lundi 7 novembre 2011

L'ENFER DES ZOMBIES (Zombie 2 / Zombie Flesh Eaters).


de Lucio Fulci. 1979. Italie. 1h31. Avec Tisa Farrow, Ian McCulloch, Richard Johnson, Al Cliver, Auretta Gay, Stefania d'Amario, Olga Karlatos.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Un an après le succès planétaire de Zombie de Romero, Lucio Fulci est assigné pour concourir les américains en proposant une autre version du mythe teinté d'exotisme. Le producteur Fabrizio De Angelis le contacte sous les recommandations de Enzo G. Castellari pressenti à l'origine pour mettre en scène ce filon lucratif. D'après un scénario de Dardano Saccheti, l'intrigue sera légèrement remaniée afin de suggérer une filiation avec le chef-d'oeuvre de Romero. En dépit d'une sortie en salles expurgée de ses effets chocs les plus sanglants, le film rencontre un énorme succès à travers le monde tandis que la notoriété de Fulci va s'imposer dans l'hexagone. En Italie, l'Enfer des zombies sortira sous le titre fallacieux Zombie 2 si bien qu'il s'agit d'une fausse préquelle. Un bateau sans passager échoue sur le port de New-York. Deux policiers sont convoqués pour inspecter les lieux. A l'intérieur, l'un d'eux se fait sauvagement agripper par un colosse monstrueux lui arrachant la jugulaire. Au même moment, après avoir été interrogée par la police, la fille du propriétaire du bateau part à la recherche de son père disparu sur l'île de Matoul. 


Premier volet d'une quadrilogie fondée sur la mythologie du Mort-vivant, l'Enfer des Zombies  suscite (promptement) anxiété et terreur lors d'un prologue cinglant resté dans les mémoires. En interne d'un yacht, deux flics découvrent avec horreur l'apparition insensée d'un zombie mastard dévoreur de chair. Exacerbé d'un effet-choc sanguinolent illustrant avec soin artisanal un arrachage de gorge concocté par Gianetto De Rossi, Lucio Fulci soigne autant la physionomie du monstre terreux dans un amas de chair décomposée. La touche fulcienne épaulée de ses fidèles collaborateurs (Frizzi, De Rossi, Saccheti) est instaurée avec une signature typiquement latine ! A travers un scénario simpliste et sans surprise, l'originalité du metteur en scène est d'avoir su réexploiter le thème morbide du cadavre récalcitrant pour le faire revenir aux sources du Vaudou. En prime, il implante l'intrigue au coeur d'un décor insulaire exotique permettant ainsi de façonner une étrange atmosphère poético-macabre afin de contraster avec la beauté solaire d'une nature souillée par l'odeur de la mort. A l'instar de ce crustacé se faufilant sur le sol poussiéreuse d'un village décampé d'habitants, alors qu'en arrière fond on aperçoit la silhouette d'un cadavre errant déambulant vers nous. Avec beaucoup d'efficacité dans sa sensualité sépulcrale, Lucio Fulci transcende sa futilité narrative par le biais créatif d'un environnement fantasmagorico-baroque. Dans l'Enfer des Zombies, la peur anxiogène sous-jacente savamment distillée s'approprie instinctivement de chaque décor minimaliste investi dans l'île de Matalou (une salle de bain, un cimetière de conquistador, une chapelle abandonnée, une baraque en bois transformée en chambres d'hospice). La touche personnelle du maître du putride est donc de faire évoluer assidûment ces zombies lymphatiques dans un cadre mortifère littéralement ensorcelant. A contrario des films de Romero, les monstres mourants de Fulci se révèlent des êtres spumescents suintant la puanteur, les larves s'échappant de leur corps malingre. Dans le dortoir où sont stockés les malades affublés de draps insalubres (sang et transpiration corporels), le spectre de la mort hante leurs âmes dans cette chaleur estivale où virevoltent insolemment les mouches.


En intermittence, il fait intervenir des péripéties odieusement tragiques chez certains personnages pris à parti avec les estocades des morts-vivants nantis d'une brutalité animale. Parmi ces exactions vulgaires, impossible d'occulter la mort de Paola Ménard (Olga Karlatos à la beauté méditerranéenne), séquestrée dans sa salle de bain par un zombie voyeuriste pour être ensuite sauvagement agressée par une écharde pénétrée dans son oeil droit. Un effet-choc anthologique zoomé sans coupe renforçant ainsi son impact émotionnel sidérant de bestialité. On peut aussi citer l'incroyable scène aquatique lorsque Susan, partie plonger dans les profondeurs, sera menacée par un requin, alors qu'un zombie spectral surveille également sa proie à proximité. L'ironie du sort est qu'un combat homérique sera entamé entre ce celui-ci pugnace et le squale inopinément offensé. Enfin, la séquence cauchemardesque dans le cimetière des conquistadors est également à souligner lorsqu'une poignée de morts s'exhument lentement de leur tombe alors que l'un d'eux s'empressera de déchirer la gorge de Susan. Le final explosif laisse place à d'autres évènements plus épiques dans son action précipitée avec cette prolifération soudaine de zombies quand bien même le jour laisse place à l'opacité. Ne manquons pas de rappeler non plus que cette mise en scène façonnée par une équipe talentueuse ne serait à son apogée sans le talent singulier d'un musicien de génie, Mr Fabio frizzi. Un artiste inspiré réussissant une fois de plus à composer un tempo funèbre entêtant dans sa lourde sonorité afin de scander une ambiance exotico-macabre irrépressiblement olfactive.


4 décennies après sa sortie, ce chef-d'oeuvre transalpin perdure sans réserve son pouvoir de fascination morbide et de terreur moite sous une impulsion macabre vertigineuse. On sera par contre indulgent sur une direction d'acteurs faillible (le point le plus répréhensible de toute la carrière de Fulci) bien que rehaussée du charismes de trognes de seconde zone (Richard Johnson en tête). Reste à savourer l'essentiel, l'alchimie ambitieuse d'un cauchemar sur pellicule provoquant viscéralement une peur susceptible au travers d'un climat insulaire, et avant que la dernière image iconique, annonciatrice d'une apocalypse planétaire, nous renvoie inconsciemment à l'ascension des Zombies politicards de Romero.

Bruno MatéïDédicace à Fabio Frizzi.
07.11.11. 6èx.

A lire également, l'excellente critique de Leatherfacehttp://deadstillalive.canalblog.com/archives/2011/09/07/21903753.html



vendredi 4 novembre 2011

KIDNAPPED (SECUESTRADOS). Mélies d'Argent à Espoo Ciné.


de Miguel Angel Vivas. 2010. Espagne. 1h22. Avec Guillermo Barrientos, Dritan Biba, Fernando Cayo, Cesar Diaz, Martijn Kuiper, Manuela Velles, Ana Wagener, Xoel Yanez.

Récompenses: Mélies d'Argent à Espoo Ciné.
Meilleur film, Meilleur Réalisateur au Fantastic Film Fest 2010.

