lundi 11 février 2019

Frissons

                                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site films.cultes.free.fr

Shivers / Parasite Murders / They Came from Within de David Cronenberg. 1975. Canada. 1h28. Avec Paul Hampton, Joe Silver, Lynn Lowry, Allan Kolman, Susan Petrie, Barbara Steele, Ronald Mlodzik, Barry Baldaro, Camil Ducharme, Hanka Posnanska, Wally Martin.

Sortie salles France: 4 Août 1976. U.S: 6 Juillet 1976. Canada: 10 Octobre 1975

FILMOGRAPHIEDavid Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada). 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin nu, 1993 : M. Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method. 2012: Cosmopolis.


La maladie, c'est l'amour partagé de deux corps étrangers 
David Cronenberg

L'homme est un animal qui pense trop. Un animal qui a perdu le contact avec son corps et ses instincts. L'être humain est au fond un animal qui s'englue dans ses pensées, une créature vraiment trop rationnelle perdue dans son intellect au détriment de son corps et de son instinct. L'homme est trop cérébral et pas assez viscéral. Pour y remédier, créons un parasite. C'est à dire un combiné entre un dérivé d'aphrodisiaque et une maladie vénérienne qui pourrait transformer le monde en une magnifique et démentielle orgie. Une belle et insouciante orgie !
Extraits de Frissons


Premier succès commercial de David Cronenberg et premier long-métrage professionnel pour sa troisième réalisation, Frissons demeure une expérience jusqu'au-boutiste, un cauchemar lubrique s'infiltrant dans le corps et l'intellect de manière résolument viscérale ! Au coeur d'un immeuble, leurs propriétaires sont tour à tour contaminés par un étrange parasite ayant la faculté de les rendre nymphomanes. Un médecin assiste impuissant à l'épidémie endémique. Attention, film choc à ne pas mettre devant tous les yeux ! Si bien que ceux n'ayant jamais eu l'aubaine de le découvrir, Frissons  constitue un électro-choc "orgasmique" dont il est difficile de sortir indemne. Car à partir d'un canevas incongru (pour substituer un rein, un professeur créé un parasite en combinant un dérivé d'aphrodisiaque et une maladie vénérienne afin de transfigurer le monde en une magnifique orgie !), Frissons nous achemine à une descente aux enfers suffocante au sein d'un huis-clos exigu.


Si bien que les exactions maladives commises dans les chambres, sous-sol et corridors de l'immeuble  nous provoque un sentiment de claustration prégnant de par son atmosphère aussi irrespirable que licencieuse ! Ainsi donc, avec des moyens très réduits et des comédiens non professionnels (en dépit de la présence annexe de Barbara Steele), le néophyte David Cronenberg parvient à nous ébranler avec provocation en compilant une succession d'images cauchemardesques d'une redoutable intensité graphique. Qui plus est, la photo sépia amplifie le réalisme nauséeux émanant de ces incroyables effets gores supervisés par Joe Blasco, quand bien même la scénographie "formica" de l'immeuble estampillée seventie distille une étrange atmosphère de malaise indicible lorsque l'on y conjugue sexe et gore sous l'impulsion d'un score musical mélancolique ! Dans la mesure où son thème majeur évoque notre rapport à la fois intrinsèque et équivoque face au besoin sexuel. Alors que sous l'autorité d'un metteur en scène facétieux, son argument clairement impudent et couillu aurait pu virer à la pantalonnade semi-parodique. Mais grâce à l'intervention clinique du maître de l'horreur organique, ce cauchemar séminal interpelle, dérange, tétanise les mirettes de par son flot de situations horrifiques parfois scabreuses (les 2 bambins à moitié nu promenés en laisse tels des animaux de compagnie, la gamine embrassant de force un quinquagénaire ou encore le papy en étreinte avec sa propre petite fille !) si bien que de nos jours (conservateurs !) il serait assurément censuré, ou pire, banni de nos salles.


Et si l'ensemble paraît plutôt itératif, voir sans surprise et que l'interprétation manque d'aplomb, la réalisation modeste de Cronenberg s'avère suffisamment assidue, contemplative, expérimentale pour nous agrémenter efficacement des séquences d'agressions cinglantes de par leur impact émotionnellement trouble. D'autant plus qu'à travers un sentiment d'extrême urgence (le médecin peine à pouvoir enrayer l'orgie), nous suivons en temps réel cette propagation de maladie vénérienne auquel ses occupants sont inévitablement infectés par un parasite phallique. Et pour se glisser dans le corps étranger, cette forme de sangsue visqueuse s'infiltre (ou s'en extrait !) par voie buccale en produisant chez certains sujets des protubérances dans l'estomac. Passé l'inoculation, les victimes sont instinctivement éprises d'un désir sexuel si incontrôlé qu'elles sont parfois poussées à une folie meurtrière afin de propager leur maladie à autrui. Et donc, le sentiment d'impuissance octroyé au médecin afin de contrecarrer la contamination nous éprouve davantage quant à l'escalade de cette exubérance sexuelle culminant vers une conclusion anthologique (le piège se refermant dans une piscine) des plus glaçantes !


Un électro-choc crapoteux d'une intensité paraphile asphyxiante.
Réflexion sur l'altération de l'organisme, métaphore sur l'addiction sexuelle, voir notamment la dépendance aux drogues, Frissons provoque et malmène, trouble et désoriente dans sa manière viscérale de nous confronter à nos propres désirs sensuelles. La stimulation du corps et ces zones érogènes en quête d'activité lubrique nous suggérant ici que la perversité est innée en nous (cette énergie relative au désir de la chair nous contrôlant inconsciemment). A réserver à un public averti donc car l'oeuvre scabreuse douée d'une folle originalité garde intacte son pouvoir de fascination en communiant sexe et gore avec un réalisme clinique hyper malsain.

Ci-joint la critique de Florian Hellefty Goujon : http://films.cultes.free.fr/frissons.htm?fbclid=IwAR3pAMbjgM-aKzb0IroTz4RdudJexbe8LGxQcJGcWobRP4iiypV2HPemrOs

*Bruno
11.02.18. 7èx
09.08.12. (571 v)
(28.07.02)

La critique de Rage: http://brunomatei.blogspot.fr/2014/02/rage-rabid.html

vendredi 8 février 2019

Le Parfum de la Dame en noir / Il profumo della signora in nero

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site bradipofilms.blogspot.com

de Francesco Barilli. 1974. Italie. 1h43. Avec Nike Arrighi, Daniele Barnes, Gabriele Bentivoglio, Maurizio Bonuglia, Roberta Cadringher, Ugo Carboni, Sergio Forcina, Mimsy Farmer, Roberta Gadingher, Luigi Antonio Guerra,Jho Jhenkins.

