jeudi 3 mars 2011

HOUSE

             

de Nobuhiko Obayashi. 1977. Japon. 1H32. Avec Kimiko Ikegami, Kumiko Ohba, Yôko Minamida

BIO: Nobuhiko Obayashi (Obayashi Nobuhiko, né le 9 janvier 1938) est un réalisateur japonais, scénariste et monteur de films et de publicités pour la télévision qui est bien connu pour son style visuel surréaliste.
Il fut particulièrement reconnu pour ses films sur le passage à l'age adulte. Des films tels que Exchange Students (1982) et Futari (1991) développent ce thème tout en conservant les éléments de fantaisie surréaliste propre à son univers visuel.
House est son premier long-métrage.
 
                         

L'ARGUMENT: Une jeune fille contrariée fuit le cocon familial après que son père veuf se soit remis avec une nouvelle dulcinée.
Elle décide alors de partir en voyage chez sa tante, en compagnie de quelques amies. Arrivées dans la demeure, d'étranges phénomènes ne vont pas tarder à sa manifester.

MAGICAL MISTERY TOUR !!!
Attention film ovni ne ressemblant à rien de connu, au risque de donner une migraine pour les non avertis !
Dire que le film dâte de 1977 et que Sam Raimi a dû s'en inspirer pour son fameux Evil-Dead, il n'y a qu'un pas à franchir !
 
                    

La première demi-heure du film chatoyante et folichonne sera digne d'un épisode de Candy ! Sept jeunes filles partent en autobus dans une campagne retirée pour retrouver la demeure esseulée d'une tante solitaire introvertie, vivant seule avec son chat siamois.
Cette première partie rose bonbon mélange allégrement scènes niaises et enfantines avec en arrière plan visuel des planches animées, des paysages dessinés à la main dans des couleurs festives arc en ciel. Pour un peu on se croirait renouer avec l'univers du Magicien d'Oz au pays du soleil levant !
La suite vire de bord tout en restant dans le même esprit visuel avec un florilège de séquences chocs macabros humoristiques d'une inventivité hallucinée !
Imaginez un peu sa singularité foisonnante dans sa folie visuelle contagieuse ! Une jeune fille part chercher un pichet d'eau dans un puits pour en sortir une tête tranchée joyeusement égayée de son traitement morbide, valdinguer dans les airs, rebondir de bas en haut et s'en aller taquiner notre camarade éberluée ! Une autre protagoniste se fera gentiment dévorée par son piano pendant que le restant de ses doigts coupées continuera à interpréter une mélodie inspirée ! Des matelas et des draps survoltés vont recouvrir une fille subitement étouffée dans un nuage de plumes démultipliées ! Des lampadaires vivants s'empressent de kidnapper deux de nos héroïnes funambules et lunatiques ! Une tête et une bouche géante traversent la pièce devant nos charmantes invitées stupéfaites des tailles pharaoniques ! Une vitre se brise et se laisse dégouliner des lambeaux de sang fluides et clairs comme de l'eau colorée ! Comme la tête d'une demoiselle se fissurant, telle des bouts de verre déliés pour laisser place aux flammes de l'enfer !
 
                           

Dans un mélange atypique de fantastique onirique, féérie, poésie et terreur parodique, nos sept fidèles japonaises déconcertées mais tout aussi amusées de cet incroyable spectacle infatigable vont facilement se laisser entrainer pour être happées par des forces diaboliques qui se permettent le contrôle absolu sur la réalité des faits.
Les effets spéciaux cheaps, amusants, débridés et désuets ajoutent un charme kitch qui concorde parfaitement à l'esprit cartoonesque du film. Les idées toutes plus frappadingues les unes que les autres pleuvent à foison jusqu'à un final raisonné, tout en calme contenu, d'une philosophie cristalline sur le sens de l'amour.
La partition musicale en demi-teinte souvent mélodieuse et doucereuse tandis que de temps à autre pop et jazzy accusent bien cette ambivalence d'un univers indéfinissable, mis en scène dans des moyens techniques divers et variés comme l'effet d'animation cartoonesque, les scènes vétustes en noir et blanc, l'emploi du ralenti saccadé, les arrêts sur image ou les planches dessinées à la main.
 
                    

LA MAISON DES 1000 TOURS.
House est un film fantastique hors du commun qui ne pourra pas plaire à tout le monde du fait de son climat insolent vraiment particulier, psychédélique et insolite, totalement livré à l'abandon d'un imaginaire expansif et déchainé, entre un Tsui Hark sous ecstasies et un Sam Raimi filmant son film la tête à l'envers avec une affection pour le merveilleux et le kitch criard assumé.
  
                    

22.09.10.

LE SPECTRE DU PROFESSEUR HICHCOCK (The Ghoul / Lo Spettro)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Riccardo Freda. 1963. Italie. 1h38. Avec Barbara Steele, Peter Baldwin , Elio Jotta, Harriet Medin, Carol Bennet, Carlo Kechler, Reginald Price Anderson.

FILMOGRAPHIE: Riccardo Freda (24.02.09 - 20/12/99) est un réalisateur, scénariste et acteur italien à l'origine de 27 longs-métrages réalisés entre 1942 et 1989. Il sera surtout reconnu auprès des amateurs de cinéma fantastique avec Les Vampires, Caltiki, le monstre immortel, Maciste en Enfer ainsi que ses fausses suites l'Effroyable secret du Dr Hichcock, le Spectre du professeur Hichcock.
L'un de ses plus beaux fleurons qui aura marqué toute une génération de cinéphiles restera également Le Chateau des amants maudits (Béatrice Cenci), fresque historique romantique dont Argento s'en serait particulièrement inspiré pour Suspiria (ex: la fille accourant dans les bois sous une pluie battante en scène d'intro).
                
Le Château des amants maudits
Un an après le succès de son chef-d'oeuvre L'Effroyable secret du Dr Hichcock, Riccardo Freda reprend sous son aile son actrice fétiche Barbara Steele pour parfaire un second bijou d'épouvante. Cette fausse séquelle se réapproprie d'une ambiance gothique raffinée qui comblera les amateurs à travers une narration machiavélique mettant en exergue des personnages perfides sans vergogne. Deux amants vont comploter un stratagème criminel pour supprimer le mari moribond et s'approprier sa fortune en guise d'héritage. Mais les sinistres amants ne sont pas au bout de leur peine et de leur surprise lorsqu'ils seront témoins du spectre du professeur hantant les nuits de la demeure maudite. Au sein d'une bâtisse gothique d'une beauté sépulcrale ornée d'éclairages bleutés, Riccardo Freda nous entraîne dans un huis-clos malsain où les nombreux revirements se soumettent à narration charpentée au rythme d'un suspense latent. En dehors de son aspect visuel flamboyant qui ne pourra que pâmer de bonheur les amateurs d'ambiance gothique (candélabres dégoulinants de cire, crane humain, costumes victoriens, caveau vétuste, tableaux picturaux), Le Spectre... s'édifie en passionnant jeu de pouvoir entre des personnages insidieux communément cupides.                

Niveau distribution, la divine Barbara Steele nous magnétise le regard de sa posture de maîtresse complotiste à la fois orgueilleuse et impassible. Vénéneuse en diable, elle magnétise l'écran de ses yeux noirs habités par la soif du Mal. Peter Baldwin lui prête la vedette avec l'autorité d'un séduisant dandy aussi pernicieux et autrement mesquin dans sa manoeuvre criminelle. Dans un jeu en demi-teinte épris d'aigreur et de pulsions vengeresses, Ellio Jotta endosse le Dr Hichcok sous un physique famélique, notamment de par son teint blafard et sa mine anxiogène. Dans une silhouette froide et mortuaire, Harriet Madin campe l'indocile gouvernante sous une sinistre robe noire et un chignon étriqué.   
                  
Le Fantôme vivant
Même s'il n'égale pas son premier coup de maître tourné un an au préalable, le Spectre du professeur Hichcock constitue une formidable contribution au genre gothique autour d'un jeu de massacre sans échappatoire. Nanti d'une fulgurance visuelle traditionnellement raffinée, d'une science du suspense savamment planifié  et surtout d'une galerie pathétique d'antagonistes couards, Le Spectre... épouse un climat malsain d'autant plus audacieux si je me réfère à sa séquence de meurtre particulièrement sanguine. Pour parachever, on finit d'évoquer cette magnifique comptine musicale inscrite dans l'amertume qu'une boite à musique amorce dans une intonation lancinante, étrange et mélancolique. 

