lundi 13 avril 2020

Le Club des Monstres

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Monster Club" de Roy Ward Baker. 1981. Angleterre. Avec Vincent Price, John Carradine, Anthony Steel, Barbara Kellerman, Simon Ward.

Sortie salles Angleterre: 2 Avril 1981

FILMOGRAPHIE PARTIELLE: Roy Ward Baker est un réalisateur, producteur, scénariste anglais, né le 19 Décembre 1916 à Londres (Royaume-Uni), décédé le 5 Octobre 2010. 1947: L'Homme d'Octobre. 1952: Troublez moi ce soir. 1968: Les Champions. 1969: Mon ami le fantôme. 1970: The Vampire Lovers. 1970: Les Cicatrices de Dracula. 1971: Dr Jekyll et Sr Hyde. 1972: Asylum. 1973: Le Caveau de la Terreur. 1973: And now the Screamin starts. 1974: Les 7 vampires d'or. 1980: Le Club des Monstres. 1984: Les Masques de la mort (télé-film).


Sympathique film à sketchs issu de la célèbre firme Amicus (spécialiste en la matière), le Club des Monstres vaut principalement le coup d'oeil pour son 1er et dernier sketch. Le 1er relatant la stratégie vénale d'une jeune femme travaillant chez un étrange antiquaire. Plutôt bien conté et parfaitement interprété (Barbara Kellerman demeure très convaincante en maraudeuse hantée de remord), le récit parvient à être malsain, original et dérangeant auprès de l'identité du mystérieux antiquaire endossé avec charisme sépulcral par James Laurenson. Sa dimension romantique particulièrement expressive s'allouant de mélancolie au fil d'une confrontation dramatique, certes prévisible, mais néanmoins surprenante quand à la cruauté de l'épilogue. Le dernier segment nous illustre le séjour d'un réalisateur (Stuart Whitman  sobrement convaincant en otage) au sein d'un étrange village résidé par des goules mangeuses de chair humaine. En dépit de son absence de surprise et d'un final aussi plat, ce sketch parvient franchement à envoûter de par l'étrangeté de son atmosphère macabre découlant d'un environnement gothique à la fois séculaire et insalubre (on renifle l'odeur du vieux et du renfermé !). Roy Ward Baker peaufinant à merveille ses décors patibulaires à l'aide d'une photo blafarde. Quand bien même on se prend d'affection pour la détention de notre protagoniste faisant rapidement connaissance avec une jeune convive chétive. Quand au second sketch incarné par Donald Pleasance, il s'agit d'une simple chasse aux vampires inscrite dans l'ironie sardonique au rythme de rebondissements sans surprises. Assurément le plus faible du lot en dépit d'un début pourtant captivant et prometteur (les vicissitudes du fils du vampire, souffre-douleur de son école).


Entrecoupé entre chaque sketch de chansons rock et new-wave au sein d'un freakshow savoureusement décomplexé, et accompagné des éminentes présences de Vincent Price et de John Carradine, le Club des Monstres s'avère donc agréablement ludique, aussi mineur soit son contenu timoré. 

*Bruno
2èx

vendredi 10 avril 2020

Tchao Pantin. César du Meilleur Acteur, Coluche.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Claude Berri. 1983. France. 1h30. Avec Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral, Philippe Léotard, Mahmoud Zemmouri.

Sortie salles France: 21 Décembre 1983

FILMOGRAPHIE: Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage. 2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


Avec ses 3 829 139 entrées, Tchao Pantin conquit le coeur du public comme celui de la critique de par sa mise en scène très maîtrisée (chaque séquence inscrite dans une quotidienneté miséreuse est une leçon de coordination), son intensité dramatique dénuée de concession et surtout le jeu naturel des comédiens d'une sobriété infaillible, particulièrement Richard Anconina (quelle révélation !) et Coluche dans un rôle à contre-emploi proprement inoubliable. Tant et si bien qu'il se livre corps et âme face écran avec une fragilité dépressive tacite. Prenant pour thème (éculé) la justice individuelle d'un homme ravagé par l'alcool, la vengeance mais aussi la culpabilité à la suite de la mort de son fils, Claude Berri opte pour un parti-pris draconien quant à l'âpreté de son climat glauque régie dans les ruelles malfamées franciliennes. Photo blafarde, score musical monotone (composé et interprété par l'illustre Charlélie Couture), climat pluvieux, peinture acrimonieuse de marginaux sans repères ni avenir avec, en filigrane, l'émancipation punk à l'orée années 80 (que Berri souligne à travers le concert de Gogol premier et les virées nocturnes de la bande de Lola), flic suintant la sueur et l'alcool (Philippe Leotard plus vrai que nature à travers sa gueule cassée et sa défroque insalubre).


Tout dans Tchao Pantin transpire la déréliction, le spleen, la sinistrose en dépit des lueurs d'espoir d'amour et d'amitié que suscitent communément le trio Anconina / Coluche / Soral. Car décrivant dans un premier temps avec un humanisme à la fois chétif et plombant l'intense amitié entre un pompiste inconsolable et un jeune dealer au grand coeur, Tchao Pantin nous immerge intimement dans leur fidèle complémentarité avec un réalisme cafardeux. Eu égard de leurs moralités dénuées d'ambition et de rédemption surfant vers la délinquance et la criminalité. Ainsi donc, Claude Berri,  plus avisé que jamais à y parfaire un drame social en perdition, parvient à transcender les clichés du "vigilante movie" (amorcé lors du second acte) sous l'impulsion du trio d'acteurs bouleversants d'affliction mélancolique. Et ce sans jamais se livrer à une démonstration de force racoleuse ou sirupeuse. Et c'est bien là sa grande force morale étalée sans ambages, notamment de par une direction d'acteurs hors-pair. La grande densité du récit émanant du développement pessimiste de ces laissés-pour-compte dépendants de leur fêlure morale au point de se soustraire à la loi de Murphy dans leur condition d'exclusion. L'étincelle d'espoir ou l'optimisme n'auront donc pas lieu d'être si bien que dans Tchao Pantin ("salut mon pote !") tout est sombre, sale et cafardeux, jusqu'à leurs déchirants adieux...