Sortie salles Italie: 4 Avril 1974

FILMOGRAPHIEFrancesco Barilli est un acteur, réalisateur et scénariste italien, né à Parme en 1943 (Italie). Comme réalisateur: 1968 : Nardino sul Po, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 1987 : Cinecittà 50, 1991 : Le Dimanche de préférence,1997 : Casa Barilli (vidéo),1998 : Erberto Carboni (vidéo),2000 : Giuseppe Verdi (vidéo), 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV), 2005 : Il Palazzo ducale e il Bertoja a Parma (vidéo). Comme scénariste: 1972 : Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), 1972 : Au pays de l'exorcisme, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV)


Inédit en salles chez nous, Le parfum de la dame en noir (à ne point confondre avec le roman de Gaston Leroux) se décline en thriller fantastique à l'atmosphère atypique, quand bien même son double niveau de lecture émane d'un script sinueux, pour ne pas dire abscons. Une seconde vision est d'ailleurs à préconiser pour en saisir tous les tenants et aboutissants, notamment auprès des divers intervenants de l'immeuble. L'intrigue hermétique se ramifiant à l'instar d'un puzzle difficilement reconstituable. Autant donc prévenir les spectateurs reluquant pour autant avec attention cette bizarrerie névrotique avec en prime la frustration d'assister à un final imbitable. Ainsi donc, le méconnu Francesco Barilli (scénariste de l'étonnant Qui l'a vu mourir ?) nous illustre avec un souci esthétique plutôt pastel le cheminement aventureux de Sylvia à travers son huis-clos domestique. Climat obscur imperméable peuplé de fantômes et de non-dits, la demeure de Sylvia est l'objet de fantasmes du point de vue de celle-ci traumatisée par un passé familial. En résumé: A Rome, une chimiste, Silvia Hacherman, reste perturbée par un passé trouble et meurtrier perpétré durant son enfance. Si bien qu'un soir elle fut témoin des ébats amoureux de sa mère en compagnie de son amant avant l'acte brutal d'un meurtre commis à l'arme blanche. Un soir, en compagnie de son mari, elle fait la connaissance d'un africain spécialiste des pratiques occultes et du vaudou. Mais depuis une expérience mystique, Sylvia semble éprise de visions terrifiantes au moment où son passé refait subitement surface. 


Thriller transalpin difficile à apprivoiser de prime abord de par ses situations nonsensiques et du profil torturée d'une fragile héroïne en mal d'amour et d'équilibre mental, Le parfum de la dame en noir s'imprègne d'un climat insolite subtilement sous-jacent. La narration volontiers schizo et riche d'éléments inquiétants jouant avec les visions hallucinées d'une héroïne à la psyché résolument tourmentée. C'est donc en compagnie de Sylvia et d'une fillette en robe blanche surgie de nulle part que le récit finira par évoluer afin d'y décrire ses hallucinations récursives semblables au fantasme le plus repoussant, notamment lorsqu'on y suggère le viol incestueux. A travers ses splendides décors polychromes, rehaussé d'un travail géométrique sur la lumière, sur la colorimétrie baroque et sur le souci du détail ornemental, le voyage introspectif de Sylvia demeure une fascinante plongée dans les dédales de ses réminiscences où s'entrecroisent probablement morts et vivants. Quand bien même son final transgressif, déroutant, car si gore et malsain, risque d'en déconcerter plus d'un dans son refus de clarifier l'énigme insoluble. Cauchemar ou réalité ? Folie schizophrène ou montée en puissance d'une paranoïa incontrôlée tissée par une secte anthropophage se nourrissant des âmes damnés ou désaxés ? A moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une ténébreuse allégorie sur le deuil familial insurmontable, faute d'avoir sombré dans une folie punitive. Elégante, filiforme, sensuelle, Mimsy Farmer esquisse sa présence chétive à travers l'intensité de son regard apeuré gagné par la dépression. L'actrice exprimant une force d'expression névralgique au fil de son cheminement tentaculaire davantage pernicieux, voir désespérément tragique.


Sylvia et les fantômes.
De par la densité de sa mise en scène chiadée à la merci d'un climat surréaliste convergeant à l'indicible cauchemar domestique (on peut d'ailleurs songer au Locataire de Polanski), le Parfum de la dame en noir confine au vertige de la schizophrénie sous l'impulsion de l'inoubliable score sensible de Nicolas Piovana. Porté par le talent timoré de son actrice ténue, cet ovni sibyllin mérite le détour à travers sa matière baroque à la croisée des genres. Et ce même si le psycho-thriller prime sous la mainmise d'un auteur alchimiste aussi bien audacieux que complexe. A découvrir. 

*Bruno
16.02.11. (327 v)
08.02.19
17.01.24.

jeudi 7 février 2019

American Animals

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Bart Layton. 2019. U.S.A. 1h56. Avec Spencer Reinhard, Warren Lipka, Eric Borsuk, Evan Peters, Barry Keoghan, Blake Jenner, Jared Abrahamson, Udo Kier, Ann Dowd.

Sortie salles France: Prochainement. U.S: 14 Août 2018

FILMOGRAPHIE: Bart Layton est un réalisateur, scénariste et producteur américain. 2018: American Animals. 2012 The Imposter (Documentaire).


Tiré d'une histoire vraie, American Animals retrace la minutieuse stratégie de 4 jeunes braqueurs en herbe délibérés à dérober des livres de grande valeur au sein de la bibliothèque de leur université. Premier long-métrage de Bart Layton, spécialiste entre autre du documentaire, si bien qu'en alternance il fait intervenir les véritables commanditaires du braquage se livrant face caméra avec une intégrité gagnée de langueur, American Animals exploite les codes du film de braquage parmi l'originalité du docu vérité. Modestement efficace auprès des préparatifs du braquage et un chouilla audacieux d'y confondre fiction et réalité, relativement soigné à travers sa réalisation tantôt chiadée et bénéficiant d'un casting d'excellente facture (principalement les jeunes talents Evan Peters / Barry Keoghan d'une force d'expression toujours plus anxiogène), le récit manque pour autant de souffle passionnel à travers le profil de ces ados en mal de notoriété. Quand bien même leur condition de vie plutôt aisée n'aurait pu présager un revirement aussi frondeur. D'où la stupeur et l'incompréhension des témoins adultes du braquage (avec une fois encore de véritables intervenants du "fait-divers" !) plutôt rigoureux ou amers lors de leur confidence intime à tenter d'élucider les motivations de ces ados contestataires.


Et donc, s'il le récit s'avère agréable à suivre en dépit d'un démarrage un brin poussif, l'évolution dramatique de ces 4 utopistes pâtit d'un manque d'émotions et de passion marginales. Notamment lorsque ces derniers préalablement dépeints comme érudits et intelligents finissent par se tailler une carrure de pieds nickelés en enchaînant les bourdes avec une affres grandissante ! Ainsi donc, si Bart Layton souligne lestement en filigrane une diatribe contre la dictature de la société de consommation à travers la désillusion existentielle de ces ados d'autant plus dénués de soutien parental (les relations familiales entre eux s'avèrent quasi inexistantes durant toute l'intrigue), l'intensité dramatique qui y émane en dernier acte tombe plutôt à plat. Faute d'une trajectoire narrative progressivement bipolaire et d'une réalisation subitement démanchée, Bart Layton ne parvient pas véritablement à saisir l'émotion prise sur le vif des vrais coupables du braquage (se livrant face caméra), puis d'y cultiver l'empathie escomptée quant au sort et au dessein des braqueurs (ceux fictifs) en mal d'idéal.


Quoiqu'il advienne, American Animals est suffisamment bien mené, divertissant (avec des clins d'oeil entre autre à Reservoir Dogs) parfois tendu et solidement interprété pour se laisser malgré tout captiver par ce braquage caustique au dénouement (maladroitement) sentencieux. 

*Bruno

mercredi 6 février 2019

Overlord

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Julius Avery. 2018. U.S.A. 1h50. Avec Iain De Caestecker, Mathilde Ollivier, Wyatt Russell, Pilou Asbæk, Bokeem Woodbine, Jacob Anderson.

Sortie salles France: 21 Novembre 2018 (Int - 16 ans). U.S: 9 Novembre 2018

FILMOGRAPHIE: Julius Avery est un réalisateur et scénariste américain. 2014: Son of a gun. 2018 Overlord. Prochainement: Flash Gordon.


