lundi 9 décembre 2019

Le Gendarme à New-York

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jean Girault. 1965. France/Italie. 1h41. Avec Louis de Funès, Michel Galabru, Jean Lefebvre, Christian Marin, Guy Grosso, Michel Modo.

Sortie salle France: 29 Octobre 1965

FILMOGRAPHIE: Jean Girault est un réalisateur et scénariste français, né le 9 mai 1924 à Villenauxe-la-Grande (Aube), décédé le 24 juillet 1982 à Paris. 1960 : Les Pique-assiette. 1961 : Les Moutons de Panurge. 1961 : Les Livreurs. 1963 : Les Veinards (film à sketchs coréalisé). 1963 : Les Bricoleurs. 1963 : Pouic-Pouic. 1963 : Faites sauter la banque ! 1964 : Les Gorilles. 1964 : Le Gendarme de Saint-Tropez. 1965 : Le Gendarme à New York. 1966 : Monsieur le président-directeur général. 1967 : Les Grandes Vacances. 1968 : Le gendarme se marie. 1968 : Un drôle de colonel. 1969 : La Maison de campagne. 1970 : Le Gendarme en balade. 1971 : Jo. 1971 : Le Juge. 1972 : Les Charlots font l'Espagne. 1973 : Le Concierge. 1973 : Le Permis de conduire. 1974 : Deux grandes filles dans un pyjama. 1975 : L'Intrépide. 1976 : Les murs ont des oreilles. 1976 : L'Année sainte. 1977 : Le Mille-pattes fait des claquettes. 1978 : L'Horoscope. 1978 : Sam et Sally , (série TV), 2 épisodes : Le Collier et Isabelita. 1978 : Le Gendarme et les Extra-terrestres. 1979 : L'Avare. 1981 : La Soupe aux choux. 1981 : Ach du lieber Harry. 1982 : Le Gendarme et les Gendarmettes.


Second volet réalisé un an après l'énorme succès du Gendarme de Saint-Tropez, Le Gendarme à New-york a également attiré les foules pour se hisser 4è au box-office avec 5 495 045 entrées. Bien qu'inférieur à son modèle en terme d'effet de surprise et de drôlerie, cette séquelle s'avère bougrement amusante de par la complicité expansive des comédiens toujours aussi alertes (De Funes et Galabru  en tête de peloton à travers leur force de caractère vaniteuse) et par la succession de péripéties qu'ils enchaînent avec plus ou moins d'efficacité. Pour ce faire, Jean Girault a délocalisé notre aimable compagnie à New-York suite à l'invitation d'un congrès international, quand bien même la fille de Cruchot, déçue ne pas l'accompagner, s'infiltre en cachette dans le paquebot afin de profiter du pays. Ainsi, en entrecroisant les us et coutumes de nos voisins new-yorkais auquel nos gendarmes tentent de s'y familiariser, avec la partie de cache-cache entre Nicole et Cruchot s'efforçant de l'alpaguer, le Gendarme de New-York tire-parti d'une avalanche de gags extravagants. Certaines situations un peu trop saugrenues (la dégustation des glaces, la valise disposée sur le toit du taxi sans protection) tournant à vide dans le ressort comique escompté même si on peut néanmoins y sourire grâce à la conviction des comédiens mutuellement fringants pour susciter un rire amusé. En tout état de cause, le Gendarme de New-York fleure bon le divertissement bonnard aujourd'hui révolu à travers sa tendre légèreté, sa simplicité et son intégrité de nous contenter sans prétention aucune. Tant et si bien que l'on retrouve avec ce même plaisir attractif les vicissitudes de nos gendarmes exilés pour le coup dans la métropole tentaculaire de New-York afin d'y effectuer un voyage rocambolesque semé de désordre et d'hallucinations.


*Bruno
2èx

vendredi 6 décembre 2019

Les Exterminateurs de l'an 3000

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Il giustiziere della strada" de Giuliano Carnimeo. 1983. Italie/Espagne. 1h30. Avec Robert Iannucci, Alicia Moro, Luciano Pigozzi, Eduardo Fajardo, Anna Orso, Beryl Cunningham, Luca Venantini.

Sortie salles France: 18 Juillet 1984

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Giuliano Carnimeo est un réalisateur et scénariste italien, né le 4 juillet 1932, décédé le 10 septembre 2016 (parfois crédité d'Anthony Ascott). 1968 - Le moment de tuer. 1968 - Trouver un endroit pour mourir. 1969 - Sartana le fossoyeur. 1970 - Bon funérailles, mon ami ... Sartana paiera. 1970 - Je suis Sartana, échangez vos armes contre un cercueil. 1970 - Nuage de poussière ... Cri de mort ... Sartana arrive. 1971 - Ils m'appellent Hallelujah. 1971 - Le cas de l'iris sanglant. 1971 - Ils l'appellent le cimetière. 1972 - Son nom était Saint-Esprit. 1972 - Retour d'Halleluja. 1973 - Dieu sacré, voici le Passatore!. 1973 - Un homme nommé Invincible. 1973 - Anna, quel particolare piacere. 1974 - Poker au lit. 1975 - Copains du convoi. 1976 - Tigre Carioca. 1976 - Les marchands de diamants. 1978 - L'insegnante balla ... avec la classe. 1981 - Pierino medico della Saub. 1981 - Mia moglie torna a scuola. 1983 - Zéro en condotta. 1983 - Les exterminateurs de l'année 3000. 1988 - Ratman.


Sorti en pleine mouvance du post-nuke initié par la sortie triomphante du mastodonte Mad-Max 2, les Exterminateurs de l'an 3000 ne déroge pas à la règle du nanar bonnard typiquement transalpin. Tant et si bien que l'on se surprend de véritablement s'attacher à ces cabotins héroïques en quête de réservoir d'eau depuis la dernière guerre atomique ayant transformé la terre en vaste désert aride. De par ses décors naturels décharnés dénués d'urbanisation et l'attirail futuriste de nos guerriers de la route grimaçant à tout va afin de susciter une haine primitive, Giuliano Carnimeo nous livre le minimum syndical lors de ses poursuites et cascades en règle dont certaines font néanmoins leur petit effet ludique. Dépaysant cependant (avec une modeste mesure) mais bourré de clichés en pillant à tous les râteliers les situations d'affronts automobiles et les postures de personnages iconiques entrevus dans Mad-Max 2 (le fameux punk s'extirpant du capot du camion est carrément repompée ici !), les Exterminateurs de l'an 3000 fleure bon le divertissement bricolé à travers un rythme étonnamment soutenu.