Tableau nécrosé d'écorchés vifs errants au sein d'une cité urbaine en déliquescence sociale; Tchao Pantin dégage une intensité émotionnelle aussi bien capiteuse qu'immuable. 

*Bruno
4èx

Récompenses: César 1984
Meilleur acteur pour Coluche
Meilleur second rôle masculin, Richard Anconina
Meilleur espoir également, Richard Anconina
Meilleure photographie, Bruno Nuytten
Meilleur son, Gérard Lamps et Jean Labussière.

jeudi 9 avril 2020

Manhattan Baby / La Malédiction du Pharaon

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site lupanarsvisions.blogspot.com

de Lucio Fulci. Avec Christopher Connelly, Martha Taylor, Brigitta Boccoli, Giovanni Frezza

Sortie salles Italie: 12 Août 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Démoli par la critique et même ses fans indéfectibles, La malédiction du Pharaon me laisse dans une certaine incompréhension eu égard du plaisir (coupable ?) que j'y ai ressenti lors de son troisième visionnage. Et ce après avoir attendu plus d'une décennie pour le rembobiner avec la crainte évidente d'y être déçu. Que nenni, si bien que c'est tout l'inverse qui se produisit ! Car aussi mineur, incohérent et maladroit soit-il, la Malédiction du Pharaon demeure une sympathique bobine bisseuse comme on en voit plus de nos jours. Car outre son ambiance latine délectable qui enveloppe tout le récit (renforcé du score omniprésent de Frizzi !), son rythme bien soutenu ne nous laisse nulle répit pour y insuffler un éventuel soupçon d'ennui. Lucio Fulci nous illustrant, avec parfois un parti-pris onirique détonnant (notamment les séquences touristiques en Egypte), le parcours moral d'une paisible famille ricaine en proie à la malédiction d'un médaillon que leur fille ramena d'Egypte. Dieu du Mal ayant pris possession de cette dernière, les évènements surnaturels vont s'y enchaîner à rythme effréné, et ce en dépit de sa redondance narrative pour autant jamais ennuyeuse. Fulci parvenant à renouveler l'action horrifique à travers moult détails ésotériques tantôt nonsensique (Tommy disparaissant dans une autre dimension pour réapparaître quelques plans plus tard en chair et en os sans explications aucune, le sort de l'antiquaire mordu par un serpent alors que l'instant d'après on nous le présente revigoré !), tantôt fascinants (les disparitions fantasmagoriques dénuées de raison et les morts violentes qui s'ensuivent chez certains figurants dont une ultra gore en guise d'épilogue paroxystique).


Et ce sous l'impulsion du magnifique score de Fabio Frizzi (même s'il empreinte fréquemment quelques bribes à Frayeurs et à l'Au-delà). C'est donc un pur film d'ambiance que nous emballe correctement Lucio Fulci avec l'évidente volonté formelle de nous immerger dans un cauchemar singulier délibérément nébuleux afin de mieux nous désorienter (à l'instar de l'Au-delà auquel il empreinte quelques similitudes, notamment auprès de la cécité de certains protagonistes et des zooms fréquemment imposés sur les échanges de regards contrariés ou perplexes). Quant aux acteurs de seconde zone bien connus des amateurs, c'est un réel  plaisir de les retrouver à nouveau dans des prestances correctement attachantes, même si parfois le surjeu tient lieu de rigueur. Au-delà du plaisir d'évoquer l'aimable présence de Christopher Connelly en archéologue incompétent face à l'inexpliqué, de Giovanni Frezza en enfant blondinet jovial (la Maison près du Cimetière), de Brigitta Boccoli en maman aussi dubitative qu'aimante (quoique un peu plus en retrait que son amant), de la croquignolette Cinzia De Ponti en babysitter faire-valoir, on s'amuse également d'y retrouver lors de brèves apparitions Cosimo Cinieri en antiquaire récalcitrant (le médecin égrillard de l'Eventreur de New-York), Martin Sorrentino en concierge (le sergent afro du prologue de Frayeurs) ou encore Tonino Pulci (le plombier de l'Au-delà)


Conte macabre bonnard scandé du score délicieusement entêtant de Frizzi, La Malédiction du Pharaon ne méritait pas à mon sens un tel acharnement péjoratif eu égard de son pouvoir de fascination (aussi léger soit-il) constamment imposé à l'écran. De par le soin de ses images tantôt surréalistes (fertiles en détails et symboles oniriques), tantôt morbides (dont une superbe séquence gore inusitée qui ne laissera personne indifférent). Un pur film d'exploitation certes, brouillon et superflu, mais pétri de bonnes intentions, de bonnes gueules bisseuses et de louables qualités formelles, si bien que l'ambiance horrifico-latine qui y émane nous laisse en mémoire un charmant spectacle sobrement envoûtant. 

*Bruno
3èX

mercredi 8 avril 2020

L'Aventure de Mme Muir

                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

"The Ghost and Mrs. Muir "de Joseph L. Mankiewicz. 1947. U.S.A. 1h44. Avec Gene Tierney, Rex Harrison, George Sanders, Edna Best, Natalie Wood, Vanessa Brown, Anna Lee

Sortie salles France: 26 Mai 1948

FILMOGRAPHIE: Joseph Leo Mankiewicz, né le 11 février 1909 à Wilkes-Barre en Pennsylvanie et mort le 5 février 1993 à Mount Kisco (New York), est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma américain.1946 : Le Château du dragon. 1946 : Quelque part dans la nuit. 1947 : Un mariage à Boston. 1947 : L'Aventure de madame Muir. 1948 : L'Évadé de Dartmoor. 1949 : Chaînes conjugales. 1949 : La Maison des étrangers. 1950 : La porte s’ouvre. 1950 : Ève. 1951 : On murmure dans la ville. 1952 : L’Affaire Cicéron. 1953 : Jules César. 1954 : La Comtesse aux pieds nus. 1955 : Blanches colombes et vilains messieurs. 1958 : Un Américain bien tranquille. 1959 : Soudain l’été dernier. 1963 : Cléopâtre. 1964 : A Carol for Another Christmas (TV). 1967 : Guêpier pour trois abeilles. 1970 : King. 1970 : Le Reptile. 1972 : Le Limier.