Produit par J. J. Abrams et réalisé par le néophyte Julius Avery si bien qu'il s'agit de son second long (n'ayant pas pu découvrir plus tôt Son of a gun), Overlord est une pure déclaration d'amour au B movie horrifique comme il en pullulait lors des sacro-saintes années 80 ! Autant dire que pour ma part il s'agit tout simplement d'un miracle inespéré de la part d'une production aussi calibrée ! Imaginez donc dans une fulgurance visuelle magnifiquement crépusculaire une conjonction entre Inglorius Bastards et Evil-Dead et vous obtenez un cocktail vitriolé du Nazisploitation, à défaut du zombie movie suggéré à travers sa bande-annonce. Non pas que le trailer eut été fallacieux, mais de par la posture épileptique des créatures irascibles, fruits d'expériences scientifiques innommables (le labo de Frankenstein vaut d'ailleurs le détour visuel !), j'évoquerai plutôt le terme de "créature erratique" si bien que Julius Avery s'éloigne du mythe initial du zombie, notamment à travers leur refus de se nourrir de chair humaine. Qui plus est, à travers la photogénie inédite de ces créatures féroces univoquement vouées à détruire l'ennemi de la manière la plus primitive, on s'impressionne de la sobriété de leur gestuelle leur évitant ainsi le ridicule de pacotille auquel nombre de séries Z on pu sombrer chez nos voisins transalpins. En l'occurrence, et avec les moyens considérables, c'est tout l'inverse qui se produit si bien que l'on reste scotché par son design percutant, tant auprès des scènes d'action pétaradantes (quel défouloir décomplexé !) que des effets gores d'un numérique bluffant de persuasion.


Et donc, si Overlord s'avère aussi bien fun que jouissif au fil d'un cheminement toujours plus délétère, il le doit à son réalisme formel (à l'instar de son prologue anthologique, guérilla aérienne à la fois vertigineuse et cauchemardesque dans son furieux spectacle d'apocalypse !) et à son refus du comique de situation. Et ce même si l'aspect inévitablement débridé de moult séquences horrifiques nous provoquent un sourire de gosse émerveillé, de par l'effet de surprise intelligemment exploité que de la générosité du cinéaste d'une émouvante sincérité à éluder la gratuité ! Les scènes d'actions bellicistes ou gorasses servant l'intrigue de deux missions (dont l'une impromptue) qu'un groupe de soldats ricains tenteront de transcender lors d'une commune bravoure. Pour autant, Overlord a beau cumulé les situations éculées, freiner un chouilla l'action à mi-parcours (en s'attardant un peu trop sur la filature d'un soldat américain égaré à proximité du labo d'expérimentation), cumuler les réactions stupides de personnages stéréotypés tombant comme des mouches dans des pièges grossiers, on marche à fond dans l'héroïsme en herbe de ces missionnaires dénués de prétention. Ainsi donc, on s'étonne même d'y éprouver une certaine sympathie auprès des personnages les plus nobles ou pugnaces car faisant soit preuve de discernement (le jeune black redresseur de tort) ou d'appétence punitive (la jeune fille en initiation criminelle depuis la prise d'otage de son bambin, garçonnet étonnamment modéré à travers ses expressions innocentes).


Excellente bande-dessinée live que cette pochette surprise d'une facture visuelle à la fois magnétique et stylisée, et d'un réalisme débridé infiniment percutant, Overlord réussit l'incroyable alchimie de communier film de guerre et horreur hardgore dans un luxueux format de série B bisseuse digne des fleurons des années 80. Si bien que passé le générique de fin aussi inventif que classieux, on se laisserait facilement tenter à redécouvrir Ilsa, la louve des SS ou encore Le commando des Morts-vivants dans un domaine contrairement glauque et malsain. 

*Bruno

mardi 5 février 2019

Perdita Durango.

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Alex De La Iglesia. 1991. Mexique/Espagne. 2h10. Avec Rosie Perez, Javier Bardem, Harley Cross, Aimee Graham, James Gandolfini, Screamin' Jay Hawkins, Demián Bichir.

Sortie salles Espagne: 31 Octobre 1997

FILMOGRAPHIE: Álex de la Iglesia, de son vrai nom Alejandro de la Iglesia Mendoza, est un réalisateur, scénariste et producteur de film espagnol né le 4 Décembre 1965 à Bilbao (Espagne).
1992: Action mutante, 1996: Le Jour de la bête, 1997: Perdita Durango, 1999: Mort de rire, 2000: Mes Chers Voisins, 2002: 800 Balles, 2004: Le Crime Farpait, 2006: La Chambre du Fils (segment), 2008: Crimes à Oxford, 2010: Balada Triste. 2013: Les Sorcières de Zugarramurdi. 2014 : Messi. 2015 : Mi gran noche. 2017 : Pris au piège. 2017 : Perfectos desconocidos.


Road movie de tous les excès, Perdita Durango se veut le pendant vitriolé de Sailor et Lula si bien que Alex De La Iglesia reprend quelques personnages clefs du chef-d'oeuvre de Lynch sous l'impulsion du couple déjanté Rosie Perez, Javier Bardem. Et si ces derniers s'avèrent parfaitement crédibles en psychopathes vrillés prêchant pour la Santeria (religion originaire de Cuba), l'esprit décalé de leur périple provoque à mi-parcours un certain sentiment de lassitude selon mon jugement de valeur. Faute d'absence de rebondissements d'une intrigue finalement canonique et d'un flagrant manque de dérision (aussi ultra noir soit son humour cartoonesque infructueux) pour désamorcer une extrême violence parfois insupportable (du moins dans la version Uncut). Car sciemment trash, putassier et extrême dans une ambiance carnavalesque digne de Rio, Perdita Durango s'autorise à mon sens un peu trop d'insolence incorrecte pour provoquer et choquer de façon récurrente. A l'instar d'une abjecte séquence pédophile même si intégralement épargnée du hors-champs, ou d'une séquence de viol particulièrement malsaine et déstabilisante (on peut d'ailleurs prêter une petite allusion aux Chiens de Paille de Peckinpah de par la posture équivoque de la victime juvénile).


Pour en revenir au pitch, on nous illustre dans une facture formelle rutilante un couple de braqueurs mexicains décidés à prendre en otage 2 jeunes américains afin de les sacrifier à leur divinité, quand bien même la police et des trafiquants sont à leur trousse. Et pour pimenter leurs pérégrinations littéralement dévergondées, Romeo doit livrer une cargaison de foetus humains pour le compte du mafieux Santo. Comme le prouve cette mission baroque susnommée, Alex De La Iglesia n'y va pas avec le dos de la cuillère pour nous divertir et nous entraîner dans une initiation aux meurtres et au viol à renfort de sexe, de drogue et de violence nonsensique. Cocktail survitaminée de tequila frappée coupée à la sangria, Perdita Durango se veut donc ouvertement bête et méchant, ce qu'il parvient plutôt à mettre en exergue lors de sa première heure plutôt captivante et dégénérée. D'autant plus qu'il n'hésite pas par ailleurs à égratigner avec une louche d'onirisme macabre la religion catholique à travers le thème du sacrifice humain. Mais lorsque les deux couples (otages et antagonistes) se délitent peu à peu pour des enjeux de jalousie et de pouvoir, l'ennui s'y fait un peu ressentir, même si l'action quasi omniprésente perdure à vouloir nous ébranler lors de règlements de compte ultra sanglants qu'engendrent le duo passionnel. D'ailleurs, sont-ils réellement amoureux lors de leurs rapports intimes tant leurs expressions souvent impassibles, détachées, peinent à nous attendrir ? Si bien qu'ils nous provoquent même dégoût, malaise, colère à travers leurs insatiables turpitudes bâties sur une soif d'absolue liberté.


