mercredi 4 février 2015

L'HOMME QUI RETRECIT (The Incredible Shrinking Man)

                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmsduparadoxe.com

de Jack Arnold. 1957. U.S.A. 1h21. Avec Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton, Raymond Bailey, William Schallert.

Sortie salles France: 17 Mai 1957. U.S: Avril 1957

Récompenses: Prix Hugo du meilleur film en 1958.

FILMOGRAPHIE: Jack Arnold est un réalisateur américain, né le 14 Octobre 1916, décédé le 17 Mars 1992.
1950: With These Hands. 1953: Le Crime de la semaine. 1953: Filles dans la nuit. 1953: Le Météore de la nuit. 1954: l'Etrange Créature du lac noir. 1955: La Revanche de la créature. 1955: Tornade sur la ville. 1955: Tarantula. 1955: Crépuscule Sanglant. 1956: Faux Monnayeurs. 1957: l'Homme qui Rétrécit. 1957: Le Salaire du Diable. 1958: Le Monstre des abîmes. 1958: Madame et son pilote. 1959: Une Balle signé X. 1960: La Souris qui rugissait. 1961: l'Américaine et l'amour. 1964: Pleins phares. 1969: Hello Down There. 1975: The Swiss Conspiracy.


Grand classique de la science-fiction au pouvoir de fascination prégnant, à l'instar du Voyage Fantastique de Richard Fleischer, L'Homme qui Rétrécit relate les vicissitudes de Scott Carey, un homme subitement atteint de miniaturisation après avoir été incidemment aspergé d'un pesticide et après être passé sous un nuage radioactif en mer. Ayant effectué divers examens pour se rassurer, les médecins impuissants n'ont aucun recours pour le soigner. Confiné dans une maison miniature que son épouse a aménagé à l'intérieur de leur foyer, Scott finit par rencontrer l'hostilité du chat, faute de son rétrécissement régressif, et se retrouve coincé dans la cave après leur altercation. Destiné à survivre dans ce gigantesque endroit caverneux, il va tenter par tous les moyens de regagner l'issue de secours pour alerter son épouse, et en dépit de sa dégénérescence physique. 


Film d'aventures fertile en rebondissements et redoutablement efficace dans sa succession de revirements cauchemardesques, (l'inondation dans la cave, l'escalade des escaliers, le piège à rat, puis les affrontements périlleux entrepris avec un chat ou une araignée rendus géants sous les yeux du héros), L'Homme qui rétrécit redouble d'intensité et de réalisme face à son concept délirant de miniaturisation humaine. A l'aide d'effets spéciaux simplistes mais souvent adroits et parfois très impressionnants, le film réussit à alterner l'amusement et l'inquiétude exponentielle lorsque le héros, toujours plus petit, est contraint de survivre dans un nouvel environnement qu'il ne reconnait plus. Notamment lorsqu'il est confronté à cette loi du plus fort lorsque la taille de l'ennemi, disproportionnée, profite de sa prétention physique pour mieux écraser le plus faible ! Jouissif en diable par son action trépidante et ses trucages délirants de maquettes grandioses, mais également pessimiste et abrupt dans le cheminement désespéré du héros toujours plus infime, l'Homme qui Rétrécit amène une réflexion spirituelle sur notre place dans l'univers lorsqu'un nouveau monde s'ouvre à nous. Par le courage, la persévérance et le dépassement de soi d'affronter des épreuves de survie, notre héros finit pas accepter son destin dans sa condition infinitésimale, avec comme éthique existentielle que l'incroyablement petit et l'incroyablement grand sont étroitement liés au cercle de l'infini.  


Chef-d'oeuvre écolo fustigeant les dangers de la radioactivité et celle de la pollution, plaidoirie pour le droit à la différence, réflexion métaphysique sur notre poste dans l'univers, l'Homme qui Rétrécit épouse autant la carte du divertissement roublard à travers ces morceaux d'anthologie aussi réalistes qu'intenses, et auprès de la dimension humaine du héros livré à une solitude finalement optimiste (perdurer au-delà du néant par l'infiniment petit !). 

Bruno Matéï
3èx

mardi 3 février 2015

Baron Blood / Baron Vampire /Gli orrori del castello di Norimberga

                                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Wikipedia

de Mario Bava. 1972. Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h38 (Italie) / 1h30 (U.S.A.). Avec Joseph Cotten, Elke Sommer, Massimo Girotti, Rada Rassimov, Antonio Cantafora, Umberto Raho, Luciano Pigozzi.

Sortie salles Italie: 25 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non crédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt et Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Un an après son chef-d'oeuvre la Baie Sanglante, Mario Bava retourne au gothique avec Baron Blood  inspiré de l'Homme au masque de cire et du Fantôme de l'Opéra. Tourné en 5 semaines dans la région d'Autriche, l'intrigue relance les exploits criminels du sinistre Baron Otto Van Kleist depuis qu'un couple osa invoquer des incantations dans son manoir historique par le biais d'un parchemin. Autrefois réputé pour avoir agi comme un tortionnaire sadique auprès des villageois, sa dernière victime, une sorcière, promis de s'y venger avant de périr sur le bûcher. Accueilli par son oncle dans un château prochainement mis aux enchères, Peter Kleist et sa nouvelle compagne Eva Arnold sont les nouveaux témoins des exactions du baron avant d'élaborer une stratégie de défense parmi l'entremise d'une médium. Ce drôle de scénario brassant également certains éléments du Masque du Démon et de la Chambre des Tortures  pâti un peu de situations conventionnelles auprès de la visite guidée des protagonistes et ces poursuites exercées entre le tueur et la victime. 


