vendredi 8 février 2019

Le Parfum de la Dame en noir / Il profumo della signora in nero

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site bradipofilms.blogspot.com

de Francesco Barilli. 1974. Italie. 1h43. Avec Nike Arrighi, Daniele Barnes, Gabriele Bentivoglio, Maurizio Bonuglia, Roberta Cadringher, Ugo Carboni, Sergio Forcina, Mimsy Farmer, Roberta Gadingher, Luigi Antonio Guerra,Jho Jhenkins.

Sortie salles Italie: 4 Avril 1974

FILMOGRAPHIEFrancesco Barilli est un acteur, réalisateur et scénariste italien, né à Parme en 1943 (Italie). Comme réalisateur: 1968 : Nardino sul Po, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 1987 : Cinecittà 50, 1991 : Le Dimanche de préférence,1997 : Casa Barilli (vidéo),1998 : Erberto Carboni (vidéo),2000 : Giuseppe Verdi (vidéo), 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV), 2005 : Il Palazzo ducale e il Bertoja a Parma (vidéo). Comme scénariste: 1972 : Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), 1972 : Au pays de l'exorcisme, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV)


Inédit en salles chez nous, Le parfum de la dame en noir (à ne point confondre avec le roman de Gaston Leroux) se décline en thriller fantastique à l'atmosphère atypique, quand bien même son double niveau de lecture émane d'un script sinueux, pour ne pas dire abscons. Une seconde vision est d'ailleurs à préconiser pour en saisir tous les tenants et aboutissants, notamment auprès des divers intervenants de l'immeuble. L'intrigue hermétique se ramifiant à l'instar d'un puzzle difficilement reconstituable. Autant donc prévenir les spectateurs reluquant pour autant avec attention cette bizarrerie névrotique avec en prime la frustration d'assister à un final imbitable. Ainsi donc, le méconnu Francesco Barilli (scénariste de l'étonnant Qui l'a vu mourir ?) nous illustre avec un souci esthétique plutôt pastel le cheminement aventureux de Sylvia à travers son huis-clos domestique. Climat obscur imperméable peuplé de fantômes et de non-dits, la demeure de Sylvia est l'objet de fantasmes du point de vue de celle-ci traumatisée par un passé familial. En résumé: A Rome, une chimiste, Silvia Hacherman, reste perturbée par un passé trouble et meurtrier perpétré durant son enfance. Si bien qu'un soir elle fut témoin des ébats amoureux de sa mère en compagnie de son amant avant l'acte brutal d'un meurtre commis à l'arme blanche. Un soir, en compagnie de son mari, elle fait la connaissance d'un africain spécialiste des pratiques occultes et du vaudou. Mais depuis une expérience mystique, Sylvia semble éprise de visions terrifiantes au moment où son passé refait subitement surface. 


Thriller transalpin difficile à apprivoiser de prime abord de par ses situations nonsensiques et du profil torturée d'une fragile héroïne en mal d'amour et d'équilibre mental, Le parfum de la dame en noir s'imprègne d'un climat insolite subtilement sous-jacent. La narration volontiers schizo et riche d'éléments inquiétants jouant avec les visions hallucinées d'une héroïne à la psyché résolument tourmentée. C'est donc en compagnie de Sylvia et d'une fillette en robe blanche surgie de nulle part que le récit finira par évoluer afin d'y décrire ses hallucinations récursives semblables au fantasme le plus repoussant, notamment lorsqu'on y suggère le viol incestueux. A travers ses splendides décors polychromes, rehaussé d'un travail géométrique sur la lumière, sur la colorimétrie baroque et sur le souci du détail ornemental, le voyage introspectif de Sylvia demeure une fascinante plongée dans les dédales de ses réminiscences où s'entrecroisent probablement morts et vivants. Quand bien même son final transgressif, déroutant, car si gore et malsain, risque d'en déconcerter plus d'un dans son refus de clarifier l'énigme insoluble. Cauchemar ou réalité ? Folie schizophrène ou montée en puissance d'une paranoïa incontrôlée tissée par une secte anthropophage se nourrissant des âmes damnés ou désaxés ? A moins qu'il ne s'agisse tout simplement d'une ténébreuse allégorie sur le deuil familial insurmontable, faute d'avoir sombré dans une folie punitive. Elégante, filiforme, sensuelle, Mimsy Farmer esquisse sa présence chétive à travers l'intensité de son regard apeuré gagné par la dépression. L'actrice exprimant une force d'expression névralgique au fil de son cheminement tentaculaire davantage pernicieux, voir désespérément tragique.


Sylvia et les fantômes.
De par la densité de sa mise en scène chiadée à la merci d'un climat surréaliste convergeant à l'indicible cauchemar domestique (on peut d'ailleurs songer au Locataire de Polanski), le Parfum de la dame en noir confine au vertige de la schizophrénie sous l'impulsion de l'inoubliable score sensible de Nicolas Piovana. Porté par le talent timoré de son actrice ténue, cet ovni sibyllin mérite le détour à travers sa matière baroque à la croisée des genres. Et ce même si le psycho-thriller prime sous la mainmise d'un auteur alchimiste aussi bien audacieux que complexe. A découvrir. 

*Bruno
16.02.11. (327 v)
08.02.19
17.01.24.

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