Tant auprès des bastons à mains nues ou à l'arme blanche que des poursuites dans le désert que s'affrontent dans un amas de poussières motos et bolides customisés à travers une vertigineuse danse endiablée. Et aussi hilarant que cela puisse paraître dans la majorité des actions, on se surprend d'éprouver un plaisir coupable à travers leurs affrontements barbares de cour de récré. Ainsi, en décrivant à nouveau la tentative de survie d'une poignée de survivants héroïques en quête de carburant naturel (on substitue l'essence par l'eau afin d'y injecter un soupçon d'originalité), Giuliano Carnimeo s'efforce de soigner son atmosphère post-apo sous l'impulsion d'une fraternité amicale (notamment le duo formé par le jeune cyborg Tommy et le grand-père Papillon) et d'une romance discordante que se disputent Alien (oui oui, vous avez bien lu !), notre héros sans scrupule (avec sa coupe de bigoudi !) jouant l'individualiste contre son ex Linda un peu plus finaude que lui. Ainsi, à eux deux ils forment un tandem couramment houleux dans leur désir d'autorité impitoyablement cruel, si bien que tous les coups les plus couards y seront permis. Leurs scènes de ménage entremêlées de réconciliation fonctionnant efficacement de par l'aspect involontairement cocasse de leurs expressions cabotines.


Western futuriste Mad Maxien mené sans temps mort (même s'il doit beaucoup à la plaisante solidarité de nos héros de la dernière chance), les Exterminateurs de l'An 3000 n'a pas à rougir de ses meilleures copies transalpines dans son lot d'action low-cost, de bons sentiments bon enfant, de dépaysement poussiéreux et d'humour irraisonné. Franchement sympa donc. 

*Bruno
2èx

jeudi 5 décembre 2019

Les Premiers hommes dans la lune

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site picpusdan5.free.fr

"First Men in the Moon" de Nathan Juran. 1964. Angleterre. 1h43. Avec Edward Judd, Martha Hyer, Lionel Jeffries, Miles Malleson, Norman Bird.

Sortie salles France: 23 Décembre 1964. U.S: 20 Novembre 1964

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Nathan Juran est un réalisateur, scénariste et directeur artistique américain, né le 1er Septembre 1907 à Bucovine (Roumanie), décédé de mort naturelle le 23 Octobre 2002 à Paolos Verdes Estates (Etats-Unis). 1953: La Légende de l'Epée Magique. 1957: La Chose surgie des Ténèbres. A des Millions de kms de la Terre. Le Cerveau de la Planère Arous. 1958: L'Attaque de la Femme à 50 Pieds. Le 7è Voyage de Sinbad. 1961: Jack, le Tueur de Géants. 1964: Les premiers Hommes dans la lune. 1966: The Deadly Mantis. 1967: Billy the Kid. Les Trompettes de Jéricho. Les Aventuriers de l'Espace. 1969: Land Raiders. 1973: The Boy who Cried Werewolf.


Plutôt méconnu par rapport à ces antécédentes réussites, les Premiers hommes dans la lune s'avère pourtant une fabuleuse aventure menée avec fougue par des comédiens fripons s'en donnant à coeur joie à travers leurs dissensions extravagantes. Tant et si bien qu'ici il n'est nullement question de souci de vraisemblance lorsqu'un savant lunatique décide de s'aventurer sur la lune après y avoir construit une sphère volante et la cavorite. Une matière liquide permettant à un objet de s'élever de la pesanteur. Embarqué avec Bedford et Kate, la compagne de ce dernier, ils s'envolent pour un voyage sur la lune semé de rencontres singulières. Nanti de décors soignés (évitant la plupart du temps l'aspect carton pâte) et d'FX confectionnés par Ray Harryhausen (on retiendra surtout sa confection d'une chenille géante), les Premiers hommes dans la lune dépayse en diable sous l'impulsion d'une série d'épreuves et de péripéties aussi bien débridées que décomplexées. A l'instar de la rencontre avec les Sélénites, ses créatures lunaires pacifistes que Bredford s'acharne à repousser de par son appréhension intuitive. Quand bien même Cavor s'efforce de rentrer en contact pour en savoir un peu plus sur leurs us et coutumes. Ainsi, à travers la posture à la fois méfiante et hostile de Bredford, on peut y voir une métaphore sur la peur de l'étranger et l'influence que peut engendrer l'idéologie guerrière lorsque l'on apprend lors de son épilogue équivoque que le savant Cavor (qui leur avait détaillé nos conflits d'états bellicistes) a disparu à jamais parmi le peuple des Sélénites. Quand bien même du point de vue du savant, on peut également y extraire une allégorie sur le colonialisme !


Ainsi, on pourrait évoquer la possibilité que celui-ci, après leur avoir expliqué les tenants et aboutissants d'y perpétrer depuis des millénaires la guerre sur Terre, les Sélénites se soient inspirés de notre (étrange) rapport (auto)destructeur en s'entretuant pour un oui ou pour un non. Ce n'est qu'une hypothèse somme toute personnelle car sa conclusion laisse notamment sous-entendre que l'arrivée d'un nouveau groupe d'astronautes sur la lune (ayant apporté un germe de la terre) aurait pu causer la destruction des sélénites (et du savant Cavor resté pacifiquement parmi eux pour les étudier). Outre l'attrait ludique de ces péripéties improbables abordées avec autant de fantaisie que de poésie sur la scénographie lunaire, la première partie de l'intrigue s'avère aussi irrésistible (voir même plus drôle !) lors des préparatifs de leur expédition que Cavor et ses 2 comparses entreprennent avec autant de légèreté et d'humour dans la maladresse et la décontraction. Les acteurs communément expansifs formant un trio amical résolument attachant à travers leurs folles escapades d'oser poser pied sur une planète vierge de toute trace humaine. Une première donc dans l'histoire de l'alunissage, bien avant celle de la mission astronautique de l'Union Soviétique entreprise en 1966 (l'action du film se déroulant en 1964 !). Comme quoi dans toute fiction fantaisiste tout est permis, pour le meilleur et pour le rire !


Bizarrement méconnu, occulté, voir oublié, les Premiers hommes dans la lune demeure donc une folle aventure stellaire truffée de poésie, d'humour et de féerie grâce à l'autorité de 2 artisans du fantastique, Nathan JuranRay Harryhausen jamais avares de concept saugrenu afin d'y communier fascination et stupéfaction.

*Bruno
2èx

mercredi 4 décembre 2019

C.H.U.D. Prix du Meilleur Film Fantastique au Festival de Bruxelles, 1985

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site midnightonly.com

"Contamination Hazard Urban Disposal" (danger de contamination urbaine) de Douglas Cheek. 1984. U.S.A. 1h37 (version longue). Avec John Heard, Daniel Stern, Christopher Curry, Kim Greist, Laure Mattos, Brenda Currin.