Une magnifique histoire d'amour puisant son intensité bien au-delà de la mort sous l'impulsion du duo mythique Gene Tierney, Rex Harrison. Ces amants maudits d'une tendre complicité badine parvenant à donner chair à leur personnage avec une alchimie quasi surnaturelle. Outre la beauté immaculée de son noir et blanc chargé d'onirisme crépusculaire, l'originalité du récit émane également de l'inventivité des dialogues ciselés et de ses situations pittoresques décomplexées. Quand bien même sa tendre mélancolie qui irrigue le récit viendra peu à peu contredire son ambiance de légèreté à travers l'injustice de vieillesse que l'héroïne subit dans un soupçon d'infortune. Et ce en dépit de sa revendication d'être parvenue à adopter la solitude avec une lucidité tranquille. L'Aventure de Mme Muir clôturant son chapitre romanesque de manière finalement optimiste quant à l'existence de la vie après la mort. Joseph L. Mankiewicz parvenant à nous faire croire à l'improbable à travers la noblesse de ces images que nos protagonistes esquissent de par leur caractérisation morale à la fois équilibrée et mature.

*Bruno
2èx

mardi 7 avril 2020

Paris, Texas. Palme d'Or, Cannes 84

                                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Pinterst.fr

de Wim Wenders. 1984. U.S.A. 2h25. Avec Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell, Aurore Clément, Hunter Carson, Sam Berr.

Sortie salles France: 19 Septembre 1984. U.S: 9 Novembre 1984

FILMOGRAPHIE: Wilhelm Ernst Wenders, dit Wim Wenders est un réalisateur, producteur, scénariste de cinéma et photographe allemand, né le 14 août 1945 à Düsseldorf. 1970 : Summer in the City. 1972 : L'Angoisse du gardien de but au moment du penalty. 1973 : La Lettre écarlate. 1974 : Alice dans les villes. 1975 : Faux Mouvement. 1976 : Au fil du temps. 1977 : L'Ami américain. 1982 : Hammett. 1982 : L'État des choses. 1984 : Paris, Texas. 1987 : Les Ailes du désir. 1991 : Jusqu'au bout du monde. 1993 : Si loin, si proche ! 1994 : Lisbonne Story. 1995 : Par-delà les nuages. 1995 : Les Lumière de Berlin. 1997 : The End of Violence. 2000 : The Million Dollar Hotel. 2004 : Land of Plenty. 2005 : Don't Come Knocking. 2008 : Rendez-vous à Palerme. 2015 : Every Thing Will Be Fine. 2016 : Les Beaux Jours d'Aranjuez. 2017 : Submergence. 2018 : The Miso Soup.


Chef-d'oeuvre épuré de Wim Wenders qui à mon sens n'est jamais parvenu à retrouver un tel degré d'authenticité à travers son cinéma vérité, Paris, Texas est un poème d'amour fou dont il est difficile d'en sortir indemne. D'une durée conséquente de 2h25, Wim Wenders nous fait partager le quotidien de Travis Henderson, fantôme errant au milieu du Texas que son frère Walter vient à la rescousse lors d'un concours de circonstances fructueuses. De prime abord mutique, hagard et décharné de par sa maigreur corporelle, Travis va réapprendre à s'humaniser et communiquer grâce à l'hospitalité de son frère, de l'épouse de celui-ci et surtout de son jeune fils qu'il a abandonné dès l'âge de 4 ans après s'être séparé de Jane, sa jeune femme. Parvenant peu à peu à retrouver la confiance de son fils Hunter, Travis décide de poursuivre sa route de la rédemption en sa compagnie afin de retrouver la trace de Jane dans une métropole tentaculaire. Road movie contemplatif sublimant les vastes cités urbaines comme celle, contradictoire, du désert du Texas (reflet de la désorientation de Travis à peine remis de sa démence), Paris, Texas est une invitation au voyage initiatique en compagnie d'un écorché vif et de son rejeton en quête identitaire. Radiographiant avec un humanisme infiniment prude les états d'âme de ces personnages en proie au questionnement, entre doute, crainte, remord et désespoir sur fond de catharsis, Paris, Texas nous bouleverse d'émotions candides de par l'humanisme fiévreux de ses derniers broyés par la mélancolie de l'échec, de la solitude et de la contrition, faute d'un passé galvaudé.


Car récit douloureux décortiquant lestement les conséquences dramatiques d'une passion dévorante (tant conjugale que paternelle) entachée par l'alcool, la possessivité et la jalousie, Paris, Texas finit par nous terrasser d'émotions à travers sa sensibilité aiguë que les comédiens retransmettent avec une expression d'amertume inscrite dans la retenue et la réservation. Car observant sans ambages les rapports du duo Travis/Jane lors d'un jeu de regards au miroir sans teint, Wim Wenders transfigure le portrait de ces amants maudits traumatisés par un passé aussi édénique qu'autodestructeur. Paris, Texas nous plongeant dans leur désoeuvrement avec une émotion lyrique emplie de sagesse, de regain d'amour et de tolérance après y avoir côtoyé la démence. Outre l'interprétation magistrale en second acte de Nastassja Kinski en hôtesse de peep-show scrupuleuse renouant sensiblement avec son instinct maternel, Harry Dean Stanton ensorcelle l'écran de par sa présence timorée en paternel déchu en quête ultime de rédemption. Son houleux parcours moral nous bouleversant avec mesure dépouillée de par le parti-pris si humble de l'auteur à diriger ses acteurs avec souci de vérité naturaliste (à l'instar de sa photo à la lumière naturelle tantôt onirique ou crépusculaire). On peut enfin souligner la justesse d'aplomb (si équilibrée) de Dean Stockwell en frère cadet à la fois attentionné et irrité de par le mystère entourant le passé torturé de Travis. Quand bien même le jeune Hunter Carson impose une stature infantile subtilement douce et fragile eu égard de sa fonction d'orphelin ballotté entre 2 parents depuis 4 ans.