Red hot chilli peppers 
Soufflant le chaud et le froid à travers d'incroyables séquences débridées particulièrement intenses (les hallucinantes séances de Vaudou nous donnent le vertige de par leur réalisme aussi bien horrifique que magnétique !) alors que d'autres situations plus triviales tombent plutôt à plat, Perdita Durango me laisse dans une position médiane. Notamment faute d'absence d'empathie éprouvée pour le duo immoral alors que leur passion amoureuse peu frétillante nous laisse de marbre comme le démontre son dénouement tragique faussement poignant et désespéré. On peut d'ailleurs également pointer du doigt le second-rôle peu attractif du flic empoté traquant inlassablement le couple dans une posture ironique inopérante. Ainsi, il est donc dommage de nous avoir livré un road-movie aussi démanché car si Alex De La Iglesia avait fait preuve de dérision plus explicite et hilarante, et si les personnages peu recommandables avaient été quelque peu attachants (à l'instar de l'équipée sauvage du mythique The Devil's Reject !), on aurait sans doute pu présumer le chef-d'oeuvre du genre. Quoiqu'il en soit, à revoir d'un oeil curieux (et peut-être plus sardonique pour qui apprécie les expériences extrêmes rigides dénuées de toute morale).

*Bruno
2èx

Récompenses:
Mention spéciale, lors du Festival international du film fantastique de Bruxelles en 1998.
Meilleur film et meilleure actrice pour Rosie Perez, lors du Fantafestival en 1998.
Meilleur acteur pour Javier Bardem, lors des Fotogramas de Plata en 1998.
Prix Goya du meilleur maquillage et le la meilleure coiffure pour José Quetglás et Mercedes Guillot en 1998.

lundi 4 février 2019

Venus in furs

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site avoir-alire.com

"Paroxismus" de Jess Franco. 1969. Angleterre/Allemagne/Italie. 1h26. Avec James Darren, Barbara McNair, Maria Rohm, Klaus Kinski,  Dennis Price, Margaret Lee.

Sortie salles Italie: 19 Août 1969. U.S: 9 Septembre 1970

FILMOGRAPHIE: Jess Franco (Jesus Franco Manera) est un réalisateur espagnol, né le 12 Mai 1930 à Madrid, décédé le 2 Avril 2013. 1962: L'Horrible Dr orlof.  1962: Le Sadique Baron Von Klaus. 1964: Les Maîtresses du Dr Jekyll. 1966: Le Diabolique Dr Zimmer. 1969: L'Amour dans les prisons des femmes. 1969: Justine ou les infortunes de la vertu. 1970: Les Nuits de Dracula. 1970: Le Trône de Feu. 1971: Vampyros Lesbos. 1972: Les Expériences Erotiques de Frankenstein. 1972: Dracula prisonnier de Frankenstein. 1972: La Fille de Dracula. 1973: Quartier des Femmes. 1973: Christina chez les Morts-Vivants. 1974: La Comtesse Noire. 1974: Eugénie de Sade. 1976: Jack l'Eventreur. 1980: Terreur Cannibale. 1980: Mondo Cannibale. 1981: Sadomania. 1981: Le Lac des Morts-Vivants (co-réal). 1982: L'Abîme des Morts-Vivants. 1982: La Chute de la maison Usher. 1988: Les Prédateurs de la Nuit. 2002: Killer Barbys.


"Autant la première fois j'étais passé à côté, autant aujourd'hui me suis pris une petite claque (ouatée) grâce à l'intarissable Franco honnêtement ambitieux à traiter le plus sincèrement cette proposition fantasmagorique." 

L'argumentUn musicien trouve par hasard le corps sans vie d’une belle jeune femme sur une plage. Celle-ci a été torturée puis assassinée par un groupe de sadiques... Inexplicablement, la défunte revient à la vie avec comme unique but de se venger de ceux qui l’ont fait périr dans d’atroces souffrances.

Pour faire bref (et laisser ensuite la parole à Virgile Dumez); Venus in Furs est une formidable surprise que l'éditeur Artus Film exhume de l'oubli (même si on peut déplorer une copie Dvd pas fameuse) alors qu'il s'agit selon moi (mais aussi des fans du cinéaste) de l'un des meilleurs films de Jess Franco dont j'ignorai l'existence. Et si le scénario demeure totalement classique et sans surprise, son intérêt découle de sa mise en scène expérimentale infiniment inspirée et soignée, de son parti-pris musical jazzy fréquemment exposé, et du jeu des acteurs communément dépouillés et plutôt bien dirigés par un Franco désireux de nous offrir une proposition fantasmagorique littéralement inusitée. Ainsi, cette étrange impression de rêve éveillé est d'autre part renforcée de ralentis réussis; de filtres verts, jaunes et rouges auprès d'une séquence psychédélique, de son atmosphère feutrée plutôt sensuelle, pour ne pas dire charnelle, et de la posture dubitative du héros qu'endosse James Darren (Au coeur du Temps) plongé dans une aventure romantique dénuée de sens, de repères, de temporalité. On sort donc de la projo à la fois séduit, envoûté, hanté par ce poème musical ne ressemblant à nul autre, tant et si bien que Venus in Furs dégage en prime un charme félin sous l'impulsion de l'ectoplasme Maria Rohm assez magnétique, voluptueuse, mutique pour mettre en exergue la femme dans sa représentation symboliquement charnelle rehaussée ici de mystère indicible pour y flirter avec le Fantastique éthéré. Du cinéma indépendant de premier choix à découvrir au plus vite du fait de son invisibilité. 
 
*Bruno


La critique de Virgile Dumez chroniquée chez le site avoir-alire.com:
Après avoir signé quelques gros succès pour le compte du producteur britannique Harry Alan Towers à la fin des années 60, le réalisateur espagnol Jesus Franco réussit à imposer un projet plus personnel, à savoir un scénario de son cru intitulé Black Angel. Cette histoire de fantôme vengeur trouve son inspiration dans une phrase entendue de la bouche du musicien de jazz Chet Baker qui disait qu’il voyait défiler toute sa vie devant ses yeux lorsqu’il entamait un solo de trompette. Dès lors, Jess Franco a l’idée de construire l’intégralité d’un long-métrage comme un morceau de jazz, telle une fuite en avant vers la fantasmagorie et la mort. Pour constituer la base de son script, il s’inspire à la fois de Boulevard du crépuscule et de Sueurs froides et laisse ensuite divaguer son esprit torturé.


Une fois le tournage achevé, le producteur Harry Alan Towers semble avoir mis son grain de sel dans la version anglaise qui fait aujourd’hui autorité et que nous avons visionné. Ainsi, le titre Venus in Furs est ajouté alors que le film n’a absolument aucun rapport avec l’œuvre de Masoch. Mais surtout, le montage final intègre de nombreuses expérimentations visuelles psychédéliques qui n’étaient apparemment pas incluses dans la version initiale du cinéaste. Ainsi, les ralentis, accélérations, déformations optiques et autres filtres de couleurs semblent avoir été intégrés par le producteur histoire de rendre le métrage plus proche d’une esthétique alors à la mode. Mais pour une fois, cela n’entre aucunement en contradiction avec l’œuvre elle-même et, bien au contraire, cela renforce l’aspect expérimental d’un film entièrement construit au montage.