Non exempt d'incohérence (comment le baron peut-il changer à sa guise d'apparence physique ? N'était-il pas condamné à souffrir sous son visage difforme ?), Mario Bava parvient pourtant à maintenir un suspense sur l'identité du fantôme tout en continuant de fignoler à merveille l'ambiance crépusculaire d'un manoir gothique saturé d'éclairages surréalistes. Passé maître dans l'art d'y transcender une scénographie macabro-sensuelle, le cinéaste montre une fois de plus l'étendue de son talent dans un souci esthétique prégnant. En prime, il est amusant de contempler le faciès vérolé du fameux baron ressemblant à s'y méprendre à une tarte à pizza auprès de sa physionomie génialement putrescente rongée par les siècles de l'âge ! Soutenu d'un score rétro de Stelvio Cipriani typiquement latin, Baron Blood réussit donc à fasciner dans une certaine mesure et à entretenir l'intérêt à travers ce climat funèbre parfois endeuillé de morts brutales car émanant d'instruments de torture (le cercueil garni de pointes acérées faisant son petit effet de répulsion). Et si l'intrigue piétine un tantinet par quelques sautes de rythme vite pardonnables, la bonhomie attachante des personnages, le cheminement délirant du dénouement et surtout l'icone morbide du personnage du Baron permettent de nous distraire dans une facture Bis inhabituelle de la part du maître transalpin car d'un modernisme visuel et expressif aussi audacieux que singulier. 


Indubitablement attachant, ludique et fascinant, tout du moins pour l'amateur éclairé, Baron Blood  dégage un délicieux parfum vintage auprès de son icone torturée et de son architecture alambiquée  quant au château autrichien faisant office de rôle à part entière, car filmé sous toutes les coutures avec un art consommé de l'inventivité baroque. Sans compter sa nature et ce village fantasmatiques (splendide poursuite nocturne nappée de brume) où plane par ailleurs l'entité d'une sorcière crevant l'écran par sa présence transie. A réhabiliter.  

*Bruno
10.02.24. 4èx

lundi 2 février 2015

NIGHT CALL (Nightcrawler)

                                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site utopolis.fr

de Dan Gilroy. 2014. U.S.A. 1h57. Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo, Riz Ahmed, Ann Cusack, Bill Paxton, Kevin Rahm, Kathleen York.

Sortie salles France: 26 Novembre 2014. U.S: 31 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Dan Gilroy est un scénariste et réalisateur américain, né le 24 Juin 1959 à Santa Monica, Californie.
2014: Night Call


Plongée abrupte dans la noirceur de l'âme humaine, Night Call retrace l'ascension fulgurante d'un journaliste néophyte en quête du scoop le plus sordide pour accéder à la notoriété. Habité par la soif de pouvoir et totalement dénué de vergogne, il finit par outrepasser la légalité afin de surpasser la concurrence et concrétiser sa future entreprise. Epaulé d'un jeune stagiaire indécis, il va l'entraîner dans une descente aux enfers au péril de leurs vies ! Thriller poisseux à glacer le sang dans sa thématique axée sur le statut des médias et rehaussé d'une ambiance crépusculaire des plus envoûtantes (toute l'action se déroulant quasiment de nuit !), Night Call redouble de provocations dans sa peinture acide des effets pervers du journalisme avide de sensationnalisme pour entretenir l'audimat et régir leur management.


Dérive meurtrière d'un sociopathe opportuniste dans ses ambitions professionnelles, le film témoigne d'une aura malsaine aussi inconfortable que fascinante lorsqu'il retrace le cheminement nocturne de deux journalistes en herbe contraints de transactionner sur des stratégies illégales afin de remporter le gain le plus juteux. Comme celle de déplacer le corps d'une victime afin d'accéder à un meilleur angle visuel, falsifier des preuves éloquentes sur l'identité de dangereux criminels en liberté, ou encore mettre en danger les vies d'autrui pour mieux privilégier la récompense du scoop faramineux ! Du point de vue de la hiérarchie audiovisuelle, la manipulation et le simulacre sont également de la partie lorsqu'une directrice en perte de vitesse recommande à ses confrères de travestir l'information afin de maintenir le spectateur dans une situation de peur et d'expectative. Par le biais de ces dérives cupides où l'éthique de chacun des témoins est à remettre en cause, et à travers l'objectif d'une caméra complice, la mise en scène de la violence est réajustée sur le principe du "spectacle" pour mieux appâter le voyeurisme des spectateurs. Avec son regard exorbité et son apparence faussement affable, Jake Gyllenhaal vampirise l'écran pour incarner un arriviste habité par le cynisme et le narcissisme. L'intensité de son jeu délétère et la persuasion de son intelligence retorse exacerbant avec trouble émotion la caricature d'un maître-chanteur habité par le Mal.


Les Faucons de la Nuit
Portrait caustique imparti à l'itinéraire licencieux d'un journaliste désaxé, Night Call dresse également le triste constat d'une société opportuniste victime de sa déchéance morale, faute d'une concurrence impitoyable où tous les coups sont permis et d'une inflation de violence urbaine en roue libre. Un thriller intense incroyablement fascinant dans son métissage d'aura de souffre, d'ambiance ténébreuse et d'émotion sardonique ! 

Bruno Matéï

La critique de Ruuffet Nelly
Un thriller haletant qui pousse toujours + loin dans l'exploration des instincts les + bas de la société moderne du "tout tout de suite" où tout est bon pour glaner le meilleur scoop, même s'il faut pour cela travestir les informations ! Ce qui est terrifiant dans ce film, c'est tout particulièrement l'idéologie consumériste exposée au grand jour, incarnée par un Jake Gyllenhaal en forme olympique. Ses yeux semblent lui sortir des orbites et quand il part dans ses discours théoriques on sent son sang se glacer dans nos veines ! Son débit s'accélère, on a l'impression que son visage va exploser de désir, un désir insatiable d'argent et de toujours + d'adrénaline, même s'il en vient par devoir sacrifier son propre collaborateur; les multiples maladresses et hésitations de ce dernier ne le rendent que + attachant, ce qui rend le dénouement encore + cruel ! Un thriller cinglant dont la dernière réplique achève vraiment tant elle est énoncée froidement par cet obsédé de l'image... une obsession qui donne le tournis, tellement qu'elle fait même presque flipper la présentatrice de KWLA, qui en finit elle aussi par adhérer aux discours de ce néophyte ayant grimpé les échelons à une vitesse vertigineuse ! Leur échange de regard dans la pénombre vers la fin du film est vraiment très réussi, presque aucun mot n'est échangé, c'est froid et pourtant on sent l'excitation des 2 reporters. D'ailleurs, comme tu l'as bien noté, l'ambiance crépusculaire du film est géniale, on en oublie presque que quasi tout le film se passe la nuit ! On ne s'ennuie pas une seule seconde, les poursuites en voitures sont démentes mais ça n'entame en rien la fascination malsaine que nous éprouvons à l'égard de Lou Bloom. Notre oeil épouse les mouvements de la caméra, nous devenons un oeil médiatique, voyeur comme les spectateurs des infos choc, mais bien entendu le réalisateur nous envoûte pour mieux nous faire réfléchir sur les travers du culte de l'image