"Seul l'amour peut garder quelqu'un vivant"
Film d'amour fou inconsolable électrisé par la guitare mélancolique de Ry Cooder, Paris Texas se réserve toutefois d'apaiser les fêlures et regrets afin d'y cicatriser les plaies de par la grâce de l'amour parental. Il y émane l'une des plus bouleversantes romances vues à l'écran à travers un souci de vérisme sensitif.  

*Bruno
3èx

Récompenses: Palme d'or, prix FIPRESCI, Prix du Jury œcuménique.
BAFTA 1985 du meilleur réalisateur.

lundi 6 avril 2020

Le Shérif est en prison

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Blazing Saddles" de Mel Brooks. 1974. 1h29. Avec Cleavon Little, Gene Wilder, Harvey Korman, Slim Pickens, Madeline Kahn, Mel Brooks.

Sortie salles France: 8 Janvier 1975. U.S: 7 Février 1974

FILMOGRAPHIE: Mel Brooks (Melvin Kaminsky) est réalisateur, acteur, scénariste, compositeur et producteur américain, né le 28 Juin 1926 à New-York. 1968: Les Producteurs. 1970: Le Mystère des 12 Chaises. 1974: Frankenstein Junior. 1974: Le Shérif est en prison. 1976: La Dernière folie de Mel Brooks. 1977: Le Grand Frisson. 1981: La Folle Histoire du monde. 1987: La Folle Histoire de l'Espace. 1991: Chienne de vie. 1993: Sacré Robin des Bois. 1995: Dracula, mort et heureux de l'être.


Même si elle ne rivalise pas avec ses réussites les plus probantes et qu'elle ne s'avère pas aussi drôle qu'escomptée, Le Shérif est en prison demeure une sympathique parodie de western puisant son attrait grâce à l'expansivité des acteurs s'en donnant à coeur joie dans les facéties. Si bien que l'on retrouve à nouveau pour notre plus grand plaisir le casting fétiche de Mel Brooks même si le génial Gene Wilder se retrouve un peu (beaucoup) en retrait d'un second-rôle rarement hilarant. Satire caustique sur le racisme à travers l'anachronisme, le burlesque, la mise en abyme et la comédie musicale, Le Shérif est en prison pioche un peu partout afin d'amuser la galerie avec une bonhomie volontairement grossière et ubuesque. Quand bien même le cinéphile s'amusera en intermittence d'y compiler les clins d'oeil avec un (sou)rire complice.

*Bruno


Récompense:
Writers Guild of America
Meilleure comédie écrite directement pour le grand écran pour Mel Brooks, Norman Steinberg, Andrew Bergman, Richard Pryor & Al Uger.

vendredi 3 avril 2020

Bad Boys. Uncut Version.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemapassion.com

de Rick Rosenthal. 1983. U.S.A. 2h04 (vs 1h47). Avec Sean Penn, Reni Santoni, Esai Morales, Eric Gurry, Ally Sheedy, Clancy Brown.

Sortie salles France: 7 Mars 1984. U.S: 25 Mars 1983

FILMOGRAPHIE: Rick Rosenthal est un réalisateur américain né le 15 juin 1949 à New York. 1981 : Halloween 2. 1981 : Fire on the Mountain. 1983 : Bad boys. 1984 : American Dreamer. 1987 : Russkies. 1987 : Distant Thunder. 1994 : Les Oiseaux 2. 2002 : Halloween : Resurrection. 2013 : Drones.


Hit video des années 80 au grand dam de son échec public sur notre territoire (à peine 72 025 entrées), Bad Boys marqua toute une génération à travers son épineux cocktail de règlements de compte urbains (son prologue aux accents de "blaxploitation"), de romance (sentencieuse) et d'ultra violence (corporelle). Et ce en empruntant la démarche du drame social transplanté dans le cadre d'un suspense carcéral, à la fois honorablement réalisé par le néophyte Rick Rosenthal (il fut révélé 2 ans au préalable avec Halloween 2) et sobrement interprété par une pléiade d'acteurs prometteurs (qui feront plus tard leur preuve pour certains d'entre eux). A défaut d'y transcender le genre de par son parti-pris anti documenté, Bad Boys s'oriente plutôt du côté du divertissement musclé lorsqu'un jeune délinquant se retrouve embrigadé dans un centre de détention juvénile après avoir causé incidemment la mort d'un enfant lors de son braquage raté. Confiné sous l'autorité d'éducateurs à la déontologie drastique, Mick O'Brien devra rapidement s'opposer au détenu le plus impérieux et respecté, Lofgren surnommé Vicking (incarné par l'excellent Clancy Brown assez détestable dans son outrecuidance narquoise).


Quand bien même afin de relancer l'action dans un axe beaucoup plus âpre et tendu, Rick Rosenthal fait intervenir dans l'enceinte de la prison le pire ennemi d'O' Brien, Paco Moreno (frère aîné de l'enfant décédé) Spoil ! ayant violé sa fiancée en guise de rancoeur fin du Spoil. Ce qui nous vaut une ultime demi-heure d'une intensité primale en crescendo lorsque nos 2 rivaux finissent par en venir aux mains jusqu'à ce que mort s'ensuive. Rick Rosenthal ne lésinant par sur la brutalité des coups échangés à renfort de barre de fer, clef à molette et couteau de fortune, et ce avant d'avoir amorcer un suspense oppressant quant à l'affrontement redouté. De par l'évolution morale de l'anti-héros parvenant à canaliser sa haine grâce à l'enjeu vindicatif, Bad Boys adopte une intensité dramatique louable quant au douloureux profil d'O' Brien partagé entre l'espoir de retrouver sa compagne après avoir purgé sa dette (les séquences intimistes entre eux s'avérant très convaincantes dans leur mutuel état d'amertume) et le désir de se défendre au péril de sa vie et de sa future remise en liberté. Sean Penn, dans l'un de ses premiers rôles stoïques à l'écran, parvenant sans ambages à insuffler une émotion dépouillée dans sa condition de marginal inconséquent pour autant nanti de loyauté, de sens de l'amitié (sa complémentarité avec son comparse de cellule), d'empathie et de résignation au gré de son épreuve de survie imposée dans cet établissement insidieux.