RécompensePrix du Meilleur Film Fantastique au Festival du film fantastique de Bruxelles, 1985

FILMOGRAPHIE: Douglas Cheek est un réalisateur, producteur et scénariste américain, né le
1984: C.H.U.D. 2003: Empires: Peter and Paul and the Christian Revolution (Documentaire pour la TV)


Unique réalisation de Douglas CheekC.H.U.D demeure le prototype idoine de la série B sans prétention tirant parti d'une intrigue efficiente stigmatisant une politique véreuse en compromis avec la pollution. De par son concept délirant inspiré des films de monstres des années 50 (des sdf se transforment en mutants cannibales sous les effets d'une irradiation), C.H.U.D réussit formidablement à exploiter son pitch avec conviction, sobriété, suggestion. Car sous couvert de pamphlet écolo contre les dangers du nucléaire au péril des laissés pour compte, Douglas Cheek entreprend sa série B avec un sérieux probant (non exempt de pointes d'humour macabre) à travers une réalisation alerte à la marge entre la bande dessinée et le documentaire. A l'instar de l'urbanisation crasseuse d'un New-York blafard où les SDF jonchent les trottoirs, ou plutôt lorsqu'ils se parquent sous les égouts. C'est d'ailleurs en majeure partie dans ces souterrains glauques que l'action se concentre par l'entremise d'un policier, d'un photographe et d'un révérend bénévole.


Et si lors du 1er quart d'heure, leur investigation s'amorçait de manière un brin laborieuse, leurs vicissitudes vont s'avérer plus intenses et stimulantes lorsqu'ils s'opposeront à l'autorité vénale d'un éminent fonctionnaire du gouvernement. Ainsi, délibérés à résoudre indépendamment les disparitions inexplicables que relayent les journaux, nos compères vont ensuite fréquenter la faune clandestine des clodos du coin pour tenter de comprendre qui est l'auteur de cette vague d'homicides. Réfugiés sous la ville dans les réseaux des conduits où des cadavres démembrés jonchent les sols humectés, nos enquêteurs en herbe feront face à la menace de monstres cannibales tout en démystifiant un scandale sanitaire ! Outre le caractère franchement attachant des comédiens de seconde zone et la photogénie inquiétante d'un New-York flétri, le soin alloué aux maquillages confectionnés par Ed French apportent un cachet de crédibilité par le biais de brèves images gores incroyablement réalistes. Enfin, pour parachever de manière plus acerbe et alerte, le réalisateur met en appui un climax haletant (d'une bonne demi-heure) autour de l'enjeu de survie de nos compagnons, si bien que le suspense parfaitement mené s'alloue de cruels rebondissements et d'agressions monstrueuses sous l'impulsion d'un score percutant.


Ludique, intelligent (notamment auprès d'un second rôle féminin anti potiche) et constamment efficace de par son concept débridé et ses rebondissements délétères, et parfois saturé d'une atmosphère envoûtante au sein du cadre singulier des canalisations, C.H.U.D constitue l'archétype de la série B à la fois intègre et artisanale comme il en fleurissait en pagaille lors des années 80. Un excellent divertissement donc mené avec panache par une pléiade de comédiens mutuellement couillus,  débrouillards, amiteux, le coeur sur la main. 

Anecdote subsidiaire: Selon certaines sources, il s'agit d'un des films préférés de Rob Zombie qui aurait souhaité en son temps concrétiser un éventuel remake. 

*Bruno
28.04.24. 5èx. Vostf
04.12.19. 4èx
08.07.13. 90 v

mardi 3 décembre 2019

Les 7 Mercenaires

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Magnificent Seven" de Antoine Fuqua. 2016. U.S.A. 2h13. Avec Denzel Washington, Chris Pratt, Ethan Hawke, Vincent D'Onofrio, Byung-Hun Lee, Manuel Garcia-Rulfo, Martin Sensmeier

Sortie salles France: 28 Septembre 2016.

FILMOGRAPHIEAntoine Fuqua est un réalisateur américain, né le 19 janvier 1966 à Pittsburgh. 1998 : Un tueur pour cible. 2000 : Piégé. 2001 : Training Day. 2003 : Les Larmes du Soleil. 2004 : Le Roi Arthur. 2006 : The Call (court métrage). 2007 : Shooter, tireur d'élite. 2010 : L'Élite de Brooklyn. 2013 : La Chute de la Maison Blanche. 2014 : Equalizer. 2015 : La Rage au ventre. 2016 : Les Sept Mercenaires. 2018 : Equalizer 2. 2018 : American Dream/American Knightmare (documentaire). 2020 : Infinite.


Remake inutile réalisé par l'habile artisan Antoine Fuqua capable du meilleur comme du pire, Les 7 mercenaires n'en demeure pas moins un honorable film d'action correctement emballé et interprété. Et même si on aurait préféré une émotion plus empathique (en dépit de son poignant final et du sort aussi bien cruel que pervers d'une victime à bout de souffle), un souffle épique plus acéré et une intensité dramatique plus escarpée auprès d'une narration non exempte de quelques longueurs, l'efficacité des séquences les plus homériques nous réconforte sous l'impulsion d'une unité solidaire militant pour le sens du sacrifice. Assez convaincants quant au défilé d'illustres acteurs plutôt motivés à tenter d'émuler leurs ancêtres, ils pêchent toutefois d'un manque de rigueur à travers leur force d'expression tantôt sentencieuse, tantôt hargneuse. Louablement; et fidèle à lui même; Denzel Washington porte le film sur ses robustes épaules avec une force tranquille fréquemment magnétique en justicier redresseur de tort inscrit dans la probité. De par son iconique présence ténébreuse, Les 7 mercenaires rehausse le niveau du produit standard parmi l'autorité d'Antoine Fuqua se résignant à contenter les fans avec de bonnes intentions. Dommage toutefois que la facture classique de son western manque d'âme, de personnalité et de passion à travers ses nobles valeurs humaines, si bien que l'on préférera se rapprocher auprès de son illustre modèle avec beaucoup plus de fougue,  d'attention et de nostalgie payantes.

*Bruno

lundi 2 décembre 2019

Les Créatures de l'Ombre

             Photo empruntée sur Google, appartenant au site cult-trash-in-french-dvd-composite.blogspot.com

"Don't be afraid of the Dark" de John Newland. 1973. U.S.A. 1h14. Avec Kim Darby , Jim Hutton , Barbara anderson , William demarest , Pedro armendariz jr.

Sortie salles US: 10 Octobre 1973.

FILMOGRAPHIE: John Newland est un réalisateur, acteur et producteur américain, né le 23 Novembre 1917 à Cincinnati, Ohio, USA, décédé le 10 Janvier 2000 à Los Angeles, California, USA. 1979: The Suicide's Wife (TV Movie). 1978: Overboard (TV Movie). 1977: A Sensitive, Passionate Man (TV Movie). 1973: Les Créatures de l'Ombre (télé-film). 1972: The Legend of Hillbilly John. 1972: Crawlspace (TV Movie). 1971: The Deadly Hunt (TV Movie). 1970: L'Inceste. 1967: Les S.R. passent à l'attaque (TV Movie). 1965: Le Mystère de la Chambre Forte. 1957: The Violators. 1957: That Night !