FILMOGRAPHIE: Miguel Angel Vivas est un réalisateur, scénariste et acteur espagnol.
1998: Tesoro (court-métrage). 2002: El hombre del saco (court-métrage). 2002: Reflejos (réflections). 2003: I'll See you in my Dreams (court-métrage). 2010: Kidnapped


Sélectionné au festival de Strasbourg 2011, Sitges 2010 et récompensé du Meilleur Film et Meilleur Réalisateur au Fantastic Fest 2010, Kidnapped est le second long-métrage d'un réalisateur espagnol déjà multi-récompensé auprès de courts-métrages. Mais rien ne semblait présager l'émotion traumatique qu'allait engendrer cet électro-choc dénonçant avec rigueur le phénomène inquiétant de la violence urbaine sur le territoire ibérique, l'"enlèvement express". A savoir, kidnapper avec une extrême violence une famille lambda en un minimum de temps afin de leur soutirer de l'oseille. A Madrid, une famille aisée installée dans leur nouvelle demeure est victime de l'intrusion de trois individus cagoulés. Ligotés et menacés de mort, les parents ainsi que leur fille sont contraints de leur divulguer leur numéro de carte bancaire pour les monnayer. C'est le début d'une nuit de cauchemar auquel personne ne sortira indemne. 
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En tablant sur un canevas éculé mainte fois adapté au cinéma de genre (la Rançon de la peur, les Chiens de paille, la Maison des Otages, la Dernière Maison sur la gauche et plus récemment The Strangers), Kidnapped exploite le fameux filon du "home invasion", huis-clos dédié à l'efficacité d'un suspense exponentiel chez une famille lambda séquestrée par des malfrats sans vergogne. Le préambule persuasif dans sa verdeur acerbe, car illustrant un individu ligoté allongé sur le sol, nous impressionne lorsque celui-ci suffoque à l'aide d'un sac plastique sur la tête. Après avoir réussi à rejoindre une chaussée, une nouvelle estocade nous est assénée après que ce dernier eut composé un appel téléphonique pour avertir sa famille. Avec la froideur d'une photo blafarde et d'une caméra agressive portée à l'épaule, l'ambiance oppressante s'insinue instinctivement auprès du spectateur déjà averti que le cheminement narratif sera loin d'être une partie de plaisir. Générique de début... Après nous avoir furtivement présenté le profil équilibré d'un couple de bourgeois et de leur adolescente, venus emménager dans leur nouvelle résidence, le réalisateur Miguel Angel Vivas va droit au but de son sujet pour nous asséner de plein fouet l'irruption brutale de trois individus cagoulés, implacablement déterminés à s'approprier du magot tant convoité. L'intensité de l'intrigue, c'est de nous immerger frontalement dans sa plus terrifiante et pénible quotidienneté. En effet, l'horreur perpétrée n'est ici nullement surnaturelle ou gentiment frissonnante mais bien ancrée dans la paisible rationalité d'un cocon familial en interne de leur foyer. Quoi de plus terrifiant et de déstabilisant qu'un groupe d'assaillants venus s'introduire dans leur maison au péril de la vie des propriétaires ! L'identification du spectateur auprès de la famille lambda s'avérant innée quand bien même l'interprétation spontanée des comédiens insuffle une émotion viscérale auprès de leur affliction psychologique. La nationalité de ces derniers méconnus dans l'hexagone nous permet en prime de nous familiariser auprès de leur trogne triviale.


Sans vouloir épater la galerie (à contrario d'un David Fincher pédant employant vainement la même prouesse technique dans son thriller Panic Room), le metteur en scène applique de manière récurrente les critères du plan-séquence et du split screen (écran scindé en deux pour suivre en temps direct deux actions simultanées) afin de mieux nous imprégner de l'ambiance incisive découlant du viol de cet environnement familial. Le sentiment de terreur oppressante proprement insupportable assénée aux victimes serviles est exacerbé d'un réalisme rugueux proche du documentaire. La famille sévèrement prise à parti, perpétuellement menacée et molestée, se confinant dans un climat intolérable de désespoir. Tant et si bien que le spectateur témoin de cet engrenage infernal de violence gratuite ne peut que subir et endurer ce que les victimes sont acculées d'admettre et de supporter. De prime abord et intelligemment, sa violence à la fois acerbe et brutale prime avant tout sur la psychologie tourmentée, humiliée des personnages plutôt que l'outrance démonstrative des sévices endurés, à l'exclusion d'un final eschatologique d'une barbarie insoutenable. De surcroît, les évènements drastiques et situations de danger encourus par nos protagonistes sont plutôt lestement pensés, crédibles, sans fioriture alors que d'autres nouveaux intervenants de l'histoire iront s'interposer afin d'accentuer un suspense davantage éprouvant pour la survie des innocents. Avec une maîtrise probante, Miguel Angel Vivas offusque le spectateur jusqu'au malaise tangible lors d'une descente aux enfers jusqu'au-boutiste. En nous posant notamment la fatale question de savoir ce que nous ferions en pareille situation d'effraction ! Il démontre également les risques irréversibles encourus du point de vue des malfrats véreux lorsqu'une situation échappe à leur contrôle. Néanmoins, leur caractérisation n'évite pas le stéréotype envers un des antagonistes, un peu plus compatissant, réfléchi, subitement conscient pour éluder un nouveau débordement meurtrier. Mais le réalisme sordide suintant de chaque situation intempestive et l'intensité imputée au climat de malaise transcendent finalement ce menu cliché.


Terrifiant au sens le plus viscéral du terme, oppressant et tendu à l'extrême, et affichant avec réalisme une brutalité cinglante, Kidnapped culmine sa besogne vers un traumatisant bain de sang. Point d'orgue peut-être discutable pour son outrance putanesque mais qui nous plonge dans un sentiment de paranoïa, d'inconfort et de peur palpable face à l'environnement faussement rassurant de notre foyer. Y émane durant 1h20 de projo une bombe d'adrénaline forcenée, un bad-trip discourtois à réserver à un public préparé. 

04.11.11
Bruno Matéï


jeudi 3 novembre 2011

LE SANG DU VAMPIRE (Blood of the Vampire)


de Henry Cass. 1958. Angleterre. 1h24. Avec Donald Wolfit, Vincent Ball, Barbara Shelley, Victor Maddern, William Devlin.

FILMOGRAPHIE: Henry Cass est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur britannique né le 24 Juin 1902 à Londres, décédé en 1989.
1949: La Montagne de Verre.
1950: Jennifer. Vacances sur Ordonnance.
1951: Histoires de jeunes femmes.
1955: Windfall. No Smoking.
1956: Bond of Fear.
1957: Professor Tim. Booby Trap.
1958: Le Sang du Vampire.
1960: The Hand.
1965: Give a Dog of Bone.
1968: Happy Deathday.


