mardi 27 janvier 2015

Orange Mécanique / A Clockwork Orange

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Stanley Kubrick. 1971. Angleterre. 2h17. Avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates, Warren Clarke, John Clive, Adrienne Corri.

Sortie salles France: 21 Avril 1972. Angleterre: 13 Janvier 1971. U.S: 2 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Stanley Kubrick est un réalisateur américain, né le 26 Juillet 1928 à New-York, décédé le 7 Mars 1999 à Londres.
1953: Fear and Desire. 1955: Le Baiser du Tueur. 1956: l'Ultime Razzia. 1957: Les Sentiers de la Gloire. 1960: Spartacus. 1962: Lolita. 1964: Dr Folamour. 1968: 2001, l'Odyssée de l'Espace. 1971: Orange Mécanique. 1975: Barry Lindon. 1980: Shining. 1987: Full Metal Jacket. 1999: Eyes Wide Shut.

 
"L’Agneau mécanique".
Farce caustique violemment controversée lors de sa sortie pour sa réflexion virulente sur la violence, Orange Mécanique n’a cessé, depuis plus de quarante ans, de faire perdurer son pouvoir de fascination. Provocant, décalé, sarcastique, burlesque, ultra-violent, dérangeant, érotique, baroque, débridé, psychédélique, cauchemardesque — et j’en passe — ce pamphlet contre l’asservissement illustre, avec une verve d’insolence (réparties ciselées à l’appui !), un délire d’anticipation aussi singulier qu’incisif.

Pitch: Alex, jeune délinquant passionné par Beethoven et l’ultra-violence, erre la nuit avec ses acolytes, semant la terreur auprès de quidams paisibles, jusqu’à ce que la police le cueille lors d’un homicide sauvage dans une demeure bourgeoise. Condamné à 14 ans de réclusion, il se voit offrir un traitement révolutionnaire par le ministre de l’Intérieur : le "guérir" du Mal. Le rendre aussi docile qu’un agneau par le contrôle absolu de sa conscience.

D’une audace polissonne dans son esthétisme sexuel, traversé par une partition dissonante où l’élégance de Beethoven se frotte à la violence stylisée, semi-parodique, Orange Mécanique multiplie les ironies pour révéler l’instinct violent enraciné en chacun. Indignation, rébellion, vengeance, défense ou sévices gratuits : la violence affleure comme une composante tragiquement humaine, exutoire face à l’injustice, l’inégalité, l’intolérance.

Chaque être humain conserve pourtant ce choix moral : faire le Bien ou le Mal, au nom d’une liberté individuelle, dans une société censée garantir l’égalité.
Par le biais de ce traitement expérimental censé expurger toute pulsion destructrice, Kubrick dénonce les dérives d’une société totalitaire, bien décidée à lobotomiser ses éléments déviants pour les soumettre aux exigences politiques.
Alex devient, en quinze jours d’expérimentations, un pantin vidé de toute agressivité — incapable de se défendre face à l’humiliation, à la menace, ou même au désir suscité par une séduction éhontée.
Par sa satire acide, Kubrick pousse cette logique jusqu’à l’absurde : Alex, réduit à un objet d’obéissance, voit ses anciennes pulsions réémerger. De prédateur sans vergogne, féru de sexe et de violence, il devient une victime stérile.
Rejeté par ses parents rongés de honte, tabassé par ses anciens acolytes devenus policiers, persécuté par le mari de sa dernière victime...
Jusqu’à ce que, ironie cruelle, une symphonie de Beethoven ravive ses bas instincts — quand l’art lui-même échoue à contenir les élans de son âme dévoyée.

"L’opéra des pulsions".
Dominé par l’interprétation hallucinée de Malcolm McDowell (son rôle le plus magnétique et exubérant), transcendé par la mise en scène baroque, néo-futuriste et stylisée du maître Kubrick, Orange Mécanique s’érige en film-monstre. Un chef-d’œuvre de décadence, où perce le désespoir d’une jeunesse abandonnée, perdue entre démission parentale, crise du chômage, et société conservatrice toujours plus étouffante.
Et quand bien même elle tente de tout censurer, la violence, elle, reste le catalyseur du malaise existentiel.
Indémodable.


Dédicace à Chris Steadyblog
Bruno
4èx

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