24.09.10
Bruno Matéï 

L'ATTAQUE DE LA FEMME A 50 PIEDS (Attack of the 50 Foot Woman)

                          

de Nathan Juran. 1958. U.S.A. 1H08. Avec allisson Hayes, William Hudson, Yvette Vickers, Roy Gordon, Georges Douglas, Ken Terrell, Otto Waldis.

BIO: Nathan Juran est un réalisateur, scénariste et directeur artistique américain, (01.09.1907 / 23.10.2002) totalisant une filmographie de 27 longs-métrages réalisés entre 1947 et 1973.
On lui doit d'excellents westerns de série B mais surtout des classiques et autres chefs-d'oeuvre du fantastique comme La Chose surgie des ténèbres, A des millions de kms de la Terre, le Cerveau de la planète Arous, Jack le tueur de géants et Les Premiers Hommes dans la Lune.
Son chef-d'oeuvre absolu reste Le 7è Voyage de Sinbad, réalisé en 1958.

                                   

L'ARGUMENT: A la suite d'une violente dispute avec son mari, Nancy Archer décide de s'enfuir en voiture dans le désert californien quand une sphère rouge lui illumine les yeux ! Un homme géant en sort pour lui barrer la route ! Paniquée, elle prend la fuite et se réfugie au commissariat du coin raconter son impropable expérience avec cet extra-terrestre éberlué !

                             

LA BLONDE CONTRE-ATTAQUE !
Bienvenu dans un nanar célèbre des années 50 qui vaut plus par la texture de sa magnifique et prometteuse affiche que son contenu maigrelet et vain à cause d'une narration aussi dérisoire que risible.
La trame est à elle seul un sommet d'ineptie et de niaiserie absolue !!! Voyez le topo !
Pendant qu'on annonce à la radio la potentielle apparition d'un mystérieux satellite aperçu par des témoins dans un désert californien, un riche couple accumule les violentes rixes interposées à cause du mari volage qui passe son temps à roucouler dans le bar du coin avec une jeune décervelée affriolante. Tandis que la femme jalouse et impuissante face à cette coutumière infidélité se noie dans l'alcool en attendant des jours meilleurs.
Ces séquences conventionnelles aussi banales que maladroitement mises en scène vont s'étirer durant 40 minutes (le film totalise 1H05 en dvd !) avant que ne surgisse le fameux coup de théâtre tant promis sur l'affiche kitch faramineuse: la taille devenue gigantesque d'une femme vindicative élevée à 50 pieds, bien décidée à faire payer à son mari ses mensonges et son irrévérence envers son infidélité.
Et ne me demandez pas de quelle manière et pourquoi cette femme atteint une taille subitement anormale car nous ne le serons jamais ! Mis à part le fait qu'elle se soit fait enlever quelques heures auparavant par un extra-terrestre géant vêtu comme un lutteur romain chauve en jupette de carnaval ! (là aussi, rire garanti à chacune de ses apparitions !)

                                 

L'idiotie du récit totalement dénuée d'épaisseur psychologique pour un aussi faible enjeu dramatique, les dialogues involontairement drôles, les comédiens caricaturaux mais attachants dans leur véracité à vouloir convaincre, les FX peu nombreux, cheaps et plutôt risibles de manière générale concluent à rendre un nanar amusant qui ne cède pourtant jamais à l'ennui.

Le final bordélique qui fait intervenir la revanche de Nancy rendue physiquement géante vaut son pesant de situations farfelues, de poésie surranée quand elle traverse en petite tenue sexy la ville pour s'en aller retrouver son mari dénigré. De son impressionnante taille et masse musculaire, Nancy, telle un king-kong féminin sans poil (ou si peu !) fracassera de ses mains une toiture et autre fenêtre d'un hôtel, cherchant pertinemment son époux modèle pour l'écraser de ses propres mains !
La conclusion étonnement dramatique que drolatique n'avait pas lieu d'être et si le souhait du réal était de fébrilement nous émouvoir, l'effet est totalement inversé à cause de sa morale neuneu à peine injustifiée.

BIKINI MAD WOMAN.
Réalisé avec un budget dérisoire par des acteurs rigolos, L'attaque de la Femme à 50 pieds  n'est surement pas ce que nous a offert de mieux le maitre de la série B, Nathan Juran, mais il reste malgré tout un bon petit nanar distrayant au charme vintage jamais ennuyeux. D'ailleurs, sa réputation est telle qu'un remake réalisé par Christopher Guest avec Daryl Hannah dans le rôle titre (en faite, il s'agit d'un télé-film déguisé) fut entrepris en 1993.

                   

26.09.10

STOIC

                           

de Uwe Boll. 2009. 1H30. Canada. Avec Furlong Edward, Levinson Sam, Mennekes Steffen, Sipos Shaun, Switch Jamie

BIO: Uwe Boll est un réalisateur, scénariste et producteur allemand, né le 22 juin 1965 qui répercute déjà 31 longs-métrages à son actif.
Surnommé par le presse américaine comme le nouveau Ed Wod ou le Master of error, ses films généralement aseptisés et ses adaptations de jeux vidéo souvent pitoyables de médiocrité se complaisent maladroitement dans la prétention et le racolage quand il ne s'agit pas de simple nanars affriolants et rebattus.
Jusqu'au jour ou débarque un film que personne n'attendait ! STOIC !!!

L'ARGUMENT: Un homme se suicide dans se cellule de prison. Quelques heures plus tard ses trois co-détenus sont interrogés un à un pour connaitre les véritables raisons de cet acte insensé.

                                 

UWE BOLL: LA RESURRECTION !
Dire que l'on n'attendait pas grand chose du nouveau film d'un réalisateur vilipendé par la majorité de la critique et du public est un mince euphémisme tant sa réputation n'est plus à plaindre.
Total revirement de situation, virage à 180 degrés, uppercut dans ta face ! Uwe Boll réalisé une bombe, un film choc, un drame psychologique implacable à la limite de la nausée dont personne ne pourra sortir indemne !

L'introduction nous amène à montrer un homme entrain de se pendre dans sa cellule. La suite nous fera intervenir la présentation de ses 3 compagnons avec qui la victime partageait sa taule. Un à un, les détenus vont se livrer à leur témoignage aux autorités tandis qu'en intermittence, de nombreux flash-back viendront nous épauler sur le véritable déroulement du récit, sur la vie antécédente de nos quatre prisonniers co-existés en communauté le temps d'une interminable journée au bout de l'horreur.

Tourné en 6 jours dans un style proche du documentaire, manipulé par une photo désaturée et d'une caméra mobile filmée souvent à l'épaule, Uwe Boll   nous envoie directement dans une impitoyable descente aux enfers à travers ce huis-clos claustrophobe et sonder les tréfonds de l'âme (in)humaine, de ce qu'elle peut commettre de pire quand elle en est réduite à se retrouver en hiérarchie restreinte dans un endroit isolé de tous pour une durée (in)déterminée.
A cause de la bêtise d'un pari stupide qu'un nouveau détenu a osé concourir, ce même prisonnier va se retrouver embarqué malgré lui dans un incessant jeu d'humiliations davantage éprouvés sur sa personne. Jusqu'à lui saborder des actes insensés de torture et de barbarie dont la victime réduite à un jouet de soumission ne pourra jamais se remettre de tant d'épreuves innommables dans sa moralité introspective décharnée.
Parce que cet homme refusera d'avaler un tube de dentifrice qu'il avait lui même proposer de soumettre au perdant lors d'une partie de poker, ses 3 voisins de cellule vont lamentablement se proposer à lui faire subir ces multiples sévices autant physiques que psychologiques.

                                

La grande qualité de Stoic viendra avant tout de la caractérisation précise de chaque personnage remarquablement interprété et élucidé dans leur tourment de l'horreur, le plaisir pervers de se fourvoyer dans la bassesse humaine et la peur de se confronter face à l'autorité de son adversaire influent et leader.
A cause d'un effet de groupe, d'une influente complicité où la loi du plus fort prédomine, nos trois tortionnaires iront jusqu'au bout de leur désirs meurtriers, au point de non retour et cela même si l'un de leur acolyte épris de remord, d'une parcelle de conscience et de compassion face à tant de sévices infligés tentera désespérément de résonner ses amis.