La même année que la sortie du chef-d'oeuvre, le Cauchemar de Dracula, le réalisateur anglais Henry Cass entreprend un film d'épouvante traitant du même thème vampirique mais abordé cette fois-ci d'un point de vue scientifique. Puisque dans le Sang du Vampire, notre savant fou, accompagné d'un traditionnel assistant difforme, est contraint de réapprovisionner son corps de sang humain en usant de transfusions sanguines. D'après un scénario de Jimmy Sangster (habituellement crédité à l'écurie Hammer) et produit par l'illustre duo Monty Berman / Robert S. Baker (l'Impasse aux Violences, Jack l'Eventreur), le Sang du Vampire détonne par son ambiance malsaine démonstrative et son originalité à renouveler le mythe du suceur de sang.

En Transylvanie, en 1874, un homme est exécuté après avoir été accusé de vampirisme. Son fidèle assistant réussit cependant à exhumer son corps avec l'aide d'un scientifique pour lui rendre la vie grâce à une transplantation cardiaque. Malgré sa résurrection, l'homme qui avait ingéré un sérum pour pouvoir rester en vie a subi une infection sanguine. Six ans plus tard, directeur d'un asile psychiatrique, il décide de continuer ses sinistres travaux avec la collaboration d'un médecin. 
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Avec l'entremise d'un scénario de prime abord orthodoxe, Henry Cass réussit avec une certaine audace à détourner le thème du vampire en quête de sang vierge dans le profil imparti au mythe du savant fou. Un scientifique contraint de pratiquer de multiples transfusions sanguines sur des cobayes humains au point de vidanger leur corps famélique. Le lieu baroque et sordide d'un asile psychiatrique surveillé par des gardes et accompagnés de dobermans affamés, réussit à créer une ambiance inquiétante particulièrement tangible. La photographie criarde aux teintes jaunes sépia et au rouge pourpre va accentuer ce sentiment d'hostilité palpable jusque dans le laboratoire de Callistratus, environnement barbare suintant la mort putride de cadavres moribonds. L'efficacité du récit s'établit notamment sur les rapports conflictuels d'un jeune médecin (leur relation houleuse ne manque pas de mordant dans leur divergence) contraint de subvenir à un directeur utopiste en quête d'immortalité.  Tandis que la présence enjôleuse de la charmante Barbara Hershey va apporter un soutien affectueux auprès de son amant voué au chantage. Il y a aussi l'assistant difforme Karl, endossé par l'acteur Victor Maddern, (tout droit sorti d'un "bossu de la morgue" ibérique !). Sa présence iconique exacerbe à volonté l'ambiance gothique tout à fait hybride dans son raffinement putassier.
Si le Sang du Vampire se révèle aussi captivant et particulièrement intense dans les enjeux des protagonistes, il le doit beaucoup à la géniale interprétation de Donald Wolfit, incarnant avec plaisir masochiste le rôle d'un savant fou immoral. Un être abject obsédé à l'idée de survivre en soutirant le sang de victimes innocentes. Sa mégalomanie arrogante, son faciès ténébreux mis en valeur par de larges sourcils et surtout son regard sournois irradient l'écran de ses cyniques exactions.
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Baignant dans un climat glauque et malsain agencé autour d'un univers gothique digne des productions Hammer, Le Sang des Vampires est un petit trésor vintage rehaussé par la conviction des comédiens et d'un récit habilement structuré (à une incohérence près comme ce final vite expédié pour la sauvegarde du héros). On sera d'autant plus surpris pour l'époque du caractère brutal octroyé à certaines dérives sanglantes, à l'image de ces chiens insatiables dévorant ardemment deux protagonistes désoeuvrés. 

Dédicace à Artus Films 
03.11.11.  3.
Bruno Matéï

mercredi 2 novembre 2011

POUPOUPIDOU


de Gérald Hustache Mathieu. 2010. France. 1h42. Avec Jean-Paul Rouve, Sophie Quinton, Guillaume Gouix, Olivier Rabourdin, Clara Ponsof, Arsinee Khanjian, Eric Ruf, Lyes Salem, Joséphine de Meaux, Ken Samuels.

Sortie en salles en France le 12 Janvier 2011

FILMOGRAPHIE: Gérald Hustache Mathieu est un réalisateur français né en 1968 dans la ville d'Echirolles, en Isère dans la banlieue sud de Grenoble.
1996: J'ai horreur de l'amour (assistant réalisation). 2001: Peau de Vache (court). 2003: La Chatte Andalouse (moyen métrage). 2006: Avril. 2011: Poupoupidou


Après un premier film remarqué pour sa poésie libertaire, Gérald Hustache Mathieu entreprend avec Poupoupidou (titre énigmatique un peu peu réducteur), un polar insolite et décalé façonné dans le moule de la comédie atypique. Illuminée par la fonction pétillante de Sophie Quinton, cette ovni gracieux enchante subtilement le spectateur par son aura fantasmagorique. Un écrivain en panne d'inspiration découvre sur une route enneigée le cadavre d'une blonde surnommée Candice Lecoeur. Intrigué par ce potentiel suicide, il va tenter de remonter le passé pour découvrir la vérité sur cette égérie de Franche Comté grâce à son journal personnel. Peu à peu, il se rend compte que d'étranges similitudes avec la vie notoire de Marilyn est agréée avec celle de Candice. Pour renouer avec l'ambition de sa profession, il profite également de cette étrange enquête pour entamer la rédaction de son nouveau roman. 



Avec la structure désincarnée et impondérable d'un scénario aussi insolite, difficile de rester inflexible face à un film aussi étrange, lyrique et enivrant. A partir d'un argument policier orthodoxe, l'intrigue foisonnante va rapidement s'acheminer vers un itinéraire excentrique remplie de situations cocasses, attendrissantes ou graves, compromises avec des personnages sournois, indécis, distraits et rêveurs, en quête de gloire ou de reconnaissance. Formellement, Poupoupidou flirte incessamment avec l'onirisme enchanteur dans un parti pris baroque (variante de nuances polychromes picturales) et avec la pétulance d'une jeune blonde avide de rencontrer l'amour mais persuadée d'être la réincarnation de Marilyn Monroe. Gérald Hustache Mathieu oscille les genres avec une aisance fulgurante et nous narre avec fantaisir une idylle impossible entre deux êtres que tout sépare malencontreusement. En résulte une perpétuelle puissance émotionnelle sous-jacente dans les investigations utopistes d'un écrivain passionné par les états d'âme fébriles d'une star trop vite élevée au rang d'égérie jusqu'au fameux climax révélateur d'une rédemption déchirante.


Pour l'interprétation, Jean Paul Rouve surprend avec sobriété dans un rôle à contre-emploi de romancier contrarié mais subitement inspiré par un fait divers macabre simulé en suicide. Modérément touchant et discrètement amoureux d'une femme subitement balayée par la mort, il reconstruit peu à peu le puzzle écorné de sa nouvelle Marilyn pour finalement découvrir un semblant de relation interposée. Sans fioriture, Sophie Quinton irradie l'écran de sa physionomie lascive pour émailler les campagnes publicitaires auquel elle doit user de sa suavité pour convaincre la société de consommation. Et en particulier la gente masculine fascinée par ses formes charnelles et son pouvoir érotique sensiblement aguichant. Sa présence féminine d'une beauté épurée hors norme insuffle au fil du récit une aura irrationnelle délicatement souple et envoûtante. Le spectateur rendu transi n'étant pas prêt d'oublier le talent de cette actrice néophyte au potentiel naturel !