Précédé d'une réputation culte auprès de la génération 70 (pour sa diffusion TV) et 80 (pour son exploitation en Vhs), Les Créatures de l'Ombre est une excellente surprise pour un télé-film aussi modeste misant autant sur le suspense latent que l'effet de surprise avec l'apparition de petites créatures résidant dans la cave d'une demeure vétuste. Ainsi, de par sa durée écourtée (1h14) et son cheminement narratif classique, John Newland compte sur la formalité de son atmosphère inquiétante (superbe photo à l'appui) et le jeu sobre de ces acteurs pour entraîner le spectateur dans un cache-cache saugrenu avec la peur. Le pitch: venant d'emménager dans l'ancienne demeure de ses parents, Sally remarque d'étranges bruits et incidents inexpliqués contre l'indifférence de son époux. Qui plus est, elle est persuadée que des petites créatures patibulaires veulent intenter à sa vie après les avoir rapidement entraperçus dans les sombres recoins. De cette trame aussi simpliste que standard, John Newland en extrait une efficace mécanique à suspense du point de vue contemplatif de Sally en proie à la psychose et à la paranoïa de se confronter à l'irrationalité de créatures venues d'ailleurs.


Ainsi, sans jamais connaître les origines de cette menace horrifique bien réelle, John Newland parvient à surprendre et à fasciner en donnant chair à ses personnages délétères plus vrais que nature. Autant dire que l'on croit dur comme fer à leurs agissements mesquins lorsqu'il s'efforcent de molester leur victime d'un point de vue aussi bien cérébral que corporel. L'intérêt de l'intrigue se focalisant sur l'incompréhension et l'appréhension de Sally en proie à une situation improbable mais qui s'efforcera difficilement de convaincre son entourage quant à la probabilité de la menace, d'autant plus que la taille des tueurs fait tâche ! Car si les Créatures de l'ombre ne manque pas de distiller une angoisse sous-jacente et une inquiétude permanente quant à la survie de ses nouveaux occupants, chaque apparition de ses sujets monstrueux nous oscille parfois la stupeur, pour ne pas dire le rire nerveux. Tant auprès du contexte débridé aussi louche qu'obscur (bien que les créatures libérées de l'isolement et de leur solitude souhaitent tout simplement voler l'esprit de Sally en guise de remerciement) que de la physionomie atypique de ces créatures incroyablement persuasives à travers leurs expressions sobrement patibulaires.


Étonnamment crédible quant au jeu dépouillé des acteurs reclus dans un huis-clos atmosphérique (les décors sont d'autant bien exploités pour révéler parfois d'étranges secrets), Les Créatures de l'Ombre fait constamment illusion dans son savoir-faire à fasciner et à envoûter sous l'impulsions de petits êtres démoniaques à la mine impassible. On s'étonne d'ailleurs qu'à travers son format télévisuel, cette oeuvre ombrageuse fasse preuve d'autant de soin à immerger le spectateur dans un cauchemar domestique non dépourvu d'intensité dramatique quant à son épilogue couillu. 

*Bruno

vendredi 29 novembre 2019

Dr Rictus / Dr Giggles

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Manny Coto. 1992. U.S.A. 1h35. Avec Larry Drake, Holly Marie Combs, Cliff De Young, Glenn Quinn, Keith Diamond, Richard Bradford.

Sortie salles France: 27 Janvier 1993. U.S: 23 Octobre 1992.

FILMOGRAPHIE: Manny Coto est un producteur, réalisateur et scénariste américain. 1989 : Jack in the Box. 1989 : Monsters (1 épisode). 1990 : Schizo. 1991 : Envoyé Spécial. 1991 : Les Contes de la crypte (1 épisode). 1992 : Dr. Rictus. 1997 : Star Kid. 2000 : Mon clone et moi. 2001 : Zenon: The Zequel.


Série B d'exploitation surfant sur la mode déclinante du Psycho-killer à l'orée des années 90 (et ce avant que Scream n'y reprenne à nouveau le filon 4 ans plus tard), Dr Rictus repartit avec les honneurs du Prix Spécial du Jury au Festival d'Avoriaz. Rien que ça ! Même si on peut émettre des réserves sur cette récompense aussi reconnue. Car si le schéma narratif archi convenu n'augure rien de substantiel, le réalisateur Manny Coto compte sur l'inventivité des scènes chocs parfois adroitement cadrées (FX artisanaux en sus en dépit de son générique liminaire artificiel !), son ambiance gentiment cauchemardesque et surtout sur la présence sardonique de Larry Drake (révélé dans Darkman) pour emporter l'adhésion. L'acteur au visage poupard comptant sur l'expressivité enjouée de ses yeux bleus et son ricanement à la fois concis et aigu pour incarner un praticien revanchard n'ayant plus la lumière dans le crane à la suite du décès de son père éploré.


Ainsi, nanti de situations débridées parfois hallucinées (l'accouchement incongru, il fallait oser !), Dr Rictus amuse et innove sous l'impulsion d'une action gore aussi jouissive que décomplexée. Et ce par le biais d'ustensiles chirurgicaux que le demeuré perpétue avec une diabolique perversité d'y varier les instruments pour chaque victime promue. Dès lors, nos ados crétins ont beau être inexpressifs (comme de coutume) dans leur fonction de chair à pâté, on s'impatiente finalement de leur inévitable sort avec un art consommé du sadisme badin. Quand bien même la jeune Holly Marie Combs (la série Charmed), ne manque pas de charme dans son petit corps sexy en dépit de son jeu largement perfectible d'ado souffreteuse peinant à combattre son assaillant auprès de ses expressions timorées. Pour autant, et en dépit de ses maladresses gestuelles et labiales, on s'attache gentiment à ce personnage féminin pourchassée sans relâche par le tueur obsessionnel alors que son père, son entourage amical et sentimental seront également la cible d'un chassé croisé meurtrier. 


Y'a t-il un médecin dans la salle ?
Dénué de prétention auprès de sa complicité friponne avec le spectateur (savoureux clin d'oeil lors de l'affrontement final !), Dr Rictus n'a d'autre but que de divertir comme toute bonne série B du Samedi soir que l'on privilégie de préférence entre amis. Fréquemment fun, folingue et percutant auprès de la fantaisie de ses séquences chocs quelque peu révulsives (et saugrenues !), il maintient l'attention grâce à cette ambiance sardonique (notamment dans le cadre étrangement ludique de cette fête foraine) que Larry Drake impulse par sa bedonnante présence espièglement hystérique. 