En dépit de quelques facilités (un jeu d'acteur parfois stéréotypé ou surjoué lors de brèves occasions pédantes) et de certaines scories (l'évasion furtive d'O' Brien accompagné de son acolyte un peu tirée par les cheveux, l'indulgence parfois trop appuyé des surveillants et éducateurs à son égard), Bad Boys affiche une efficacité hargneuse au prix de moult confrontations d'animosité. Et ce sous l'impulsion tantôt fragile de la mélodie de Bill Conti d'une belle vigueur mélancolique afin d'humaniser son personnage en voie de réhabilitation. 

*Bruno
6èx

jeudi 2 avril 2020

L'Effrontée. Prix Louis Delluc.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Claude Miller. 1985. France. 1h36. Avec Charlotte Gainsbourg, Bernadette Lafont, Jean-Claude Brialy, Julie Glenn, Clothilde Baudon, Jean-Philippe Écoffey.

Sortie salles France: 11 Décembre 1985

FILMOGRAPHIE: Claude Miller est un réalisateur de cinéma français né le 20 février 1942, décédé le 5 avril 2012. 1976 : La Meilleure Façon de marcher. 1977 : Dites-lui que je l'aime. 1981 : Garde à vue. 1983 : Mortelle Randonnée. 1985 : L'Effrontée. 1988 : La Petite Voleuse. 1992 : L'Accompagnatrice. 1994 : Le Sourire. 1998 : La Classe de neige. 2000 : La Chambre des magiciennes. 2001 : Betty Fisher et autres histoires. 2003 : La Petite Lili. 2007 : Un secret. 2009 : Marching Band. 2009 : Je suis heureux que ma mère soit vivante coréalisé avec son fils Nathan Miller. 2011: Voyez comme ils dansent. 2012: Thérèse Desqueyroux.


Bijou d'humour, de tendresse et d'émotions issu de notre patrimoine hexagonal, L'Effrontée fait aujourd'hui office de perle maudite eu égard de la frilosité de nos médias à daigner le diffuser sur nos chaines hertziennes. Et ce en dépit de son Prix Louis Delluc et de ses louanges adressées lors des Césars (voir en fin d'article). Une injustice résolument imbitable si bien qu'à mon sens objectif il s'agit là d'un des plus beaux portraits d'ado d'un point de vue strictement féminin. Puisque transfiguré par le talent inné de la débutante Charlotte Gainsbourg (César du Meilleur Espoir), l'Effrontée dégage un charme si naturel en sa présence aussi bien fragile que candide. Son regard à la fois évasif, timoré et boudeuse, ses expressions pubères mêlées de douce tendresse, entre fragilité et sensualité, ses pics de colère à contredire l'autorité parentale nous enivrant d'une affection sensiblement particulière. Celle de la prémunir des mauvaises orientations et des mauvaises fréquentations (tant marginales que friquées), notamment lorsque Charlotte tombe littéralement sous le charme d'une jeune pianiste prodige (on peut d'ailleurs lui subodorer un soupçon de saphisme de par sa fascination attendrie).


L'intrigue relatant autour de sa nouvelle liaison amicale sa difficulté à affronter le monde adulte et parental, à y fréquenter ses camarades du même âge tout en tentant d'y extérioriser son identité à travers l'émoi adolescent. Claude Miller conjuguant avec une efficacité sans fioriture humour, romance (dérangeante !) et tendresse sous l'impulsion du tube (oh combien entêtant) "Sara perché ti amo" interprété par Richi e Poveri (que l'on entendra à plusieurs reprises). Outre la fantaisie permanente des situations de légèreté, de révolte et de crêpage de chignon auprès de sa petite voisine Lulu (résolument volubile !), l'Effrontée ose paradoxalement traiter du thème de la pédophilie de manière tacite si j'ose dire. Tant et si bien que le compagnon adulte qui ose fréquenter Charlotte cultive une certaine ambiguïté morale à travers son profil esseulé envahi de sentiments pour une ado de 14 ans. Au-delà de ses séquences parfois dérangeantes et scabreuses (la tentative de viol dans l'hôtel), l'Effrontée adopte une démarche intègre pour y capter avec beaucoup de tact et d'attention le cap si fragile de la puberté sous l'impulsion d'une ado férue d'amour de vivre, de soif d'aimer et de curiosité à travers ses vicissitudes humaines hétéroclites.


Chronique lumineuse portée à bout de bras par le talent épuré de la chétive Charlotte Gainsbourg; accompagnée toutefois de seconds-rôles aussi persuasifs à travers leurs expressions spontanées (nous ne sommes pas prêts d'oublier l'insolence friponne de Lulu incarnée par Julie Glenn !),  l'Effrontée se teinte de mélancolie à raviver avec vérisme solaire nos réminiscences pubères sous une une intensité émotionnelle fructueuse.  

*Bruno
2èx

Récompenses: Prix Louis-Delluc 1985
César du cinéma 1986 :
César du meilleur second rôle féminin pour Bernadette Lafont
César du meilleur espoir féminin pour Charlotte Gainsbourg

mercredi 1 avril 2020

Proxima. Prix Spécial du Jury, Saint-Sébastien 2019

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Alice Winocour. 2019. France. 1h47. Avec Eva Green, Zélie Boulant-Lemesle, Matt Dillon, Sandra Hüller, Lars Eidinger.

Sortie salles France: 27 Novembre 2019

FILMOGRAPHIEAlice Winocour est une réalisatrice et scénariste française, née à Paris le 13 janvier 1976. 2012 : Augustine. 2015 : Maryland. 2019 : Proxima.