Récompenses:
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (2e place)
National Board of Review Awards 2014 : top 2014 des meilleurs films
National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo (3e place)
New York Film Critics Online Awards 2014 : réalisateur le plus prometteur pour Dan Gilroy
San Diego Film Critics Society Awards 2014 :
Meilleur film
Meilleur réalisateur
Meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal
Meilleur acteur dans un second rôle pour Mark Ruffalo
Meilleure actrice dans un second rôle pour Rene Russo
Meilleur scénario original pour Dan Gilroy
Meilleure photographie pour Robert Elswit
Meilleure musique de film pour James Newton Howard
Vancouver Film Critics Circle Awards 2015 : meilleur acteur pour Jake Gyllenhaal

vendredi 30 janvier 2015

SPIDER-MAN 2

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site screenrant.com

de Sam Raimi. 2004. U.S.A. 2h07. Avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Alfred Molina, Rosemary Harris, J.K. Simmons, Lucy Liu.

Sortie salles France: 14 Juillet 2004. U.S: 30 Juin 2004

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Second volet d'une trilogie à succès, Spider-man 2 s'avère indubitablement le meilleur volet de la série. Que ce soit en terme d'action anthologique au service de l'intrigue et de caractérisation humaine finement auscultée, le spectacle de Sam Raimi s'avère en tous point de vue éclatant de virtuosité dans une structure narrative passionnante. Cette fois-ci, Spider-man doit combattre Octopus, un savant ayant réussi à créé 4 bras mécaniques soudés à son corps et manipulés par son cerveau. Alors que Harry Osborn, meilleur ami de Peter Parker, souhaite se venger auprès de spider-man depuis la mort de son père, Mary-Jane Watson est sur le point de se marier. Partagé entre le désir de la reconquérir et son devoir héroïque, Peter finit envisage de mener une vie paisible avant que sa conscience et les conseils avisés de ses proches ne le rappellent à la raison. 


Sous couvert de film de super-héros trépidant déployant moult rixes urbaines entre Octopus (nouvel ennemi tentaculaire hyper charismatique !) et Spider-man, Spider-man 2 séduit surtout par sa nature romantique où l'amour s'avère le centre d'intérêt de Peter Parker, notamment pour préserver sa muse contre l'ennemi. Puisque livré à un choix cornélien, il doit aujourd'hui se confronter au choix moral de son statut de super-héros lorsque celle qu'il a toujours aimé est sur le point de se consacrer à une nouvelle vie sentimentale. Réflexion sur le dépassement et la confiance en soi (Peter perd ses pouvoirs à partir du moment où il commence à dénigrer son destin héroïque), sur la notion de héros (quitte à sacrifier un rêve, doit-il consacrer toute son existence à combattre l'ennemi pour protéger les innocents après s'être rendu coupable de la mort de son oncle ?) et sur l'influence du Mal du point de vue du rival (Octopus, dépassé par ses ambitions scientifiques, se retrouve esclave de sa machine avant que son intelligence ne le rappelle à une noble réflexion !), Spider-man 2 privilégie le portrait de personnages en conflit intrinsèque. A l'instar d'Harry Osborn envahi par sa rancoeur afin de venger l'honneur de son père (alors qu'il découvrira bientôt que son meilleur ami s'avère Spider-man ! ), et à l'exemple de Mary-Jane Watson espérant au fond d'elle que Peter lui avouera enfin ses sentiments. Cette densité impartie à la contrariété des personnages s'avère donc le pilier émotionnel de l'intrigue sans que le spectacle homérique de Sam Raimi ne pâtisse d'un manque de rythme dans les pugilats belliqueux. Les scènes d'action hyper vigoureuses et inventives s'avérant à couper le souffle, de par la fluidité technique mais aussi l'agilité des comédiens en roue libre ! 


Projet ambitieux de blockbuster intelligent alternant caractérisation psychologique et corps à corps dantesques entre super-héros stoïques, Spider-man 2 fait autant la part belle au lyrisme et à l'émotion empathique dans la force sentimentale de deux amants compromis au dilemme cornélien. Un spectacle aussi grandiose dans la démesure (les FX numériques sont ahurissants de réalisme à l'instar de l'assaut du métro et des envolées aériennes de Spider-man !) qu'intimiste dans la force de l'amour et la foi en l'accomplissement de soi ! 

Bruno Matéï
2èx

jeudi 29 janvier 2015

Une Hache pour la lune de miel / Il Rosso segno della follia

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site bmoviezone.wordpress.com

de Mario Bava. 1970. Italie/Espagne. 1h28. Avec Stephen Forsyth, Dagmar Lassander, Laura Betti, Jesus Puente, Femi Benussi, Antonia Mas, Luciano Pigozzi.

Sortie salles Italie: 2 Juin 1970. Espagne: 14 Septembre 1970

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Sorti discrètement en Vhs sous le titre fallacieux la Baie Sanglante 2 alors qu'il fut réalisé un avant la Baie Sanglante, Une Hache pour la lune de miel s'avère fort intéressant à plus d'un titre en dépit de sa réputation quelque peu timorée, bien qu'aujourd'hui il semble réconcilier les fans puristes du maestro Mario Bava

Le pitchJohn Harrington, riche héritier de la maison de couture de sa mère, est un psychopathe incapable de réfréner ses pulsions meurtrières lorsqu'il s'agit d'assassiner de jeunes mariées. Hanté par un souvenir traumatique lié à son enfance, il se détermine à répéter le même schéma macabre afin de démystifier l'horrible secret de son étrange pathologie. 