Lestement mis en scène dans une chimère romanesque inimitable, Poupoupidou est un poème en demi-teinte. Aussi frais, éthéré, drôle, angélique et passionné que lugubre, nonchalant, touchant et tragique dans le rêve insoluble que se partagent David et Candice. Par l'hypocrisie, la cupidité des hommes et la providence d'un hasard inéquitable, leur frêle destin s'édifie en conte désenchanté inscrit dans l'élégie. La désillusion fatale de deux êtres candides séparés par la mort mais dont leur liaison sous-jacente va finalement se convertir au travers d'une lettre de compassion. Poupoupidou étant finalement l'histoire fragile d'une princesse incomprise par qui la célébrité orgueilleuse aura tout détruit. On s'extrait de l'esprit de Candice bouleversé et hanté par sa stature de nouvelle Marilyn destinée à répéter sa légende brocardée.

Dédicace à Damval Dulac.
02.11.11
Bruno Matéï



mardi 1 novembre 2011

Bad Boy Bubby. Prix Spécial du Jury à Venise 1993.


de Rolf De Heer. 1993. Australie/italie. 1h52. Avec Nicholas Hope, Claire Benito, Ralph Cotterill, Carmel Johnson, Syd Brisbane, Nikki Price, Norman Kaye, Paul Philpot, Peter Monaghan, Natalie Carr.

Sortie en salles en France le 1 novembre 1995. U.S: 26 Avril 2005

FILMOGRAPHIE: Rolf De Heer est un réalisateur, producteur, scénariste et compositeur australien d'origine néerlandaise, né le 4 Mai 1951 à Heemskerk (Pays-Bas). 1984: Sur les ailes du tigre. 1988: Encounter at Raven's Gate. 1991: Dingo. 1993: Bad Boy Bubby. 1996: La Chambre Tranquille. 1997: Epsilon. 1999: Dance me to My Song. 2001: Le Vieux qui lisait des romans d'amour. 2002: The Tracker. 2003: Le Projet d'Alexandra. 2006: 10 canoës, 150 lances et 3 épouses.


En 1995 sort dans une quasi indifférence un long métrage australien d'un réalisateur d'origine néerlandaise. Inondé de récompenses dans divers festivals internationaux, Bad Boy Bubby va rapidement gagner au fil du bouche à oreille un statut d'ovni hybride, dérangeant, beau et sordide à la fois, auquel l'humanisme candide de son protagoniste ébranla son public féru d'anticonformisme. 
Le PitchBubby est un homme de 35 ans vivant reclus comme un animal dans son foyer familial parmi l'autorité d'une mégère incestueuse. Emprisonné, maltraité et rendu esclave, il est acculé à y rester cloîtré en compagnie d'un chat de gouttière. Un jour, jalousé des retrouvailles inespérées avec son père alcoolique, il décide de se rebeller et franchir les extérieurs industriels de sa bâtisse.


Eprouvant, profondément malsain et dérangeant, la première demi-heure de Bad Boy Bubby rivalise de déviance à travers son environnement restreint d'un foyer insalubre, là où quelques cafards jonchent le sol parmi la présence d'un chat séquestré dans une cage. Quant à la mère de Bubby, tortionnaire  perverse ventripotente, elle abuse sexuellement de son rejeton inculte en lui imposant la journée de rester assis sur une chaise durant ses absences prolongées. Parfois même, elle lui pratique l'étouffement en lui bouchant la bouche et le nez de manière somme toute tranquille ! Pour sortir de sa baraque, elle se déplace en ville à l'aide d'un masque à gaz afin de feindre à son fils que la vie urbaine est empoisonnée à proximité des bâtiments industriels. Abruti par une existence sans compassion, sans amour et surtout sans notion de Bien et de Mal, Bubby perdure son ennui alors que son seul loisir est d'asphyxier un chat domestique en guise de curiosité morbide. Sur ce point, ces séquences dérangeantes extrêmement crues et choquantes sont d'un réalisme épeurant au point de s'interroger s'il s'agit d'un véritable chat volontairement maltraité afin de mieux nous ébranler ! C'est avec l'arrivée inopinée de son père alcoolique que Bubby décide de s'extérioriser en adoptant son attitude de débauche sexuelle auprès de sa mère. Spoil ! Ainsi, après les avoir étouffé durant leur sommeil par vengeance, Bubby découvre enfin le nouveau monde urbain tant redouté ! Fin du Spoil.


Par conséquent, après nous avoir fait vivre dans un souci documentaire (comparable au climat ombrageux et dépressif de Eraserhead de Lynch) le sordide quotidien d'un homme réduit à l'état primitif, le réalisateur nous dirige lentement vers sa quête initiatique. Il d'agit donc d'illustrer le profil d'un quidam arriéré (comparable au monstre de Frankenstein de par son ignorance et sa pudeur déficiente) rencontrant au hasard des rues la jungle de marginaux, d'intégristes, d'artistes bénévoles et de handicapés dystrophiés. Durant ce parcours d'un homme autrefois refoulé et molesté, Rolf De Heer filme donc de façon corrosive le portrait poignant d'un être esseulé perdu au milieu d'une cité urbaine où les citadins occupent leur temps à chercher un intérêt métaphysique à leur existence. A la manière d'un poème illustrant de manière décalée l'absurdité de l'existence humaine, Bad Boy Bubby se décline en magnifique récit initiatique vers le chemin de la raison et de la rédemption. En fustigeant la religion responsable du fondamentalisme, le film est également un hymne à la liberté la plus autonome ainsi qu'à l'épanouissement de l'amour. Dans celui du clochard fasciné par les merveilles du monde, Nicholas Hope époustoufle par son jeu naturel d'un regard empli d'innocence. Durant son cheminement fantasque, il cristallise donc un message de tolérance pour le droit à la différence, une fraternité pour la condition des exclus et aussi une quête identitaire pour l'accomplissement de sa postérité.


Choquant, déstabilisant, glauque, voir malsain lors de sa première partie effrontée, le film de Rolf De Heer adopte une mise en scène singulière inscrite dans la crudité pour y dépeindre avec sensibilité un univers aliénant et débauché. Caustique, désincarné, débridé, poétique, drôle et profondément bouleversant, de par l'interprétation fébrile d'un acteur au jeu infantile, Bad Boy Bubby est un ovni anti-conformiste transcendant le portrait d'un homme chrysalide car découvrant peu à peu les nouveaux repères de son existence. Un chef-d'oeuvre dédié aux laissés pour compte, aux marginaux et aux athées ainsi qu'une déclaration d'amour à la banalité de notre existence inscrite dans le moment présent. 

Dédicace à Isabelle et Eugène Rocton, et Philippe Blanc.
*Bruno Matéï
01.11.11.