La tête pleine d'étoile. 
Hymne à la vie terrestre et à l'amour maternel transcendé par le talent naturel d'Eva Green (d'autant plus dénuée de fard d'après les règles du protocole du centre spatial), Proxima demeure une chronique intimiste à la mise en scène spécialement épurée. De par sa photo naturaliste émaillé d'instants suprêmes de poésie (quelle nature expressive au sein d'une faune apaisée !), son parti-pris documenté et la sobriété de son intrigue; Proxima s'intéresse au plus près des sentiments du personnage exclusivement féminin. La réalisatrice consciencieuse prenant son temps à nous familiariser avec elle et ses co-équipiers en plein préparatif pour leur prochaine expédition stellaire. Celle-ci s'attardant durant leur cheminement à illustrer leurs entraînements (internes et externes), essais et expérimentations avant la date du décollage réalisé de manière décoiffante (notamment auprès de la précision de sa bande-son vrombissante).


Ainsi à travers l'hyper réalisme des nombreuses séquences d'entrainement et des préparatifs au plus près du détail technique, Alice Winocour alterne avec les moments d'intimisme entre Sarah et sa fille Stella de manière scrupuleusement confidentielle. Et ce en s'attardant parfois sur leurs relations conflictuelles eu égard de l'approche de l'évènement aussi singulier que de si grande ampleur. Sarah s'efforçant de gérer son stress et ses angoisses pour affronter son nouvel univers avec un spleen quelque peu préjudiciable (son escapade illégale pour rejoindre sa fille en pleine situation de quarantaine). Poignant, émouvant et enfin bouleversant; Proxima s'alloue donc d'une intensité dramatique particulièrement gracieuse eu égard des relations transies d'humanité entre Sarah et sa fille s'épaulant mutuellement parmi leur sensible complicité. Alice Winocour radiographiant l'intensité de leur regard mutuellement azur avec un lyrisme teinté d'onirisme. Un très joli témoignage donc auprès de ces femmes astronautes se raccrochant finalement à leur instinct irrépressible d'amour maternel pour mieux affronter (et gérer) l'inconnu au grand dam d'une séparation de longue haleine.


*Bruno

Récompenses: Festival international du film de Toronto 2019 : Honorable Mention, Platform.
Festival international du film de Saint-Sébastien 2019 : Prix spécial du jury.
Festival du film de Sarlat 2019 : prix du jury Jeunes.

mardi 31 mars 2020

Vivarium. Grand Prix Nouveau Genre, l'Etrange Festival.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.fr

de Lorcan Finnegan. 2019. Irlande/Belgique/Danemark. 1h38. Avec mogen Poots, Jesse Eisenberg, Jonathan Aris, Danielle Ryan, Olga Wehrly.

Sortie salles France: 11 Mars 2020

FILMOGRAPHIE: 2019: Vivarium.  2016: Without Name


Conçu comme un épisode longiligne de la 4è Dimension, Vivarium demeure une expérience cauchemardesque proprement inusitée. Car que l'on adhère ou qu'on le rejette en bloc, faute d'un climat austère aussi pesant qu'irrespirable au gré d'une intrigue nonsensique irrésolue, Lorcan Finnegan parvient à nous déstabiliser en crescendo en y invoquant un malaise tangible davantage terrifiant. Dans la mesure où son climat lourdement anxiogène émane des réactions sentencieuses des victimes en proie à une impuissance morale davantage cafardeuse. Et ce au fil de leur routine plombante dénuée d'appui amical (aucun voisin à proximité, jusqu'au bout de l'horizon !) et des réactions versatiles de leur hôte apatride qu'ils sont contraints d'éduquer en guise de fonction parentale. Le pitch, satire caustique sur la famille modèle, nous illustrant la claustration quotidienne d'un jeune couple pris au piège dans leur nouvelle demeure après l'avoir visité en compagnie d'un agent immobilier. Perdu au coeur d'une bourgade aphone où les nuages semblent se figer dans le ciel de manière similaire, ils tentent de se recréer un semblant de vie au sein de leur nouveau lieu de résidence destitué de chaleur humaine. Quand bien même dehors, la faune, la flore et la météo n'ont plus lieu d'être ! Mais au fil de leur solitude, on leur dépose un matin sur le trottoir un nouveau-né qu'ils décident d'adopter dans leur instinct maternel.


Or, cet étranger surgit de nulle part s'apparente à une sorte de mutant difficilement domptable lors de ses crises de caprices littéralement criardes. Pendant ce temps, Tom, le concubin, creuse un trou dans le jardin afin de trouver une éventuelle issue de secours d'après l'écho de certaines voix inaudibles. Voilà donc en résumé ce qui vous attend dans cet indéfinissable Vivarium que l'on redoute avec une étrange fascination malsaine eu égard de l'évolution morale de ces protagonistes mis à rude épreuve dans leur enjeu de survie. Car dénués de raisonnement face à leur ubuesque condition de déréliction, ils doivent en prime se coltiner un rejeton détestable qu'ils sont contraints de chouchouter dans leur cocon domestique. Ainsi donc, de par la puissance de certaines images lestement cauchemardesques, Vivarium créé un véritable malaise horrifique sans l'ombre d'une outrance sanguine. Tant auprès du décorum champêtre étrangement stéréotypé (quel silence assourdissant !), du foyer domestique en carton pâte comportant une TV 16/9 aux émissions cryptées, que des réactions impassibles du rejeton sans vergogne quant à son idéologie mortifère. On peut d'ailleurs y voir à travers cette expérimentation existentielle désagréablement flippante, une réflexion contre la maltraitance à travers les valeurs de la résilience et de la patience ici destinées à perdurer jusqu'au trépas. Quand bien même le sentiment omniprésent d'incommunicabilité qu'ils endurent au péril de leur propre vie tend à prouver que nous ne sommes pas conçus pour se confiner dans une solitude suicidaire.


Attention, bad-trip métaphysique dont on ne sort pas indemne, à privilégier de préférence accompagné afin que le spleen y soit moins prononcé !

*Bruno

Récompenses: L'Étrange Festival 2019 : Grand Prix Nouveau Genre
Festival international du film de Catalogne 2019 : Prix de la meilleure actrice pour Imogen Poots

vendredi 27 mars 2020

Le Diamant du Nil

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Jewel of the Nile" de Lewis Teague. 1985. U.S.A. 1h46. Avec Michael Douglas, Kathleen Turner, Danny DeVito, Spýros Fokás, Avner Eisenberg.