LES CHAROGNES.
Il faut saluer l'interprétation de nos quatre comédiens tous aussi impliqués et convaincants les uns des autres. Que ce soit la victime démunie campée par Shaun Sipos, un quidam rendu misérable totalement déchu de l'intérêt de sa personne, dénué d'émotion au fur et à mesure de son long calvaire, de son impitoyable sevrage à subir les ultimes bravades et brimades de ses camarades putassiers.
Edward Furlong (le jeune fils de Sarah Connor dans terminator 2) est presque méconnaissable, surprenant en prisonnier antipathique, physiquement un peu enveloppé dans son surpoids inopiné. Peut-être le bourreau le plus pervers, le plus dangereux abjecte salopard à ne pas manifester un chouilla de remord ou d'affectation face à sa victime lapidée.
Steffen Mennekes en grand complice du leader imposé, aux allures de Skin refoulé est l'un des personnages les plus pathétiques dans son viol commis pour la première fois devant ses camarades surpris de cette révélation éhontée. Pathétique aussi dans ses interrogatoires hypocrites, ses véritables remords à concevoir un tel sacrilège inhumain, sa honteuse conscience d'avoir commis les actes les plus extrêmes et impardonnables. Avant d'oser verser quelques larmes contraignantes...
Sam levinson dans le rôle du détenu le moins répressible est parfaitement convaincant, grisonnant dans son personnage lamenté, torturé dans ses estocades de prise de conscience, sa révulsion à avoir assisté, participé à ce lynchage festif commis en communauté.
Envahit par la peur d'être à son tour le prochain bouc émissaire, impuissant d'oser transgresser les barrières de leur propre loi établie, ce prisonnier est sans doute le personnage le plus à plaindre dans sa conscience morale à cause du regain d'amitié qu'il éprouvait face à sa victime et le triste sort qu'il sera obligé de lui réserver malgré son désistement.
   
                               

SENTENCE D'UNE DELIVRANCE.
Inspiré d'une histoire vraie (qui s'en étonnera ?), Uwe boll  surprend énormément avec Stoic dans ce huis-clos nauséeux extrêmement malsain et dérangeant. Sa mise en scène sobre et sans effet de style mise tout sur la psychologie de ses personnages interprétés avec une intense conviction, imposés dans un climat glacial et sa froide brutalité établie jusqu'au vertige du malaise. Son introspection à observer les états-d'âme d'êtres humains réduits à l'état animal dans leur environnement barricadé sans clarté ou nuance de lueur habilitée.
Cette descente aux enfers nous interpelle autant qu'elle démotive dans son effrayant constat humain livré sans anesthésie.  
Stoic choque de manière lamentée et désarme sans jamais céder à la gratuité ou au plaisir rudimentaire de choquer son spectateur aigri d'avoir été le témoin de cette triste requête à la limite de l'improbable.
Bienvenu dans les tréfonds de l'âme inhumaine...

NOTE: En février 2009, Uwe Boll a reçu : le Razzie Award du pire réalisateur de l'année 2008 pour Postal, King Rising (In the Name of the King: A Dungeon Siege Tale) et Tunnel Rats un Razzie Award pour avoir réussi la pire carrière
En juin 2008, Uwe Boll a reçu : le prix du meilleur réalisateur pour Postal au festival du cinéma d'Hoboken (New-Jersey)
En septembre 2010 : Darfur est élu meilleur long-métrage international au Festival du Film Indépendant de New-York

                              

27.09.10

LA PEAU (La Pelle)


                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Premiere.fr

de Liliana Cavani. 1981. Italie. 2H13. Avec Marcello Mastroianni, Ken Marshall, Alexandra King, Carlo Giuffrè, Yann Babilée, Jeanne Valérie, Liliana Tari, Peppe Barra, Cristina Donadio...

BIO: Liliana Cavani est une réalisatrice italienne, née le 12 janvier 1933 à Carpi (Italie). Elle met en scène 13 longs-métrages et quelques télé-films réalisés entre 1966 et 2008.
Son film le plus célèbre reste Portier de Nuit réalisé en 1974.

L'ARGUMENT: En 1943, Naples vient d'être libéré après le débarquement américain. Malaparte, officier de l'armée italienne de libération doit négocier avec ceux qui détiennent les prisonniers allemands, faire face à la misère des habitants et à la prostitution.

AFFREUX, SALES ET MECHANTS.
Liliana Cavani nous décrit avec pragmatisme un moment de libération d'une capitale italienne pendant la seconde guerre mondiale et la résultante de ce climat social bafoué, déstructuré, réduit à la famine, la prostitution et la précarité. C'est à travers les regards d'un général et d'une femme américaine pilote d'avion, d'un officier et d'un soldat italien que La Peau va nous mener au bout de l'horreur inhumaine.

Pas de combats aux corps à corps ou d'explosions en tous genres pour surenchérir mais une simple vision réaliste de l'horreur pour un peuple livré à lui même, incapable de se différencier des notions de Bien et de Mal. Par la nouvelle rassurante d'un pays libéré par les américains contre l'occupation allemande, La Peau nous fera constater que le peuple italien brimé et traumatisé des évènements de la guerre sera tout aussi contaminé par sa bassesse humaine. Un constat social éprouvant et dérangeant pour ces petites gens baignant avec complaisance dans les pires actes frauduleux et le malaise diffus de se soustraire aux bas instincts de survie. C'est cette introspection que nous allons suivre d'une ville libérée par des alliés où l'on assistera en exemple au triste spectacle sordide d'un patriarche décidant d'offrir en pâture la virginité de sa propre fille pour quelques dollars devant une cinquantaine de soldats impatients, longeant d'interminables escaliers en file d'attente. Où l'on retrouve dans un restaurant la structure rétablie des os d'une main humaine dans son assiette culinaire ! Ou l'on assiste à un dîner de galanterie pour y goûter le cadavre cuit d'une petite fille panée, déposée sur un plateau d'argent. Où des mères vendent leur propre fils dans une terne ruelle éhontée devant des riches Maghrébens pédophiles tâtant fermement la masse de chair des pauvres enfants amaigris et dévêtus, livrés comme une simple marchandise. Ou l'on négocie à prix d'or des soldats allemands pour en faire des savonnettes ou de la viande consommable! Où des chiens éventrés, torturés auquel on aura couper les cordes vocales pour éviter une communion de hurlements suppliciés sont livrés à d'horribles expériences humaines pour censer sauver la vie de nos concitoyens condamnés. Il y a aussi ce spectacle gay ou un homme en sueur, allongé sur un lit fera la comédie grotesque de falsifier un accouchement pour sortir de son drap un bébé en bois au pénis de taille démesurée ! Sans parler des accidents sarcastiques des causes de la guerre, ces incidents inopinés où par inadvertance un soldat tombera sur un champs de mine à cet endroit précis pour éventrer son estomac. Tandis qu'avant l'attente de sa mort, l'intervention d'une une main vertueuse envers cette jeune fille frêle et empathique, contemplant malgré elle le dernier souffle de vie du soldat semi endormi. Au centre de cette sarabande malsaine, il y a cet femme pilote de ligne écoeurée d'assister à ces épisodes pathétiques et morbides face à un fidèle officier italien antipathique qui se surprend à peine de la déliquescence de sa patrie. Seul, la compagnie d'un soldat rendu amoureux de la main réconfortante de cette napolitaine égayera furtivement notre regard désabusé quand il tentera avec foi d'entamer une liaison sérieuse pour son avenir plus serein.

Le final surprenant déconcerte dans l'aboutissement du déchainement de la nature face à l'éruption de ce volcan éveillé avant de suivre sereinement les troupes alliées rentrer dans leur pays. C'est de manière impromptue que Liliana Cavini nous livrera en conclusion une dernière pointe grotesque sur un incident sans moralité. Ultime témoignage d'un drame accidentel pathétique pour mieux nous laminer de cette immense farce pessimiste qui en dit tant sur la nature perverse de l'homme.

LA CHAIR.
A travers une mise en scène froide et brutale baignant dans une atmosphère glauque et poisseuse, La Peau est un éprouvant drame passionnant et révoltant sur le constat amer de la déchéance humaine en cas de conflit belliciste. Un film choc qui révulse et apitoie sur nos sorts dans une fidèle reconstitution d'une époque révolue où le souci du détail et des nombreux figurants investis accentuent le côté vérité. Sans compter nos interprètes tous excellents parcourant les ruines humaines comme des pantins désorientés avant le levé de rideau macabrement sardonique.
Un drame de guerre atypique en somme par son malaise diffus, à réserver toutefois à un public averti.