*Bruno
30.07.22. 4èx

RécompensePrix Spécial du jury, Avoriaz 93.

jeudi 28 novembre 2019

Panics

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Bad Dreams" de Andrew Fleming. 1988. U.S.A. 1h24. Avec Jennifer Rubin, Bruce Abbott, Richard Lynch

Sortie salles France: 6 Juillet 1988

FILMOGRAPHIE: Andrew Fleming est un réalisateur et scénariste américain né (selon certaines sources le 14 mars 1963) le 30 décembre 1965. 1988 : Bad Dreams. 1994 : Deux garçons, une fille, trois possibilités. 1996 : Dangereuse Alliance. 1999 : Dick : Les Coulisses de la présidence. 2000 : Grosse Pointe (série TV). 2002 : Paranormal Girl (TV). 2003 : Espion mais pas trop ! 2005 : Head Cases (série TV). 2007 : Nancy Drew. 2008 : Hamlet 2


Que voici un excellent B movie horrifique, symptomatique de la sacro-sainte époque des video-clubs que la génération 80 pu louer de préférence le samedi soir entre amis (éméchés, c'est selon). Tant et si bien que pour une première réalisation, Andrew Fleming se sort honorablement de la routine pour nous concocter un pur divertissement bâti sur l'efficacité d'une moisson de scènes chocs particulièrement percutantes et sanglantes. Et à ce niveau, Panics ne déçoit nullement, tant auprès de  du soin de ses maquillages gorasses au montage acéré que de son rythme échevelé saturé d'une ambiance malsaine délicieusement inquiétante. Pour ce faire, on peut notamment compter sur l'incroyable présence du Richard Lynch (et son fameux visage "rapace" !) afin de distiller un climat anxiogène semé de visions d'effroi. De par l'appréhension de son visage carbonisé puisque revenu d'entre les morts afin de persécuter l'unique survivante de sa secte, Cynthia.


Tout du moins c'est ce que tente de nous faire gober le réalisateur durant la majorité de l'intrigue si bien que cette dernière, tout juste réveillée d'un coma de 13 ans, tente de se remémorer son traumatisme ayant causé le suicide collectif de ses fidèles dans une demeure isolée. Ainsi, internée dans un centre médico-psychologique, elle est sujette à de terribles hallucinations en la présence aussi bien hostile que provocatrice de son gourou spectral, quand bien même les jeunes patients de son groupe thérapeutique périssent mystérieusement un par un au gré du suicide individuel. Influencé par la saga en vogue de Freddy Krueger, Andrew Fleming joue également avec la part de rêve et de réalité de ces ados tourmentés lorsqu'un nouveau croquemitaine tente d'influencer ses derniers à céder au suicide en guise de rédemption spirituelle. Et bien que son dénouement un brin capillotracté puisse prêter à sourire Spoil ! (le savant fou et sa théorie fumante !) fin du Spoil, on reste pour autant clément face à l'originalité de son concept saugrenu Spoiler ! fustigeant en filigrane la dangerosité des anti-dépresseurs les plus préjudiciables et addictifs auprès du patient névralgique fin du Spoil.


Soutenu de l'attachante interprétation de Jennifer Rubin (déjà entrevue dans Freddy 3, les Griffes du Cauchemar tourné un an plus tôt) portant le film sur ses lascives épaules avec un désarroi névrotique, Panics s'avère pétri de bonnes intentions pour embarquer le spectateur dans un perturbant train fantôme que Richard Lynch régente auprès d'un charisme magnétique subtilement insidieux. A revoir absolument en dépit de ces maigres invraisemblances (à l'instar de l'hallucinante douche de sang et de son épilogue révélateur !) heureusement palliées de sobre dérision (notamment auprès des grotesques suspicions du flic entêté) et d'un savoir-faire technique souvent payant. 

*Bruno
4èx

mardi 26 novembre 2019

Joker. Lion d'Or, Venise 2019

                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Todd Philips. 2019. U.S.A. 2h02. Avec Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz, Frances Conroy, Shea Whigham, Bill Camp.

Sortie salles France: 9 Octobre 2019 (Int - 12 ans avec Avertissement). U.S: 4 Octobre 2019

FILMOGRAPHIE: Todd Phillips est un réalisateur américain né le 20 décembre 1970 à Brooklyn (New York). 2000 : Road Trip. 2003 : Retour à la fac. 2004 : Starsky et Hutch. 2006 : L'École des dragueurs. 2009 : Very Bad Trip. 2010 : Date Limite. 2011 : Very Bad Trip 2. 2013 : Very Bad Trip 3. 2016 : War Dogs. 2019 : Joker.


Lorsque l'injustice sociale mène à la folie meurtrière. 
Auréolé du Lion d'Or à Venise, d'une presse dithyrambique et d'un succès commercial inespéré (eu égard de sa sinistrose sociétale d'une noirceur plombante), Joker restera l'un des évènements clef de 2019 sous l'impulsion d'un jeu d'acteur transi d'émoi. Celui du caméléon Joaquin Phoenix transperçant l'écran à chaque seconde de par sa posture borderline compromise au mal être existentiel qu'ils nous communique avec une intensité aussi bien poignante que bouleversante. Oscillant le rictus nerveux pathologique avec le déhanchement sensuel lors de ses fantasmes pailletés (celui d'accéder au podium médiatique), Arthur tente de se faire une place dans la masse d'une métropole urbaine toujours plus divisée quand à l'inégalité des classes entre riches et pauvres. Co-existant avec sa mère dans un appartement vétuste, il s'efforce pour autant de relativiser en se fondant dans le corps d'un clown afin d'y communiquer rire et joie auprès des enfants cancéreux hospitalisés. Quand bien même son rêve de devenir humoriste est peut-être sur le point de se cristalliser grâce aux encouragements d'une illustre vedette d'un show satirique, Murray Franklin. Mais son agression dans le métro par 3 jeunes rupins, sa divergence morale avec sa thérapeute, ses rapports toujours plus houleux avec sa mère et le monde externe vont le mener au point de non-retour. Film choc s'il en est, de par sa violente diatribe contre l'incommunicabilité, le capitalisme, l'ultra-conservatisme et une répression policière dictatoriale, Joker demeure un immense cri d'alarme contre l'intolérance d'une société déshumanisée répudiant souffres-douleur, prolétaires et laissés pour compte. Arthur s'érigeant malgré lui porte-parole contestataire d'une populace séditieuse en crise existentielle, de par leur condition de vie économique toujours plus arbitraire.


Toute société engendre les monstres qu'elle mérite. 
Métaphore évidente sur le malaise contagieux de nos sociétés contemporaines en proie la révolte de peuples davantage atrabilaires et sur cette soif de reconnaissance individuelle, Joker implore un climat crépusculaire à la fois baroque et désenchanté sous l'impulsion d'un anti-héros dangereusement schizo. La puissance dramatique de Joker émanant notamment des violences inciviques de la populace de Gotham glorifiant aveuglément un criminel grimé en clown depuis que ce dernier osa perpétrer l'irréparable sur de jeunes bourgeois gouailleurs Spoil ! et un présentateur TV fin du Spoil (symboles de l'élitisme). Fort d'une mise en scène personnelle sublimant sans fioriture les faits et gestes de ce schizophrène extravagant en proie à sa psychose endogène, Joker est un uppercut moral aussi puissant qu'un Taxi Driver vitriolé lorsque Arthur laisse s'échapper ses instincts de colère les plus primitifs. LA référence ciné que tout le monde eut comparé afin de qualifier cette oeuvre inclassable d'une fragilité psychologique névralgique ("on perd son humanité dans un océan de chagrin"). Si bien que le public le plus lambda s'y reconnait à travers la douloureuse introspection névrosée d'Arthur, puisque compromis par une compassion bipolaire quant à la dégénérescence morale de celui-ci d'une vigueur expressive tristement dérangeante. Pour ce faire, et pour atteindre un tel niveau de vérisme et d'acuité dramatique (émaillée d'estocades gores tranchées !); Todd Phillips aura pris soin de nous planter son décor blafard et d'y radiographier l'évolution (im)morale de son personnage avec une méticulosité ensorcelante. Et ce même si l'interprétation emblématique de Joaquin Phoenix y doit énormément de par l'émotion à la fois si froide et chaleureuse qu'il nous suscite. Tant auprès du reflet existentiel de son insupportable solitude (tant perméable et si d'actualité !) que de ses exhibitions fantasques afin d'y esquisser la caricature d'un justicier redresseur de maux sociétaux.