Cette reconstruction a posteriori explique sans aucun doute les incongruités géographiques où les paysages brésiliens succèdent aux plans tournés en Turquie sans que l’on ait l’impression de changer de continent. En réalité, les passages sur le carnaval de Rio ne sont ni plus ni moins que des stock-shots qui n’apportent pas grand chose à l’affaire si ce n’est une couleur exotique. Pourtant, ce qui serait un défaut rédhibitoire dans un autre film s’avère ici un atout puisque le cinéaste joue sans cesse avec notre perception de la réalité. Brouillant tous les repères géographiques et temporels du spectateur, Jess Franco livre une œuvre hallucinée où le fantasme se mêle sans cesse au réel sans que l’on sache vraiment où l’on se trouve. Cette structure audacieuse – en free jazz en quelque sorte – suppose un abandon total du spectateur au médium cinéma. Porté par des images souvent originales, Venus in furs peut donc être vu comme un film expérimental qui s’approche des recherches formelles d’un Godard, par exemple.


Le métrage ne serait pas aussi réussi sans l’excellente partition de Manfred Mann et Mike Hugg qui alterne les moments jazzy avec des morceaux plus pop psychédélique. Souvent sans dialogue, le film bénéficie également d’une interprétation de bonne qualité. Maria Rohm est belle à se damner en fantôme vengeur, James Darren joue le trouble avec conviction, tandis que Klaus Kinski, même peu présent à l’écran, impose sa stature au moindre regard. Sans doute trop peu commercial, Venus in furs fut un cuisant échec au box-office, à tel point qu’il n’est jamais sorti dans les salles françaises. Une injustice qui commence à être réparée aujourd’hui grâce à l’action d’Alain Petit et de l’éditeur Artus qui tentent d’imposer le métrage comme une œuvre culte. Nous les soutenons largement dans cette entreprise de réhabilitation puisqu’il s’agit sans aucun doute de l’un des meilleurs Jess Franco, avec la version espagnole du Miroir obscène, intitulée Al otro lado del espejo.
Virgile Dumez.

vendredi 1 février 2019

Frères Ennemis

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Oelhoffen. 2018. France. 1h51. Avec Matthias Schoenaerts, Reda Kateb, Adel Bencherif, Fianso, Sabrina Ouazani, Gwendolyn Gourvenec.

Sortie salles France: 3 Octobre 2018

FILMOGRAPHIEDavid Oelhoffen est un réalisateur et scénariste français, né en 1968 à Ferrol (Espagne). 2007 : Nos retrouvailles. 2014 : Loin des hommes. 2018 : Frères ennemis.


Polar noir tendu nappé de désespoir existentiel, Frères Ennemis demeure un solide polar grâce à la confrontation sinueuse Matthias Schoenaerts / Reda Kateb (communément partagés par leurs sentiments de contrariété et constante appréhension), grâce à son ultra réalisme urbain (parfois filmé caméra à l'épaule) et grâce à son intensité dramatique plutôt impressionnante lorsque David Oelhoffen met en exergue une violence âpre au service de l'histoire et des personnages écorchés vifs si j'ose dire. Car loin de s'apitoyer sur les clichés de la banlieue et du misérabilisme sociétal, Frères Ennemis gagne en substantialité pour le portrait de ces trafiquants de drogue (aux trognes plus vraies que nature !) pris au piège de leur corruption vénale. David Oelhoffen se refusant toute fioriture et partition musicale pour dépeindre leur condition humaine subtilement poignante passé le deuil inéquitable et leur soif de justice expéditive inévitablement à double tranchant. On peut d'ailleurs prêter une certaine allusion au Parrain de Coppola ou à Nos Funérailles de Ferrara à travers leur fraternité amicale, le sens de l'honneur familiale ainsi que les sentiments de trahison découlant des protagonistes les plus insidieux.


Si on regrette le manque de surprises de l'intrigue (suite à un règlement de compte sanglant, un trafiquant tente de retrouver le coupable à l'aide de son ancien ami d'enfance aujourd'hui capitaine des stups), l'intérêt du drame psychologique s'esquisse dans le constat sans espoir d'une jeunesse marginale livrée à la loi de la survie dans un univers sans vergogne où finalement seul prime l'individualité. Remarquable de sobriété auprès d'un casting irréprochable, tant auprès de leur charisme patibulaire que de leur force d'expression souvent animale ou commotionnée, Frères Ennemis se perd malgré tout un peu en fin de parcours. Tant et si bien que l'évolution de l'intrigue dramatique pâtit d'un manque d'intensité émotionnelle auprès de la confrontation Marco (le trafiquant) / Driss (le flic) mutuellement tourmentés par les conséquences de leurs actions vénéneuses. Pour autant, et grâce à l'impressionnante maîtrise de la mise en scène au coeur du sujet et au plus près des personnages démunis en proie aux remords et à la douleur morale, on reste captivé à connaître la résolution du dénouement que l'on devine inévitablement fataliste.


A découvrir avec intérêt donc car même si Frères Ennemis s'avère perfectible (notamment auprès de son émotion empathique moins percutante que prévu lors du point d'orgue abrupt), on s'impatiente de découvrir la prochaine réalisation de David Oelhoffen. Ce dernier dégageant une personnalité passionnante de par son attention, pour ne pas dire sa compassion, pour les délinquants prisonniers de leurs actions criminelles et faiblesses morales à céder au chantage du dilemme en lieu et place de survie. Tragique constat donc imparti à cette marginalité galvaudée majoritairement sans espoir de rédemption. 

*Bruno

jeudi 31 janvier 2019

Conan le destructeur

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Conan the Destroyer" de Richard Fleischer. 1984. U.S.A. 1h42. Arnold Schwarzenegger, Grace Jones, Wilt Chamberlain, Mako, Tracey Walter, Sarah Douglas.

Sortie salles France: 29 Août 1984. U.S: 29 Juin 1984

FILMOGRAPHIE: Richard Fleischer est un réalisateur américain né le 8 décembre 1916 à Brooklyn,  et décédé le 25 Mars 2006 de causes naturelles. 1952: l'Enigme du Chicago Express, 1954: 20 000 lieux sous les mers, 1955: les Inconnus dans la ville, 1958: les Vikings, 1962: Barabbas, 1966: le Voyage Fantastique, 1967: l'Extravagant Dr Dolittle, 1968: l'Etrangleur de Boston, 1970: Tora, tora, tora, 1971: l'Etrangleur de Rillington Place, 1972: Terreur Aveugle, les Flics ne dorment pas la nuit, 1973: Soleil Vert, 1974: Mr Majestyk, Du sang dans la Poussière, 1975: Mandingo, 1979: Ashanti, 1983: Amityville 3D, 1984: Conan le destructeur, 1985: Kalidor, la légende du talisman, 1989: Call from Space.