Sortie salles France: 2 Avril 1986. U.S: 11 Décembre 1985

FILMOGRAPHIE: Lewis Teague (né le 8 mars 1938 à Brooklyn, New-York, Etats-Unis) est un réalisateur, monteur, acteur et directeur de la photographie américain. 1974: Dirty O'Neil. 1979: The Lady in red. 1980: L'Incroyable Alligator. 1982: Philadelphia Security (Fighting Back). 1983: Cujo. 1985: Cat's Eye. 1985: Le Diamant du Nil. 1989: Collision Course. 1990: Navy Seals: les meilleurs. 1991: Wedlock. 2010: Charlotta-TS.


A la poursuite d'un nouveau diamant, en dromadaire ! 
Trop occupé à la conception de Retour vers le Futur, Robert Zemeckis cède sa place à l'habile Lewis Teague (l'Incroyable Alligator, Cat's Eye et surtout l'ébouriffant Cujo) au poste d'une séquelle dispensable mais jamais ennuyeuse. Le Diamant du Nil constituant un plaisir coupable aux confins du nanar de par sa moisson de clichés tributaires d'une narration sans surprises et de son humour particulièrement infantile. L'intrigue rachitique opposant un jeu de cache-cache entre gentils et méchants afin de s'approprier un joyau au coeur du Nil. Agréablement dépaysant à travers les vastes contrées du Maroc et de l'Afrique (émaillées de panoramas vertigineux !), Le Diamant du Nil fleure bon l'aventure familiale sous l'impulsion du couple Michael Douglas / Kathleen Turner aussi expansif et étincelant que lors de leurs précédentes tribulations.


Conjuguant romance cucul avec parfois une involontaire tonalité hilarante (compensée de la complémentarité si charmante du couple susnommé), aventures frétillantes et action explosive (l'anthologique escapade en avion grugé par nos héros semant la pagaille sur terre car privés d'ailes pour décoller) au gré d'une inlassable traque oscillant visites touristiques, danses ethniques et rencontres patibulaires, le Diamant du Nil est sauvé par l'énergie communicative des comédiens épatants de sincérité. Quand bien même Lewis Teague se charge d'emballer correctement son divertissement de par sa volonté payante du travail soigné esquivé de prétention. A l'instar du dynamisme du montage, de sa photo solaire, des décors naturels parfaitement exploités et de ses effets spéciaux réussis parvenant à nous évader au gré de poursuites et explosions en règle. On peut enfin compter sur l'intervention subsidiaire de Danny DeVito pour renchérir dans la comédie à travers sa fonction de trublion empoté, et ce même s'il s'avère moins convaincant que lors de ses stratégies de pacotille à traquer le diamant vert. Un bon divertissement donc étonnamment plaisant et guilleret (tube de Billy Océan à l'appui en guise d'adieu romantique) eu égard de son emballage narratif hélas prévisible (si on excepte un rebondissement original quant à l'identité du fameux joyaux !). Et pour preuve, j'en étais ce soir au 3è visionnage avec ce similaire plaisir impubère.


*Bruno
3èx 

Ci-joint la chronique du 1er volet : http://brunomatei.blogspot.com/…/a-la-poursuite-du-diamant-…

jeudi 26 mars 2020

Chez moi

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Hogar" de Àlex Pastor et David Pastor. 2020. Espagne. 1h43. Avec Javier Gutiérrez, Mario Casas, Bruna Cusí, Ruth Díaz

Diffusé sur Netflix le 25 Mars 2020

FILMOGRAPHIE: David Pastor est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol né le 25 Juillet  1978 à Barcelone. Alex Pastor est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol né le 13  Mars à Barcelone. 2009: Infectés. 2013: Les Derniers Jours. 2020: Chez moi.


                                                     Portrait craché d'une famille modèle. 

Thriller hispanique aux confins de l'horreur sociale, Chez moi demeure un bon divertissement assez bien soutenu au gré de rebondissements dramatiques en chute libre. Le pitch: en mal de prospérité, un pubard au chômage décide de changer de vie en opérant un plan machiavélique auprès d'une famille bourgeoise résidant à son ancien appartement. Intrigue efficace au suspense psychologique progressivement vigoureux, Chez moi doit beaucoup de son intensité dramatique grâce à la présence de Javier Gutiérrez littéralement habité par son rôle de sociopathe dénué de vergogne. Perfide, délétère, insidieux, obséquieux, l'acteur insuffle une expression infaillible à travers l'impassibilité de son regard à la fois glacial et faussement séducteur eu égard de son instinct stratagème à manipuler à sa guise son entourage amical et familial. Ainsi, si l'intrigue parvient à retenir notre attention de par le magnétisme malsain de notre antagoniste (et ce jusqu'au final audacieusement amoral qui risque de déplaire à une frange du public), on aurait tant daigné omettre les facilités et certaines invraisemblances disséminées à bâtons rompus.


A l'instar du vibreur cellulaire de Javier confiné dans l'appartement face au témoignage auditif (pas si alerte) de la nouvelle résidente, du sort du jardinier pédo, de l'alibi de la bombe lacrymogène que l'épouse appliquera pour s'y défendre, et de l'intrusion précipitée de Javier dans la salle de cours face aux témoignages interloqués de l'enseignant et de son épouse (à la posture équivoque ?!). Les frères Pastor abusant donc de ses grossières ficelles un tantinet capillotractées quant aux ruses de Javier anticipant bien trop à la perfection sa machiavélique mise en scène pour agripper ses proies dans sa toile d'araignée. Le développement de l'intrigue (mal structurée) pâtissant d'un manque de crédibilité quant au réalisme des situations forts de café. Pour autant, à travers sa satire caustique de la société de consommation (faisant écho à l'excellent Beau-père de Ruben), Chez moi reste ludique et néanmoins captivant, rehaussé en intermittence de séquences chocs d'une âpre cruauté avec ce désagréable sentiment d'impuissance de ne pouvoir prêter main forte à la victime moribonde.