Considéré à tort comme l'une de ses oeuvres mineures, ce thriller vénéneux demeure pourtant original, captivant, déconcertant pour le portrait imparti à un schizophrène hanté par un trauma infantile. Travesti parfois d'une robe de mariée afin d'accomplir son rituel, on songe à Psychose lorsque ce dernier est sujet aux nombreuses visions macabres de son épouse fraîchement décédée, notamment auprès des thème du refoulement, de l'amour maternel et de la possessivité. 


Mario Bava se délectant à jongler entre hallucinations et réalité sinueuse pour mieux nous égarer dans son esprit torturé. Une séquence à suspense hitchcockien est d'ailleurs payante de par l'intensité de sa situation alarmiste lorsque quelques gouttes de sang tombées du haut d'un escalier vont atterrir à quelques mètres des policiers venus interroger le tueur. Formellement raffiné (comme de coutume) auprès de son ambiance gothique où les images sensuelles de robes nuptiales et gerbes de fleurs se confondent avec l'architecture baroque d'une demeure gothique, Une Hache pour la Lune de miel est notamment renforcé du jeu inquiétant de Stephen Forsyth. L'acteur se fondant dans la peau du tueur avec ambivalence, de par sa paranoïa incontrôlée et son désir de séduire les couturières candides afin de raviver une réminiscence obscure. Pourvu d'un regard azur et d'une apparence longiligne, Stephen Forsyth magnétise l'écran dans sa fonction victimisée de psychopathe éperdu d'amour impossible. Secondé de la troublante Laura Betti incarnant l'épouse infortunée, elle lui partage la vedette dans une essence de provocation et d'intimidation, notamment lorsqu'elle décide de vampiriser la psyché de son compagnon après son incinération. L'oeuvre maudite relançant l'intrigue car basculant en seconde partie vers le Fantastique pur lorsque John est victime des persécutions de sa défunte épouse revenue d'entre les morts pour ne jamais le quitter comme elle lui avait tant promis. 


La Mariée Sanglante
Soutenu d'une partition capiteuse de Sante Maria Romitelli (notamment cette valse lascive chorégraphiée autour de mannequins de robes nuptiales) et orné d'un esthétisme baroque inscrit dans la sensualité, Une Hache pour la lune de miel mérite à être réhabiliter, ne serait-ce que pour son ambiance trouble prégnante semant toujours plus la confusion quant à la réalité des faits exposés avec ambivalence (notamment cette cause surnaturelle à mi-parcours déconcertant au possible le spectateur), pour la beauté ténue de ses actrices italiennes et le portrait empathique admis à un schizophrène rongé par la culpabilité de sa fidélité indéfectible. Une oeuvre atypique en somme, précurseur de bon nombre de psycho-killers notoires qui envahiront les écrans lors des années 80 (Maniac, Henry, Schizophrenia), un récit cauchemardesque davantage éprouvant lorsque s'y matérialise un ectoplasme revanchard impossible à éradiquer. 

*Eric Binford
26.11.21.  
28.22.23. vostfr. 5èx


5

mardi 27 janvier 2015

ORANGE MECANIQUE (A Clockwork Orange)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Stanley Kubrick. 1971. Angleterre. 2h17. Avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates, Warren Clarke, John Clive, Adrienne Corri.

Sortie salles France: 21 Avril 1972. Angleterre: 13 Janvier 1971. U.S: 2 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Stanley Kubrick est un réalisateur américain, né le 26 Juillet 1928 à New-York, décédé le 7 Mars 1999 à Londres.
1953: Fear and Desire. 1955: Le Baiser du Tueur. 1956: l'Ultime Razzia. 1957: Les Sentiers de la Gloire. 1960: Spartacus. 1962: Lolita. 1964: Dr Folamour. 1968: 2001, l'Odyssée de l'Espace. 1971: Orange Mécanique. 1975: Barry Lindon. 1980: Shining. 1987: Full Metal Jacket. 1999: Eyes Wide Shut.


Farce caustique terriblement controversée lors de sa sortie pour sa réflexion virulente impartie à la violence, Orange Mécanique n'en finit pas de perdurer son pouvoir de fascination plus de 40 ans après sa sortie. Provocant, décalé, sarcastique, burlesque, ultra-violent, dérangeant, érotique, baroque, débridé, psychédélique, cauchemardesque et j'en passe, ce pamphlet contre l'asservissement illustre avec une verve d'insolence (réparties ciselées à l'appui !) un délire d'anticipation aussi singulier qu'incisif . Alex est un jeune délinquant passionné par la musique classique de Beethoven et l'ultra-violence. Avec ses acolytes, il commet la nuit diverses agressions auprès de paisibles quidams, quand bien même la police finit par l'alpaguer au moment d'un sauvage homicide chez un couple nanti. Condamné à 14 ans de réclusion pour meurtre, il se voit néanmoins proposer par le ministre de l'intérieur un traitement révolutionnaire afin de le guérir de son Mal ! C'est à dire le rendre aussi docile qu'un agneau par le contrôle de sa conscience !