Si Conan le Destructeur est incapable d'approcher l'ampleur épique du mastodonte imputrescible Conan le barbare, il demeure néanmoins une sympathique bande-dessinée menée tambour battant dans son lot de fraternité amicale, trahisons, sanglantes bastonnades et fracas des armes en règle (assez bien chorégraphiés). Et ce en dépit d'une intrigue prévisible dénuée d'intensité que le spectateur anticipe facilement avec un sourire naïf. A l'instar de la posture volontairement inculte de la princesse enfant que celle-ci gouverne maladroitement durant toute la mission. Surfant sur la vague d'Indiana Jones (la même année sort le second opus de Spielberg) si bien que Conan et ses acolytes sont en quête d'une corne maudite, Conan le destructeur privilégie l'humour gentiment bonnard, probablement afin de rameuter un public ado plus indulgent quant au contenu low-cost de l'entreprise dirigée avec modeste efficacité par le notable Richard Fleischer (que l'on a connu largement plus inspiré parmi sa pléthore de classiques notoires). On apprécie d'ailleurs durant ce périple archéologique la beauté sauvage de ses décors aussi bien naturels qu'ornementaux (notamment en interne du château de glace), le soin de ses effets-spéciaux (l'oiseau invisible, la créature finale plutôt charismatique en démon cornu) et surtout l'apparition surprise de la chanteuse Grace Jones, très impliquée en guerrière farouche d'un charisme félin résolument primitif. Oubliable certes mais point déplaisant.

Le point fort du film: l'impressionnante présence de Grace Jones.

*Bruno
4èx

Box-Office France:  1 285 821 entrées

Ci-joint la chronique de Conan le Barbare: http://brunomatei.blogspot.fr/…/conan-le-barbare-conan-barb…

mercredi 30 janvier 2019

A la poursuite du diamant vert

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Romancing the Stone" de Robert Zemeckis. 1984. U.S.A. 1h46. Avec Michael Douglas, Kathleen Turner, Danny DeVito, Zack Norman, Alfonso Arau, Manuel Ojeda.

Sortie salles France: 4 Juillet 1984. U.S: 30 Mars 1984

FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois). 1978: Crazy Day. 1980: La grosse Magouille. 1984: A la Poursuite du diamant vert.1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle Express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Mr Scrooge. 2013: Flight. 2015: The Walk. 2016 : Alliés. 2018 : Bienvenue à Marwen.


Alors que cette même année sort sur les écrans l'illustre Indiana Jones et le temple maudit, Robert Zemeckis, cinéaste néophyte à l'aube d'une notoriété, nous offre sa version low-cost avec A la poursuite du Diamant vert. Ce qui ne l'empêcha pas non plus de remporter un gros succès international si bien qu'il cumule chez nous plus de 3 157 966 entrées, se classant ainsi 9è au Box-Office ! Film d'aventures modernes impeccablement mené sous l'impulsion de l'attachant duo Michael Douglas / Kathleen Turner (bon dieu, quelle sublime beauté plantureuse !) en ascension romantico-héroïque, A la poursuite du diamant vert est un pur régal aussi bien formel qu'émotionnel. Robert Zemeckis exploitant avec inventivité (et intempéries impromptues) le cadre forestier de l’État de Veracruz à travers une intrigue simpliste, prétexte à course à l'émeraude savamment compromise par l'hostilité de deux clans mafieux. Au-delà de l'aspect fun des moult séquences d'action plutôt réalistes et se renouvelant sans fard grâce à la fringance du couple d'aventuriers en herbe, A la poursuite du diamant vert dégage une vigueur romantique pétrie d'humanité auprès du superbe portrait d'une écrivaine utopiste à la fois naïve, candide et fragile.


Si bien que celle-ci avide de rêve, d'évasion et surtout de romance espère timidement approcher un jour le prince charmant qu'elle fantasme depuis la nuit des temps à travers ses propres romans d'aventures. Décontracté et preux avec une juste sobriété (lui évitant ainsi la caricature d'un Indy désargenté) et motivé par la cupidité dans son instinct d'aventurier solitaire en quête de gloire, Michael Douglas lui partage la vedette avec un chouilla d'ambiguïté quant à ses véritables mobiles à privilégier la fortune ou les sentiments. Truffé de cocasserie à travers des personnages faussement patibulaires (Danny DeVito en tête en maraudeur empoté), l'intrigue sait provoquer sans une once d'outrance les vicissitudes de nos héros en insistant notamment sur l'aspect décomplexé de ses situations gentiment périlleuses et délétères. Et ce tout en insistant constamment sur ce délicieux parfum d'exotisme romantique, à l'instar de la plage d'accalmie instillée dans la carcasse de l'avion ou encore de la danse improvisée que Jack sollicite à Joan lors d'une soirée estivale. Autant dire que ce genre d'émotions galvanisantes s'avère aujourd'hui quasi disparu, faute de l'absence d'intégrité de nos cinéastes actuels privilégiant l'action numérique dans un festival de surenchère indigeste.


Bref, à travers la sacro-sainte époque des années 80, A la poursuite du diamant vert fleure bon l'aventure lyrique sous l'autorité de Robert Zemeckis possédant ce sens inné du divertissement dépaysant. Celui-ci tablant avant tout sur la tendre humanité de ses héros romantiques et sur l'humour d'une aventure familiale où l'action trépidante émane de situations particulièrement censées car plutôt réalistes. N'ayant pas pris une once de ride (on tient donc là la preuve de l'authentique classique !), ce fleuron du genre n'a point à rougir de son homologue Indiana Jones, principalement à travers la simplicité de son charme innocent. 

*Bruno
3èx 

Récompenses:
Los Angeles Film Critics Association Awards 1984 : meilleure actrice pour Kathleen Turner (également pour Les Jours et les nuits de China Blue)
Golden Globes 1985 : meilleur film musical ou comédie, meilleure actrice dans un film musical ou une comédie pour Kathleen Turner
Golden Reel Awards 1985 : meilleur montage sonore

mardi 29 janvier 2019

L'Ecureuil Rouge. Prix spécial du Jury et de la Critique, Fantastic'Arts 94.

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"La ardilla roja" de Julio Medem. 1993. Espagne. 1h54. Avec Emma Suárez, Nancho Novo, María Barranco, Karra Elejalde, Carmelo Gómez.

Sortie salles France: 16 Février 1994. Espagne: 21 Avril 1993

FILMOGRAPHIEJulio Medem est un réalisateur et scénariste espagnol né à Saint-Sébastien le 21 octobre 1958. 1992 : Vacas. 1993 : L'Écureuil rouge. 1996 : Tierra. 1998 : Les Amants du cercle polaire. 2000 : Lucia et le Sexe. 2003 : La pelota vasca, la piel contra la piedra (documentaire). 2007 : Chaotique Ana. 2010 : Habitación en Roma. 2015 : Ma ma.


Synopsis: Au moment de tenter de se suicider à la suite d'une rupture sentimentale, Jota assiste à l'accident de moto d'une jeune fille sur la plage. Souffrante d'amnésie, celui-ci en profite pour se faire passer pour son petit ami. Au fil des jours, et grâce à leur désir et curiosité de se connaître mutuellement, ils décident de partir en camping le temps de quelques semaines de villégiature. C'est dans ce lieu solaire et paisible qu'ils sympathisent auprès d'un couple et de leurs enfants. Mais aussi énigmatique que rassurante, la jeune inconnue attise toujours plus la curiosité auprès de son l'entourage.

Ovni hispanique honteusement méconnu et oublié en dépit de ses pléthoriques récompenses tant méritées, l'Ecureuil Rouge constitue une oeuvre inclassable de par la forte personnalité du réalisateur Julio Medem résolument inspiré à dépeindre un jeu de pouvoir et de séduction entre les sexes opposés. Ce dernier manipulant l'oeil et l'esprit du spectateur avec la diabolique maîtrise des genres (comédie, romance, mystère, fantastique, érotisme s'entrechoquent), eu égard du ressort fantasmatique de l'intrigue sinueuse abordant les thèmes de l'amour passionnel, du mensonge et de la trahison parmi la singularité d'un surréalisme éthéré. Tant et si bien que le spectateur tente d'y démêler le vrai du faux avec une fascination quasi masochiste, et ce même si on finit par saisir le sens de cette trouble liaison nantie de sentiments équivoques. Sorte de jeu de pouvoir entre le machisme d'un prétendant affabulateur délibéré à conquérir une nouvelle partenaire beaucoup plus retorse qu'elle n'y parait.


