans la paranoïa (voir peut-être la démence !). Modèle de suggestion, Rosemary's Baby tente de nous faire croire à la véracité d'évènements occultes jusqu'au dénouement révélateur, sommet d'effroi d'un nihilisme radical auquel nombre de spectateurs ont cru apercevoir le fameux bébé à queue fourchue ! La force implacable du récit émanant de sa subtilité à mettre en exergue le profil torturé de son héroïne. Une gageure que l'actrice longiligne Mia Farrow relève haut la main puisque le spectateur s'identifiant avec empathie durant son cheminement ésotérique influencé par des antagonistes mesquins. On peut sur ce point iconique souligner le jeu inquiétant de Ruth Gordon (meilleure actrice de second rôle aux Oscars !) endossant avec magnétisme une matriarche aussi sournoise qu'irritante de par sa désinvolture à diriger sa vie conjugale et maternelle ! Jeu de dupe et de manipulation, Roman Polanski triture nos nerfs et nos émotions à jouer avec la paranoïa d'une jeune femme sujette aux malaises corporels (douleurs abdominales, maux de crane, perte de poids) mais potentiellement engendrés par une confrérie sataniste !


    Durant 2h15, nous nous identifions à son désarroi avec une trouble perplexité car ne sachant jamais si les incidents décrits sont le fruit de son imagination (à l'instar du sort réservé à cet acteur devenu aveugle favorisant ainsi son mari à s'approprier son poste professionnel, ou encore du décès inexpliqué d'un proche ami comateux !) où s'ils émanent de stratégies délétères complotées par une société démoniaque (tel ce suicide par défenestration suggéré en prologue !). Sans effet grand guignolesque, la narration distille un climat d'angoisse sous-jacent où les personnages patibulaires (le médecin de Rosemary !) n'ont de cesse d'attiser la suspicion à travers leur attitude obséquieuse faussement affable. En priorité, l'omniprésence du couple de retraités s'immisçant effrontément dans l'intimité du couple avec générosité (ils offrent à Rosemary un pendentif à racine de Tanis et cuisinent mousse au chocolat et infusion de lait au goût frelaté, sans compter l'ouvrage de sorcellerie reçu par courrier !). Des offrandes finissant par irriter le couple quand bien même Rosemary est hantée de cauchemars nocturnes où rituels et viol sont pratiqués non seulement par son entourage mais aussi par son propre époux. Spoil !!! Ce dernier profitera d'ailleurs d'un instant d'étourdissement pour lui faire l'amour sans son consentement afin de l'engrosser. Une preuve supplémentaire pour la jeune Rosemary de ne compter que sur son indépendance car suspectant pour le coup la culpabilité de son propre amant. Fin du spoil.


    It's Alive !
    Drame psychologique déroutant et hypnotique au service d'une épouvante éthérée, Rosemary's Baby doit son exceptionnelle pouvoir de fascination par le biais d'une mise en scène studieuse retardant au maximum toute imagerie horrifique. Si bien que l'angoisse oppressante qui imprègne le récit découle d'une diabolique conjuration qu'une épouse en maternité tente désespérément de déjouer. A moins que tout ceci n'était qu'un leurre (métaphorique), le bouleversement émotif de celle-ci trop fragile réfutant inconsciemment sa maternité par crainte viscérale de la procréation ! 

    * Bruno
    26.07.22. 4-èx. vf

    Récompenses: Meilleure actrice dans un second rôle pour Ruth Gordon aux Oscars,1969
    Fotogramas de Plata de la Meilleure performance étrangère (Mia Farrow) en 1970
    Critics Award du Meilleur film étranger en 1970
    Golden Globe de la Meilleure actrice de second rôle (Ruth Gordon) en 1969


    LA POSSESSION DE DAVID O'REILLY (The.Possession.Of.David.OReilly)

    (avis subjectif d'un puriste amateur)


    NE REGARDEZ PAS L'AFFICHE PLUS DE 2 SECONDES !!!!!
    Non, comme ça !

    de Andrew Cull. 2010. Angleterre. 1H27. Avec Alderson Giles, Fowler Francesca, Richards Zoe, Nicholas Shaw.

    Sex Toy story avec lubrifiant végétal, couleur pastel !
    Voilà, c'est commandé !