D'une audace polissonne dans son esthétisme sexuel, sa partition dissonante oscillant avec l'élégance classique de Beethoven, sa violence stylisée semi-parodique et la posture excentrique de délinquants forcenés, Orange Mécanique ironise à tout va pour souligner l'instinct violent inné en chacun de nous. Que ce soit en terme d'indignation, de rébellion, de vengeance, de légitime défense ou de sévices gratuits intentés à son prochain, la violence fait partie intégrante de la nature humaine, notamment pour extérioriser notre exaspération face au sentiment d'injustice, d'inégalité et d'intolérance. Chaque être humain ayant le choix moral d'exercer le Bien ou le Mal au nom de sa libre indépendance dans une société démocrate bâtie sur le principe d'égalité. Par le biais d'un traitement révolutionnaire apte à expurger toute idéologie destructrice chez un meurtrier, Stanley Kubrick entend dénoncer les travers perfides d'une société totalitaire délibérée à lobotomiser l'individu pour mieux l'asservir à des fins politiques. Alex devenant après 15 jours d'expérimentions un pantin dénué de toute agressivité, que ce soit de son libre-arbitre, d'humiliations et de menaces auprès d'un agresseur ou par l'influence sexuelle d'une plantureuse aguicheuse. De manière satirique et pour mieux proclamer le caractère grotesque de ces expérimentations inhumaines, Kubrick réduit donc la nature d'Alex à l'objet d'obédience avant que ses pulsions perverses ne le rappellent à sa raison. D'ancien meurtrier sans vergogne féru de sexe et de violence, il se retrouve aujourd'hui reconverti en victime stérile. Notamment par le rejet de ses parents chagrinés de honte, par la brimade implacable de ses anciens camarades (affectés dans la corruption sous la bannière policière !) et la vengeance retorse du mari de sa dernière victime. Enfin, triste ironie quand à l'issue de sa convalescence lorsqu'une partition de Beethoven va le rappeler à l'ordre de ses bas instincts de jouissance ! (ou quand l'art ne peut remédier à sa rédemption !).


Dominé par l'interprétation hallucinée de Malcolm McDowell (son rôle le plus magnétique et exubérant de toute sa carrière !) et rehaussé de la mise en scène stylisée du maître Kubrick n'hésitant pas à cristalliser une ambiance baroque néo-futuriste, Orance Mécanique s'édifie en film monstre. Un chef-d'oeuvre de décadence où pointe le désespoir d'une jeunesse livrée à elle-même, faute de démission parentale, de crise du chômage et d'une société conservatrice toujours plus restrictive dans sa censure opiniâtre, quand bien même la violence restera le catalyseur du malaise existentiel. Indémodable !

Dédicace à Chris Steadyblog
Bruno Matéï
4èx

lundi 26 janvier 2015

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (The Theory of Everything)

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de James Marsh. 2014. Angleterre. 2h03. Avec Eddie Redmayne, Felicity Jones, Maxine Peake, Charlie Cox, Harry Lloyd, Emily Watson, Guy Oliver-Watts.

Sortie salles France: 21 Janvier 2015. Angleterre: 1er Janvier 2015

FILMOGRAPHIE: James Marsh est un réalisateur anglais, né le 30 Avril 1963 à Truro.
1999: Wisconsin Death Trip. 2005: The King. 2009: The Red Riding Trilogy: 1980. 2012: Shadow Dancer. 2014: Une Merveilleuse histoire du Temps.


Avez vous une philosophie de la vie qui vous aide ?
Nous ne sommes qu'une race avancée de primates, sur une petite planète en orbite autour d'une étoile moyenne, dans la banlieue extérieure d'une galaxie, parmi d'autres centaines de milliards. Mais, depuis l'aube de la civilisation, l'homme a recherché à connaître l'ordre sous-jacent du monde. Les conditions aux limites de l'univers ont quelque chose de spécial. Quoi de plus spécial que l'absence de limites ? Il ne faut pas de limites à l'activité humaine. Nous sommes tous différents. Aussi mauvaise que peut sembler notre vie, il y a toujours quelque chose que l'on peut faire, réussir. Là ou il y a de la vie, il y a de l'espoir. Stephen Hawking

Biographie du physicien théoricien Stephen Hawking, Une Merveilleuse histoire du temps (titre français beaucoup trop sirupeux que son modèle !) relate le destin singulier de ce professeur dans ses recherches scrupuleuses axées sur l'origine de la vie et la création de l'univers. L'action se déroule en Angleterre au début des années 60. Alors qu'il poursuit ses études de Cosmologie à l'université de Cambridge, Stephen Hawking tombe amoureux de Jane Wilde, une jeune fille passionnée des arts. Mais à la suite d'une chute accidentelle, son destin bascule lorsqu'il apprend qu'il est atteint de la maladie de Charcot. Une dystrophie neuromusculaire le condamnant à rester cloîtrer sur une chaise roulante. Paralysé des muscles mais n'ayant aucune séquelles pour ses fonctions cognitives, il entreprend néanmoins de fonder une famille avec son amie tout en poursuivant ses ambitieuses études afin de remporter un doctorat et d'écrire un livre sur la notion du temps. 


Quel superbe mélodrame que nous convie là le réalisateur James Marsh, Une Merveilleuse histoire du temps relatant autant la condition de vie précaire (il ne lui reste que 2 ans à vivre selon le corps médical) d'un paraplégique érudit que sa romance partagée avec une charmante étudiante. En évitant l'écueil du pathos et du sentimentalisme, la réalisateur réussit à nous bouleverser dans une mesure d'empathie que le duo Eddie Redmayne/Felicity Jones transcende avec complicité pugnace et amoureuse. L'acteur réussissant à se fondre dans la peau d'un infirme sans complaisance de cabotinage, un piège qui aurait pu facilement lui être fatal pour surjouer ce rôle physique d'estropié ! Toujours plus inapte à se défendre contre la maladie dégénérative de son corps (notamment sa soudaine perte d'élocution après un coma artificiel), il réussit souvent à suggérer une intense émotion par la persuasion de son regard empli d'humanité et de volonté. Avec beaucoup de dignité, de compassion et d'amour, sa partenaire se réserve l'aplomb d'une épouse de soutien dans un jeu flegmatique et en dépit de son physique radieux. A eux deux, ils forment un tandem proprement bouleversant dans leur épreuve de force et leur soutien communs à combattre la maladie dans le cadre de leur quotidienneté. Pourvu d'un esthétisme raffiné (reconstitution classieuse) et parfois stylisé (jeux de couleurs et décors baroques), c'est une leçon de philosophie (Là ou il y a de la vie, il y a de l'espoir !) et de courage, un hymne à la vie que nous illustre sans fioriture James Marsh, son oeuvre nous emportant dans un tourbillon d'émotions où les maîtres mots s'avèrent l'optimisme, la force des sentiments et de l'espoir.