D'ailleurs, à ce vénéneux jeu de séduction et de quête identitaire, on peut compter sur la force d'expression sémillante de Emma Suárez crevant l'écran à chacune de ses apparitions, aussi bien faussement innocentes qu'effrontées. Le film dégageant en permanence une érotisme sulfureux tantôt suggéré, tantôt explicite, notamment auprès de ses répliques salaces volontiers provocatrices. Il faut aussi avouer que les postures décalées ou excentriques des personnages (majeurs et secondaires) nous donnent le vertige à travers leur personnalité quelque peu bipolaire si j'ose dire. Notamment auprès de sa seconde partie un peu plus inquiétante, voire même haletante lors d'une course-poursuite sentimentale à récupérer la perle rare. Tant auprès des adultes plutôt accueillants et ironiquement naïfs, mais pour autant un brin suspicieux quant aux véritables profils du couple étranger, que des enfants fureteurs plutôt fascinés par la beauté suave de Lisa. D'ailleurs, à travers une gestuelle provocatrice exercée par un ado en émoi lubrique, Julio Medem ose dépeindre une brève séquence pédo plutôt couillue mais jamais triviale ou putassière lorsque Elisa tente sèchement de le recadrer face à son père médusé ! Mais la grande force de l'Ecureuil Rouge réside avant tout à travers l'intensité de son ambiance indicible étrangement magnétique et vaporeuse. L'"onirisme" le plus imperméable semblant planer sur les épaules de nos protagonistes désorientés à l'instar d'un songe dépourvu de raison.


Psychose des sentiments
Histoire d'amour fébrile imprimée par le talent atypique d'un franc-tireur hétérodoxe, l'Ecureuil Rouge traite des rapports conflictuels hommes/femmes au sein d'un perpétuel jeu d'autorité à la fois badin et sarcastique. Baignant dans une atmosphère hypnotique de surréalisme baroque et de sensualité torride, l'Ecureuil Rouge parvient avec un rare brio formaliste à éveiller nos sens pour nous immerger dans un conte romantique où les névroses du couple ne cessent de nous donner le tournis dans leur désir irrépressible d'approcher la perle rare en y façonnant le simulacre. Dès lors, la soif d'aimer et d'être aimé n'aura jamais paru aussi originale qu'à travers cette perle rare truffée d'humour et de fantasmes obscurs quant à l'inné désir de possession. Du grand art. 

*Bruno
2èx

Anecdote wikipedia: Stanley Kubrick, fasciné par L'Écureuil rouge, recommanda Julio Medem à Steven Spielberg. Celui-ci proposa Le Masque de Zorro au réalisateur basque, lequel préféra continuer ses projets en Espagne

Récompenses:
Quinzaine des réalisateurs du festival de Cannes 1993 : Prix de la jeunesse
Prix Goya : meilleure musique originale pour Alberto Iglesias, et nominations pour les actrices Emma Suárez et María Barranco
Prix Sant Jordi : meilleur film espagnol, et meilleure actrice pour Emma Suárez
Prix Ondas : meilleur film espagnol
Fantastic'Arts 1994 : Prix spécial du jury et Prix de la Critique

vendredi 25 janvier 2019

Le Bossu de la Morgue / El Jorobado de la Morgue

Photo empruntée sur Google, appartenant au site scifi-movies.com

de Javier Aguirre. 1973. Espagne. 1h22. Avec Jacinto Molina (Paul Naschy), Rosanna Yanni, Victor Alcazar, Maria Elena Arpon, Maria Perschy, Alberto Dalbés.

Sortie salles France: 22 Janvier 1975. Espagne: 13 Juillet 1973

FILMOGRAPHIE SELECTIVEJavier Aguirre Fernandez est un réalisateur, écrivain, compositeur, directeur de photographie, producteur, scénariste espagnol, né le 13 Juin 1935. 1965: Los oficios de Candido. 1967: Los Chicos con las chicas. 1968: Los Dué tocan el piano. 1969: Una vez al ano ser hippies ne Dano Lievre. Soltera y madre en la vida. 1970: De profesion, sus labores. El Astronauta. Pierna Creciente, falda Menguante. 1972: Soltero y padre en la vida. 1973: Le Bossu de la Morgue. Volveré une nacer. 1974: El Insolito embarazo de los Martinez. Le Grand Amour du Comte Dracula. Vida Intima de séducteur de l'ONU cinico. 1977: Acto de posesion. 1981: Rocky Carambole. 1987: La Députée. 1988: El Amor si tiene cura. 1991: Voz. 2002: Zéro / Infinito. 2003: Variaciones 1 / 113. 2006: Médée. Dispersion de la Luz.


Film phare du cinéma ibérique des Seventies réalisé par un cinéaste prolifique, Le Bossu de la Morgue est un ovni rare et précieux pour les amateurs de bisserie déviante au mauvais goût assumé. Ainsi, la légende évoque qu'un véritable cadavre eut été utilisé lors d'une séquence morbide où notre bossu Gotho décapite au couteau un vieillard dans une chambre d'hôpital (personnellement, je n'y crois pas une seconde même si l'effet répulsif s'avère assez réaliste). D'autre part, pour rapporter d'autres anecdotes (cette fois-ci fiables !), une vraie morgue fut utilisé avec l'accord du directeur de l'établissement, quand bien même les rats utilisés dans le film sont de véritables rongeurs sacrifiés pour l'occasion, c'est à dire brûlés vifs dans une totale négligence ! Un parti-pris aussi éhonté qu'impardonnable évidemment. Quant au pitch halluciné, il est à inscrire dans les annales du grotesque le plus impayable ! Jugez en ! Gotho est un bossu déficient exerçant pour l'entretien d'une morgue. Amoureux d'une jeune amie d'enfance, ce vagabond solitaire lui ramène des fleurs depuis qu'elle est hospitalisée pour une grave pathologie. Malheureusement, la fille décède mais Gotho, fou de chagrin, décide d'enlever son cadavre pour s'occulter sous les catacombes d'une abbaye. Avec l'aide d'un chirurgien sans vergogne qui lui promet de rendre la vie à sa défunte, le bossu devra profaner divers cadavres, assassiner des innocents puis ravir des jeunes femmes pour ainsi pouvoir créer un être artificiel !  


En revoyant aujourd'hui Le Bossu de la Morgue, on se surprend toujours de l'incroyable alchimie qui s'y dégage. Entre le nanar involontairement risible (Paul Naschy en séducteur déficient est irrésistible de cabotinage !) et la série B/Z d'exploitation engagée dans l'outrance putassière et le délire dégingandé, cette farce morbide doit son salut à un scénario anarchique proprement halluciné ! Car en brassant les thèmes de l'immortalité, de la monstruosité humaine et de la nécrophilie pour l'enjeu de l'amour (on peut d'ailleurs songer par moments au célèbre Blue Holocaust de Joe d'Amato !), ce bordel outrageant se vautre dans le grand guignol, le mauvais goût et l'horreur gothique avec une surprenante décontraction. Ainsi donc, influencé par le mythe de Frankenstein et Notre Dame de parisJavier Aguirre nous rajeunit un bijou d'horreur glauque avec cette touche ibérique si singulière pour l'illustration ostentatoire de cadavres putréfiés, catacombes décaties, nécropole nocturne, chambre des tortures et auberge mal fréquentée piquetés de scènes gores incroyablement putrides pour l'époque (si bien qu'elles continuent encore aujourd'hui de nous fasciner !). Or, il fallait donc oser confier le premier rôle à un bossu rétrograde perpétrant d'horribles méfaits pour l'amour d'une défunte depuis qu'un médecin mégalo lui aura garanti sa résurrection. Dès lors, on ne sait plus s'il faut s'apitoyer sur son sort ou à contrario le condamner à travers ses exactions sanguinaires d'autant plus sadiques !