Dédicace à Seb Lake
*Bruno

mardi 24 mars 2020

La Plateforme

                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Galder Gaztelu-Urrutia. 2019. Espagne. 1h35. Avec Ivan Massagué, Zorion Eguileor, Emilio Buale, Antonia San Juan, Alexandra Masangkay.

Diffusé sur Netflix  le 20 Mars 2020

FILMOGRAPHIEGalder Gaztelu-Urrutia est un réalisateur, scénariste et producteur espagnol. 2019: La Plateforme.


Accouplez la Grande Bouffe et Cube à une pincée de Cannibal Holocaust et vous obtenez ce sommet d'horreur émétique que constitue La Plateforme. Une production Netflix redoutablement couillue quant à son contenu littéralement dégueulbif tant et si bien que le malaise viscéral ne nous quitte d'un iota 1h30 durant. Sa progression narrative demeurant si éprouvante que nous espérerions une conclusion salvatrice afin de s'extirper de cet enfer socialement arbitraire et asphyxiant. Le pitch en quelques mots: des prisonniers confinés par 2 dans leur géôle tentent de survivre en se nourrissant de plats déjà entamés par d'autres détenus. Une plateforme constituée de victuailles déclinant à chaque niveau afin de subvenir aux besoins de chacun. Au coeur de cet enfer carcéral dénué de vergogne, un prisonnier tentera d'y survivre coûte que coûte au fil de rencontres dépravées ne comptant que sur leur ego. De par son climat fétide à la fois épouvantablement glauque et poisseux, et son vérisme d'une âpre verdeur, La Plateforme distille un malaise viscéral permanent au fil des tentatives de survie de prisonniers réduits à l'état bestial dans leur rapacité de ne compter que sur leur égoïsme pour rester en vie.


Chacun étant obnubilé par l'emprise de la faim au fil d'une quotidienneté grisonnante dénuée d'étincelle d'humanité. Profondément dérangeant au sein d'un huis-clos blafard suintant la sueur, le sang et la nourriture avariée, La Plateforme provoque de plein fouet le spectateur emporté dans un cauchemar culinaire sans issue de secours. Le message du film nous illustrant un tableau pathétique de la nature humaine contrainte de se nourrir de la chair de son voisin faute de son instinct de survie. Et donc, l'intrigue a beau empiler les questions sans réponses et expédier un épilogue aussi abscons qu'équivoque (ce qui renforce toutefois son pouvoir de fascination), La Plateforme laisse des traces dans l'encéphale de par son imagerie écoeurante allouée à la bestialité de l'homme réduit à l'état animal dans un contexte carcéral inéquitable. Ceux résidant aux plus haut niveau ayant beaucoup plus de chances de se sustenter dans des conditions plus saines et quantitatives, alors que ceux du bas n'y auront la plupart du temps que les miettes laissées par leurs homologues.


Brouet rubigineux
Tableau sordide d'une société aristocrate fustigeant les laissés pour compte de la manière la plus obscène, indécente et immorale, La Plateforme laisse en état de choc moral (et viscéral) à travers son ultra violence tranchée où l'homme s'avère le pire ennemi de son semblable de par l'inégalité des classes sociales. 
Pour public averti.  

lundi 23 mars 2020

The Invisible Man

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Leigh Whannell. 2020. U.S.A. 2h04. Avec Elisabeth Moss, Aldis Hodge, Storm Reid, Harriet Dyer, Michael Dorman

Sortie salles France: 26 Février 2020

FILMOGRAPHIE: Leigh Whannell est un producteur de cinéma, un réalisateur, scénariste et acteur né le 17 janvier 1977 à Melbourne en Australie. 2015 : Insidious : Chapitre 3. 2018 : Upgrade. 2020 : Invisible Man.


Après nous avoir agréablement surpris avec Upgrade, Leigjh Whannell remet le couvert avec son troisième métrage, The Invisible Man. Variation à la fois moderne et horrifique du célèbre roman H. G. Wells, cette série B du samedi soir se taille une jolie carrure de divertissement échevelé eu égard de ses séquences chocs redoutablement efficaces ne débordant jamais sur la surenchère. Et ce en dépit de certaines facilités (son épilogue un chouilla équivoque potentiellement discutable) ou de questions restées sans réponses (comment le tueur a t'il simulé son suicide ?). Le récit se livrant à l'éprouvant jeu du chat et de la souris lorsqu'un pervers narcissique décide de faire vivre un véritable enfer à son ex après que celle-ci s'échappa du foyer conjugal. Ne cessant d'alterner angoisse, tension et suspense au fil d'un cheminement narratif imprévisible, The Invisible Man demeure un redoutable survival parano sous l'impulsion d'Elisabeth Moss (The Handmaid's Tale) reprenant son rôle de victime soumise avec cette similaire pugnacité morale et physique. 


Celle-ci se fondant dans le corps de Cécilia à l'aide d'une force d'expression résolument teigneuse eu égard de ses cruelles vicissitudes que le tueur cultive à l'aide de stratégies offensives terriblement insidieuses. Car si The Invisible Man s'avère aussi plaisant et palpitant, il le doit notamment au réalisme de ses effets numériques auquel nous n'y voyons que du feu et à ses situations de claustration lorsque la victime appréhende la menace invisible avec un fébrile espoir de survie. Le réalisateur relançant l'action horrifique dans des directions dramatiques davantage alertes au gré de rebondissements retors que l'on ne voit pas arriver. Ainsi, de par sa structure narrative rondement menée, The Invisible Man constitue un excellent thriller parano tirant parti de son concept surréaliste à travers une confrontation psychologique de longue haleine. Tant si bien que l'héroïne éplorée davantage malmenée devra également prouver son innocence auprès de la police et de son entourage (familial et amical) afin de lui éviter la camisole. On peut enfin souligner le soin de sa bande-son d'un flegme parfois si anxiogène et ses sonorités vrombissantes musicalement stylées. 


*Bruno