mercredi 28 octobre 2015

EVEREST

                                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site lemondeducine.com

de Baltasar Kormakur. 2015. U.S.A/Islande/Angleterre. 2h02. Avec Jason Clarke, Ang Phula Sherpa, Thomas M. Wright, Martin Henderson, Tom Goodman-Hill, Josh Brolin, Robin Wright, Emily Watson, Sam Worthington, Keira Knightley, Jake Gyllenhaal.

Sortie salles France: 23 Septembre 2015. U.S: 18 Septembre 2015

FILMOGRAPHIE: Baltasar Kormakur est un acteur, scénariste, réalisateur et producteur islandais, né le 27 Février 1966 à Reykjavik.
2000: 101 Reykjavik. 2002: The Sea. 2005: Crime City. 2006: Jar City. 2008: White Night Wedding. 2010: Etat de choc. 2012: Contrebande. 2012: Survivre. 2013: 2 Guns. 2015: Everest.


Enmund Hillary et Tenzing Norgay furent les premiers alpinistes à atteindre le sommet de l'Everest. Durant les 40 années suivantes, seuls des alpinistes professionnels essayèrent d'accomplir le même exploit. Un sur 4 mourut. 1992: le Néo-Zélandais Rob Hall commercialisa les expéditions guidées sur l'Everest des alpinistes amateurs. Pendant les 4 années suivantes, son équipe, "Adventure Consultants" mena avec succès 19 clients au sommet, sans une seule perte humaine. 1996: d'autres Tour Opérator suivirent l'exemple de Rob Hall, en particulier "Mountain Madness" de Scott Fischer. Organisant plus de 20 expéditions pour atteindre le sommet de l'Everest en l'espace de 2 semaines. 

D'après le récit véridique de l'alpiniste Rob Hall parti en expédition sur l'Everest en Mai 1996, Everest emprunte le genre catastrophe avec une rare intelligence dans son refus du spectaculaire sachant que l'intrigue n'accorde aucune action outrancière quant au cheminement de survie des héros sévèrement compromis par une tempête de neige. C'est donc une magnifique aventure humaine que nous retrace l'islandais Baltasar Kormakur avec un souci de réalisme décoiffant et parmi l'intensité dramatique d'un jeu d'acteurs assez dépouillé. Et bien qu'une séquence intimiste éloquente se laisse futilement influencée par le pathos, l'émotion (sentencieuse) l'emporte malgré tout grâce à la persuasion des comédiens et la teneur authentique de la situation d'affliction.


Les claustrophobes sont d'ailleurs priés de s'abstenir tant le climat réfrigérant de sa scénographie enneigée nous insuffle une sentiment de marasme viscéral lorsqu'une poignée de grimpeurs en manque d'oxygène sont d'autant plus contraints de déjouer les bourrasques de froid, de vent et de neige avec un épuisement corporel en perdition. Retraçant avec minutie et beaucoup d'humanisme solidaire leur périlleuse escalade, Everest provoque un sentiment d'évasion vertigineux perpétuellement immersif. De par l'immensité des montagnes glacées que nos férus de sport extrême arpentent avec passion, et l'exploit qu'ils s'efforcent de transcender pour accéder à l'ascension de la victoire. A savoir poser le pied sur le plus haut sommet du monde établie à 8848 mètres à la frontière du Népal et de la Chine ! Là où l'affaire se corse, c'est durant leur rigoureuse descente afin de rejoindre leur station d'accueil quand bien même une violente tempête s'empresse de les brimer pour les embrigader dans les crevasses de glace. Criant de réalisme et d'une vigueur dramatique éprouvante, Baltasar Kormakur parvient à nous retransmettre avec vibrante émotion leur angoisse morale et leur souffrance physique pour cette épreuve de force péniblement précaire ! Les conditions climatiques démesurées les contraignant à supporter une température improbable que le corps humain encaisse avec une endurance toujours plus fébrile.