Je suis Joker. 
Grand film s'il en est d'une infinie mélancolie à travers son désespoir humanitaire que Joaquim Phoenix nous transcende des pores de son visage martyr, et à travers la langueur de son réalisme cafardeux que Tod Phillips inscrit dans une pellicule vitriolée, Joker laissera une trace dans l'histoire du genre inclassable sous le pilier de ce porte parole annihilé par l'isolement identitaire. 

*Bruno

Récompense:
Mostra de Venise 2019 : Lion d'or avec une ovation de 8 minutes

lundi 25 novembre 2019

Les Survivants de l'Infini

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"This Island Earth" de Joseph M. Newman et Jack Arnold (non crédité). 1955. U.S.A. 1h27. Avec Jeff Morrow, Faith Domergue, Rex Reason, Lance Fuller, Russell Johnson, Douglas Spencer, Robert Nichols.

Sortie salles France: 19 Octobre 1955

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Joseph M. Newman (né le 7 août 1909 à Logan et mort le 23 janvier 2006 (à 96 ans) à Simi Valley) est un réalisateur américain.1951 : The Guy Who Came Back. 1951 : Nid d'amour. 1952 : Duel dans la forêt. 1952 : Les Bannis de la Sierra. 1952 : La Dernière Flèche. 1953 : Meurtre à bord. 1954 : Dans les bas-fonds de Chicago. 1955 : Les Survivants de l'infini. 1955 : El Tigre. 1956 : Flight to Hong Kong. 1957 : Death in Small Doses. 1958 : War of the Planets. 1958 : Fort Massacre. 1959 : Le Shérif aux mains rouges. 1959 : Le Cirque fantastique. 1959 : Tarzan, l'homme singe. 1961 : King of the Roaring 20's - The Story of Arnold Rothstein. 1961 : Tonnerre apache. 1961 : The George Raft Story.


                                                           Une chronique de Gand-Alf

Film de chevet de Joe Dante (qu'il citera généreusement dans son attachant Explorers), This Island Earth est une adaptation du roman de Raymond F. Jones mise en scène par Joseph Newman, paraît-il aidé par un Jack Arnold non-crédité au générique.

Sans bénéficier de l'aura d'un Forbidden Planet, This Island Earth marque pourtant l'histoire de la science-fiction au cinéma, proposant peut-être pour la première fois sur grand écran une vision spectaculaire du space opera. Bénéficiant d'un travail sans précédent sur les maquettes et les matte paintings, le film impressionne encore aujourd'hui, ses séquences spatiales s'avérant incroyables pour l'époque.

S'éloignant de l'anti-communisme primaire qui planait alors dans l'air, This Island Earth propose au contraire un récit bien plus intéressant que la simple menace extérieure, faisant même preuve d'un discours étonnamment nuancé. Dommage dès lors que le film de Joseph Newman souffre d'un rythme en demie teinte, mettant bien trop de temps à démarrer et souffrant (comme beaucoup de productions de cette période) d'une tendance au bavardage.

Reste que malgré ses longueurs et son kitsch inévitable (mais loin d'être rebutant), This Island Earth est une date importante dans le cinéma de science-fiction, ouvrant la porte à une poignée de longs-métrages qui sauront développer davantage ses expérimentations pour le plus grand bonheur des amateurs.

Gand-Alf 


                                                       Une chronique de Barbaltrouk

This Island Earth est un film sympathique mais qui possède malheureusement des défauts faisant ombre à ses grandes qualités. Le scénario est plus complexe qu'il n'y parait, l'histoire évoluant grandement durant tout le film. Cependant cela est entaché par des longueurs et un traitement pas toujours favorable... Par exemple la fin du film aurait pu être grandiose mais le développement du peuple des Metaluniens est baclé alors que c'est ce qu'on attend depuis le début...

Et c'est rageant car Exeter et les siens sont vraiment bien traités durant tout le film, par leurs motivations par exemple, avant d’être gâchés dans le dernier quart d'heure... Et c'est d'autant plus dommage que les effets spéciaux sont vraiment très réussis, prenant même parfois le pas sur l'intrigue. Certains protagonistes servent aussi plus de faire valoir et d’œil pour le spectateur, sans que cela dérange forcement. Le héros du film c'est bien Exeter, et le parallèle avec le capitaine Némo saute aux yeux.

En résumé This Island Earth est un film honorable mais qui aurait pu être vraiment très bon si il n'était pas gâché par certaines longueur et surtout un immense sentiment de "tout ça pour ça...?"

Barlbatrouk

vendredi 22 novembre 2019

Once upon a time... in Hollywood

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Quentin Tarantino. 2019. 2h41. Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant, Julia Butters, Austin Butler, Dakota Fanning, Bruce Dern, Mike Moh, Luke Perry, Damian Lewis, Al Pacino, Kurt Russel.

Sortie salles France: 19 Août 2019. U.S: 26 Juillet 2019

FILMOGRAPHIE: Quentin Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee, aux États-Unis. Reservoir Dogs (1992). Pulp Fiction (1994). Jackie Brown (1997). Kill Bill: Vol. 1 (2003). Kill Bill: Vol. 2 (2004). Boulevard de la mort (2007). Inglourious Basterds (2009). Django Unchained (2012). Les Huit Salopards (2015). Once Upon a Time... in Hollywood.