Et lorsque Gotho est naturellement courtisé par une jolie blonde éprise d'empathie, on se dit que la vraisemblance s'avère constamment au point mort dans cette production incongrue affiliant romance déchue et horreur crapoteuse. Et ce jusqu'à y introduire un monstre visqueux friand de chair humaine mais confiné dans un cachot, fruit des expériences diaboliques du médecin licencieux. A ce titre, le point d'orgue hilarant est digne de figurer dans les anthologies du craignos monsters ! Mais le charme probant du Bossu de la morgue provient également de l'interprétation surjouée de Paul Naschy  (considérée ici comme l'un de ses rôles majeurs ! Ah bon ?) ! Car en forçant le trait sur son amertume et sa tristesse élégiaque d'avoir perdu sa compagne d'enfance, l'acteur épouse pour autant un penchant autrement malsain lorsqu'il est contraint d'assassiner des médecins railleurs de son infirmité ou lorsqu'il doit ravir d'innocentes victimes pour l'offrande d'un glouton hybride toujours plus carnassier ! Enfin, et pour parachever, l'ambiance gothico-morbide s'avère franchement perméable si bien que Javier Aguirre dépeint avec une attention formelle monuments de pierre en ruine renfermant dans les sous-sols éclairés de bougies un labo décrépi au sein d'un petit village autrichien nappé de brouillard. Quand bien même notre bossu tapi dans l'ombre déambule la nuit afin de cibler sa nouvelle proie ou encore un peu plus tard profaner un cadavre putréfié !


A travers ses scènes gores incroyablement couillues (du moins dans sa version intégrale), son ambiance putride insensée et parfois même épeurante (les apparitions moribondes des 2 victimes vitriolées m'impressionnent à chaque visionnage), ses acteurs cabotins, ses incohérences narratives intarissables et sa mélodie métronome, Le Bossu de la Morgue fait mouche pour s'imposer en perle de l'horreur ibérique réfractaire au politiquement correct ! Car baignant dans un perpétuel racolage putassier (ah, ces deux nymphettes se fouettant le torse en guise de masochisme !), Le bossu... s'achemine sans complexe vers le nanar hybride afin de combler les fétichistes d'ovni aussi bien sulfureux que décadent !

Remerciement à Artus Films

*Bruno
25/01/19. 3èx
01.02.12. 332 v

mercredi 23 janvier 2019

Climax. Prix du Meilleur Film, Catalogne 2018.

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Gaspard Noé. 2018. France. 1h37. Avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub, Kiddy Smile, Claude-Emmanuelle Gajan-Maull, Giselle Palmer.

Sortie salles France: 19 Septembre 2018 (Interdit - 16 ans).

FILMOGRAPHIEGaspar Noé est un scénariste, producteur et réalisateur italo-argentin, né le 27 décembre 1963 à Buenos Aires en Argentine. 1998 : Seul contre tous. 2002 : Irréversible. 2010 : Enter the Void. 2015 : Love. 2018 : Climax.


Avertissement ! Ames vulnérables et émotives, n'absorbez aucune substance psychotrope ni boissons alcoolisées avant la séance maximaliste, si bien que même à jeun la gueule de bois est de rigueur passé le générique de fin !

"Tous les esprit fonctionnent entre démence et imbécilité, et chacun dans les 24h, frôlent ces extrêmes." Expérience psychédélique hallucinée faisant office de bad trip irréversible, Climax est la nouvelle oeuvre provocatrice du franc-tireur Gaspard Noé rarement à court d'idées vrillées et de concept saugrenu. A l'instar du pitch d'une simplicité enfantine: un groupe de danseurs professionnels se réunissent un soir de beuverie. Or, durant la soirée (prioritairement) techno, quelqu'un a versé une substance psychotrope dans la Sangria. Depuis, chaque danseur sombre dans une démence incontrôlée. Pur ovni dépressif monstrueux et décadent, à mi-chemin entre Eraserhead, Possession (Noé réinterprète d'ailleurs la fameuse anthologie de transe erratique iconisée par Isabelle Adjani !), la Montagne Sacrée et bien d'autres raretés aussi marginales qu'underground, Climax nous plonge dans un maelstrom d'images agressives où les corps extatiques laissent libre court à une expression gestuelle aussi bien picturale que fantasmatique. Constamment sensitif sous l'emprise du LSD que chaque danseur déglutit contre son gré, Climax nous immerge dangereusement dans un univers surréaliste incessamment incommodant.


Si bien que le spectateur hypnotisé par les chorégraphies salaces et démoniales perd rapidement pied avec la réalité quotidienne éclairée de néons flashy, et ce en ayant la désagréable impression d'y égarer sa propre identité ! Autant dire que le pulsatile Climax n'a jamais aussi bien décrit à travers sa caméra contemplative les effets corporels et cérébraux du LSD depuis la fameuse Montagne Sacrée de Jodorowsky ! Techniquement virtuose auprès d'une caméra reptilienne adepte des plans séquences ou tarabiscotés, Climax s'accapare donc de nos sens avec une délétère maîtrise formelle. Quand bien même nous nous identifions facilement aux personnages juvéniles méconnus du public si bien que les comédiens s'avèrent pour la plupart amateurs lorsque Gaspard Noé les recruta durant ses 15 jours de tournage. Et donc à travers son manifeste contre les dangers du LSD, notamment prétexte à moult clips expérimentaux matérialisés par des esprits intoxiqués, Climax donne finalement chair à un univers à la fois spirituel et métaphysique où plane un mal-être existentiel plutôt actuel. De par les angoisses et affres insurmontables de chacun des protagonistes déambulant tels des fantômes errants pour ensuite céder à des pulsions contrairement sauvages, Climax suggère avec audace les effets potentiellement fructueux (pour ne pas dire extraordinaires) de la mort après avoir franchi le seuil de l'au-delà pour y déceler l'absolue vérité !


"Mourir est une expérience extraordinaire"
Expérience traumatique avec notre moi conscient enivré par les effets pervers de l'alcool et de la drogue, Climax nous ensorcelle l'âme, le coeur et la chair avec une alchimie aussi bien délétère que dévastatrice. Eu égard de sa puissance visuelle hyper tangible, l'expérience bipolaire est à déconseiller aux esprits vulnérables, notamment à travers sa chétive romance que fait naître sa poignante conclusion lorsque Noé filme la beauté des corps épuisés de larmes et de souffrances. Une claque émotionnelle donc infiniment atypique et cauchemardesque si bien que nos nerfs sont subtilement mis à rude épreuve lorsque Gaspard Noé parvient littéralement à nous posséder à travers cette vision métaphysique de corps lubriques en soif d'amour impalpable. 

Dédicace à Dany Dumont

*Bruno

Récompenses: Festival international du film fantastique de Neuchâtel 2018 : Prix H. R. Giger Narcisse du meilleur film et Méliès d'argent du meilleur long métrage européen.
Festival international du film de Catalogne 2018 : Prix du meilleur film.