    Prochainement dans vos salles. Je ne sais pas ou et quand mais c'est pour très prochainement je crains !!!
    Ah non, tout compte fait, c'est peut-être sans doute un DTV prochainement en location (s'il reste encore un vidéo-club dans votre patelin !) ou sur internet !!!

    FILMOGRAPHIE du réalisateur qui a filmé son film:  Andrew Cull est un réalisateur et scénariste né le 9 Juin 1974 à Brighton, en Angleterre. La possession de David O'Reilly est son premier long-métrage et j'espère le dernier.
    Il s'est aussi illustré dans la série TV Urban Gothic en tant que scénariste. Ca pouvait pas être pire façon.

    T'inquiètes chérie, ils sont partis maintenant les mutants baveux de Mattei !

    LISEZ BIEN LE PITCH AVANT DE VISIONNER LE FILM !!!
    LISEZ, J'VOUS DIT !!!!!!!!
    Ce film d'horreur réaliste, voir carrément souvent insoutenable par moments raconte les terribles événements dramatiques qui font très peur dans la maison d’un jeune couple de cons anglais à Londres avec une présence démoniaque qui s'amuse à saute moutons pendant 1H25 !
    Cette histoire paranormale ne semble pas tirée d'une histoire vraie ! ???
    Hein ? Comment ça, on m'aurait menti !!! ???
    Putain, maintenant que c'est fini, j'ai vraiment peur alors !!!

    J'ai peur !!! ce bruit venant de la salle de bain est bizarre je trouve ! non ?

    MONSTER IN THE CLOSET 2 !!!
    Si vous avez adoré la prod Troma des années 80 et que vous vous êtes fendus la poire entre dix binouzes et un tube de colle transparent, alors passez votre chemin sur cette fausse suite/remake/parodie horrifico/comique et/ou dramatique (avec une touche de romance), au risque d'avoir l'envie de vous jeter par la fenêtre de votre chambre du 1er étage (si c'est pas assez haut, passez au 2è et si vous n'avez pas d'autre étage, dirigez vous vers l'immeuble le plus près et montez jusqu'au 5è, ça devrait faire l'affaire !).

    Sur ce, m'en vais revoir le vrai Monster in the closet, au moins lui il faisait pleurer mon frère !

    Qu'est ce qui y'a ? tu veux ma photo ? C'est pas ma faute si mon film est nul ! Et j'ai été doublé si tu veux la vraie vérité pour dire toute la vérité !

    Le Cirque du Dr Lao / Seven Faces of Dr. Lao

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site lareponseest42.blogspot.fr

    de Georges Pal. 1964. U.S.A. 1h40. Avec Tony Randall, Noah Beery Jr., Royal Dano, Barbara Eden, John Ericson, Arthur O'Connell, Lee Patrick, John Qualen, Tony Randall.

    Sortie Salle U.S.A. : 18 Mars 1964

    FILMOGRAPHIE: George Pal, né Györgi Pál Marczincsák, est un réalisateur, producteur, scénariste hongrois, né le 1er février 1908 à Cegled en Autriche-Hongrie (aujourd'hui en Hongrie), naturalisé américain en 1940 et mort le 2 mai 1980 d'une crise cardiaque à Beverly Hills. 1934 : Le Vaisseau de l'éther; 1935 : L'Atlas magique ; 1936 : La Symphone de l'éther ;1937 : Philips Broadcast ;1937 : What Ho, She Bumps (UK); 1938 : La Belle au bois dormant ; 1939 : Philips Cavalcade ;1939 : Les Amants des mers du Sud ;1942 : Tulips Shall Grow ; 1942 :  Jasper et les pastèques ;1942 :  Jasper et la maison hantée ; 1958 : Les Aventures de Tom Pouce ;1960 : La Machine à explorer le temps ; 1962 : Les Amours enchantées ; 1964 : Le Cirque du docteur Lao.


    "Le monde est un cirque si tu sais l'observer. Chaque fois que tu ramasses une poignée de sables et que tu ne vois pas le sable mais un mystère, une merveille dans ta main. Chaque fois que tu t'arrêtes pour penser: "je suis vivant !". Et être vivant c'est fantastique. Chaque fois que ce genre d'évènements se produit, tu fais parti du cirque du Dr Lao."