Ébouriffante épreuve de survie impartie au sport extrême de l'alpinisme et bouleversant hommage à l'un de ces pionniers impliqué dans sa passion du dépassement de soi, Everest est l'un des rares films catastrophes prônant la dimension malingre de ces personnages à bout de souffle plutôt que la gratuité du spectacle ostentatoire. Ce qui n'empêche pas Everest de s'édifier en grand moment de cinéma épique où l'émotion cuisante de sa dernière partie tirera les larmes du public le plus sensible. 

Bruno Matéï

ATTENTION SPOILER ! (Info Wikipedia)
Rob Hall (né le 14 Janvier 1961 à Christchurch et mort le 11 mai 1996), est un alpiniste néo-zélandais. Il guide une expédition en 1996 sur l'Everest où il meurt avec Scott Fischer, Andy Harris, deux autres guides et Doug Hansen, Yasuko Namba, deux clients durant la descente. Il est l'un des pionnier des expéditions dites « commerciales ». Sa société, Adventure Consultants, proposait d'emmener de riches clients au sommet de l'Everest pour environ 65 000 $. Son exploit le plus impressionnant est l'escalade de trois sommets de l'Himalaya en 2 mois en 1994 : l'Everest, le K2 et le Lhotse 2. FIN DU SPOILER.


    mardi 27 octobre 2015

    WILDERNESS

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

    de Michael J. Bassett. 2006. Angleterre. 1h34. Avec Toby Kebbell, Sean Pertwee, Lenora Crichlow, Alex Reid, Brian Bache.

    Sortie salles France: 14 Mars 2007.

    FILMOGRAPHIE: Michael J. Bassett est un scénariste et réalisateur anglais.
    2002: La Tranchée. 2006: Wilderness. 2009: Solomon Kane. 2012: Silent Hill: Revelation.


    Survival acerbe d'une ultra violence à couper au rasoir, Michael J. Bassett, réalisateur inégal capable du meilleur (La Tranchée) comme du pire (Silent Hill: revelation), nous façonne une série B redoutablement efficace dans son lot de rebondissements cinglants où chacun des survivants tente de déjouer les exactions criminelles d'un expert en camouflage tout en s'opposant mutuellement les uns contre les autres. A la suite du suicide de leur camarade, un groupe de jeunes délinquants doit séjourner sur une île en guise de châtiment. Sur place, ils établissent la rencontre aléatoire d'un autre comité exclusivement constitué de filles délinquantes. Alors que la situation s'avère houleuse entre les deux sexes, le responsable du groupe masculin se fait sauvagement agresser par un quatuor de bergers allemands. Dès lors, une traque inlassable commanditée par un mystérieux soldat est lancée contre eux au coeur de l'archipel. 


    A partir d'un argument un peu tiré par les cheveux (le mobile et la révélation du coupable), Michael J. Bassett en extrait une aventure horrifique redoutablement haletante dans ces situations de survie où la plupart des antagonistes adoptent indépendamment des stratégies de défense pour défier le danger. Rehaussée de la prestance vigoureuse des jeunes comédiens, ces derniers insufflent (avec sincérité naïve) des sentiments instables d'insolence, de provocations machistes, de bravoures et de coups bas pour imposer leur mainmise et déjouer la menace invisible du tueur. Autour de leur cohésion précaire desservie par la discorde inconciliable, un délinquant sociopathe et un franc tireur burné se défient le pouvoir tout en élaborant chacun de leur côté leur plan d'attaque. Outre l'aspect anti-manichéen de ses personnages marginaux autrefois bafoués par la démission parentale (le thème principal du film quand on connait les aboutissants de l'intrigue), Wilderness tire parti de son efficacité par sa violence primitive que le cinéaste exploite sans aucune concession. Les bons (ou tout du moins les moins répréhensibles) et les méchants pouvant trépasser à tous moments, soit au contact d'une flèche, d'un poignard, d'un piège à ours ou encore d'une unité de chiens soigneusement dressés. D'une cruauté parfois barbare (le combat final au couteau, certaines mises à mort sardoniques), les séquences gores illustrées en gros plan se multiplient sans complexe au fil d'une épreuve de survie à bout de course que nos rescapés tentent désespérément de surpasser. Exploitant habilement le cadre végétatif de l'île et de la rive côtière, Michael J. Bassett distille une tension souvent incisive lorsque nos délinquants divisés par duo ou trio se retrouvent confrontés au même moment, et à endroits divergents, à des situations alertes de danger.