Récompenses: Prix Spécial du Jury à la Mostra de Venise en 1993.
Prix du Meilleur Réalisateurmeilleur scénariomeilleur montage et meilleur acteur pour Nicholas Hope lors des Australian Film Institute Awards en 1994.
Prix du Meilleur Film, Meilleur Acteur, Meilleure Mise en scène au Festival du film de Seattle en 1994.
Prix du Public, Prix RFM, Prix des Etudiants, Prix Spécial du Jury au Festival d'action et d'Aventures de Valenciennes en 1995.
Prix Très Spécial à Paris en 1995

Rolf De Heer



lundi 31 octobre 2011

2019, Après la chute de New-York / 2019 - Dopo la caduta di New York / 2019, After the fall of New-York


de Sergio Martino. 1983. Italie. 1h36. Avec Michael Sopkiw, Valentine Monnier, Anna Kanakis, George Eastman, Roman Geer, Vincent Scalondro, Haruhiko Yamanouchi, Edmund Purdom, Louis Ecclesia.

Sortie salles France: 11 Janvier 1984.

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Sergio Martino est un réalisateur, producteur et scénariste italien né le 19 Juillet 1938 à Rome (Italie). 1970: l'Amérique à nu. Arizona se déchaine. 1971: l'Etrange vice de Mme Wardh. La Queue du Scorpion. l'Alliance Invisible. 1973: Mademoiselle Cuisses longues. 1973: Torso. 1975: Le Parfum du Diable. 1977: Mannaja, l'homme à la hache. 1978: La Montagne du Dieu Cannibale. 1979: Le Continent des Hommes poissons. Le Grand Alligator. 1982: Crimes au cimetière étrusque. 1983: 2019, Après la Chute de New-York. 1986: Atomic Cyborg. 1989: Casablanca Express. 1990: Mal d'Africa. Sulle tracce del condor.


En 1981 se bousculent dans les salles Mad Max 2 et New-York 1997, deux oeuvres charnières de la science-fiction post-apo. Ainsi, nos voisins transalpins vont promptement exploiter le filon afin de surenchérir une frénésie homérique inspirée de la bande dessinée et du western spaghetti. Deux ans après les modèles de Miller et Carpenter le réalisateur Sergio Martino (responsable de quelques classiques parmi lesquels Torso, la Queue du Scorpion, Mannaja ou encore le Continent des Hommes poissons) s'entreprend donc de livrer sa version belliqueuse du post-nuke. Or, d'autres cinéastes cupides vont notamment dévoiler leur avatar au travers de productions à maigre budget aussi improbables que le Gladiateur du futur, les Guerriers du Bronx ou les Nouveaux Barbares pour citer les plus illustres. 
Synopsis: En 2019, notre monde est ravagé par une apocalypse nucléaire causant la stérilité des dernières femmes. Les Euraks, une armée téméraire infiltrée dans les zones à risques est déployée pour prendre en chasse les quelques survivants irradiés afin de les étudier pour une éventuelle reproduction de l'humanité. Un président américain exilé en Alaska fait appel au mercenaire Parsifal pour tenter de retrouver la dernière femme fertile. Pour ce faire, il s'épaule de deux briscards aussi pugnaces afin d'amorcer leur mission à haut risque dans les vestiges New-yorkais !


Erigé sous le moule de la série Z (involontairement) pittoresque, faute d'un budget en berne et d'acteurs chauvins à la trogne risible, 2019, après la chute de New-York peut sans conteste se targuer d'être le meilleur ersatz rital de ces classiques susnommés. Car grâce à l'habileté honorable d'un petit maître du Bis à la carrière loin d'être négligeable, cette bisserie intrépide transcende ses flagrants défauts de par la fertilité des séquences d'action aux péripéties particulièrement pétulantes. A travers la posture gogo de ces héros en mal de reconnaissance, 2019 après la chute de New-York puise son charme auprès de son décorum décharné de carton pâte et via ses figures grotesques irrésistiblement attachantes. Tant auprès des figurants à la gueule tuméfiée d'une radiation nucléaire, du braconnier chinois adepte du fouet, de l'homme singe à l'épiderme volumineux (inénarrable George Eastman en Sinbad déficient !), du borgne humanoïde affublé d'un lasso métallique relié par trois billes d'acier, du preux mercenaire apte à se sacrifier pour contre-carrer l'ennemi, du valeureux nabot prêt à s'éventrer pour sauvegarder la vie de ses pairs que d'une femme esclave chérissant le coeur du héros mad-maxien.


Dès le préambule, une aura mélancolique plane sur l'horizon diaphane du New-York azur sur un air musical de trompettiste. Sergio Martino soignant son univers aride d'apocalypse parmi l'appui d'une voix-off monocorde nous énonçant brièvement la situation alarmiste d'une cause radioactive. Après une mémorable course poursuite (auto-tamponneuse) véhiculée par des gladiateurs sur leurs bolides blindés, la trame reprend ensuite le canevas de New-York 1997 si bien qu'un héros anarchiste, bellâtre mais inexpressif, est contraint de parfaire une mission sous la houlette d'un chef d'état sournois. Grâce à la bonhomie de nos mercenaires à la fois rétrogrades et extravagants (le nain sauteur Kirke est devenu chez certains amateurs une icône impayable dans sa fonction amiteuse), à son action en roue libre inspirée de la BD destroy et au dynamisme du montage, l'aventure dystopique redouble de générosité lors des rencontres aléatoires avec des belligérants en instance de survie. Quelques séquences gores typiquement italiennes à travers leur audace racoleuse vont également animer certaines péripéties instaurées sous le dédale d'égouts new-yorkais. Ainsi, si l'aventure échevelée s'avère tant jubilatoire pour le fan de délire pour rire, c'est aussi grâce à la drôlerie (involontaire) des réparties énoncées avec un sérieux infaillible. Enfin, le côté tapageur de sa bande-son stridente (à l'instar du bruitage des armes à feu et des coups de poing fracassants typiques chez le ciné rital !) est saturé du score entraînant des frères Guido et Maurizio De Angelis particulièrement inspirés à dynamiser les confrontations bellicistes à perdre haleine.    


Les nains aussi ont commencé petit !
Efficacement troussé et nerveusement mis en scène sous le pivot d'une "pochette-surprise" narrative, 2019... idéalise le pur divertissement décomplexé. Un miracle de ringardise palliant ses moyens précaires de par son savoir-faire aussi inspiré qu'avisé et l'attachante complicité des comédiens cabotins se prêtant au jeu autoritaire avec une fois inébranlable. Sans prétention (malgré les apparences du plagiat), loufoque, débridé et généreux en diable auprès de ses portraits hauts en couleur de marginaux décadents déambulant au sein d'une scénographie rutilante (notamment l'exploitation de ses décors urbains envoûtants)2019, après la chute de New-York demeure le meilleur succédané de Mad-Max derrière son irrésistible facture Z typiquement latine. Reste une question improbable en guise de conclusion identitaire : "Est-ce une faute grave d'être un nain ?!"

