de Joe d'Amato. Italie. 1980. 1h35. Avec Tisa Farrow, Saverio Vallone, Serena Grandi, Margaret Donnelly, Mark Bodin, Bob Larsen, Rubina Rey, Simone Baker, Mark Logan, George Eastman, Zora Kerova...
Sortie salle France: 20 janvier 1982, Etats-Unis: 23 octobre 1981
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Joe d'Amato (né Aristide Massaccesi le 15 décembre 1936 à Rome, mort le 23 janvier 1999) est un réalisateur et scénariste italien. 1977 : Emanuelle in America, 1977 : Viol sous les tropiques, 1979: Buio Omega (Blue Holocaust), 1980: Anthropophagous, La Nuit Erotique des morts-vivants, Porno Holocaust, 1981: Horrible, 1982: 2020, Texas Gladiator, Caligula, la véritable histoire, Ator l'invincible, 1983: Le Gladiateur du futur.
"Je me rappelle avec un infini plaisir nostalgique de sa locations Vhs chez mon meilleur ami Pascal (décédé depuis) un mercredi matin, alors que son père nous rouspeta parce qu'on louait trop de films d'horreur qu'il n'appréciait guère."
En 1979, Joe D’Amato créé sa propre société, Filmirage pour se lancer dans la production d’un métrage à faible budget, Anthropophagous, tourné en 16mm avant que l’image n'y soit gonflée en 35 pour son exploitation ciné. Pour l'élaboration du script, il se partage la paternité avec son acteur premier, George Eastman (de son vrai nom Luigi Montefiori). Le film arrive en France le 20 Janvier 1982, soit deux ans après sa sortie italienne, provoquant ainsi autant la stupeur chez le spectateur qu'un tollé d'injures de la part des critiques bigotes, alors qon exploitation lucrative en Vhs renforcera son aura de scandale, à l'instar de son homologue transalpin, Cannibal Holocaust.
Le pitch: Débarqués sur un archipel, un groupe de jeunes touristes ont fort à faire avec un dangereux maniaque adepte du cannibalisme !
Réputé pour être l'un des films les plus choquants des années 80, Anthropophagous doit essentiellement sa réputation hardcore à deux séquences particulièrement incongrues. L'arrachage d'un foetus humain du ventre de sa mère que l'anthropophage dévore à pleine dent, et l'éventration de ce dernier, perforé à coup de pioche, abrégeant ainsi ses souffrances en se mastiquant les intestins ! Du délire à l'état pur pour le plus grand plaisir des fans de péloche faisandée ! D'où la fameuse tagline de l'époque: "l'homme qui se mange lui-même !"
Ainsi, avec des moyens réduits, un pitch linéaire et la présence (attachante) de comédiens au jeu limité (même si Georges Eastman et Tisa Farrow s'avèrent plus convaincants), Joe D'Amato mise donc ses espoirs sur une ambiance funèbre prédominante au gré de décors peu rassurants. A l'instar de ces foyers blafards renfermant parfois des cadavres décrépis derrière une chambre secrète, d'une forêt clairsemée dénuée de toute vie animale, d'une nécropole nocturne ou encore de cette cave duquel une aveugle s'y est blottie au fond d'un tonneau. Quand bien même le repère du tueur s'instaure sous un monument en ruine, sous-sol nécrosé abritant un charnier d'ossements humains et corps putréfiés. Or, afin de renforcer ce climat funèbre, la partition musicale dissonante, alternant sons électroniques et concert d'orgue, insuffle bien ce sentiment d'inquiétude malaisant qui environne les alentours de l'île. On peut donc surligner qu'au niveau de l'atmosphère anxiogène, D'Amato maître d'oeuvre ne laisse pas indifférent, quand bien même l'attrait minimaliste et grotesque de l'intrigue y accentue son attrait volontiers ludique. En gros, six touristes jouent à cache-cache avec un demeuré cannibale dans les foyers mutiques de l'archipel avant de pouvoir trouver refuge dans sa propre maison logée par sa soeur. Puis en guise de flash-back explicatif, le réalisateur nous divulguera un bref aperçu des circonstances tragiques qui eurent entraîné cet individu vers la folie déviante.
En provocateur sans vergogne, Joe D'Amato n'éprouve donc aucun complexe à illustrer vulgairement des effets chocs, simples mais efficaces, en abusant de zooms pour insister sur les chairs mutilées. Mais son film, aussi sanglant soit-il par moments, n'est pas non plus un étalage de gore métronome, le réalisateur misant plutôt sur l'étrangeté de son climat solaire (toute l'action se déroulant quasiment de jour) et la notion latente du suspense auquel nous participons avec plaisir masochiste. A l'instar des rares apparitions du tueur endossé par Georges Eastman, rôle taillé sur mesure pour sa stature plutôt imposante. Ainsi, de par son visage lépreux suant l'odeur fétide et ces accès expressifs de folie cannibale, sa présence monstrueuse ne passe pas inaperçue en évoquant d'ailleurs l'ogre des bois que l'on aime se narrer autour d'un feu ou lors des contes de fée.