29.09.10

LA CHASSE SANGLANTE (Open Season/Los Cazadores)

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Notrecinema.com

de Peter Collinson. 1974. 1H45. Etats-Unis / Suisse / Espagne / Angleterre / Argentine. Avec Peter Fonda, Richard Lynch, John Phillip Law, Alberto de Mendoza, Cornelia Sharpe, William Holden, Simon Andreu.
BIO Peter Collinson (01.04.36 / 16.12.80) est un réalisateur anglais responsable de 17 longs-métrages mis en scène entre 1967 et 1980 (l'or se barre, la nuit des alligators, 10 petits nègres)

L'ARGUMENT: Trois hommes réunis le temps d'un week-end se décident à kidnapper un jeune couple dans une optique bien particulière: la chasse au gibier humain !

Dans la lignée de Délivrance, la Chasse du Comte Zaroff, les Chiens de Paille ou de Week-end sauvage, La Chasse Sanglante s'inscrit dans le réalisme cru des années 70 par son atmosphère malsaine particulièrement poisseuse. La grande force de La Chasse Sanglante est avant tout impartie à son indéniable efficacité d'une narration incongrue où la tension sous-jacente culmine vers un inattendu rape and revenge ! La première partie se résume au jeu de brimades des agresseurs contre leurs victimes réduites à l'état d'esclaves jusqu'à ce qu'une beuverie improvisée aboutisse à une dérive meurtrière. Le climat pervers de cette première partie davantage oppressante est particulièrement bien amené par des comédiens impliqués dans leur fonction d'oppresseur ou de victime démunie. La tension et la panique devant la révélation des faits va monter d'un cran lorsque Nancy va prendre conscience que le but de ce kidnapping n'était qu'un simple divertissement pour perpétrer une véritable chasse à l'homme dans un cadre forestier ! La seconde partie haletante et terriblement cruelle amorce le survival escarpé dans sa violence psychologique atteignant parfois un degré d'intensité émotionnelle à la limite du supportable (Nancy, désespérée et terrifiée, suppliant à ces oppresseurs de la laisser en vie lors d'un ultime appel au secours). La dernière partie étonnante et sarcastique renoue avec l'enjeu dramatique de la scène d'introduction pour renouveler une nouvelle partie de chasse bestiale et transgressive dans son auto-justice expéditive.

Dans un rôle perfide, Peter Fonda se révèle comme à son habitude parfait dans celui du salopard sans vergogne alors que l'on pouvait soupçonner un sursaut d'empathie pour sa relation avec Nancy, la maitresse de Martin. Le patibulaire Richard Lynch au regard finaud et John Phillip Law dans sa bonhomie physiquement rassurante sont parfaits dans leur complicité perverse de camaraderie. Alberto De Mendoza est à mon sens le personnage le plus convaincant dans celui du mari infidèle, complètement livré à l'abandon, mis en retrait devant les agissements de cette bande de meurtriers et de sa propre femme. La ravissante Cornelia Sharpe aurait tendance à s'apitoyer dans sa discrète souffrance, peu expressive dans ses états d'âme refoulés. L'inattendue apparition de William Holden ajoute une saveur subversive au récit pour son rôle à contre-emploi de justicier punitif.

Tendu et brutal, La Chasse Sanglante constitue un classique du survival horrifique ne cédant jamais au racolage dans son florilège de châtiments, humiliations et sévices. Rondement mené, efficacement construit, interprété avec conviction par des comédiens au jeu gouailleur, La Chasse Sanglante dénonce une fois de plus l'instinct pervers de l'homme avide de chasse au gibier dans l'unique plaisir de tuer. 

DEDICACE A MATHIAS CHAPUT.

04.10.10

GRIZZLY, LE MONSTRE DE LA FORET (Grizzly, l’orso che uccide / Claws / Killer Grizzly)

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

de William Girdler. 1976. U.S.A. 1h37. Avec Christopher George, Andrew Prine, Richard Jaeckel, Joan McCall, Joe Dorsey.

FILMOGRAPHIE: William Girdler est un compositeur, producteur, réalisateur et scénariste américain, né le 22 octobre 1947 à Louisville, dans le Kentucky aux États-Unis, et décédé le 21 janvier 1978 à Manille aux Philippines.
1972: Three on a Meathook. 1974: Quand la ville tremble. 1974: Abby. 1975: l'Antre de l'horreur. 1975: Sheba, Baby. 1976: Grizzly. 1976: Project: Kill. 1977: Day of the Animals. 1978: Le Faiseur d'Epouvante.


Surfant sur le succès des Dents de la mer sorti un an au préalable, Grizzly, le Monstre de la Forêt est un démarquage bisseux du chef-d'oeuvre de Spielberg. Bâti sur le même canevas narratif (meurtres en pagaille commis sur des vacanciers par une créature monstrueuse, cupidité du directeur à laisser l'entrée libre de son parc forestier, traque finale de la bête par des chasseurs pugnaces), le film de William Girdler est une modeste série B tirant profit de son concept horrifico-catastrophiste avec un grain de violence gore (un gamin se fait arracher la jambe devant le témoignage horrifié de sa mère). Avec l'aimable participation de Christopher Georges et de trognes de seconds zone toutes aussi avenantes (Richard Jaeckel en tête !), Grizzly emprunte ses clichés rebattus sans complexe mais avec la foi d'un réalisateur obstiné. Dans le sens où il s'évertue tant bien que mal à rendre attachant un spectacle ludique par l'efficacité de situations alertes auquel un animal enragé va multiplier ses attaques sanglantes. Néanmoins, les protagonistes qui évoluent durant le récit s'avèrent plutôt superficiels et maladroits dans leur démarche héroïque ou couarde. Mais leur partie de cache-cache improvisée au sein de la forêt s'avère assez ludique quand certains des vacanciers se retrouvent incessamment traqués par la bête. Alors que plus tard, les rôles vont s'inverser vis à vis de braconniers déterminés à le prendre en chasse.
Le point d'orgue inévitable compromis à l'habituelle traque du monstre s'avère notamment cocasse quand trois de nos comparses ont fermement décidé de mettre un terme à ces exactions meurtrières. Enfin, la manière expéditive et couillue dont la bête est exterminée par l'un d'eux ne manque pas non plus d'attrait fantaisiste.


Les Dents de la Terre
Pour les amateurs de nanars dérivés des années 70, Grizzly est un petit produit d'exploitation assez distrayant et pittoresque. La mise en scène superficielle, le cabotinage des acteurs, les situations redondantes qui empiètent le récit et l'absence d'intensité renforcent son capital sympathie par la foi du réal de nous avoir bricolé un ersatz du film de monstre. Les apparitions du Grizzly prêtant plus à sourire qu'à provoquer l'effroi escompté. 
A voir également d'un oeil amusé pour son dépaysement écolo, sa violence débridée ainsi que la bonhomie des vétérans de seconde zone !

NOTE: Grâce au succès du film, une suite intitulée Grizzly II : the Predator avait été mise en chantier, avec George Clooney et Charlie Sheen dans les rôles principaux. Faute de financements et de quelques problèmes liés aux effets spéciaux, cette suite n'aura jamais vu le jour.

26.04.13. 3èx
Bruno Matéï



THE EXPENDABLES

                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site expendables.wikia.com

de Sylvester Stallone. 2010. U.S.A. 1H44. Avec Bruce Willis, Arnold Schwarzenegger, David Zayas, Terry Crews, Sylvester Stallone, Jet Lee, Jason Statham, Micker Rourke...

BIO: Sylvester Enzio Gardenzio Stallone, né le 6 juillet 1946 à New York, est un acteur, réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain.
Tributaire de 8 longs-métrages en tant que metteur en scène, il démarre la réalisation en 1978 avec La Taverne de l'enfer. Il tourne ensuite un an plus tard la suite de Rocky pour renouer avec l'étalon italien dans Rocky 3, l'oeil du tigre en 1982. Oublions le pathétique Staying Alive sorti en 1983 pour retrouver de nouveau l'énième suite des aventures du boxeur de Philadelphie dans un 4è volet entrepris en 1985.
Après une longue abscence derrière la caméra, Stallone renoue avec l'ambition de ses plus grands succès commerciaux pour tenter de donner suite en 2006 et 2008 aux mythes que sont Rocky et Rambo. Deux de ces icones les plus célèbres d'une riche carrière en demi-teinte.
En 2010, il entreprend The Expendables qui se veut un ultime hommage au cinéma d'action ludique qui aura bercé des millions de fans dans les années 80, rassemblant une tête d'affiche hors pair pour le genre viril et codifié.