* Bruno
01.01.19. 7èx
31.10.11.

Sergio Martino

jeudi 27 octobre 2011

La Nuit des Masques / Halloween. Grand Prix de la Critique à Avoriaz 1979.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site boxofficestory.com

"Halloween" de John Carpenter. 1978. U.S.A. 1h31. Avec Donald Pleasance, Jamie Lee Curtis, Nancy Kyes, P.J. Soles, Charles Cyphers, Kyle Richards, Brian Andrews, John Michael Graham, Nancy Stephens, Arthur Malet.

Sortie salles France le 14 Mars 1979 (Int - 18 ans). U.S: 25 Octobre 1978.

FILMOGRAPHIE: John Howard Carpenter est un réalisateur, acteur, scénariste, monteur, compositeur et producteur de film américain né le 16 janvier 1948 à Carthage (État de New York, États-Unis). 1974 : Dark Star 1976 : Assaut 1978 : Halloween, la nuit des masques 1980 : Fog 1981 : New York 1997 1982 :The Thing 1983 : Christine 1984 : Starman 1986 : Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin 1987 : Prince des ténèbres 1988 : Invasion Los Angeles 1992 : Les Aventures d'un homme invisible, 1995 : L'Antre de la folie 1995 : Le Village des damnés 1996 : Los Angeles 2013 1998 : Vampires 2001 : Ghosts of Mars 2010 : The Ward


Après ses 1ers essais Dark Star (74) et Assaut (76), le jeune réalisateur John Carpenter est postulé par les producteurs indépendants Irwin Yablans et Moustapha Akkad pour travailler un scénario basé sur un psychopathe s'en prenant aux babysitters d'une bourgade des Etats-Unis. D'abord intitulé The Babysitter Murders, John Carpenter et sa petite amie de l'époque, Debra Hill, confectionnent leur script mais décident d'en modifier le titre pour le rapprocher à la fête d'Halloween, période de la toussaint où se déroule l'action du film. Avec un faible budget de 325 000 dollars et un tournage de 21 jours débuté au printemps 1978 sous le soleil de Californie, Halloween remporte un joli succès au box-office par simple effet de bouche à oreille. Même si les critiques de l'époque ne sont pas tendres avec ce petit métrage horrifique d'un metteur en scène méconnu, Halloween engendre finalement plus de 176 000 000 dollars (dont 47 000 000 rien qu'aux Etats-Unis) à travers le monde. Il devient alors le film indépendant le plus rentable de l'histoire du cinéma. En France, le film totalise au box-office le maigre score de 283 934 entrées. C'est au fil des années que ce chef-d'oeuvre indétrônable va gagner sa célèbre notoriété de classique immuable. Haddonfield, Illinois, 1963. Durant une nuit d'Halloween et pendant l'absence de ses parents, le jeune Michael Myers assassine sa soeur Judith. Quelques heures plus tard, les parents rentrés d'une soirée festive aperçoivent au seuil de la maison leur fils affublé d'un déguisement et d'un couteau de cuisine ensanglanté. 15 ans plus tard, un autre soir d'Halloween, le tueur juvénile emprisonné dans un asile psychiatrique parvient à s'évader pour rejoindre sa ville et accomplir de nouveaux méfaits. Le Dr Loomis, obsédé à l'idée de le capturer, se rend sur les lieux mêmes du sinistre évènement commis à Haddonfield. Pendant ce temps, de jeunes babysitters préparent les festivités d'Halloween. 
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En 1978, à l'orée d'une carrière notoire, le jeune John Carpenter (alors âgé de 30 ans) révolutionne le cinéma d'horreur moderne et va littéralement transcender le genre codifié du slasher entamé 4 ans au préalable avec Black Christmas de Bob Clark. Avec peu de moyens, un maigre script et la présence de comédiens inconnus (en dehors de Donald Pleasance), le metteur en scène s'implique de façon méthodique à suggérer la présence fantomatique d'un tueur accoutré d'un masque et jouant à cache-cache avec des babysitters pour distiller la peur. De cette trame linéaire, Halloween puise sa puissance émotionnelle et son angoisse anxiogène par la genèse d'une ambiance ombrageuse au pouvoir hypnotique. La musique entêtante, quasi omniprésente, s'imprégnant considérablement de son univers nocturne auquel Michael Myers est devenu le maître des lieux. Sa silhouette spectrale à peine dévoilée, son ombre maléfique effleurant les murs, la raideur de sa posture inquiétante planent dans chaque recoin des pavillons environnants. Une présence hostile sous-jacente pouvant s'éclipser à n'importe quelle pièce de notre foyer sécurisant. Avec le décor paisible d'une bourgade des Etats-Unis épargnée de parents, John Carpenter façonne un climat anxiogène autour de trois jeunes babysitters fricotant avec leur petit ami de passage. Seule, la ravissante Laurie, demi-soeur adoptée par la famille Strode, occupe son célibat et son ennui auprès de la garde de deux bambins fascinés par la fête d'Halloween. A ce sujet, cette fameuse fête religieuse celte originaire des îles Britanniques va également participer au caractère mystique mais aussi caustique (par l'omniprésence emblématique de citrouilles confectionnées par les bambins) de l'entité diabolique. Un croque-mitaine redouté enfoui dans nos peurs enfantines, une entité maléfique symbolisée par Michael Myers, fantôme impassible au regard neutre, à la posture rigide et machinale.


En l'occurrence, l'ambition horrifique de John Carpenter n'est pas de nous foutre la trouille avec nombre d'effets sanguinolents que Vendredi 13 et consorts iront complaisamment exploiter deux ans plus tard. A contrario, pas une once d'hémoglobine à l'horizon, pas d'effets de sursaut de polichinelle mais une subtile mise en attente de la peur, un suspense diffus afin de mieux décupler une angoisse tangible, suintante dans l'atmosphère. C'est à dire jouer lestement avec les nerfs du spectateur en retardant au maximum l'effet meurtrier si redouté. Et quand la mort sans visage frappe, elle se révèle brusquement inopinée, brutale et sans fioriture. Niveau distribution, l'intelligence de Carpenter est aussi d'avoir su exploiter de jeunes actrices au comportement raisonné et logique, jamais puériles donc afin d'exacerber chaque situation de danger. Quand bien même la novice Jamie Lee Curtis  immortalise son rôle de babysitter tourmentée et traquée avec un naturel frugale dans l'art d'exprimer ses angoisses terrifiées. Enfin, le jeu paranoïaque de Donald Pleasance fait à chaque fois illusion dans celui du docteur anachronique fouinant le quartier tel un détective malhabile.


The Babysitter Murders
Voilà ce que symbolise à mon sens l'horreur moderne d'Halloween, chef-d'oeuvre du psycho-killer éludé d'esbroufe car entièrement façonné pour jouer avec nos peurs infantiles (le fantôme imperceptible tapi dans l'ombre de n'importe quel recoin !) et utilisant l'effet de suggestion pour mieux contrecarrer son maigre budget. La puissance de la mise en scène géométrique, son tempo musical métronomique et sa grande efficacité auront réussi à immortaliser l'emblème du boogeyman, Michael Myers.