L'homme qui se mange lui même !
Aussi aimablement bricolé que maladroit, Anthropophagous séduit bougrement de par son ton irrévérencieux et surtout l'agencement de son climat ombrageux distillant une fascination des plus macabres. La présence terrifiante de George Eastman, l'ambiance putride de ces décors touristiques, son score envoûtant et ses effets gores décadents concourant d'y transcender un produit Z en perle de déviance putrescente typiquement latine. En l'état, il s'agit donc d'une fort plaisante bisserie low-cost comme seuls ces italiens dévoyés eurent le secret. Si bien que de nos jours "ultra conservateurs" aucun réalisateur n'oserait suggérer pareil méfait fétide auprès d'un producteur lambda.
*Bruno
27.12.10
14.07.14
Octobre 2022. 4èx
La critique de Mathias Chaput:
Partant du gimmick culotté de "l'homme qui se mange lui même" (!) qui servira d'accroche au film et garant d'un immense succès suscité par la curiosité coupable des spectateurs, "Anthropophagous", outre un scénario qui tient à peu près la route, reste un monument dans le genre, déclinant effets gore nauséeux et atmosphère terrifiante !
George Eastman, de par son charisme, y est pour beaucoup dans la réussite du métrage, dont il a également écrit le scénario...
D'amato se fait plaisir et NOUS fait plaisir, le bougre se lâche, nous gratifiant de passages délirants et anxiogènes (la nuit de l'orage, la caverne du cannibale, les sous sols de la maison...) mais n'oublie jamais de prendre conscience du risque de l'impact que son film peut avoir...
Re(con)stituant une angoisse qui va crescendo, il met habilement en exergue des idées qui feront date (le miroir qui se brise, renfermant derrière lui une mini mausolée), l'exploitation de l'aura de l'archipel, comme un piège sournois qui enferme les pauvres gens ainsi que le spectateur, un microcosme glaçant et ultime où gravitent les "petites souris" avec le "chat", prédateur qui finira par les manger !
"Anthropophagous" est une gigantesque partie de cache-cache avec comme point d'orgue une issue salvatrice extrêmement gorasse, presque minimaliste !
Doté de trouvailles graphiques plus perverses et imaginatives les unes que les autres (le plan légendaire d'arrachage de foetus, fallait être fou pour oser un truc pareil !), se suivant avec attention et bénéficiant de rebondissements assez bienvenus dans son déroulement, "Anthropophagous" est un des piliers dans l'oeuvre de D'Amato et dans la continuité du cinéma gore italien, le bougre récidivant un an plus tard avec son "Rosso sangue" et allant encore plus loin dans le gore, celui ci étant un peu les prémices de son style...
Réservé à une poignée d'aficionados et pas du tout grand public, "Anthropophagous" ravira les cinéphages friands d'horreur déviante, les autres passeront leur chemin !
Le travail de BACH films sur le dvd est remarquable et les bonus avec l'immense Christophe Lemaire sont un pur régal !
Calibré pour une soirée pizza entre potes, "Anthropophagous" a le mérite de terrifier et de divertir en même temps, ce qui est louable !
Ne boudons pas notre plaisir et savourons ce film mythique !
Note : 8/10
Ainsi, avec des moyens réduits, un pitch linéaire et la présence (attachante) de comédiens au jeu limité (même si Georges Eastman et Tisa Farrow s'avèrent plus convaincants), Joe D'Amato mise donc ses espoirs sur une ambiance funèbre prédominante au gré de décors peu rassurants. A l'instar de ces foyers blafards renfermant parfois des cadavres décrépis derrière une chambre secrète, d'une forêt clairsemée dénuée de toute vie animale, d'une nécropole nocturne ou encore de cette cave duquel une aveugle s'y est blottie au fond d'un tonneau. Quand bien même le repère du tueur s'instaure sous un monument en ruine, sous-sol nécrosé abritant un charnier d'ossements humains et corps putréfiés. Or, afin de renforcer ce climat funèbre, la partition musicale dissonante, alternant sons électroniques et concert d'orgue, insuffle bien ce sentiment d'inquiétude malaisant qui environne les alentours de l'île. On peut donc surligner qu'au niveau de l'atmosphère anxiogène, D'Amato maître d'oeuvre ne laisse pas indifférent, quand bien même l'attrait minimaliste et grotesque de l'intrigue y accentue son attrait volontiers ludique. En gros, six touristes jouent à cache-cache avec un demeuré cannibale dans les foyers mutiques de l'archipel avant de pouvoir trouver refuge dans sa propre maison logée par sa soeur. Puis en guise de flash-back explicatif, le réalisateur nous divulguera un bref aperçu des circonstances tragiques qui eurent entraîné cet individu vers la folie déviante.