L'ARGUMENT: Une bande de mercenaires sont envoyés en mission par la CIA pour renverser un dictateur du pays Sud-américain.

POUR UNE POIGNEE DE HEROS
Maintes fois annoncé et fantasmé à grand renfort de teasers et bande annonces prometteuses concoctés pour une horde de fans surexcités de voir à nouveau réunis sur grand écran leurs héros intrépides aux muscles saillants, Sylvester Stallone nous avait promis un hommage sincère et respectueux envers ces séries B d'exploitation de la vieille école. Des plaisirs coupables tournés sans prétention aucune (ou si peu) qui ont notamment envahi avec succès les rayons VHS des années 80.   Pour citer les exemples les plus éloquents, les amateurs virils se repassent toujours en boucle Tango et Cash, Haute Sécurité, Cobra, Le Dernier Samaritain, Rémo, sans arme et dangereux, Oeil pour oeil, Full contact, Bloodsport ou encore Commando. Le résultat est-il à la hauteur de nos espérances ? En partie, on peut dire que oui tant cette nouvelle production remise au goût du jour reprend les ingrédients conventionnels des séries B survitaminées d'antan avec ce juste dosage d'action et d'humour. Mais aussi un mauvais goût assumé pour les scènes gores violentes et cartoonesques (hormis cette fâcheuse manie indolente à se laisser commander par des CGI aseptisés). Néanmoins, son prologue maladroit aurait pu annoncer le pire des vicissitudes à venir. En effet, cette séquence d'introduction mollement mise en scène débute sur un trafalgar peu inspiré dans ses actions tempérées, son caractère spectaculaire tombant ici à plat. La suite s'annonce un peu bancale avec la caractérisation folichonne de certains de nos personnages pour les retrouvailles familiales de l'équipe de choc. Et cela en dépit de clins d'oeil plutôt cocasses, Bruce Willis et Arnold Scwarzeneger se moquant d'eux même avec une décontraction spontanée. Cette narration désordonnée impose donc de prime abord et d'une façon malhabile les enjeux de nos mercenaires prêts à partir au combat et annihiler l'ennemi.

Le scénario balisé (une guerre est déclarée entre les bons et les méchants avec en guise d'appât une jeune rebelle farouche dont Stallone s'éprendra de manière affectueuse) n'est pas plus mauvais que nos productions eighties citées au préalable. Mais la sympathie de nos personnages héroïques casse-cou et les séquences d'action qui vont intervenir au bout de 30 minutes ravivent notre contentement soulagé d'assister à un spectacle généreux et ludique. C'est notamment ce défilé de stars complices qui fait vraiment plaisir à retrouver ici pour un fantasme qui relevait auparavant de l'utopie. Que ce soit Mickey Rourke, Dolph Lundgren, Steve Austin, Bruce Willis, Arnold Schwarzeneger, Jet Lee, Eric Roberts, Jason Stathan, et bien sur l'inoxydable Sylvester Stallone. Il est d'ailleurs dommageable que Steven Seagal et Jean Claude Vandamme n'aient pas répondu présent pour une telle opportunité !
Dans le rôle du leader chevronné, Sylvester Stallone impose avec décontraction son habituelle bonhomie et sa sympathie innée de briscard à la trogne burinée, du haut de ses 64 printemps. Il reste tout de même dans une belle forme physique pour ses talents d'acrobaties, de cogneur pugnace et de coureur fugace. Jason Statham, nouveau jeune prodige du cinéma d'action, prête son alliance avec une fougue délibérée pour servir ce commando atypique parti en guerre contre une armée de soldats et un tyran pernicieux. Sa prestance aussi juvénile que virile est un atout de charme et son maniement habile du couteau fait illusion pour défendre la vie des plus démunis. Jet Lee transcende l'action par l'art martial de ses combats chorégraphiés avec vigueur et sensualité pour les coups assénés contre l'ennemi désarçonné. Quand à Eric Roberts voué au bad guy d'un trafiquant de drogue, il incarne avec mesquinerie un personnage orgueilleux tout à fait détestable dans son snobisme hautain et sa lâcheté méprisante.

The Expendables n'est donc pas le film d'action ultime fantasmé par une armée de fidèles amateurs mais il reste un bon divertissement agréable à suivre en dépit d'une première partie laborieuse. La décontraction de nos illustres stars (vétustes ou contemporaines) du cinéma bourrin, la loufoquerie de certains dialogues et sa naïveté assumée, les séquences d'action jouissives (malgré une scène de poursuite automobile illisible) et son final apocalyptique concourent de nous offrir un spectacle assez honnête à contrario d'un manque d'ambition et d'émotion. 

06.10.10
Bruno Matéï

                    

TOUT CE QUI BRILLE


de Hervé Mimran, Géraldine Nakache. 2010. France. 1H40. Avec Leïla Bekhti, Virginie Ledoyen, Géraldine Nakache, Audrey Lamy, Manu Payet, Linh-Dan Pham.

BIO: Il s'agit de la première réalisation de Hervé Mimran et Géraldine Nakache (01.01.80), tous deux scénaristes du film. Géraldine Nakache est également actrice dans une série TV (Kaamelot) et quelques comédies frenchies (Comme t'y es belle, RTT, Jusqu'à toi, Tu peux garder un secret ?).Elle a aussi supervisé les casting des émissions Groland sur Canal +, puis en tant qu'assistante-réalisatrice sur les fictions des Guignols de l'info. En 2000 elle travaille sur la chaîne Comédie et y passe d'assistante-productrice et productrice exécutive. De 2003 à 2005, elle se met en scène dans Starloose Academy et La Télooose, deux émission parodiant les programmes télévisés.

TOUT CE QUI BRILLE EST EPHEMERE.
Portrait intime d'un duo de jeunes filles utopistes à la recherche du bonheur et d'un désir de luxe pour l'illusion perdue des paillettes et des noctambules imbus de leur condition extravagante. A travers l'itinéraire de ces deux jeunes filles pétillantes de vitalité et d'esprit de camaraderie, nos deux réalisateurs dépeignent une introspection dans leur fidèle amitié et des conflits qui en émanent. Un témoignage lucide débordant de chaleur humaine sur le sens et les valeurs de l'amitié lorsque qu'une situation fructueuse pour l'une fera le malheur de l'autre. Ely et Lila se connaissent depuis leur tendre enfance et partagent leur journée à flâner, imiter leurs idoles caricaturées, savourer les instants anodins de la vie imprévue quand elles ne trouvent pas de petits boulots intermédiaires de vendeuse de pop-corn dans un ciné ou de babysitting forcé. Au fil des rencontres inopinées, elles vont se lier d'amitié avec un duo de lesbiennes chics et bon genres, tributaires de nuits débridées dans les soirées mondaines. Mais l'univers artificiel des bourgeoises vampirisées par l'or et l'argent vont faire tourner la tête à Lila jusqu'à délaisser son amie de longue dâte et entreprendre sa nouvelle destinée, un semblant de vie plus harmonieuse. 

Dans le rôle d'Eli, Géraldine Nakache  apporte la touche de douceur avec son physique traditionnel, rehaussé d'un charme de fraîcheur auquel elle apporte une belle vérité humaine. Une âme en peine au fil de la progression du récit car atténuée par la douleur affective. C'est dans les bras d'un enfant pour son rôle improvisé en Baby-sitter qu'elle tentera de retrouver un regain de douceur et de tendresse entre deux blagues involontaires de son autre amie, une prof de sport extravertie souvent témoin des conflits orageux. Leïla Bekhti interprète la jolie Lila avec tempérament dans son caractère brut, traversé de crises de délires ausis amusés qu'effrontés et sa froide fermeté à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Charmante et rayonnante dans son physique enjôleur mais aussi éprouvée, lamenté, déçue par une idylle perfide, davantage en prise de remord pour son amitié écornée. Lila est avant tout une fille fragilisée, profondément blessée par l'absence d'un père fuyant, parti refaire sa vie au Maroc avec une autre dulcinée. Elle se révèle souvent touchante, juste et intense dans ses expressions amères livrées au désenchantement. Dans celle de la bonne copine de service, Audrey Lamy est une prof de gym hilarante par ces allures de garçon manqué. Elle trouve le juste équilibre pour son talent irrésistible à provoquer le rire dans ses réparties verbales et son esprit rancunier à ne plus se laisser gentiment profiter par ses deux acolytes complices.