*Bruno
Dédicace à Gérald Giacomini.
14.10.22
27.10.11


mercredi 26 octobre 2011

X Men, le Commencement / X Men: First class


de Matthew Vaughn. 2011. U.S.A. 2h11. Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Rose Byrne, Nicholas Hoult, Jennifer Lawrence, January Jones, Kevin Bacon, Zoe Kravitz, Oliver Platt, Jason Flemyng.

Sortie en salles en France le 01 Juin 2011. U.S: 03 Juin 2011

FILMOGRAPHIE: Matthew Vaughn est un réalisateur, producteur et scénariste anglais, né le 7 Mars 1971 à Londres.
2004: Layer Cake.
2007: Stardust, le mystère de l'Etoile
2010: Kick-Ass
2011: X Men: First Class


Préquelle de la trilogie des X Men après deux essais concluants concoctés par Brian Singer et un raté discrédité par Brett Ratner, Matthew Vaughn s'implique à transcender les personnages créés par Stan Lee et Jack Kirby, juste après nous avoir prodigué un bain de jouvence désinhibé avec l'équipée subversive de Kick-AssCharles Xavier et Erik Lenshere sont des mutants doués de pouvoirs surhumains depuis leur plus jeune âge. Ils vont devoir s'allier avec d'autres individus tout aussi exceptionnels pour créer la ligue des X mens afin de s'opposer à Sebastian Shaw, un médecin également doté de pouvoirs paranormaux et leader d'un trio de mutants mais délibéré à provoquer une 3è guerre mondiale entre la Russie et les Etats-Unis à l'aide de missiles nucléaires dissimulés à Cuba. Une lutte sans merci s'engage entre les deux clans rivaux au péril du devenir de l'humanité. 

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X men, le commencement débute sa trame de manière cafardeuse dans son atmosphère belliqueuse nous rappelant la triste époque de l'Allemagne nazie. Ce superbe préambule acerbe s'emploie à nous dépeindre de manière réaliste le profil déchu du jeune garçon Erick Lenshere, contraint par son pouvoir mental de déplacer une pièce de monnaie apposée sur un bureau, mais témoin de l'assassinat de sa mère décrété par l'ignoble Dr Schmidt, faute de n'avoir pu cristalliser devant ce tortionnaire son talent surnaturel. Cette séquence dramatique déployant de manière démonstrative et en guise vindicative les fameux pouvoirs octroyés à Erick nous immerge dans son esprit offensé par le deuil familial et sa capacité physique à annihiler la matière par la force d'une pensée uniquement furieuse.
C'est ensuite quelques années plus tard, en 1962, que l'on retrouve notre héros dans la peau d'un traqueur de nazi, plus déterminé que jamais à retrouver les traces de son meurtrier orgueilleux. Au même moment, il va faire la rencontre du télépathe Charles Xavier, déjà affilié avec une jeune mutante du nom de Raven, rencontrée par effraction dans sa cuisine. Au fil de leur cheminement et de leur compromis, ils vont également s'affilier avec de jeunes recrus doués de phénomènes tout aussi improbables pour faire face à la coalition de Shaw et ses disciples arrogants. Des mutants engagés dans une éthique nihiliste pour entamer l'avènement d'une troisième guerre mondiale par l'entremise de missiles nucléaires déployés entre les Etats-Unis et l'URSS. Leur cynique ambition est alors résolue à décimer la démographie humaine pour devenir les maîtres d'un nouveau monde érigé par les Homo superior (nom scientifique des mutants dans l'univers des Marvel Comics).


Dans une mise en scène assidue d'une impressionnante virtuosité technique et formelle pour l'élaboration d'FX prodigieux et d'une architecture épurée, émaillée de décors classieux, Matthew Vaughn réussit personnellement à s'approprier de l'univers des X men pour les renouveler dans une mise en forme adulte d'une tempérante conviction. En dehors d'une intrigue rondement menée ne laissant que peu de répit au spectateur facilement immergé dans l'aventure trépidante, sa réussite prégnante et surtout privilégiée par la densité humaine de ses protagonistes, superbement dessinés et à la personnalité distincte parfois équivoque pour certains d'entre eux. Si tous les interprètes se révèlent parfaitement probants dans leur prestance héroïque dévoilant communément des pouvoirs surnaturels fascinants et singuliers (l'entrainement physique est un ludique exemple de leur persévérance tour à tour décuplée), l'importance substantielle des personnages clefs est largement exacerbée par deux acteurs remarquables au charisme dépouillé. La présence mature de James McAvoy dans celui de Xavier, leader télépathe diplomate enrôlé dans une doctrine pacifiste et de Michael Fassbender, Erick, le vengeur inflexible déprécié par ses états d'âmes rancuniers, davantage corrompu par sa devise meurtrière, participent pour beaucoup au caractère convaincant des enjeux encourus et à leurs exactions coordonnées pour se mesurer face à Sébastian Shaw. C'est Kevin Bacon qui s'alloue d'endosser un être mégalomane et opportuniste avide de pouvoir et notoriété. Il excelle dans son talent inné à composer un personnage délétère déployant ses funèbres ambitions grâce à sa faculté d'absorber sans vergogne l'énergie de ses antagonistes.


Sous ses travers de film d'action spectaculaire tributaire d'une narration remarquablement structurée en déployant intelligemment quelques inventifs moments d'anthologie tous plus cinglants les uns que les autres, X men, le Commencement tend à susciter une certaine réflexion sous le profil galvaudé d'Erick. Sur sa rancune engagée dans la vengeance froide et la quête du pouvoir sournoisement influencé vers l'alchimie du Mal. Sur la dualité universelle du choix inhérent de notre voie interne scindée entre le Bien et le Mal, à l'image métaphorique du syndrome de Jekyll et HydePar le personnage de Henry McCoy / Le Fauve reniant ses origines et sa difformité, c'est aussi un message de tolérance pour le droit à la différence et l'acceptation de soi, sur la faculté de pouvoir refréner ses doutes et ses craintes qui nous est illustré afin de mieux s'affirmer dans une société égoïste et conformiste. Scandé de façon subtilement épique d'un score musical intense fignolé par Henry Jackman, X men, le Commencement est un spectacle grandiose teinté de lyrisme dans sa densité psychologique qui rend honneur et sacralise le mythe souverain du super-héros répudié. 

Dédicace à Luke Mars (spécialiste de l'esprit Marvel Comics. Voir ci-dessous).
http://darkdeadlydreamer.blogspot.com/2011/10/x-men-first-class-de-matthew-vaughn.html

26.10.11
Bruno Matéï


vendredi 21 octobre 2011

Territoires. Prix du Meilleur Thriller, BIFF 2010.


de Olivier Abbou. 2010. France/Canada. 1h35. Avec Roc LaFortune, Sean Devine, Nicole Leroux, Cristina Rosato, Michael Mando, Alex Weiner, Stephen Shellen, Tim Rozon.