"Le cinéma, ses églises du délire !"
Sonné, estomaqué, secoué, traumatisé, bouleversé, en perte de repères sitôt le générique bouclé, à l'instar du jeu déjanté d'un Brad Pitt sous acide incapable de contenir son sérieux face à une situation surgie de nulle part. Tels sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit face au nouvel évènement estampillé Tarantino. Tarantino, ce génie cinéphile pur et dur déclarant ici une nouvelle fois sa flamme au cinéma et à sa suprême essence. Mais attention, pas n'importe lequel, non ! Celui du cinéma(scope) de papa à son plus noble essor, celui authentique des cinémas de quartier (où l'on prône les artisans Sergio Corbucci ou Antonio Margheriti !), celui de la Dernière séance (avec ces westerns de série B en double programme), celui du cinéma rétro transcendé de têtes d'affiches iconiques. A l'instar de la caricature de leurs rutilants posters esquissés de personnages et décors flamboyants afin de susciter au spectateur le goût de l'envie, le désir de s'évader. Celui d'une aventure tant promise donc. Des années 50 à la fulgurante décennie 70, Tarantino pratique une mise en abyme jubilatoire à travers le destin plein de mélancolie d'un ancien acteur des années 50 tentant de se redorer une nouvelle image au travers de westerns spaghettis instaurés au prémisse des Seventies. Epaulé de sa doublure cascadeur Cliff avec qui il entretient une relation amicale indéfectible, Rick Dalton accepte donc de se reconvertir dans ces nouveaux westerns à contre-emploi, quand bien même Charles Manson et ses disciples hippies sont sur le point d'assassiner Sharon Tate. Pratiquant l'uchronie comme il l'exerça plus tôt si brillamment avec Inglorious BastardsQuentin Tarantino  réinvente une nouvelle fois l'histoire lors de sa seconde partie au gré d'une tension à son paroxysme (pour ne pas dire insoutenable si bien que l'on en sort littéralement lessivé, du moins auprès de mon jugement de valeur). C'est dire si ce dernier joue avec nos nerfs tel le marionnettiste alchimiste maniant à la perfection ses ficelles pour donner chair à l'illusion !


Pour cela, il mise sur l'expectative du carnage escompté en alternant les (déambulations urbaines et) va et vient de Rick et Cliff se saoulant (au terme) jusqu'à plus soif dans leur cocon domestique afin de clôturer leur collaboration professionnelle, avec la stratégie planifiée d'un quatuor de drogués influençables délibérés à parfaire l'irréparable (tuer des porcs qu'ils diront, de préférence les plus nantis !). Ainsi, en distillant un infernal suspense autour du sort de Rick et Cliff avec celui de la douce Sharon Tate, indépendamment confinés dans leur villa rupin, Tarantino vient de parfaire un scénario aussi bien imprévisible que résolument dinguo (si bien qu'il flirte carrément avec le cartoon sardonique !). Et ce en pratiquant fréquemment la mise en abyme à travers les agissements de ces personnages se fondant dans l'aventure fictive pour y rejoindre un fait réel d'une ultra violence cinglante ! (les âmes les plus sensibles auront assurément le souffle coupé - ce qui était mon cas - de par l'hallucinante maestria que Tarantino cultive pour susciter l'appréhension la plus sournoise, voire même la terreur la plus suffocante). Scandé d'un montage ultra fluide et d'une charpente narrative à la fois irréprochable et doucement captivante (on prend ici son temps - sans nullement ennuyer -  à planter un univers Hollywoodien afin d'y faire évoluer des comédiens de seconde zone en remise en question), Tarantino est parvenu une fois de plus à nous conter (avec sa maîtrise infaillible) une VERITABLE histoire (de cinéma) imprégnée d'humanité, de folie, d'humour (notamment toutes ses séquences cocasses avec le chien de Cliff), de tendresse et surtout de nostalgie (celui d'un 7è art aujourd'hui révolu) et de tendre poésie. Ainsi, quelle conclusion sobrement émouvante/affectueuse à travers une réinvention de l'histoire en happy-end, Spoil ! dans la mesure d'y restituer la vie auprès de l'être disparu ! fin du Spoil


Transi d'émoi à la sortie de la projo, tant auprès de sa longue descente aux enfers faisant office d'anthologie horrifique (comptez 1 heure de modèle de mise en scène lors de son acte 2 suggérant en filigrane une réflexion sur l'influence de la violence au cinéma) que du déclin d'un acteur de série B terriblement attachant et d'autant plus brillant (professionnellement parlant), Once upon a time... in Hollywood demeure probablement l'une des plus belles déclarations d'amour au cinéma "vintage" à l'orée des années 70 (en sus d'un sublime hommage aux séries TV policières en ascension). Fameux point d'orgue pour y bouleverser lors d'un parti-pris vériste les codes du paysage cinématographique. Pour parachever, comment ne pas évoquer un mot sur les prestances intuitives de Leonardo Di Caprio (quelle fragilité émotive dans son regard déchu !) et de Brad Pitt (quelle force tranquille dans sa posture décontracte !) formant un tandem singulier propice à se tailler une place auprès des légendes du cinéma rétro qu'ils (ré)interprètent avec une complicité pleine de dérision. Quant à la sublime et sexy Margot Robbie, rien que pour sa présence émotive confinée dans une salle de cinéma, car observant son propre personnage face écran; son sourire d'enfant à la fois fripon et enchanté (notamment pour y observer derrière les sièges les sentiments des spectateurs) me restera un poignant souvenir quant à l'amour inextinguible que Tarantino porte pour les acteurs de cinéma. 

*Bruno

jeudi 21 novembre 2019

Barbarella

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site filmaffinity.com

"Barbarella: Queen of the Galaxy" de Roger Vadim. 1968. France/Italie. 1h38. Avec Jane Fonda, John Phillip Law, Anita Pallenberg, Milo O'Shea, Marcel Marceau, Claude Dauphin, Serge Marquand, David Hemmings, Ugo Tognazzi, Véronique Vendell.

Sortie salles France: 25 Octobre 1968. U.S: 10 Octobre 1968

FILMOGRAPHIERoger Vadim est un réalisateur, scénariste, comédien, romancier et poète français, né le 26 Janvier 1928 à Paris, décédé le 11 Février 2000. 1956: Et Dieu créa la femme. 1957: Sait-on jamais... 1958: Les Bijoutiers du clair de lune. 1959: Les Liaisons Dangereuses 1960. 1960: Et mourir de plaisir. 1961: La Bride sur le cou. 1962: Les 7 Pêchers capitaux. 1962: Le Repos du Guerrier. 1963: Le Vice et la Vertu. 1963: Château en Suède. 1964: Le Ronde. 1966: La Curée. 1968: Histoires Extraordinaires (sketch: Metzengerstein). 1968: Barbarella. 1971: Si tu crois Fillette. 1972: Hellé. (la Femme en grec). 1973: Don Juan 73. 1974: La Jeune fille assassinée. 1976: Une Femme Fidèle. 1980: Jeux Erotiques de Nuit. 1982: The Hot Touch. 1983: Surprise Party.