En provocateur sans vergogne, Joe D'Amato n'éprouve donc aucun complexe à illustrer vulgairement des effets chocs, simples mais efficaces, en abusant de zooms pour insister sur les chairs mutilées. Mais son film, aussi sanglant soit-il par moments, n'est pas non plus un étalage de gore métronome, le réalisateur misant plutôt sur l'étrangeté de son climat solaire (toute l'action se déroulant quasiment de jour) et la notion latente du suspense auquel nous participons avec plaisir masochiste. A l'instar des rares apparitions du tueur endossé par Georges Eastman, rôle taillé sur mesure pour sa stature plutôt imposante. Ainsi, de par son visage lépreux suant l'odeur fétide et ces accès expressifs de folie cannibale, sa présence monstrueuse ne passe pas inaperçue en évoquant d'ailleurs l'ogre des bois que l'on aime se narrer autour d'un feu ou lors des contes de fée.
L'homme qui se mange lui même !
Aussi aimablement bricolé que maladroit, Anthropophagous séduit bougrement de par son ton irrévérencieux et surtout l'agencement de son climat ombrageux distillant une fascination des plus macabres. La présence terrifiante de George Eastman, l'ambiance putride de ces décors touristiques, son score envoûtant et ses effets gores décadents concourant d'y transcender un produit Z en perle de déviance putrescente typiquement latine. En l'état, il s'agit donc d'une fort plaisante bisserie low-cost comme seuls ces italiens dévoyés eurent le secret. Si bien que de nos jours "ultra conservateurs" aucun réalisateur n'oserait suggérer pareil méfait fétide auprès d'un producteur lambda.
*Bruno
27.12.10
14.07.14
Octobre 2022. 4èx
La critique de Mathias Chaput:
Partant du gimmick culotté de "l'homme qui se mange lui même" (!) qui servira d'accroche au film et garant d'un immense succès suscité par la curiosité coupable des spectateurs, "Anthropophagous", outre un scénario qui tient à peu près la route, reste un monument dans le genre, déclinant effets gore nauséeux et atmosphère terrifiante !
George Eastman, de par son charisme, y est pour beaucoup dans la réussite du métrage, dont il a également écrit le scénario...
D'amato se fait plaisir et NOUS fait plaisir, le bougre se lâche, nous gratifiant de passages délirants et anxiogènes (la nuit de l'orage, la caverne du cannibale, les sous sols de la maison...) mais n'oublie jamais de prendre conscience du risque de l'impact que son film peut avoir...
Re(con)stituant une angoisse qui va crescendo, il met habilement en exergue des idées qui feront date (le miroir qui se brise, renfermant derrière lui une mini mausolée), l'exploitation de l'aura de l'archipel, comme un piège sournois qui enferme les pauvres gens ainsi que le spectateur, un microcosme glaçant et ultime où gravitent les "petites souris" avec le "chat", prédateur qui finira par les manger !
"Anthropophagous" est une gigantesque partie de cache-cache avec comme point d'orgue une issue salvatrice extrêmement gorasse, presque minimaliste !
Doté de trouvailles graphiques plus perverses et imaginatives les unes que les autres (le plan légendaire d'arrachage de foetus, fallait être fou pour oser un truc pareil !), se suivant avec attention et bénéficiant de rebondissements assez bienvenus dans son déroulement, "Anthropophagous" est un des piliers dans l'oeuvre de D'Amato et dans la continuité du cinéma gore italien, le bougre récidivant un an plus tard avec son "Rosso sangue" et allant encore plus loin dans le gore, celui ci étant un peu les prémices de son style...
Réservé à une poignée d'aficionados et pas du tout grand public, "Anthropophagous" ravira les cinéphages friands d'horreur déviante, les autres passeront leur chemin !
Le travail de BACH films sur le dvd est remarquable et les bonus avec l'immense Christophe Lemaire sont un pur régal !
Calibré pour une soirée pizza entre potes, "Anthropophagous" a le mérite de terrifier et de divertir en même temps, ce qui est louable !
Ne boudons pas notre plaisir et savourons ce film mythique !
Note : 8/10
La première fois que j'ai vu film en vhs loué dans un vidéo club, je n'ai jamais réussi a voir le film en couleur :). Crois moi regarder Antropophagous en noir et blanc est une expérience un peu frustrante.
RépondreSupprimertres bon film in gore des tres bonne prise de vue sur le canibalisme et de mutilason merci Bruno Matéï pour ton pose sur le suger
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