Sortie en salles en France le 8 Juin 2011. 

FILMOGRAPHIE: Olivier Abbou est un réalisateur et scénariste français, né le 21 Mars 1973 à Colmar. 1997: Un jour de plus. 1999: Clin d'oeil. 2000: Le Tombeur. 2003: Manon. 2007: Madame Hollywood (série TV). 2010: Territoires. 2011: Yes, we can ! (télé-film).

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"Pour moi, la vie c'est apprendre à mourir, c'est ce que la hache représente. Il faut savoir trancher les liens qui nous retiennent à la vie avant que la mort nous y oblige."
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Récompensé à Bruxelles mais passé inaperçu lors de sa discrète sortie en salles, le premier long-métrage du français Olivier Abbou est un électro-choc comme on en endure rarement dans l'hexagone. Car effroyablement dérangeant, âpre et oppressant, cette descente aux enfers jusqu'au-boutiste stigmatise les pratiques barbares d'une Amérique paranoïaque et xénophobe, adepte de la torture pour déprécier ses présumés coupables du terrorisme post 11 Septembre. Le pitchAprès avoir assisté à un mariage familial au Canada, un groupe d'amis s'engage dans une route forestière des Etats-Unis pour rejoindre leur bercail. Au milieu d'un sentier, deux douaniers en service leur décrète de stopper leur véhicule pour présenter leur papier. Les cinq individus d'origine étrangère sont rapidement accusés de terrorisme et vont vivre la plus cauchemardesque des situations faite d'humiliations et de sévices corporels. Au premier abord, Territoires a tout du traditionnel tortur'porn agencé au survival lorsque cinq modestes citadins se retrouvent séquestrés, humiliés et torturés par deux bouseux, anciens soldats de la guerre du Golfe ayant exercer des interrogatoires drastiques sur des prisonniers islamistes du camp de Guatanamo. Ce qui frappe d'emblée à la vue de ce shocker très éprouvant, c'est son réalisme insupportable émanant de situations toutes plus humiliantes les unes que les autres, ainsi que la qualité indéniable du casting tout en sobriété.
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En prime, pour une première réalisation, Olivier Abbou s'alloue d'une étonnante maîtrise technique de par le maniement d'une caméra plongée au coeur d'une forêt clairsemée. La photographie désaturée et blafarde au grain prononcé va également alimenter son sentiment anxiogène et suffocant proche du malaise pour saisir le spectateur. De manière inspiré et rigoureuse, le réalisateur illustre donc avec verdeur le calvaire quotidien d'une poignée d'innocents en situation de claustration. Constamment interrogés par deux tyrans extrémistes, les humiliations récurrentes de tortures physiques mais surtout psychologiques infligées sur eux nous entraînent au coeur d'un enfer bien réel. Car à travers ce kidnapping d'aimables quidams, faute de leur physique basané, Olivier Abbou établit un parallèle avec les conditions de vie de prisonniers islamistes accusés de terrorisme et envoyés dans le camp de Guantanamo. Une base navale du sud-ouest de Cuba justifiée par le président George W. Bush où des sévices barbares leur ont été administrés par des soldats américains vindicatifs, orduriers, pour ne pas dire cyniques. Si bien que leurs aveux forcés furent souvent confessés sous la contrainte d'une violence aussi sordide qu'intolérable. Ainsi, à travers le portrait dérisoire de ces deux rednecks esseulés au fin fond d'une Amérique profonde,  l'écho d'un climat insécuritaire de tout un pays effrayé par sa paranoïa collective s'y avère tacite après que les attentats du 11 septembre frappèrent de plein fouet leur activité économique.


C'est en priorité ce sous-texte politique implacable qui exacerbe le réalisme brutal de sa narration. Un drame frigide où l'horreur inhumaine déploie toute son arrogance et sa rancune à daigner asséner sa haine raciale sur des quidams de nationalité étrangère accoutrées d'une combinaison orange. Ainsi donc, ce huis-clos de terreur infatigable nous place dans une situation si inconfortable qu'elle semble nous infliger viscéralement la même souffrance psychologique tolérée aux victimes. Quand bien même la dernière demi-heure s'octroie d'un revirement inopiné auprès de l'intrusion d'un détective privé addicte à la drogue dure suite au décès de sa fille. L'ambiance diaphane s'avère subitement plus étrange et insolite à travers ce nouveau protagoniste indemnisé pour retrouver nos héros réduits à l'état animal. Spoiler !!! Sur fond de philosophie indienne, la destinée de nos protagonistes semble tracé dans un irrémédiable no man's land et l'épilogue rebutant risque sévèrement d'en déconcerter plus d'un tant il nous laisse amèrement sur le bas côté de la chaussée. Fin du Spoil
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Martyrs.
Solidement interprété sans fioriture, réalisé avec intelligence et d'un épouvantable nihilisme, Territoires demeure un suspense péniblement oppressant de par son intensité abrupte, autant qu'un drame désespéré d'une efficacité implacable. Sa conclusion réfutant le potentiel happy end salvateur  enfonçant un peu plus le clou dans les cimes du pessimisme si bien que le spectateur y laissera des séquelles morales sitôt le générique de fin ! Oeuvre choc remarquable d'humilité empathique pour les suspects présumés, Territoires transcende le genre horrifique avec un réalisme proche du documentaire.

Récompense: Prix du Meilleur Thriller au BIFF de Bruxelles en 2010.

21.10.11
Bruno 

Note (info wilkipedia):
Le camp de Guantanamo se trouve sur la base navale de la baie de guantanamo dans le sud-est de Cuba. Dans ce centre de détention militaire de haute sécurité, sont détenues des personnes qualifiées de "combattant illégal", capturées par l'armée américaine dans les différentes opérations qu'elle mène à l'étranger (Afghanistan, Irak, etc.) contre des millitants et "terroristes islamistes". Le choix de ce centre situé à Cuba sur une base militaire américaine a été justifié par le président George W. Bush afin de fonder juridiquement la décision de refuser de soumettre les détenus au système judiciaire fédéral américain, prenant appui sur l'extra-territorialité de la base.

Le 16 nomvembre 2008, Barack Obama, alors président-élu, a confirmé son intention de fermer le camp. Mais cette fermeture pose en particulier des problèmes de nature juridique comme le fait que des aveux ont été obtenus "sous contrainte", créant ainsi un vice de procédure, ce qui pourrait conduire la justice américaine à libérer des condamnés, dont au moins un, Khalid Cheikh Mohammed, a été jugé responsable des attentats du 11 septembre 2001. Le 22 Janvier 2009, Obama a signé un décret présidentiel ordonnant la fermeture du camp dans un délai d'un an. La prison de heute sécurité de la petite ville de Thomson dans l'Illinois, construite en 2001, mais dont les 2800 cellules ne sont pas toutes remplies, va être achetée par l'Etat fédéral. De nombreuses difficultés, tant politiques qu'administratives et juridiques, entravent la réalisation de la fermeture du camp de Guantanamo qui compte toujours 176 prisonniers en août 2010.