Avec simplicité et en comptant beaucoup sur l'humble complicité des deux comédiens, Une Merveilleuse histoire du temps distille une émotion aussi bouleversante que déchirante pour le destin exemplaire de Stephen Hawking, recréé avant tout dans l'intimité du rapport conjugal. Un homme partagé entre l'amour de son épouse et l'amitié d'une aide-soignante, un physicien habité par l'ambition et la réussite de ses projets, un philosophe athée et finalement agnostique lorsque le temps a décidé de lui accorder la part du doute et de l'espoir. 

Bruno Matéï 

Récompenses:
Festival du film de Hollywood 2014 : Hollywood Breakout Performance Award pour Eddie Redmayne
Festival du film Nuits noires de Tallinn 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
New York Film Critics Online Awards 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
Women Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
Golden Globes 2015 :
Meilleur acteur dans un film dramatique pour Eddie Redmayne
Meilleure musique de film pour Jóhann Jóhannsson

vendredi 23 janvier 2015

LES YEUX DU MAL (The Godsend)

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site fredanderson.typepad.com

de Gabrielle Beaumont. 1980. U.S.A. 1h27. Avec Malcolm Stoddard, Cyd Hayman, Angela Pleasance, Patrick Barr, Wilhelmina Green.

Sortie salle France: 16 Mars 1983. U.S: 11 Juin 1980

FILMOGRAPHIE: Gabrielle Beaumont est une réalisatrice, productrice, scénariste et actrice anglaise, née le 4 Juillet 1942 à Londres (Royaume-Uni).
1980: Les yeux du Mal. 1981: Meurtre d'une créature de rêve (télé-film). 1983: Secrets of a Mother and Daughter (télé-film). 1984: Gone are the Dayes (télé-film). 1987: He's my Girl. 1993: Fatal Inheritance. 1993: Riders (télé-film). 1996: Dar l'Invincible 3 (télé-film). 1998: Diana, princesse du peuple (télé-film).


Exploité sous l'étendard étoilé d'Hollywood Video, Les Yeux du Mal aura fait fantasmer tous les fantasticophiles des vidéos-clubs avec sa jaquette flamboyante héritée de la Malédiction et de l'Exorciste ! On imagine alors au vu de cette affiche crépusculaire une série B plaisante dans la lignée d'Une si gentille petite fille, des Tueurs de l'éclipse ou du rigolard De si gentils petits monstres ! Des petits plaisirs coupables redoutablement ludiques pour qui sait apprécier les bisseries décomplexées au délire assumé ! Primé au Festival Fantastique de Paris dixit la jaquette française ! Mais au vu du résultat affligeant de maladresse, on imagine sans peine l'effronterie de son argument commercial bâti sur le simulacre. Car oui, Les Yeux du Mal s'avère un mauvais film dans tous les sens du terme, et hormis le charisme inquiétant (mais inexpressif !) de la petite Wilhelmina Green (son regard noir et rigide met parfois mal à l'aise !), il n'y a quasiment rien à sauver de ce succédané de "l'enfant diabolique".


La faute incombant à un scénario trivial d'une rare vacuité et bourré d'incohérences (d'où vient cette femme enceinte ? Que souhaite t'elle précisément ? Pour quelle raison elle laisse son bébé à cette famille lambda ? Quelle est la véritable ambition de Bonnie ? Qu'en est-il de cet épilogue irrésolu ?), à un jeu d'acteurs effroyablement mal dirigés, à des dialogues aussi grotesques qu'ineptes, et à une réalisation infructueuse. Pour résumer, une paisible famille se voit contrainte d'élever un bébé abandonné depuis la disparition soudaine d'une étrange iconnue qu'ils venaient d'héberger par charité ! Depuis, des incidents meurtriers vont ébranler chaque enfant de la cellule parentale ! Si le score musical ombrageux s'efforce à distiller une ambiance oppressante dans le cadre champêtre d'une demeure isolée et pour l'influence malsaine de la fillette maléfique, et que son final rocambolesque réussit parfois à nous arracher quelques sourires, de par la cocasserie (involontaire) des parents en alerte; la lenteur du récit, les situations récursives d'incidents meurtriers (établis hors-champs !), et la perplexité des protagonistes en discorde finissent rapidement par nous démotiver. En dépit de ses multiples maladresses, une séquence réussit peut-être à tirer son épingle du jeu lorsque l'un des bambins se retrouve défenestré par l'autorité diabolique de la gamine. Une séquence spectaculaire assez réaliste dans la violence tolérée à sa chute abrupte, quand bien même la victime sans défense est impartie à l'innocence !


Pour les amateurs de curiosité oubliée des années 80, Les Yeux du Mal peut peut-être intéresser les collectionneurs incorrigibles de films d'horreur au rabais (moi même, je le conserve en guise mémorative !). Pour les autres, il restera sans doute un navet que je me démotive à vous conseiller, même si avec indulgence, le dénouement chaotique de l'intrigue peut prêter à sourire et le charisme inflexible de la gamine peut parfois créer une certaine illusion ! On garde en tous cas en mémoire la chimère d'une splendide jaquette, le fantasme d'un B movie d'apparence prometteuse mais reflétant au final une arnaque mercantile issue de la célèbre firme Cannon

Bruno Matéï

jeudi 22 janvier 2015

INTERSTELLAR

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Christopher Nolan. 2014. U.S.A/Angleterre. 2h49. Avec Matthew McConaughey, Anne Hataway, Jessica Chastain, Mackenzie Foy, Ellen Burstyn, Michael Caine, Casey Affleck, Timothée Chalamet, John Lithgow, Wes Bentley, David Gyasi, Matt Damon.

Sortie salles France: 5 Novembre 2014. U.S: 7 Novembre 2014

FILMOGRAPHIE: Christopher Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 30 Juillet 1970 à Londres en Angleterre.
1998: Following. 2000: Memento. 2002: Insomnia. 2005: Batman Begins. 2006: Le Prestige. 2008:The Dark Knight. 2010: Inception. 2012: The Dark Knight Rises. 2014: Interstellar.