    Rabid Dogs
    Avec sa violence hardcore impitoyable et le jeu assez viscéral des jeunes comédiens, Wilderness scande le survival brut de décoffrage dans son lot de péripéties et rebondissements vertigineux. Epaulé d'une mise en scène nerveuse et d'un score musical tonitruant, cette série B anglaise décuple son efficacité dans les séquences d'action nerveusement emballées. Un spectacle hargneux donc où les notions de Bien et de Mal volent en éclat pour le prix d'une liberté souvent égotiste. 

    Bruno Matéï
    2èx

    lundi 26 octobre 2015

    KING KONG

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site cine-region.fr

    de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. 1933. U.S.A. 1h44. Avec Fay Wray, Robert Armstrong, Bruce Cabot, Frank Reicher, Sam Hardy, Noble Johnson, Steve Clemente, James Flavin.

    Sortie salles France: 29 Septembre 1933. U.S: 7 mars 1933 (première mondiale)

    FILMOGRAPHIE: Merian C. Cooper est un producteur, scénariste, réalisateur et dirceteur de photo, né le 214 Octobre 1893 à Jacksonville (Floride), décédé le 21 Avril 1973 à San Diego (Californie). 1925: Grass: a nation's battle for life. 1927: Chang. 1929: Les 4 plumes blanches. 1933: King Kong. 1935: Les derniers jours de Pompéï. 1952: This is cinerama.
    Ernest Beaumont Schoedsack est un réalisateur, directeur de photo, producteur, monteur, acteur et scénariste américain, né le 8 Juin 1893 à Council Bluffs (Iowa), décédé le 23 Décembre 1979 dans le Comté de Los Angeles. 1925: Grass: a nation's battle for life.1927: Chang. 1929: Les 4 plumes blanches. 1931: Rango. 1932: Les Chasses du comte Zaroff. 1933: King Kong. 1933: The Monkey's Paw. 1933: Blind Adventure. 1933: Le Fils de Kong. 1934: Long Lost Father. 1935: Les Derniers jours de Pompéï. 1937: Trouble in Morocco. 1937: Outlaws of the Orient. 1940: Dr Cyclop. 1949: Monsieur Joe. 1952: The is Cinerama.


    Considéré comme l'un des films les plus célèbres de l'histoire du cinéma, King Kong continue de perdurer son pouvoir de fascination depuis sa sortie triomphale en 1933. Outre le dynamisme de sa mise en scène ne laissant aucun répit au spectateur dès que nos héros ont posé pied sur l'île de crane, King Kong tire parti de sa vigueur exubérante grâce aux effets spéciaux conçus en stop motion, surimpression et composition de plan par une équipe de techniciens novateurs (les superviseurs des effets spéciaux mais aussi ceux des effets visuels). Notamment cette faculté bluffante pour l'époque d'insérer dans le même plan nos acteurs de chair et d'os parmi la créature animée image par image ! Bon Dieu, quelle époque pionnière fondée sur l'artisanat ! Ainsi, de par le principe d'une aventure fantastique, il y émane un réalisme souvent impressionnant sous l'impériosité d'une créature au faciès horrifié. Car outre les humains incessamment pourchassés, Kong affronte avec une hargne impavide des créatures préhistoriques tous azimuts (la première partie confinée au coeur de la jungle) avant de détruire une ville en situation de chaos et de se réfugier du haut de l'empire state building (une seconde partie nourrie au mode catastrophe). 


