Sortie Salle U.S.A. : 18 Mars 1964
FILMOGRAPHIE: George Pal, né Györgi Pál Marczincsák, est un réalisateur, producteur, scénariste hongrois, né le 1er février 1908 à Cegled en Autriche-Hongrie (aujourd'hui en Hongrie), naturalisé américain en 1940 et mort le 2 mai 1980 d'une crise cardiaque à Beverly Hills. 1934 : Le Vaisseau de l'éther; 1935 : L'Atlas magique ; 1936 : La Symphone de l'éther ;1937 : Philips Broadcast ;1937 : What Ho, She Bumps (UK); 1938 : La Belle au bois dormant ; 1939 : Philips Cavalcade ;1939 : Les Amants des mers du Sud ;1942 : Tulips Shall Grow ; 1942 : Jasper et les pastèques ;1942 : Jasper et la maison hantée ; 1958 : Les Aventures de Tom Pouce ;1960 : La Machine à explorer le temps ; 1962 : Les Amours enchantées ; 1964 : Le Cirque du docteur Lao.
Le Cirque du Dr Lao est le dernier film de George Pal, maître du fantastique nous ayant légué quelques joyaux du genre, hélas rarement diffusés à la télévision. À travers un hymne à la fantaisie féerique, d’une richesse formelle aussi (génialement) kitsch que rutilante, il évoque ici la thématique de la cupidité à travers la dichotomie du bien et du mal.
Le pitch : le mystérieux Dr Lao, directeur de cirque ambulant, débarque à Abalone, petite ville de l’Arizona, pour annoncer au public son prodigieux spectacle. Au même moment, dans les colonnes du journal local, Clint Stark, businessman cupide et ambitieux, tente de convaincre les habitants de lui vendre la ville à bon prix. Mais l’arrivée impromptue du Chinois aux pouvoirs surnaturels va bouleverser les consciences et remettre en question l’avidité latente de chacun.
Mélange saugrenu de western, de fantastique, de fantaisie et de merveilleux, Le Cirque du Dr Lao est un ovni d’une richesse thématique inépuisable, une véritable leçon de vie sur nos errements moraux. Jusqu’à quel point l’évolution humaine peut-elle se compromettre dans la régression ? Dans l’engrenage de la cupidité, de l’orgueil, de l’aveuglement ?
À travers une narration extravagante vouée à la puissance créative, notre malicieux Dr Lao orchestre ses festivités avec un art du stratagème : il émerveille pour mieux confronter le public à ses propres failles. Avec ses moyens chimériques, il déploie ses talents de magicien utopiste dans un éclat de charme irrésistible, via une parade de créatures singulières que l’on contemple avec des yeux de gosse émerveillé.
Ainsi, au cœur de cette mythologie archaïque, soudain greffée au far-west, surgissent : la Méduse insidieuse au regard pétrifiant, l’homme des neiges apathique, Apollonius de Tyane – prédicateur aveugle condamné à pronostiquer le destin –, le serpent à tête humaine, vaniteux et moqueur, le vieux Merlin, fatigué de ses tours raillés par une populace avide de prodiges… Sans oublier Pan, dieu de la joie, déchaînant une chorégraphie sensuelle pour séduire une célibataire en quête de rédemption. Le poisson du bocal, quant à lui, mute plus tard en serpent de mer libéré par des cow-boys éméchés, juste avant que le Dr Lao ne libère sa machine à pluie !
Ce bestiaire bigarré, accompagné de dieux immortels, devient le miroir allégorique de la tentation, la mise en abyme d’une humanité face à ses instincts véreux. Et pour incarner cette galerie fantasque : un seul acteur. Tony Randall, caméléon prodigieux, endosse à lui seul sept rôles distincts. Ses multiples visages, tirés d’une mythologie antique, se révèlent tour à tour drôles, troublants, sarcastiques — autant de masques de la vérité déguisée, prêts à sonder l’âme de ceux qui osent s’y frotter.
D’une fulgurance poétique et inventive — notamment grâce aux décors naturels et aux trucages en stop-motion —, Le Cirque du Dr Lao déploie un rêve éveillé, façonné dans la naïveté d’une magie assumée.
"Le mirage du merveilleux – La sagesse cachée du Cirque du Dr Lao".
Et pour vous convaincre une ultime fois de son pouvoir d’enchantement, prêtez l’oreille à la dernière citation du Dr Lao, juste avant qu’il ne disparaisse d’un geste amical dans le désert. Il nous y rappelle que la vie quotidienne, en apparence banale, dissimule des trésors d’énergie scintillante — à condition de savoir garder les yeux grands ouverts sur ce qui nous entoure.
* Bruno19.10.22. 3èx
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