Avec sa superbe BO entraînante, Hervé Mimran et Géraldine Nakach nous offrent ici une comédie de moeurs pétillante, pleine de fraîcheur et de tempérament, illuminé par le formidable duo de jeunes actrices novices extraverties inscrites dans la spontanéité. Tout ce qui brille traitant avec beaucoup d'humanité autant que d'humour débridé les relations étroites, éphémères, tendancieuses ou fidèles de l'amitié sans facilité ni pathosLe film observe également au passage les rapports familiaux avec cette nouvelle génération plus indépendante et affirmée quant à l'évolution de la fille au sein de notre société contemporaine. Un joli premier long-métrage fougueux, sincère qui sort du lot traditionnel des productions françaises et qui pourrait aussi rappeler sur le même thème le magnifique la Vie rêvée des Anges d'Eric Zonka, avec ici une tonalité plus optimiste et vigoureuse.

07.10.10

REMEMBER ME

                       

de Allen Coulter. 2010. U.S.A. 1H53. Avec Robert Pattinson, Emilie de Ravin, Pierce Brosnan, Martha Plimpton, Chris Cooper, Lena Olin, Peyton List, Ruby Jerins, Amy Rosoff, Meghan Markle...

BIO: Allen Coulter est un réalisateur et producteur, notamment envers diverses séries TV (X Files, Millenium, Rose, Six Feet Under, Damage, Rubicon, les Sopranos, Nurse Jackie). Son premier long-métrage, Hollywoodland est sorti en 2007.

L'ARGUMENT:  Tyler est un jeune américain de 22 ans en rébellion contre sa famille, en particulier envers son patriarche à cause d'un drame suicidaire familial.
A la suite d'une altercation avec un chef de police, Tyler décide de se venger en draguant la fille de ce dernier.
Cette histoire naissante d'un véritable amour fusionnel marquera à jamais chaque protagoniste.

                    

Au vu de la trame convenue mise au service du jeune premierRobert Pattinson qui aura traumatisé toutes les adolescentes du monde entier avec la  saga Twilight (dans le rôle du docile vampire amoureux), Remember me pourrait rebuter au vu du sujet avec ces doux airs de bluette sirupeuse façon Roméo et Juliette. Sans compter le ton niais, pour ne pas dire fleur bleue d'une affiche faussement transparente pour la promise romance reçue.
Il n'en est rien ! Ce drame passionnel raconte avant tout avec une vraie personnalité l'histoire d'un père et son fils en guerre contre leur autorité, leur esprit de rancune tenace, en quête éternelle d'une rédemption salvatrice avant que n'aboutisse un évènement inopiné qui changera à jamais le destin de nos héros réprimandés.

En 1991, une mère et sa fille se font violemment agresser en pleine nuit aux abords d'une rame de métro par deux voyous appâtés par le sac à main. Au dernier moment, l'un des deux agresseurs décide de supprimer la mère d'une balle mortelle.
10 ans plus tard, la fille aujourd'hui âgée d'une vingtaine d'années vit paisiblement avec son père, un officier de police fébrilement aigri, fragilisé par ce drame tendancieux.
A un autre endroit de la ville se profile une violente altercation avec des voyous venus agresser un couple dans une ruelle désertée. Le jeune Tyler, un garçon marginalisé par la perte du suicide de son frère et rendu rebelle contre son père condescendant ira courageusement s'interposer et tenter de sauver les victimes prises à parti.
Mais l'arrivée de la police et le ton audacieux de Tyler envers ce chef de service autoritaire le mènera au fond d'une cellule, en garde à vue avant que son père, un riche businessman new-yorkais paye la caution pour venir le libérer.
Quelques jours plus tard, Tyler décide avec l'influence de son acolyte d'accoster la fille du flic irascible pour la draguer en guise vindicative.
Mais une idylle naissante va alors s'interposer entre les deux amants avant que ne reviennent à l'appel les rancunes et les profondes blessures des âmes endeuillées. Des conflits familiaux pernicieux induits dans la douleur affective, profondément meurtris par un passé douloureusement affecté.

                                

Allen Coulter nous livre avec une sincérité prude sans excès de pathos un portrait écorné, lamenté sur deux familles endeuillées par la perte d'un être cher. A travers le fil conducteur d'une histoire d'amour jamais exacerbée par des procédés artificiels pour noyer la corde sensible, Remember Me traite avant tout avec sobriété d'une poignée de personnages conflictuels, en guerre avec leur colère et la révolte alimentées par une sombre iniquité. Divers destins laminés par le poids du passé qui vont à nouveau renouer avec l'horreur d'un quotidien inopiné mais qui permettra aussi de réparer et ressouder les valeurs fondamentales des liens de l'amour familial.

Robert Pattinson prête son charme habituel et sa présence rebelle pour un rôle délicat dans ses états d'âme livrés dans la rigide rancune, ses tourments et ses plaies douloureuses entaillées par la mort soudaine du suicide de son frère dont il obstruera le poids de la condamnation envers son père austère et trop fier, obnubilé par ses affaires de finance. Un rôle inné de personnage froid que prête l'excellent Pierce Brosnan dans une interprétation parfaitement acquise.
La douce et fragile Emilie de Ravin (apparue dans Lost), charmante blonde aux yeux bleux interprète avec assez de prestance et de tempérance un rôle frivole d'aimante épanouie avant que le paternel, campé par le génial Chris Cooper, ne vienne s'interposer dans une révolte imméritée et amoindrir les relations amoureuses entre les deux amants.

                    

LE NOUVEAU MONDE.
Naturellement photographié dans un style en phase avec la réalité expressive d'une ville New-yorkaise, Remember Me est une étonnante surprise, un beau drame humain poignant enrichi par l'épaisseur psychologique des destins croisés d'une poignée de survivants à jamais marqués par un évènement historique inconcevable. Un final choc halluciné qui met KO le spectateur stupéfait  par cette estocade abrupte, qui trouvera sa moralité dans une énonce significative du personnage historique de Gandhi.
Où l'importance d'une vie se trouve uniquement dans la seconde du temps à venir qui pourrait tout basculer et en modifier les données selon chaque existence à déterminer.
Un nouveau drame éhonté mais exutoire qui permettra aussi de renouer avec les liens familiaux d'un père imbus plus toléré et de l'innocence de sa petite fille, tous deux en quête lamentée d'un amour cathartique.

11.10.10

DEDICACE A SYLVAIN GONZALES.

                               

mercredi 2 mars 2011

Le Cercle Infernal. Grand Prix à Avoriaz 1978.

   

"Full Circle / The Haunting of Julia" de Richard Loncraine. 1977. Canada/Angleterre.1H38. Avec Mia Farrow, Keir Dullea, Tom Conti, Jill Bennett, Robin Gammell, Cathleen Nesbitt, Anna Wing, Edward Hardwicke, Mary Morris, Pauline Jameson, Arthur Howard...

Sortie salles France: 3 Mai 1978

FILMOGRAPHIE: Richard Loncraine est un réalisateur britannique né le 20 Octobre 1946 à Cheltenham du Gloucestershire, Grande Bretagne. 1975: Flame. 1977: Le Cercle Infernal1982: Drôle de missionnaire. Pierre qui brûle. 1995: Richard III. 2004: La Plus belle victoire. 2006: Firewall. 2009: My One and Only


"S'introduire comme un rêve dans l'esprit d'une femme chétive est un art, en sortir est un chef-d'oeuvre."
Sous prétexte d'un cas de demeure hantée habitée d'une présence maléfique, Richard Loncraine aborde en 1978 les thèmes du deuil familial et de la difficulté de surmonter la perte de l'innocence à travers un drame psychologique transplanté dans le cadre de l'épouvante gothique. Possession, Folie, réincarnation, autosuggestion se télescopant dans une prude discrétion. Récompensé du Grand Prix à Avoriazle Cercle Infernal laisse libre court à un au-delà insaisissable à travers l'exutoire d'une mère traumatisée, transie d'amour pour sa défunte fille. Le Pitch: Lors d'un déjeuner matinal, Julia et son époux Magnus sont témoins de l'étouffement de leur fille avec un morceau de pomme. Paniquée, elle lui inflige une trachéotomie avant l'arrivée latente des secours. Deux mois plus tard, après un séjour en hôpital psychiatrique, Julia encore perturbée de la mort de sa fille quitte son mari ainsi que sa demeure familiale pour s'installer dans un vaste pavillon londonien. Inexplicablement, elle ressent de manière intuitive une étrange présence dans les lieux, quand bien même l'arrivée de médiums expérimentés amplifiera son trouble sentiment d'insécurité et de résignation à découvrir l'horrible vérité. 