    Sur ce dernier point, on peut saluer l'intensité émotionnelle découlant d'un moment homérique lorsque Kong, grièvement blessé par les balles des pilotes d'avion, contemple une ultime fois avec tendresse sa belle avant de se laisser chavirer dans le vide. Un moment anthologique d'une puissance dramatique émouvante pour son impuissance de déjouer le danger et pour son agonie latente emprunt de désespoir ! Parmi cet acte barbare commandité par l'homme, on peut y dénoncer sa cupidité, sa lâcheté et son mépris de la cause animale lorsqu'une situation d'embrigadement échappe finalement à leur contrôle. Par conséquent, sous cette intrigue originale influencée par le conte de la Belle et la Bête, nos réalisateurs sont donc parvenus à révolutionner le cinéma Fantastique parmi l'archétype d'un gorille pharaonique soudainement effleuré par l'amour (à l'instar de cette séquence poétique pleine d'humour lorsqu'il effeuille sa belle pour entrevoir son anatomie corporelle) mais paniqué à l'idée de survivre depuis sa captivité en milieu urbain. Ses apparitions dantesques, sa stature monstrueuse, son regain d'amour pour la belle et sa panique d'accoster la civilisation moderne insufflant au métrage une dimension onirique aussi cauchemardesque qu'empathique.  


    Mené sur un rythme d'enfer au fil de péripéties et rebondissements cinglants, King-Kong préfigure l'entreprise lucrative du Blockbuster avec une dimension poétique et un sens du réalisme littéralement troublants ! Dénonçant en sous-texte social la cupidité de l'homme engagé à surenchérir dans les attractions populaires de spectacle à sensation, le film scande une poignante histoire d'amour impossible entre deux êtres contradictoires, quand bien même l'animal succombera à sa faiblesse de s'être laissé gagner par ses sentiments. 

    Bruno Matéï
    3èx

    vendredi 23 octobre 2015

    Silent Hill

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site psycho-dystopia.blogspot.com 

    de Christophe Gans. 2006. France/Canada. 2h05. Avec Radha Mitchell, Sean Bean, Laurie Holden, Jodelle Ferland, Deborah Kara Unger, Alice Krige, Kim Coates.

    Sortie salles France: 26 Avril 2006. U.S: 21 Avril 2006

    FILMOGRAPHIE: Christophe Gans est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 11 Mars 1960 à Antibes (Sud de la France). 1994: Necronomicon. 1995: Crying Freeman. 2001: Le Pacte des Loups. 2006: Silent Hill. 2014: La Belle et la Bête.


    Cinq ans après le Pacte des LoupsChristophe Gans s'emploie de transposer à l'écran l'adaptation du célèbre jeu video Silent Hill. Pourvu d'un casting américain au charisme plutôt saillant, ce film d'ambiance à l'ancienne allie avec assez de bonheur et d'efficacité, climat feutré et horreur insidieuse sous l'allégeance d'un spectre infantile. SynopsisSouffrant de grave somnambulisme au point d'intenter à sa propre vie, Sharon, 10 ans, est hantée par de terribles cauchemars l'incitant à se réfugier dans la ville fantomatique de Silent Hill. Sa mère Rose décide de l'emmener dans cet endroit sinistré afin de tenter de démystifier l'origine de ses récurrents cauchemars. Alors qu'une motarde se lance à ses trousses, Rose et Sharon vont se retrouver embarqués dans un monde parallèle où les habitants du quartier sont entièrement soumis à la manipulation d'une fanatique religieuse. Nanti d'une splendide photo lestement saturée et de décors ombrageux plutôt glauques et malsains, Silent Hill renoue avec les ambiances diffuses des films d'horreur d'antan où la suggestion primait plutôt que l'esbroufe grand-guignolesque. C'est du moins ce que l'on peut vanter lors de sa première partie lorsque, au rythme d'une douce mélodie, Rose et l'officier partent à la recherche de Sharon dans une ville cendrée noyée de brume. Ambitieux et inspiré, Christophe Gans prend son temps à narrer son histoire en s'attardant de prime abord à soigner le cadre d'une atmosphère rubigineuse assez envoûtante pour y croire. 