Etablir un point de vue objectif à la sortie de la projo d'Interstellar est pour moi une gageure irréalisable au premier visionnage. De par la complexité d'un scénario trop confus comme de ses nombreux termes scientifiques paraphrasées, l'odyssée de Nolan ne m'a pas empêché de m'étourdir face à ce trip interstellaire plus vrai que nature ! Pour faire bref, l'intrigue retrace l'expédition cosmique d'un groupe d'explorateurs partis en mission afin de sauver l'humanité en pénurie alimentaire et d'oxygène. C'est à dire envisager une évacuation de la terre en confectionnant des vaisseaux spatiaux adéquats pour transporter la population, ou en cas d'échec, préparer une colonisation à partir du développement d'embryons humains. Contraints de s'exiler dans l'espace pour une durée indéterminée, Joseph Cooper doit quitter précipitamment son fils et sa fille inconsolable afin de tenter de trouver une alternative de secours, et sans savoir s'il reverra un jour ses enfants. 


Space-opera extrêmement ambitieux mais aussi abstrait et imbitable qu'un 2001, Interstellar nous fait vivre une expérience cinégénique hors des sentiers battus ! Christopher Nolan manipulant et maîtrisant nos sens émotionnels avec une virtuosité aussi vertigineuse que l'intensité musicale de Hans Zimmer ! Le tour de force technique imparti aux images sidérales d'une planète océan, d'un trou de ver et d'un trou noir nous transcendant également un dépaysement aussi crédible que celui de Gravity d'Alfonso Cuaron. Mais ce qui m'a principalement interpellé durant cette dérive spatio-temporelle où plane l'existence extra-terrestre, c'est sa dimension humaine impartie entre un père et sa fille. Leur brutale séparation étalée sur un nombre infinie d'années, leur tentative de communication à partir de messages audiovisuels envoyés depuis la Terre, et enfin leurs différences d'âge imparties à l'éventuelle retrouvaille laissent en mémoire des séquences intimistes bouleversantes dans leur relation précaire non avare d'aspiration ! Les thèmes de la famille, de l'amour, de la foi, de l'espoir, de l'optimisme étant illustrés avec une sensibilité écorchée vive ! A l'instar du dénouement renversant vécu à mon sens comme l'un des plus beaux moments de cinéma que j'ai pu vivre de mémoire de cinéphile. Déchirant car d'une intensité dramatique éprouvante, Spoiler ! la séquence érigée autour d'une retrouvaille Fin du Spoiler m'a littéralement crevé le coeur par sa puissance humaniste, sa dignité et son sens de loyauté. C'est donc pour moi avant tout une bouleversante histoire d'amour entre un père et une fille que nous relate Nolan avec un humanisme à fleur de peau, et avant que les rebondissements, subterfuges et cliffhanger ne viennent nous plaquer au siège !


D'une richesse thématique universelle dans sa réflexion spirituelle et métaphysique mais aussi dans sa notion temporelle, sa foi en l'optimisme et à l'intelligence de l'être humain, Interstellar n'a pas besoin d'être studieusement analysé pour apprécier le spectacle vertigineux auquel Nolan nous a préparé. Dans une démesure et, à échelle égale, dans la pudeur ! Véritable ode aux sentiments et au sens de la responsabilité, Interstellar s'adressant de prime abord au coeur d'un vibrant témoignage. Celui du fondement familial, du courage et de l'espoir de concrétiser un avenir autrement optimiste par l'intelligence scientifique. Du cinéma sensitif à coeur ouvert, à l'instar de la prestance écorchée du monstre sacré Matthew McConaughey

Bruno Matéï

                                      

mercredi 21 janvier 2015

WILD

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site commeaucinema.com

de Jean-Marc Vallée. 2014. U.S.A. 2h00. Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Michiel Huisman, Charles Baker, W. Earl Brown, Kevin Rankin.

Sortie salles France: 14 Janvier 2015. U.S: 5 Décembre 2014

FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec.
1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club. 2014: Wild. 2015: Demolition.


"Le chemin qui mène à la sagesse est long, tortueux et semé d'obstacles".

Un an après l'oscarisé The Dallas Buyers ClubJean-Marc Vallée entreprend d'adapter l'histoire vraie de Cheryl Strayed à travers son périple de 1500 kms de marche à pied. Afin de tolérer le deuil de sa mère subitement éteinte d'un cancer, puis son divorce avec son compagnon, Cheryl décide d'entreprendre un pèlerinage de longue haleine pour évacuer ses démons, ses blessures et peut-être renouer avec une rédemption existentielle. Si le sujet avait déjà été magnifiquement traité dans Into the WildJean-Marc Vallée n'a aucunement l'intention de le plagier dans sa mise en scène personnelle à contre-courant de l'acuité émotionnelle du chef-d'oeuvre de Sean Penn


Le film se réservant un sentiment contenu dans le cheminement moral de l'héroïne vouée à se dépasser pour accéder à la sérénité. Ce qui compte avant tout ici est donc de retranscrire avec vérité et pudeur les états d'âme de cette excursionniste livrée à sa raison d'être au beau milieu d'une nature contemplative, tout en alternant avec les flash-back concis de son passé déchu. Endossée par Reese Whiterspoon, l'actrice porte littéralement le film sur ses frêles épaules dans un jeu de sobriété axée sur l'introspection torturée d'une solitaire hantée par les remords et le fardeau de la douleur. Celle d'avoir accumulé les incidents de parcours, comme ses relations sexuelles multiples ou son addiction pour l'héroïne, faute de son échec sentimental et de sa colère à réfuter l'injustice du deuil. Durant son épreuve semée de rencontres impromptues avec des pèlerins et quidams parfois interlopes, elle tentera de comprendre les aboutissants de ses échecs récursifs dans une initiation identitaire. C'est donc une leçon de vie que nous retrace sans fioriture le cinéaste, les aléas de notre destinée commune auquel le hasard n'a aucune emprise. A travers cette remise en question du point de vue fragile de la femme (notamment sa paranoïa instinctive de se confronter à l'homme suspicieux !) et en se pardonnant à soi même ses erreurs, Wild met notamment en évidence le côté fructueux de nos incertitudes, de nos souffrances et faiblesses intrinsèques pour mieux concrétiser le bonheur !


