Sortie salles Italie: 4 Avril 1974
FILMOGRAPHIE: Francesco Barilli est un acteur, réalisateur et scénariste italien, né à Parme en 1943 (Italie). Comme réalisateur: 1968 : Nardino sul Po, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 1987 : Cinecittà 50, 1991 : Le Dimanche de préférence,1997 : Casa Barilli (vidéo),1998 : Erberto Carboni (vidéo),2000 : Giuseppe Verdi (vidéo), 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV), 2005 : Il Palazzo ducale e il Bertoja a Parma (vidéo). Comme scénariste: 1972 : Qui l'a vue mourir ? (Chi l'ha vista morire?), 1972 : Au pays de l'exorcisme, 1974 : Il Profumo della signora in nero, 1977 : Pensione paura, 2002 : Giorni da Leone (feuilleton TV)
Inédit en salles chez nous, Le Parfum de la dame en noir (à ne pas confondre avec le roman de Gaston Leroux) s’impose comme un thriller fantastique d’atmosphère, à la fois troublant et singulier. Son double niveau de lecture émane d’un script sinueux, pour ne pas dire hermétique - si bien qu’une seconde vision s’impose peut-être, tant les ramifications de son intrigue se déploient comme un puzzle à reconstituer. Le spectateur patient, fasciné par cette bizarrerie névrotique, devra accepter la frustration d’un final impénétrable, presque absurde, mais logique et métaphorique auprès de la mentalité torturée de l'héroïne en porte-à-faux.
Le méconnu Francesco Barilli (scénariste du fascinant Qui l’a vue mourir ?) orchestre ici, avec un raffinement pastel, le cheminement labyrinthique de Sylvia dans un huis clos domestique. Sa demeure - espace clos, peuplé de fantômes et de non-dits - devient l’écrin d’un traumatisme familial rémanent, reflet déformé d’une psyché fissurée.
Synopsis: À Rome, Sylvia Hacherman, chimiste marquée par une enfance meurtrière, demeure hantée par une scène primitive : les ébats adultérins de sa mère, suivis d’un meurtre à l’arme blanche. Plus tard, en compagnie de son mari, elle rencontre un Africain versé dans les pratiques occultes et vaudou. Depuis cette expérience mystique, Sylvia sombre dans un tourbillon de visions, où son passé refait surface comme une plaie ouverte.
Difficile à apprivoiser de prime abord, ce thriller transalpin déroute par ses situations potentiellement nonsensiques et par le profil torturé d’une héroïne en manque d’amour et d’équilibre mental. La narration, volontiers schizoïde, joue sur des visions hallucinées et des fantasmes récurrents - jusqu’à l’insoutenable, quand s’esquisse l’ombre d’un viol incestueux.
À travers ses splendides décors polychromes, sa lumière géométrique et sa colorimétrie baroque, Barilli compose une plongée hypnotique dans les méandres de la mémoire. Morts et vivants s’y entremêlent jusqu’à un final transgressif, gore et malsain, jouant la carte de la métaphore ou de la vérité conspirationniste. Cauchemar ou réalité ? Folie schizophrène ou paranoïa rituelle tissée par une secte anthropophage se repaissant des âmes damnées ? Ou bien tout cela ne serait-il qu’une allégorie ténébreuse du deuil, une folie née de la douleur morale d'une femme incapable d'y trouver la paix, la rédemption ?
Mimsy Farmer, élégante, filiforme, sensuelle, habite Sylvia de son regard fiévreux et apeuré. Son jeu fragile et nerveux épouse à merveille la tragédie intérieure du personnage, jusqu’à la déchirure.
Le Parfum de la dame en noir, dans sa densité formelle et son climat surréaliste, évoque Le Locataire de Polanski, entre souvenir, culpabilité et fantasme. C’est un vertige de schizophrénie, un cauchemar domestique enluminé par la partition sensible de Nicolas Piovani. Sous la main d’un auteur alchimiste, le film transcende le profil d'une femme hantée par un passé où l'amour et la mort se sont confondus dans un même parfum noir pour devenir une matière baroque, insaisissable et fascinante - un ovni sibyllin, à la croisée des genres et des lectures. À découvrir d'urgence.
— le cinéphile du cœur noir
*Bruno
16.02.11. (327 v)
08.02.19




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