    De par ses pièces décrépites martyrisées par un ancien incendie et les apparitions dantesques de créatures difformes par leur morphologie fulgurante émanent un sentiment trouble d'insécurité et de malaise sous-jacent lorsque les forces des ténèbres se motivent à décourager l'investigation de nos héroïnes embarquées dans un dédale sans repère. Du moins avant de connaître les tenants et aboutissants des jumelles Sharon et Alessa étroitement liées à une affaire crapuleuse. Dénonçant dans sa seconde partie le fanatisme, l'obscurantisme et les superstitions du point de vue d'un séminaire religieux, le cinéaste implique ses thèmes autour d'une douloureuse affaire d'infanticide, quand bien même la pédophilie et la démission maternelle y seront les principaux ressorts. De par la sobriété des comédiennes inscrites dans une bravoure solidaire, l'empathie éprouvée renforce le caractère crédible de leur déambulation où cauchemar et réalité se confondent pour nous décrire un univers parallèle soumis à la malédiction d'une entité punitive. Outre le charisme prégnant des seconds-rôles inscrits dans le cynisme de l'influence meurtrière, on peut également saluer la présence malingre de Jodelle Ferland endossant dans une physionomie tantôt candide, tantôt hostile le double rôle équivoque de Sharon/Alessa avec assez d'étrangeté pour se confondre dans leur esprit torturé. 


    Hormis quelques défaillances rythmiques, son caractère déroutant pour autant fascinant et la médiocrité de certains FX en CGI alors que certains effets gores auraient été beaucoup plus percutants auprès d'un réalisme charnel, Silent Hill parvient efficacement à troubler et fasciner parmi le souci formel de retranscrire à l'écran un univers proprement atypique (même si certaines références à Hellraiser sont de mise pour le côté SM de créatures et victimes suppliciées). Par son climat tantôt mélancolique, tantôt malsain, et l'intensité douloureuse de son récit compromis au martyr infantile, Silent Hill laisse en mémoire des images marquantes aussi envoûtantes (les errances de l'héroïne au sein de la ville fantôme sont sans doute les passages les plus atmosphériques) que cauchemardesques (la damnation apocalyptique dans l'antre de l'église et la cruauté des châtiments corporels qui s'ensuit). Dommage toutefois que sa structure narrative soit aussi inachevée que maladroite et parfois confuse si bien que Silent Hill aurait pu être beaucoup plus convaincant, terrifiant et réaliste pour accéder au rang de classique du genre. Mais ne boudons pas non plus notre plaisir actuel à travers ce très bon moment d'étrangeté aussi dépaysant que tourmenté tant il laisse des traces dans l'encéphale pour s'y replonger avec plaisir aux prochains visionnages. Or, quelque soit ses couacs précités, Silent Hill reste également en tout état de cause une réussite formelle éblouissante.  

    *Bruno
    4èx. VF.

      mercredi 21 octobre 2015

      A LA POURSUITE DE DEMAIN

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site denofgeek.com

      "Tomorrowland"de Brad Bird. 2015. U.S.A. 2h10. Avec Brittany Robertson, George Clooney, Hugh Laurie, Raffey Cassidy, Tim McGraw, Judy Greer.

      Sortie salles France: 20 Mai 2015. U.S: 22 Mai 2015

      FILMOGRAPHIE: Brad Bird est un animateur, réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 15 Septembre 1957 à Kalispell dans le Montana. 1999: Le Géant de Fer. 2004: Les Indestructibles. 2004: Baby-Sitting Jack-Jack. 2007: Ratatouille. 2011: Mission Impossible: Protocole Fantôme. 2015: A la Poursuite de Demain.


      Découvert avec son film d'animation, le Géant de Fer, et reconnu ensuite par le public et la critique avec Les Indestructibles, Brad Bird n'en finit plus de surprendre et de combler les attentes du public tant il accumule les réussites à un rythme métronomique (Ratatouille et Mission Impossible: Protocole Fantôme pour la suite de sa filmo). Avec son dernier né, A la poursuite de demain, il renoue cette fois-ci avec la science-fiction à l'ancienne, digne représentant des productions Amblin des années 80. D'une imagination aussi foisonnante qu'exubérante, Brad Bird créé un univers atypique incroyablement crédible pour son panel de décors futuristes stylisés, rehaussés d'effets spéciaux numériques ahurissants de réalisme (plutôt rare pour le souligner !). Après avoir découvert un étrange badge métallique capable de confondre la réalité dans un univers parallèle, Casey, adolescente férue de science, se laisse influencer par une humanoïde d'apparence infantile et un inventeur quinquagénaire pour se lancer dans une mission capitale. Tenter de sauver notre planète en perçant les mystères d'un endroit tenu secret: Tomorrowland !