Le chemin de la destinée
Avec son parti-pris authentique et son émotion toute en retenue, Jean-Marc Vallée illustre sans effets de style l'aventure humaine d'une femme en berne renouant difficilement avec la quiétude dans son cheminement existentiel. Mais envisageant sa vie comme un voyage insaisissable, sauvage et sacrée, et après avoir purgé sa douleur dans une interminable errance solitaire, elle finira par retrouver le salut en s'acceptant telle qu'elle est.  

Bruno Matéï

mardi 20 janvier 2015

LA NUIT DE LA MORT (Les Griffes de la Mort).

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Vhsdb

de Raphael Delpard. 1980. France. 1h34. Avec isabelle Goguey, Betty Beckers, Charlotte de Turckheim, Georges Lucas, Michel Debrane, Jean-Paul Lilienfeld, Michel Flavius.

FILMOGRAPHIE: Raphael Delpard est un acteur, réalisateur, scénariste, journaliste et écrivain français, né en 1942 à Paris.
1976: Perversions. 1978: Ca va pas la tête. 1979: Le Journal. 1980: La Nuit de la Mort. 1981: Les Bidasses aux grandes manoeuvres. 1982: Le Marionnettiste (télé-film). 1984: Vive le fric ! 1984: Clash. 1998: Les Enfants Cachés (doc). 2009: Les Convois de la Honte.


"C'est un film que l'on a fait avec des bouts de ficelle et des bouts de carton. Il nous a rapporté de l'argent. (...) Il a été vendu aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre, en Italie. Tobe Hooper m'a envoyé un télégramme que malheureusement j'ai perdu (nous avions le même diffuseur vidéo) et lorsque je suis allé à Hollywood j'ai été absolument stupéfait de rencontrer des gens qui avaient vu le film et qui me récitaient des répliques entières du film en français, et qui disaient "Ce n'est pas un Français qui a fait ça, il n'y a aucune patte française." C'est très curieux et le film m'a valu une petite renommée. (...) Le film est sorti la même semaine que Shining. C'est ridicule de sortir deux films fantastiques en même temps (...) Le temps a fait que c'est devenu un film culte, au début seuls quelques journalistes et le petit milieu du fantastique ont véritablement apprécié, le public, lui, était indifférent.". Propos du réalisateur recueillis sur le site Nanarland.

Réalisateur touche-à-tout ayant oeuvré à deux reprises dans le domaine du Fantastique, Raphael Delpard est loin d'avoir convaincu les journalistes de l'époque, puisque n'hésitant pas à le discréditer pour ses essais entrepris avec La Nuit de la Mort et Clash. Sorti à la même période que Shining, La Nuit de la mort fut également boudé par le public français, alors qu'aux Etats-Unis il remporte le succès au moment même où Tobe Hooper délégua au cinéaste une lettre d'approbation ! Commercialisé ensuite en location Vhs dans les rayons de nos Vidéos-Club, les amateurs de gore attisés par sa jaquette explicite (on y voyait la tête en lambeaux d'une femme ensanglantée suspendue à un croc de boucher !) s'empressèrent de le louer avant une certaine côte d'appréciation. Film d'horreur franchouillard surfant sur la vague gore des bisseries transalpines, La Nuit de la mort aborde le thème du cannibalisme dans le cadre inquiétant d'une maison de retraite. Alors qu'une nouvelle gouvernante, Martine, vient d'être recrutée par la directrice, les pensionnaires avides de chair et sang frais sont sur le point de sacrifier leur domestique actuelle afin d'accéder à la pérennité ! Inquiète de sa disparition soudaine, Martine commence à suspecter le comportement interlope des vieillards ! 



Série B d'exploitation conçue avec une réelle sincérité de divertir en toute simplicité, La Nuit de la Mort fait presque figure d'ovni dans le paysage français par son esprit foutraque et débridé à illustrer l'orgie dégueulbif de pensionnaires incapables d'accepter le fardeau de la vieillesse. Tour à tour blagueurs, cyniques, mesquins et un brin polissons, ces cannibales du 3è âge s'avèrent l'attraction principale de ce délire macabre n'hésitant pas en 1er acte de surenchérir dans l'horreur vomitive ! Je parle bien évidemment du fameux banquet sanglant auquel nos vieillards sont invités pour dévorer goulûment la tripaille d'une Charlotte de Turckeim éventrée ! Epaulé de maquillages de latex minimalistes, l'effet choc désiré fait son petit effet de répulsion, notamment par la texture d'un sang onctueux et d'organes crus fraîchement arrachés de leurs entrailles ! Passé cette séquence choc, La Nuit de la mort laisse place ensuite au suspense lattent (entre une séance inopinée de flagellation SM !) lorsque la gouvernante Martine tente de déjouer les prochaines pitreries de nos cannibales en jouant l'investigatrice nocturne. Sans jamais céder à l'ennui, cette seconde partie réussit à éveiller l'intérêt dans les chassés-croisés impartis entre les vieillards et notre héroïne toujours plus fouineuse à élucider la vérité. La compagnie attachante des seconds-rôles sclérosés, la posture maladroite de Michel Flavius (en boiteux déficient !) et surtout la vertu sensuelle d'Isabelle Goguey accentuant l'aspect délirant de cette confrérie orgueilleuse en dépit de maladresses et d'incohérences narratives. Enfin, le final bordélique renoue avec l'esprit gore du 1er acte dans une succession de péripéties haletantes autour de la survie de l'héroïne, sans compter deux rebondissements assez bienvenus dans leur facture horriblement mesquine !


Epaulé d'un score dissonant, de décors parfois sinistres ou inquiétants (la chaufferie, la salle insalubre du banquet ou encore les longs couloirs étroits auquel une assemblée de vieillards abordent une marche funèbre), et d'une ambiance malsaine palpable, La Nuit de la mort s'avère l'une des rares réussites franchouillardes dans le domaine peu exploité du gore bisseux. Si l'aspect mineur de la réalisation et le jeu amateur de certains seconds-rôles le rattachent au nanar Z, il n'en demeure pas moins aussi attachant que divertissant, à l'instar de l'apparition impertinente d'une Charlotte de Turckheim mise à nu ! 

Bruno Matéï
2èx

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