Dès l'éprouvant prologue inopinément tragique, nous sommes témoins d'un incident domestique des plus cruels. Une scène choc réaliste particulièrement impressionnante de par son marasme imposé auprès d'une fillette agonisante, un morceau de pomme dans le fond de sa gorge. Et le point d'orgue de nous administrer sur celle-ci aussi mourante une trachéotomie infructueuse perpétrée par sa propre mère. La scène suivante se clôt sur le plan fixe du regard blême et hagard de cette dernière, tremblotante devant sa porte d'entrée face aux secouristes médusés ! Sa posture contractée, son absence apathique nous dévoilant ensuite un tablier maculé de sang auquel sa main droite y brandit un couteau de cuisine. Un prologue anthologique au montage adroit afin d'y distiller une intensité éprouvante aussi malaisante 
qu'insupportable. Car quoi de plus innommable que d'observer (sans complaisance) l'agonie d'une fillette condamnée à la fatalité !


Passé ce tragique fardeau aussi tétanisant que poignant, Julia se retrouve 2 mois plus tard sciemment seule dans une demeure poussiéreuse d'aspect gothique. Mais au fil des jours et de son isolement, elle éprouve un sentiment persistant d'inquiétude mêlée de fascination envers cet endroit feutré. Par la suite, ce sentiment irrationnel perdurera pour s'exacerber lors de l'improvisation d'une séance de spiritisme conseillée par la belle soeur de son époux. Ainsi, passée cette dérangeante communication avec les morts le cheminement nébuleux de Julia va prendre un tournant autrement délétère autour d'une énigme des plus sordides. Mais obsédée par des révélations aussi improbables que motivantes, notamment en y établissant un rapprochement avec la mort de sa fille, elle se laissera embarquer dans une enquête consciencieuse afin d'y démystifier son caractère surnaturel et par la même occasion sauver une âme perdue. Des avis de recherche aux révélations interlopes vont profondément heurter sa sensibilité puisque s'identifiant à nouveau vers un autre drame infantile et d'y opposer notamment une analogie avec son expérience vécue. 


A moins que tout cela n'était peut-être que le fruit de son imagination, de sa psyché tourmentée à tenter de se déculpabiliser de la mort accidentelle de sa propre fille, fantôme errant au coeur de sa conscience dépressive ! Motivé par le pouvoir de suggestion afin de préconiser un envoûtement palpable, Richard Loncraine cristallise avec Le Cercle Infernal un drame de la solitude sublimant, sous le pivot d'un suspense aussi lourd que passionnant, une ambiance gothico-funèbre étonnamment indicible. La densité de sa narration diaboliquement sournoise demeurant d'autant plus captivante à travers la quête spirituelle d'une mère aussi démunie qu'hantée par les forces du Mal. Dans le rôle iconique de Julia, Mia Farrow  délivre une fois encore un jeu de fragilité névrotique à travers son doux regard azur mêlé d'appréhension et de curiosité morbide de par son insatiable soif de vérité ! Une composition nuancée toute en sensibilité que son physique fluet et famélique renvoient à sa vulnérabilité morale. Démunie et désorientée mais obsédée par ses convictions, elle se laisse probablement soumettre par l'influence d'une victime démoniale au point de se laisser voguer vers un échappatoire funeste qu'elle ne peut maîtriser. Ainsi, si Le Cercle Infernal dégage un tel pouvoir de fascination ineffable auprès de son suspense en crescendo, il le doit notamment à la cruauté malsaine de sa trame couillue abordant le thème de l'enfant maléfique avec une sensibilité aussi aigue qu'ambigüe. Si bien que rarement ce thème cher au Fantastique n'eut été traité avec autant de suggestion "nécrosée" si j'ose dire. Et ce à travers la teinture sépia d'une splendide photo scope qui ne demande qu'à nous enivrer. 


Elégie maternelle.
Scandé de l'inoubliable mélodie élégiaque de Colin Towns à marquer d'une pierre blanche, Le Cercle Infernal se décline en chef-d'oeuvre diaphane de par sa puissance émotionnelle aussi subtile que dépouillée émanant d'un récit irrésolu. Richard Loncraine illustrant avec tact et pudeur la trajectoire désargentée d'une mère en berne en quête d'une main secourable par le biais des forces de l'au-delà. Sensiblement angoissant et anxiogène à travers un climat ouaté difficilement explicable par les mots, malsain et dérangeant (la séance de spiritisme plutôt glaçante alors qu'elle n'y dévoile rien, Julia brandissant sans raison une tortue ensanglantée dans le parc à enfants, les révélations horrifiantes d'un témoin clef du meurtre d'Olivia mais aussi celles de la mère impotente confinée dans l'asile), Le Cercle Infernal se substitue en poème obsédant auprès de son épilogue capiteux sciemment filandreux et interrogatif. Et ce bien au-delà du générique de fin, le spectateur restant tétanisé par cette image figée profondément mélancolique ! Car un final tragique d'une beauté funèbre sensorielle infiniment hypnotique. Diamant noir (étonnamment) chétif, comparable à la céramique d'une porcelaine, Le Cercle Infernal s'érige en drame maternel singulier au fil (si ténu) d'une acuité émotionnelle aussi obscure que déchue.   

Remerciement immodéré à Ciné-Bis-Art.

*Bruno
16.10.10.  
07.05.21. 4èx

Récompense: GRAND PRIX, Avoriaz 78.

VERSAILLES

                    

de Pierre Schoeller. 2008. France. 1H53. Avec Guillaume Depardieu, Max Baissette de Malglaive, Aure Atika, Judith Chemla, Brigitte Sy, Patrick Descamps.

BIO: Pierre Schoeller est un Réalisateur français, compositeur, scénariste, dialoguiste, adaptateur né en 1961.
Versailles est son second film, réalisé 4 ans après Zéro Défaut et en attendant son prochain projet: l'Exercice de l'état.

L'ARGUMENT: Un SDF et un enfant abandonné vont se lier d'amitié et vivre ensemble une aventure humaine écorchée vive.

                    

Sur le thème délicat de l'exclusion engendrant une marginalité davantage consolidée dans sa conviction déchue, Versailles décrit avec une belle justesse et de réalisme le destin croisé de trois êtres humains démissionnés d'une société individualiste toujours plus ingrate et irrévérencieuse.

Une jeune mère, Nina et son fils Enzo, sans domicile fixe, vivent au jour le jour tant bien que mal dans un état d'esprit où l'insalubrité, l'ennui et le désespoir de survivre coûte que coûte pèseront un peu plus chaque matin négligeable.
Sur leur chemin impromptu ils vont rencontrer Damien, un SDF vivant loin de la civilisation dans une cabane au fond des bois de Versailles.
Un matin, après avoir fait l'amour à cet inconnu, elle part brusquement sans avertir quiconque et abandonne son fils pour le laisser aux bras de Damien.
Les deux vagabonds livrés à eux même vont apprendre à se connaitre et vivre ensemble sans savoir ce que réservera le lendemain dérisoire.

                   

Pierre Schoeller raconte sans pathos ni misérabilisme un douloureux portrait d'un duo brisé par la vie qui ne leur aura jamais fait de cadeau.
Le début nocturne où l'on observe un gosse de 5 ans accompagné de sa mère, trouvant refuge dans un endroit neutre pour sommeiller sur des planches de carton disposées sur un bitume goudronné annonce bien la tonalité morose et aigrie auquel nous allons assister.
La première partie nous oriente dans une leçon de vie que nous n'avons pas coutume de connaitre et vivre malgré les documentaires à la TV que l'on a pu parfois assister, consacrés à ces jeunes désoeuvrés qui ont tout ignoré du jour au lendemain.
C'est l'existence humaine de Damien et d'un petit enfant de 5 ans, Enzo, que nous allons suivre dans un environnement forestier dénué de toute présence humaine en dehors des quelques fidèles amis qui viendront parfois leur rendre visite.
Nos deux SDF uniformisés vont poursuivre d'inlassables nuits mornes monocordes sans étoiles ni espoir, éclairées par un discret feu de camp avant de pouvoir s'endormir communément dans une cabane pour mieux se protéger de l'indifférence et le manque de reconnaissance.
Au fur et à mesure de sa nouvelle vie de bohème avec un "paternel" recomposé pour ce rôle improvisé, Enzo, enfant encouragé par son existence innée d'une blême incertitude et d'une précarité instable va peu à peu s'accommoder, se familiariser, se compléter avec Damien.
La deuxième partie un peu plus harmonieuse et aseptisée renoue avec un mode de vie plus orthodoxe, revigorant avec cette décision parentale pour l'amour infantile et son éthique pédagogique. Un espoir permis et salvateur pour la nouvelle vie du petit Enzo avant que sa mère maternelle ne vienne brusquement refaire surface.