      En surfant sur les thématiques du voyage temporel et de la dimension parallèle, le cinéaste élabore un scénario complexe dans son lot de revirements, quiproquos et rebondissements périlleux que nos héros traversent entre les époques du passé et du présent. Pourchassés par intermittence par une confrérie de droïdes plus vrais que nature (j'insiste encore sur la qualité exceptionnelle des trucages en CGI !), nos héros entament avec sagacité leurs stratégies d'attaque et de défense afin de trouver une solution de dernier ressort à la survie de notre espèce. Plongés dans un Rubik's Cube mental, ils vont user de persévérance à déchiffrer le sens de leur dessein et leur responsabilité après avoir découvert une invention révolutionnaire Spoiler ! que nos grands savants du siècle dernier avaient conçu en secret du haut de la Tour Eiffel ! Fin du spoiler. Malgré le caractère confus d'une intrigue riche de thématiques quant au devenir de notre humanité, cette poursuite en pagaille vers l'optimisme d'un avenir moins cupide parvient à nous passionner sans jamais relâcher la tension. De par la fougue attachante des personnages aussi humains que retors et la mise en scène extrêmement avisée que Brad Bird transcende avec un esprit imaginatif insatiable. Notamment avec l'intensité vertigineuse de séquences d'action exubérantes ou poursuites et altercation physiques se télescopent sous l'impulsion héroïque de scientifiques jamais à court de subterfuges. Outre la fascination prégnante qu'exerce leur voyage temporel, là où la dystopie du péril atomique pointe à l'horizon, A la poursuite de demain est largement sollicité par les prestances pleines de dignité des comédiens en roule libre. George Clooney, l'étoile montante Brittany Robertson et la petite Raffey Cassidy formant un trio intrépide aussi houleux et antinomique (leurs premières rencontres) que solidaire et opiniâtre (la seconde partie impartie aux stratagèmes de solution de survie !).


      Un Monde Meilleur
      Grand divertissement d'anticipation imprégné de nostalgie pour son esprit chaleureux hérité des eighties et de réalisme pour sa scénographie futuriste étonnamment crédible, A la poursuite de demain arbore le spectacle familial avec une intelligence, un lyrisme et une humanité pleine de noblesse. Véritable réflexion sur l'optimisme pour la condition précaire de notre futur en crise, Brad Bird se permet aussi en second plan de prôner les valeurs de l'amour sous l'héroïsme d'un couple hétéroclite. Il en émane un enchantement permanent, de par son ambition visionnaire aussi immersive que singulière et l'inventivité d'une narration militant pour la sauvegarde d'une planète plus humaniste et responsable. Un classique en devenir d'une rare émotion expansive ! 

      Bruno Matéï

      mardi 20 octobre 2015

      L'HISTOIRE SANS FIN

                                                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

      "Die unendliche Geschichte/The Neverending Story" de Wolfgang Petersen. 1984. Allemagne. 1h35. Avec Barret Oliver, Gerald McRaney, Thomas Hill, Moses Gunn, Deep Roy, Tilo Prückner, Noah Hataway.

      Sortie salles France: 21 Novembre 1984. U.S: 20 Juillet 1984. Allemagne de l'Ouest: 6 Avril 1984

      FILMOGRAPHIE: Wolfgang Petersen est un réalisateur allemand né le 14 Mars 1941 à Emden.
      1974: Einer von uns beiden. 1977: La Conséquence. 1981: Le Bateau. 1984: L'Histoire sans Fin. 1985: Enemy. 1991: Troubles. 1993: Dans la ligne de mire. 1995: Alerte ! 1997: Air force one. 2000: En pleine tempête. 2004: Troie. 2006: Poséidon.