"Elle n'est pas de ce monde !"
Production improbable compromise entre Dino De Laurentiis et Roger Vadim (célèbre réalisateur de Et Dieu créa la Femme), Barbarella est une aberration filmique tirée de la célèbre bande-dessinée homonyme de Jean-Claude Forest. Co-produit entre la France et l'Italie, ce space opera criard et festoyant de par ses décors hallucinés, son érotisme gentiment lubrique et ces Fx ringards, s'alloue d'un casting hétéroclite aussi improbable que son compère Flash Gordon. Si bien que l'on y croise Marcel Marceau, Claude Dauphin, David Hemmings, Ugo Tognazzi et surtout la célèbre pin-up Jane Fonda transperçant l'écran à chaque plan de sa charnalité sexy. C'est d'ailleurs principalement grâce à sa présence sensuelle de blonde iconique au haut pouvoir de sex-appeal que le film de Vadim fait office de curiosité saugrenue, suscitant notamment un charme rétro souvent irrésistible. Le pitchEn l'an 40 000, Barbarella est enrôlée par le président de la Terre pour retrouver Durand Durand, un nucléariste en possession d'une arme destructrice, le Positron. Sur la planète Lithion, la guerrière des étoiles rencontrera une civilisation amorphe au sein d'une population asservie par les agissements totalitaires de la reine noire et de Durand Durand. Ainsi donc, à travers sa combinaison de comédie potache, d'érotisme soft et de science-fiction dégingandée, Roger Vadim nous concocte un divertissement débridé où le scénario risible et l'extravagance lourdingue des personnages accouchent d'un nanar foutraque, à consommer avec prudence selon l'humeur du jour pour les plus exigeants. Vous voilà donc prévenu !


Ainsi, de par sa narration agréablement simpliste et surtout l'attrait pittoresque de certaines inventions surgies de nulle part (le dispositif masochiste de la machine à mourir de plaisir ou les effets corporels de la pilule de l'amour, les envolées aériennes de l'ange Pygar, la rencontre avec une tribu d'enfants sardoniques, les poupées aux dents acérées) Barbarella se décline en spectacle frétillant pour peu que l'on soit indulgent à sa topographie narrative déstructurée. L'intérêt du spectacle psychédélique résidant dans les rencontres impromptues que notre charmante héroïne établira afin de retrouver la trace de Durand Durand. Car fréquemment molestée par ses rivaux de tous bords (une reine noire, un savant masochiste, des oiseaux agressifs et même les poupées patibulaires susnommées - il fallait oser ! -) ou sujette aux avances sexuelles (corporelles ou virtuelles), Barbarella est à la merci de ses ennemis avant de se confronter à ses alliées (les insurgés contestataires). Qui plus est, jalonné d'éparses batailles spatiales préfigurant celles de la série TV San Ku Kaï (si j'ose dire), l'aventure sidérale dépayse en diable sous l'impulsion d'une partition musicale tantôt dissonante, tantôt pop. Tout un programme décalé donc, quand bien même la flamboyance de ses décors de carton pâte, l'omniprésence de la divine Jane Fonda (parfaitement à l'aise en vaillante amazone arborant une tenue distincte tous les quart d'heure !) et le ton débridé de certaines situations déconcertantes transfigurent une série B kitch génialement ringarde que Roger Vadim nous imprime sans complexe.


Ridicule auprès des pince sans rire, follement pittoresque (même si parfois involontaire) auprès des fans de space opera surgis d'un esprit nonsensique, Barbarella demeure une production hybride à situer entre le nanar décomplexé et la série B généreusement foldingue. A (re)découvrir au second degré donc, à condition d'y être préparé, selon votre humeur journalière.   

*Bruno
21.11.19. 3èx
10.12.12. 93 v

mercredi 20 novembre 2019

Kinjite sujets tabous

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Kinjite: Forbidden Subjects" de Jack Lee Thompson. 1989. 1h37. Avec Charles Bronson, Perry Lopez, Juan Fernández, James Pax, Peggy Lipton, Sy Richardson, Bill McKinney.

Sortie salles France: 26 Avril 1989

FILMOGRAPHIE (comprenant uniquement les productions des années 80): Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). 1980 : Cabo Blanco 1981 : Happy Birthday. 1981 : Code Red (TV). 1983 : Le Justicier de minuit. 1984 : L'Enfer de la violence. 1984 : L'Ambassadeur : Chantage en Israël. 1985 : Allan Quatermain et les Mines du roi Salomon. 1986 : La Loi de Murphy. 1986 : Le Temple d'or. 1987 : Le justicier braque les dealers. 1988 : Le Messager de la mort. 1989 : Kinjite, sujets tabous.


Ultime réalisation de Jack Lee Thompson épaulée de son acteur fétiche Charles Bronson, Kinjite Sujets Tabous reprend à peu près la même recette que ces prédécesseurs (le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, La Loi de Murphy) de par son concentré de sadisme et de violence mâtinés de sexe scabreux. Si bien qu'en l'occurrence, le cinéaste s'intéresse au tabou de la pédophilie à travers un réseau professionnel délibéré à kidnapper la fille d'un cadre japonais jouant les touristes afin d'oser mettre en pratique ses fantasmes. En somme l'arroseur arrosé si j'ose dire, dans la mesure où si celui-ci finit par se laisser dominer par ses fantasmes déviants lors d'attouchements sexuels sur une ado dans un bus scolaire (une séquence malsaine inévitablement dérangeante dans les échanges de regards et la perversité de son geste illégal), sa propre fille fera un peu plus tard les frais du réseau pédophile lors d'un jeu de cache-cache avec la police. Quand bien même l'agressée du car de ses odieux attouchements n'était autre que la fille du lieutenant Crowe dirigeant l'enquête sans jamais se douter de la culpabilité du japonais (et ce jusqu'au générique de fin !???)


D'ailleurs, on peut rappeler que ce dernier s'inspira en faite des agissements d'un pédophile ayant commis plus tôt un attouchement auprès d'une autre victime paradoxalement consentante et un peu plus âgée !!! ???). Or, le problème s'avère que cette trame très équivoque, d'autant plus prémâchée, est à peine survolée par un Jack Lee Thompson peu inspiré par ce qu'il filme. Notamment si je me réfère à son montage chaotique, à ses seconds rôles cabotins (le supérieur du lieutenant vaut son pesant de cacahuètes à travers son autorité condescendante !) et à un cheminement narratif sporadique ponctué de règlements de compte corporels génialement grotesques. Le cinéaste se refusant à s'attarder sur la psychologie paraphile du voyeur japonais au profit de l'investigation musclée de Crowe jouant les redresseurs de tort avec une idéologie douteuse. Tant auprès de son racisme auprès des japonais que d'une exaction punitive carrément criminelle, et ce même si accidentelle (l'un des malfrats atterrira au fond d'une piscine après avoir été éjecté du haut d'un immeuble, ses chaussures ayant glissé des mains de ses oppresseurs !.)


Plaisir coupable du samedi soir truffé de couacs narratifs et de failles techniques au sein d'un polar de série B imprégné de mauvais goût, Kinjite sujets tabous divertit sans ennuyer grâce à la trivialité de son concept couillu que Charles Bronson impose avec son charisme viril imperturbable. Un nanar décomplexé en somme heureusement saturé de séquences débridées/incongrues que la génération 80 pourrait à nouveau entériner avec autant de clémence qu'une pointe de nostalgie. En tout état de cause, ce genre de divertissement limite irresponsable serait irréalisable aujourd'hui, faute de notre censure ultra conservatrice. 

*Bruno
2èx