                     

Guillaume Depardieu dans le rôle de Damien est impérial de vérité humaine dans sa composition viscérale d'un personnage miné par sa vie misérable et moribonde. Un marginal endurci dans sa solitude et sa haine vindicative d'une société condescendante qui ira jusqu'à dénigrer, avilir les plus démunis en déversant par exemple du javel dans un vide ordures rempli d'aliments consommables qui n'étaient pas périmés.
Un rôle poignant, une expression animale habitée par la pertinence d'authentifier ce SDF laminé par l'intolérance ainsi que le pouvoir imbus d'un système consulaire endoctriné dans la récurrence de ses lois répressives. Un physique de baroudeur taillé à la serpe par l'oxygène anxiogène de son climat blafard. Une âme dépitée, brimée par la rigidité de longues années vaines mise en cause de sa démission d'insertion dénuée d'espoir.
Mais l'arrivée inopinée d'Enzo lui amènera un regain d'intérêt, une indulgence, une bienfaisance à tenter de reconstruire la vie d'un enfant qui n'avait rien demandé dans un dernier acte optimiste mais néanmoins acerbe et contrarié.
Sachez le, cet immense acteur qu'est Guillaume Depardieu est divin, bouleversant d'amertume accablée et d'acuité humaine affligée.
Il faut tout autant saluer l'incroyable interprétation de Max Baissette de Malglaive, totalement photogénique dans celui de l'enfant inculte, du haut de ces 5 ans offrant une surprenante prestance instinctive, un regard innocent de bambin désincarné, débordant de sensibilité désoeuvrée, d'ignorance dans ses yeux noirs détachés de fougue et d'ardeur. Il se révèle perpétuellement  émouvant, attachant, particulièrement poignant dans sa trajectoire inflexible avant de pouvoir renouer avec un semblant de vie accoutumé.

                         

LES INSOUMIS DE LA PERDITION.
Sur une note musicale hésitante d'un clavier de piano, dans une photographie naturaliste éclairée de décors ternes et aseptisés, Versailles est un drame social existentiel d'une force inévitable dans ses relations introverties et taciturnes, sans niaiserie imposée ni excès de mièvrerie totalement expurgée.
Un témoignage pragmatiste dur et émouvant sur la destinée de deux êtres qui se sont mutuellement sauvés la mise le temps d'un moment opportun avant de réaffecter leur pesante rancoeur avec les liens parentaux.
Il narre tout autant l'histoire précaire d'un homme esseulé définitivement rompu avec la société qui aura préféré sauvegarder l'avenir potentiel d'un enfant vagabond plutôt qu'émanciper sa rédemption individualiste.
Une oeuvre insoumise humble, profondément modeste et prude dans son talent à authentifier les sentiments sans effet de style, qu'il sera difficile d'oublier sitôt la projection clos.

A Guillaume...

DEDICACE à SELENA qui porte Guillaume au plus profond de son coeur.

19.10.10

Le Monstre Attaque / Alien 2 - Sulla Terra / Alien Terror / Alien On Earth

                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site ultimomundosalvaje.blogspot.com

de Ciro Ippolito. 1980. Italie. 1h25. Avec Belinda Mayne, Mark Bodin, Robert Barrese, Michele Soavi, Benny Aldrich, Judy Perrin.

BIOCiro Ippolito (né à Naples, Italie, le 27.01.1947) est un réalisateur, acteur, scénariste et producteur responsable de 8 longs-métrages réalisés entre 1974 et 2004. Le monstre attaque est son second film produit, écrit et réalisé sous le pseudonyme de Sam Cromwell.


The Descent 0.
Créature, Inseminoid, Contamination, Alien la créature des abysses, l'invasion des cocons, Creepozoids... Un poignée de fleurons du cinéma Bis ayant tenté de récupérer le filon d'Alien de  Ridley Scott. Ainsi, un an après celui-ci, voilà que débarque ce Monstre attaque natif de l'Italie dont le titre initial, Alien 2 - Sulla Terra, annonce sans ambages la couleur de ses intentions lucratives.  Le pitchAlors qu'une navette spatiale s'écrase dans l'océan, les deux cosmonautes qui s'y trouvaient ont subitement disparu. Pendant que cet évènement inopiné affole la population, un groupe de 8 spéléologues s'enfoncent dans les souterrains caverneux d'une grotte. Alors que l'un des membres de l'équipe eut offert une mystérieuse pierre bleue à une de ses comparses, de terribles évènements vont survenir dans cet espace clos ou une fois encore, personne ne vous entendra crier !!!!! Ce nouvel ersatz transalpin d'Alien tente donc avec maladresse et économie de moyens à horrifier le spectateur à travers un pitch saugrenu de roche extra-terrestre complètement improbable ! Si bien que cet organisme de couleur bleue que nos astronautes ont repêché tuera un à un les membres de l'équipe confinés dans une grotte. Paradoxalement, la chose hostile quasi invisible décimera sauvagement ses proies, à moins de les posséder à la manière de zombies apathiques. Le début laborieux, totalement vain (une ballade à la plage et une partie de bowling intempestive en compagnie de nos protagonistes) tente de nous attacher à ces personnages gogos.


Passée cette première demi-heure languissante, nos 8 spéléologues affublés de lampiotes et de casque de mineur (sans oublier des bougies et une machine à écrire ! Véridique !!!) s'engouffrent dans l'exploration d'une grotte de tous les dangers. Et ce par la cause de cette mystérieuse pierre bleue dénichée à proximité d'une plage. C'est donc à partir de cette découverte aléatoire que l'action s'amorce tout doucement avec, en intermittence, quelques effets gores plutôt réussis dont nos chers italiens ont si bien le secret. A cet égard, la séquence où l'un des protagonistes se fait arracher lentement la tête par la créature s'avère aussi surprenante que jouissive à travers son outrance dégueulbif. Mais la séquence la plus dérangeante et inopinée restera cette petite fille esseulée assise sur le sable entrain de pleurnicher. Sa mère intriguée, l'observant de dos, s'approchant lentement vers elle pour lui solliciter de se retourner afin de découvrir, horrifiée, un visage laminé ! Cette seconde partie jouant à cache-cache entre le monstre consanguin et nos huit trublions alterne donc perplexité, hilarité involontaire et ennui entre deux scènes chocs pimentées. Surtout que les dialogues hallucinants de non sens ainsi que la partition musicale au tempo lugubre accentuent son côté fauché au charme Bis. Enfin, l'épilogue se déroulant au delà de la grotte souterraine n'est pas non plus en reste à travers son ambiance insolite d'une cité urbaine dénuée de population, qui plus est, épaulée de la surexposition d'une photo psychédélique. Ainsi, un sentiment futile de désolation anxiogène s'y fait ressentir au spectateur plutôt fasciné par cet univers de cauchemar surgit de nulle part.


Atention, ça peut vous arriver aussi !!!
Quelques décennies après sa sortie, Le Monstre attaque reste une curiosité mineure hors norme, le précurseur incongru de The Descent et ne pourra sans doute que contenter les nostalgiques de zéderies italiennes typiquement eighties. L'attrait de scénettes gores assez cracras, la physionomie du monstre organique, la futilité pittoresque de ses dialogues ineptes et ses situations extra-ordinaires (le gars réfugié dans la grotte tapant à la machine à écrire pour ensuite systématiquement brûler à la bougie son texte qui ne veut rien dire !) divertiront encore aujourd'hui l'inconditionnel de nanar.

P.S: ne ratez surtout pas le fameux interlude survenant juste avant le générique final ! Une épitaphe pertinente trouvant tout son sens nihiliste : ATTENTION, CA PEUT AUSSI VOUS ARRIVER !!!

*Bruno
18.03.23. 5èx
22.10.10