vendredi 22 novembre 2019

Once upon a time... in Hollywood

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Quentin Tarantino. 2019. 2h41. Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Emile Hirsch, Margaret Qualley, Timothy Olyphant, Julia Butters, Austin Butler, Dakota Fanning, Bruce Dern, Mike Moh, Luke Perry, Damian Lewis, Al Pacino, Kurt Russel.

Sortie salles France: 19 Août 2019. U.S: 26 Juillet 2019

FILMOGRAPHIE: Quentin Tarantino est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur américain, né le 27 mars 1963 à Knoxville dans le Tennessee, aux États-Unis. Reservoir Dogs (1992). Pulp Fiction (1994). Jackie Brown (1997). Kill Bill: Vol. 1 (2003). Kill Bill: Vol. 2 (2004). Boulevard de la mort (2007). Inglourious Basterds (2009). Django Unchained (2012). Les Huit Salopards (2015). Once Upon a Time... in Hollywood.


"Le cinéma, ses églises du délire !"
Sonné, estomaqué, secoué, traumatisé, bouleversé, en perte de repères sitôt le générique bouclé, à l'instar du jeu déjanté d'un Brad Pitt sous acide incapable de contenir son sérieux face à une situation surgie de nulle part. Tels sont les premiers mots qui me viennent à l'esprit face au nouvel évènement estampillé Tarantino. Tarantino, ce génie cinéphile pur et dur déclarant ici une nouvelle fois sa flamme au cinéma et à sa suprême essence. Mais attention, pas n'importe lequel, non ! Celui du cinéma(scope) de papa à son plus noble essor, celui authentique des cinémas de quartier (où l'on prône les artisans Sergio Corbucci ou Antonio Margheriti !), celui de la Dernière séance (avec ces westerns de série B en double programme), celui du cinéma rétro transcendé de têtes d'affiches iconiques. A l'instar de la caricature de leurs rutilants posters esquissés de personnages et décors flamboyants afin de susciter au spectateur le goût de l'envie, le désir de s'évader. Celui d'une aventure tant promise donc. Des années 50 à la fulgurante décennie 70, Tarantino pratique une mise en abyme jubilatoire à travers le destin plein de mélancolie d'un ancien acteur des années 50 tentant de se redorer une nouvelle image au travers de westerns spaghettis instaurés au prémisse des Seventies. Epaulé de sa doublure cascadeur Cliff avec qui il entretient une relation amicale indéfectible, Rick Dalton accepte donc de se reconvertir dans ces nouveaux westerns à contre-emploi, quand bien même Charles Manson et ses disciples hippies sont sur le point d'assassiner Sharon Tate. Pratiquant l'uchronie comme il l'exerça plus tôt si brillamment avec Inglorious BastardsQuentin Tarantino  réinvente une nouvelle fois l'histoire lors de sa seconde partie au gré d'une tension à son paroxysme (pour ne pas dire insoutenable si bien que l'on en sort littéralement lessivé, du moins auprès de mon jugement de valeur). C'est dire si ce dernier joue avec nos nerfs tel le marionnettiste alchimiste maniant à la perfection ses ficelles pour donner chair à l'illusion !


Pour cela, il mise sur l'expectative du carnage escompté en alternant les (déambulations urbaines et) va et vient de Rick et Cliff se saoulant (au terme) jusqu'à plus soif dans leur cocon domestique afin de clôturer leur collaboration professionnelle, avec la stratégie planifiée d'un quatuor de drogués influençables délibérés à parfaire l'irréparable (tuer des porcs qu'ils diront, de préférence les plus nantis !). Ainsi, en distillant un infernal suspense autour du sort de Rick et Cliff avec celui de la douce Sharon Tate, indépendamment confinés dans leur villa rupin, Tarantino vient de parfaire un scénario aussi bien imprévisible que résolument dinguo (si bien qu'il flirte carrément avec le cartoon sardonique !). Et ce en pratiquant fréquemment la mise en abyme à travers les agissements de ces personnages se fondant dans l'aventure fictive pour y rejoindre un fait réel d'une ultra violence cinglante ! (les âmes les plus sensibles auront assurément le souffle coupé - ce qui était mon cas - de par l'hallucinante maestria que Tarantino cultive pour susciter l'appréhension la plus sournoise, voire même la terreur la plus suffocante). Scandé d'un montage ultra fluide et d'une charpente narrative à la fois irréprochable et doucement captivante (on prend ici son temps - sans nullement ennuyer -  à planter un univers Hollywoodien afin d'y faire évoluer des comédiens de seconde zone en remise en question), Tarantino est parvenu une fois de plus à nous conter (avec sa maîtrise infaillible) une VERITABLE histoire (de cinéma) imprégnée d'humanité, de folie, d'humour (notamment toutes ses séquences cocasses avec le chien de Cliff), de tendresse et surtout de nostalgie (celui d'un 7è art aujourd'hui révolu) et de tendre poésie. Ainsi, quelle conclusion sobrement émouvante/affectueuse à travers une réinvention de l'histoire en happy-end, Spoil ! dans la mesure d'y restituer la vie auprès de l'être disparu ! fin du Spoil


Transi d'émoi à la sortie de la projo, tant auprès de sa longue descente aux enfers faisant office d'anthologie horrifique (comptez 1 heure de modèle de mise en scène lors de son acte 2 suggérant en filigrane une réflexion sur l'influence de la violence au cinéma) que du déclin d'un acteur de série B terriblement attachant et d'autant plus brillant (professionnellement parlant), Once upon a time... in Hollywood demeure probablement l'une des plus belles déclarations d'amour au cinéma "vintage" à l'orée des années 70 (en sus d'un sublime hommage aux séries TV policières en ascension). Fameux point d'orgue pour y bouleverser lors d'un parti-pris vériste les codes du paysage cinématographique. Pour parachever, comment ne pas évoquer un mot sur les prestances intuitives de Leonardo Di Caprio (quelle fragilité émotive dans son regard déchu !) et de Brad Pitt (quelle force tranquille dans sa posture décontracte !) formant un tandem singulier propice à se tailler une place auprès des légendes du cinéma rétro qu'ils (ré)interprètent avec une complicité pleine de dérision. Quant à la sublime et sexy Margot Robbie, rien que pour sa présence émotive confinée dans une salle de cinéma, car observant son propre personnage face écran; son sourire d'enfant à la fois fripon et enchanté (notamment pour y observer derrière les sièges les sentiments des spectateurs) me restera un poignant souvenir quant à l'amour inextinguible que Tarantino porte pour les acteurs de cinéma. 

*Bruno

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