      "La vie spirituelle commence à partir du moment où nous découvrons que toute la réalité de nos actes réside dans les pensées qui les produisent". Louis Lavelle.

      Considéré à l'époque comme le film le plus cher d'Allemagne (60 millions de Deutsch Mark/27 000 000 $), l'Histoire sans fin rapporta à travers le monde plus de 100 000 000 de dollars. Et malgré son succès mitigé outre-atlantique, il est devenu auprès de plusieurs générations de spectateurs un grand classique de l'Heroic Fantasy, quand bien même la chanson interprétée par Limahl et composée par Giorgio Moroder s'est allouée d'un hit planétaire ! Mais aujourd'hui, que reste t-il de ce spectacle familial hors norme dans son onirisme baroque où le néant accorde une place prépondérante au cheminement héroïque d'Atreyu ? Hymne à l'innocence de l'enfance et au rêve, au pouvoir de l'imaginaire et à la possibilité d'exaucer nos voeux les plus excentriques, l'Histoire sans fin s'édifie en moment de cinéma enchanteur dans le parcours chimérique qu'un jeune ado entreprend au fil de la lecture d'un roman. Héros malgré lui, Bastien est sur le point de changer la destinée de Fantasia, un univers irréel sur le point d'être dévoré par le néant si le guerrier Atreyu ne parvient pas à sauver son impératrice de la maladie. Plongé dans l'illusion de son récit d'aventures, Bastien commence à perdre pied avec sa réalité mais se rétracte de ne pouvoir considérer ce rêve comme une réalité (son père rationnel en est également la responsabilité !). A moins qu'Atreyu et l'Impératrice ne parviennent à l'inciter à croire à l'impossible.


      Touché par la grâce d'une poésie tantôt candide (l'intervention pleine de pudeur et de fragilité de l'impératrice lors du final majestueux, les envolées lyriques du dragon porte bonheur, Falkor) tantôt opaque (les présences iconiques de Gmork, le loup impassible, la tortue savante et le mangeur de pierre), Wolfgang Petersen n'hésite pas à cristalliser un endroit à mi chemin entre le merveilleux et l'hermétisme à travers la scénographie baroque de marécage mélancolique, de forêt obscure et d'univers stellaire. Périple d'épreuves homériques qu'un jeune garçon doit surpasser pour sauver sa planète du chaos, l'Histoire sans fin déploie une imagination singulière sans égale pour la conception de ses décors fantastiques tournés en studio (la vision du néant et ses multiples métamorphoses nous provoque une fascination vertigineuse !) et de créatures dantesques jamais vues au préalable ! Par le biais d'effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque, le film parvient toujours à distiller féerie et inquiétude chez la conception artisanale de monstres aussi expressifs qu'attachants. Quand bien même le jeune Noah Hathaway parvient avec une innocence naturelle à se fondre dans la peau du guerrier parmi l'apprentissage de transcender ses peurs et sa tristesse. A cet égard, qui peut oublier la séquence poignante auquel son cheval Artax se laisse engloutir par la vase d'un marécage depuis sa mélancolie d'échouer la mission ! Une séquence assez cruelle d'une intensité dramatique plutôt inattendue pour le genre familial que Wolfgang Petersen illustre avec réalisme. Un parti-pris justifié lorsque l'on comprends le parcours initiatique du héros confronté au dépassement de soi parmi l'appui solidaire de Bastien contraint d'exploser les barrières de sa réalité par auto-suggestion. Croire en l'impossible pour braver ses doutes, ses peurs et son désespoir et découvrir un nouveau monde bâti sur la croyance en l'optimisme !


      Enchanteur et baroque, lyrique et fantastique, l'Histoire sans Fin continue de perdurer son pouvoir d'évasion grâce à la beauté formelle de sa Fantasy photogénique et l'impulsion héroïque d'adolescents rebelles en quête d'imaginaire. Hymne à l'aventure et ce besoin viscéral de fuir notre quotidien, métaphore spirituelle sur la foi, réflexion sur la persuasion de l'esprit et sur la force de l'espoir afin de déjouer la solitude du néant, l'Histoire sans Fin possède un souffle magique enivrant pour nous faire croire à l'impossible ! 