    Le cirque du Dr Lao
    est le dernier film de George Pal, maître du Fantastique nous ayant légué quelques chefs-d'oeuvre du genre hélas rarement diffusés à la TV. En l'occurrence, par le biais d'un hymne à la fantaisie féerique d'une richesse formelle aussi (génialement) kitch que rutilante, ce dernier nous évoque la thématique de la cupidité à travers la dichotomie du bien et du mal. Le PitchLe chinois Dr Lao, directeur de cirque ambulant, arrive à Abalone, petite ville de l'Arizona afin d'annoncer au public son prodigieux spectacle. Au même moment, au siège du journal local, Clint Stark, buzinessman cupide et ambitieux, tente de convaincre la population de lui vendre la ville à bon prix. Mais l'arrivée impromptue du chinois aux pouvoirs mystérieux va remettre en question le choix de tout un chacun à accepter l'offre vénale de Mr Stark. Mélange saugrenu de western, de fantastique, de fantaisie et de merveilleux, Le Cirque du Dr Lao est un ovni d'une richesse thématique inextinguible, véritable leçon de vie sur notre remise en question morale. A savoir à quel point notre évolution humaine puisse malencontreusement se soumettre à la régression par la cupidité, l'égocentrisme, l'avarice et l'orgueil. De par le truchement d'une narration extravagante vouée au pouvoir créatif, notre malicieux Dr Lao nous entraîne dans ses festivités avec un art du stratagème pour mieux duper son public et le mettre à l'épreuve de son ego. Avec des moyens chimériques, celui-ci emploie facétieusement ses talents de magicien utopiste pour nous émerveiller avec un charme irrésistiblement attractif. De par la synergie d'une disparité de monstres singuliers que l'on reluque avec des yeux de gosse émerveillés.


    Par conséquent, au coeur de cette mythologie archaïque du far-west en soudaine proie au surnaturel, je vous présente la méduse insidieuse au regard mortel, l'abominable (et apathique) homme des neiges, le prédicateur Apolonius de Tyana atteint de cécité mais condamné par sa prescience à pronostiquer la destinée de chacun, le serpent vaniteux à tête humaine prenant malin plaisir à dénigrer son hôte, ou encore le vieux Merlin aigri et ses tours de magie tant décriés par une populace avide d'exploit, mais encore Pan, le Dieu de la joie lors de sa chorégraphie dansante afin de séduire une célibataire en quête de rédemption amoureuse. On boucle enfin la parade avec le poisson du bocal pour muter u peu plus tard en serpent de mer lorsqu'il est délivré par des cow-boys avinés, et ce avant que le Dr Lao ne déploie sa machine à répandre la pluie ! Ce saisissant bestiaire animalier accompagné de dieux immortels s'avèrent les vecteurs allégoriques de l'influence de la tentation, une mise en abyme de l'homme confronté à son instinct véreux. Et pour mettre en exergue cette galerie improbable d'icônes fantasques, un seul comédien s'y fond dans leur chair parmi l'art du déguisement. Tony Randall s'imputant sept rôles distincts à la fois ! Ses diverses panoplies découlant d'une mythologie antique demeurant irrésistiblement attachantes alors que son esprit sarcastique détonne par l'art de la manipulation (chaque témoin souhaitant se prêter au jeu de la vérité par esprit de curiosité et de convoitise). D'un fulgurance poétique inventive (notamment auprès de la magie des décors naturels parfois façonnés en studio), le Cirque du Dr Lao nous transfigure un rêve éveillé par le biais de trucages candides façonnés en stop motion.


    Croire c'est rêver.
    Leçon de sagesse et de tolérance, hymne à l'existence et à la beauté du monde terrestre, Le cirque du Dr Lao nous entraîne vers un voyage fantastique inusité. Une initiation à la fraternité et à la solidarité au sein d'un Far-west en mutabilité industrielle (l'ascension du capitalisme par le biais du chemin de fer en construction). Une féerie en roue libre d'autant plus atypique que l'oeuvre s'avère si rare et méconnue à l'instar d'une relique honteusement oubliée. Et pour vous convaincre une ultime fois de son pouvoir d'enchantement, écoutez attentivement la dernière citation du Dr Lao, juste avant qu'il ne s'évapore d'un geste amical dans le désert. A savoir que la vie quotidienne finalement singulière renferme des trésors d'énergie scintillante à condition de savoir ouvrir grands les yeux pour être attentifs aux choses terrestres qui nous entourent !

    * Bruno
    19.10.22. 3èx
    05.01.11.