Sortie en salles: États-Unis : 12 juin 1968
FILMOGRAPHIE: Roman Polanski (né le 18 août 1933 à Paris) est un comédien, metteur en scène de théâtre et d'opéra puis un producteur, scénariste et réalisateur de cinéma franco-polonais. 1962 : Le Couteau dans l'eau , 1965 : Répulsion, 1966 : Cul-de-sac, 1967 : Le Bal des vampires, 1968 : Rosemary’s baby, 1971 : Macbeth, 1972 : Quoi ?, 1974 : Chinatown, 1976 : Le Locataire ,1979 : Tess, 1986 : Pirates, 1988 : Frantic, 1992 : Lunes de fiel ,1994 : La Jeune Fille et la Mort , 1999 : La Neuvième Porte ,2002 : Le Pianiste,2005 : Oliver Twist, 2010 : The Ghost Writer
2011 : Le Dieu du carnage.
Avec circonspection, Roman Polanski explore l’introspection d’une jeune épouse éprise de maternité, mais glissant lentement vers la paranoïa — ou peut-être la démence. Modèle de suggestion, Rosemary’s Baby nous laisse croire à la réalité d’événements occultes jusqu’à un dénouement saisissant, sommet d’effroi nihiliste, où certains jurèrent apercevoir ce fameux nourrisson à queue fourchue. La force du récit réside dans sa subtilité à exposer le profil torturé de son héroïne. Une gageure relevée avec éclat par l’éthérée Mia Farrow, qui suscite une empathie viscérale tout au long de ce cheminement ésotérique, parasité par des antagonistes insidieux. On retiendra notamment l’interprétation glaçante de Ruth Gordon — Oscar du meilleur second rôle — incarnant avec un magnétisme sordide une matriarche aussi irritante que perfide, orchestrant avec une fausse désinvolture la vie conjugale et maternelle de Rosemary.
Jeu de dupes et de manipulations, Polanski triture nos nerfs à travers la paranoïa d’une femme en proie à des maux physiques (douleurs abdominales, migraines, perte de poids) qui pourraient aussi bien être psychosomatiques que l’œuvre d’une confrérie satanique. Durant 2h15, on s’abandonne à son désarroi avec une perplexité trouble, ne sachant jamais si les incidents sont le fruit d’hallucinations — comme le sort de cet acteur devenu aveugle, permettant à son mari de s’approprier son rôle — ou de manœuvres occultes fomentées par une société démoniaque (à l’instar de ce suicide par défenestration suggéré en prologue). Sans grand-guignol ni effets tapageurs, la narration distille une angoisse rampante. Chaque personnage patibulaire — tel ce médecin obstinément affable — aiguise la suspicion. Et surtout ce couple de retraités, dont la générosité oppressante devient intrusion : un pendentif à la racine de Tanis, une mousse au chocolat suspecte, du lait tiède au goût frelaté, un livre de sorcellerie reçu par la poste... Des offrandes envahissantes, tandis que Rosemary est peu à peu assaillie de cauchemars où rituels et viols sont pratiqués, non seulement par son entourage, mais aussi par son propre époux.
It’s Alive !
Drame psychologique déroutant, Rosemary’s Baby fascine par son horreur éthérée, à la mise en scène studieuse retardant toute imagerie explicite. L’angoisse naît de ce qu’on ne voit pas — d’une conjuration diabolique qu’une femme enceinte tente en vain de déjouer. À moins qu’il ne s’agisse d’un leurre métaphorique : le bouleversement émotif d’une jeune épouse trop fragile, refusant viscéralement sa maternité, prisonnière de la terreur de procréer.
* Bruno
26.07.22. 4-èx. vf
Récompenses: Meilleure actrice dans un second rôle pour Ruth Gordon aux Oscars,1969
Critics Award du Meilleur film étranger en 1970
Golden Globe de la Meilleure actrice de second rôle (Ruth Gordon) en 1969
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