vendredi 1 février 2019

Frères Ennemis

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de David Oelhoffen. 2018. France. 1h51. Avec Matthias Schoenaerts, Reda Kateb, Adel Bencherif, Fianso, Sabrina Ouazani, Gwendolyn Gourvenec.

Sortie salles France: 3 Octobre 2018

FILMOGRAPHIEDavid Oelhoffen est un réalisateur et scénariste français, né en 1968 à Ferrol (Espagne). 2007 : Nos retrouvailles. 2014 : Loin des hommes. 2018 : Frères ennemis.


Polar noir tendu nappé de désespoir existentiel, Frères Ennemis demeure un solide polar grâce à la confrontation sinueuse Matthias Schoenaerts / Reda Kateb (communément partagés par leurs sentiments de contrariété et constante appréhension), grâce à son ultra réalisme urbain (parfois filmé caméra à l'épaule) et grâce à son intensité dramatique plutôt impressionnante lorsque David Oelhoffen met en exergue une violence âpre au service de l'histoire et des personnages écorchés vifs si j'ose dire. Car loin de s'apitoyer sur les clichés de la banlieue et du misérabilisme sociétal, Frères Ennemis gagne en substantialité pour le portrait de ces trafiquants de drogue (aux trognes plus vraies que nature !) pris au piège de leur corruption vénale. David Oelhoffen se refusant toute fioriture et partition musicale pour dépeindre leur condition humaine subtilement poignante passé le deuil inéquitable et leur soif de justice expéditive inévitablement à double tranchant. On peut d'ailleurs prêter une certaine allusion au Parrain de Coppola ou à Nos Funérailles de Ferrara à travers leur fraternité amicale, le sens de l'honneur familiale ainsi que les sentiments de trahison découlant des protagonistes les plus insidieux.


Si on regrette le manque de surprises de l'intrigue (suite à un règlement de compte sanglant, un trafiquant tente de retrouver le coupable à l'aide de son ancien ami d'enfance aujourd'hui capitaine des stups), l'intérêt du drame psychologique s'esquisse dans le constat sans espoir d'une jeunesse marginale livrée à la loi de la survie dans un univers sans vergogne où finalement seul prime l'individualité. Remarquable de sobriété auprès d'un casting irréprochable, tant auprès de leur charisme patibulaire que de leur force d'expression souvent animale ou commotionnée, Frères Ennemis se perd malgré tout un peu en fin de parcours. Tant et si bien que l'évolution de l'intrigue dramatique pâtit d'un manque d'intensité émotionnelle auprès de la confrontation Marco (le trafiquant) / Driss (le flic) mutuellement tourmentés par les conséquences de leurs actions vénéneuses. Pour autant, et grâce à l'impressionnante maîtrise de la mise en scène au coeur du sujet et au plus près des personnages démunis en proie aux remords et à la douleur morale, on reste captivé à connaître la résolution du dénouement que l'on devine inévitablement fataliste.


A découvrir avec intérêt donc car même si Frères Ennemis s'avère perfectible (notamment auprès de son émotion empathique moins percutante que prévu lors du point d'orgue abrupt), on s'impatiente de découvrir la prochaine réalisation de David Oelhoffen. Ce dernier dégageant une personnalité passionnante de par son attention, pour ne pas dire sa compassion, pour les délinquants prisonniers de leurs actions criminelles et faiblesses morales à céder au chantage du dilemme en lieu et place de survie. Tragique constat donc imparti à cette marginalité galvaudée majoritairement sans espoir de rédemption. 

*Bruno

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