Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com
"Die unendliche Geschichte/The Neverending Story" de Wolfgang Petersen. 1984. Allemagne. 1h35. Avec Barret Oliver, Gerald McRaney, Thomas Hill, Moses Gunn, Deep Roy, Tilo Prückner, Noah Hataway.
Sortie salles France: 21 Novembre 1984. U.S: 20 Juillet 1984. Allemagne de l'Ouest: 6 Avril 1984
FILMOGRAPHIE: Wolfgang Petersen est un réalisateur allemand né le 14 Mars 1941 à Emden.
1974: Einer von uns beiden. 1977: La Conséquence. 1981: Le Bateau. 1984: L'Histoire sans Fin. 1985: Enemy. 1991: Troubles. 1993: Dans la ligne de mire. 1995: Alerte ! 1997: Air force one. 2000: En pleine tempête. 2004: Troie. 2006: Poséidon.
"La vie spirituelle commence à partir du moment où nous découvrons que toute la réalité de nos actes réside dans les pensées qui les produisent". Louis Lavelle.
Considéré à l'époque comme le film le plus cher d'Allemagne (60 millions de Deutsch Mark/27 000 000 $), l'Histoire sans fin rapporta à travers le monde plus de 100 000 000 de dollars. Et malgré son succès mitigé outre-atlantique, il est devenu auprès de plusieurs générations de spectateurs un grand classique de l'Heroic Fantasy, quand bien même la chanson interprétée par Limahl et composée par Giorgio Moroder s'est allouée d'un hit planétaire ! Mais aujourd'hui, que reste t-il de ce spectacle familial hors norme dans son onirisme baroque où le néant accorde une place prépondérante au cheminement héroïque d'Atreyu ? Hymne à l'innocence de l'enfance et au rêve, au pouvoir de l'imaginaire et à la possibilité d'exaucer nos voeux les plus excentriques, l'Histoire sans fin s'édifie en moment de cinéma enchanteur dans le parcours chimérique qu'un jeune ado entreprend au fil de la lecture d'un roman. Héros malgré lui, Bastien est sur le point de changer la destinée de Fantasia, un univers irréel sur le point d'être dévoré par le néant si le guerrier Atreyu ne parvient pas à sauver son impératrice de la maladie. Plongé dans l'illusion de son récit d'aventures, Bastien commence à perdre pied avec sa réalité mais se rétracte de ne pouvoir considérer ce rêve comme une réalité (son père rationnel en est également la responsabilité !). A moins qu'Atreyu et l'Impératrice ne parviennent à l'inciter à croire à l'impossible.
Touché par la grâce d'une poésie tantôt candide (l'intervention pleine de pudeur et de fragilité de l'impératrice lors du final majestueux, les envolées lyriques du dragon porte bonheur, Falkor) tantôt opaque (les présences iconiques de Gmork, le loup impassible, la tortue savante et le mangeur de pierre), Wolfgang Petersen n'hésite pas à cristalliser un endroit à mi chemin entre le merveilleux et l'hermétisme à travers la scénographie baroque de marécage mélancolique, de forêt obscure et d'univers stellaire. Périple d'épreuves homériques qu'un jeune garçon doit surpasser pour sauver sa planète du chaos, l'Histoire sans fin déploie une imagination singulière sans égale pour la conception de ses décors fantastiques tournés en studio (la vision du néant et ses multiples métamorphoses nous provoque une fascination vertigineuse !) et de créatures dantesques jamais vues au préalable ! Par le biais d'effets spéciaux révolutionnaires pour l'époque, le film parvient toujours à distiller féerie et inquiétude chez la conception artisanale de monstres aussi expressifs qu'attachants. Quand bien même le jeune Noah Hathaway parvient avec une innocence naturelle à se fondre dans la peau du guerrier parmi l'apprentissage de transcender ses peurs et sa tristesse. A cet égard, qui peut oublier la séquence poignante auquel son cheval Artax se laisse engloutir par la vase d'un marécage depuis sa mélancolie d'échouer la mission ! Une séquence assez cruelle d'une intensité dramatique plutôt inattendue pour le genre familial que Wolfgang Petersen illustre avec réalisme. Un parti-pris justifié lorsque l'on comprends le parcours initiatique du héros confronté au dépassement de soi parmi l'appui solidaire de Bastien contraint d'exploser les barrières de sa réalité par auto-suggestion. Croire en l'impossible pour braver ses doutes, ses peurs et son désespoir et découvrir un nouveau monde bâti sur la croyance en l'optimisme !
Enchanteur et baroque, lyrique et fantastique, l'Histoire sans Fin continue de perdurer son pouvoir d'évasion grâce à la beauté formelle de sa Fantasy photogénique et l'impulsion héroïque d'adolescents rebelles en quête d'imaginaire. Hymne à l'aventure et ce besoin viscéral de fuir notre quotidien, métaphore spirituelle sur la foi, réflexion sur la persuasion de l'esprit et sur la force de l'espoir afin de déjouer la solitude du néant, l'Histoire sans Fin possède un souffle magique enivrant pour nous faire croire à l'impossible !
Bruno Matéï
Anecdote (Wikipedia): La scène de la mort d'Artax est placée cinquième dans le top 11 de The Nostalgia Critic des scènes les plus tristes de notre enfance.
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