      Bruno Matéï

      Anecdote (Wikipedia): La scène de la mort d'Artax est placée cinquième dans le top 11 de The Nostalgia Critic des scènes les plus tristes de notre enfance.

      lundi 19 octobre 2015

      Le Spectre Maudit / The Black Torment

                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site coverunivers.blogspot.com

      "The Black Troment" de Robert Hartford-Davis. 1964. U.S.A. 1h26. Avec Heather Sears, John Turner, Ann Lynn, Peter Arne, Norman Bird, Raymond Huntley, Annette Whiteley, Robert Hartford-Davis.

      Sortie Dvd France: 1er Avril 2005

      FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Robert Hartford-Davis est un réalisateur et producteur anglais, né le 23 Juillet 1923, décédé le 12 Juin 1977 à Beverly Hills, Los Angeles. 1962: Crosstrap. 1963: The Yellow Teddybears. 1964: Le Spectre Maudit. 1964: Saturday Night Out. 1967: Carnages. 1971: Suceurs de sang. 1972: Gunn la gachette. 1974: The Take.


      Rareté des sixties exhumée de l'oubli grâce à notre regretté éditeur Neo Publishing, Le Spectre Maudit combine l'enquête policière et le surnaturel avec une efficacité en roue libre (euphémisme !). De par son intrigue charpentée au suspense imperturbable laissant parfois diluer une atmosphère d'étrangeté (les apparitions spectrales de Lana dans le jardin) et la qualité d'une interprétation spontanée jusqu'aux moindres seconds-rôles, le Spectre Maudit nous plaque au siège jusqu'à son renversant twist aussi démonial que retors. Le PitchAprès 3 semaines d'absence, Sir Charles revient dans sa grande résidence parmi sa nouvelle épouse, Sir Elisabeth. Mais tièdement accueilli par la communauté, il finit par apprendre qu'une villageoise récemment décédée dans de troubles circonstances a dévoilé son patronyme avant de mourir. Pour amplifier le mystère, les résidents de sa demeure sont importunés chaque nuit par l'apparition d'une dame blanche ressemblant à sa première défunte épouse. 


      Ce pitch prometteur dont le cadre historique se situe au 18è siècle, Robert Hartford-Davis le dépeint avec un art de conteur dans son habileté à distiller un suspense haletant autour d'une sombre conspiration. Employant quelques codes du cinéma d'épouvante, le cinéaste est aussi à l'aise pour nous plonger dans la perplexité face à l'apparition récurrente d'un fantôme puis celle, potentielle, d'un double maléfique conçu pour culpabiliser notre héros. L'intrigue gagnant notamment en intensité auprès du revirement d'un nouveau meurtre et le cheminement psychologique du protagoniste toujours plus compromis par des évènements imbitables qu'il tente vainement de démystifier afin de prouver son innocence. Ce climat de paranoïa régi autour de son autorité l'entraînant vers un comportement irascible où chacun des témoins (épouse inclue !) finiront davantage par le suspecter. Outre la résolution étonnante de l'énigme où vengeance et machination font bon ménage, le film se clôt par un duel à l'épée à la chorégraphie sauvagement épique !


      Au gré d'un suspense exponentiel fort bien mené et d'une direction d'acteurs plein de vigueur (Heather Sears terriblement expressif de résignation colérique en victime démunie seule contre tous), Le Spectre Maudit parvient à captiver et à surprendre sous l'alibi irrationnel d'un spectre d'outre-tombe et du double maléfique. A redécouvrir avec vif intérêt donc, d'autant plus que les décors sépias de la résidence seigneuriale n'ont rien à envier au gothisme baroque des fleurons de la Hammer auquel il se fait dignement écho ! Un bijou. 

      *Bruno Matéï
      19.10.15.
      04.06.22. 3èx