vendredi 10 avril 2020

Tchao Pantin. César du Meilleur Acteur, Coluche.

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de Claude Berri. 1983. France. 1h30. Avec Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral, Philippe Léotard, Mahmoud Zemmouri.

Sortie salles France: 21 Décembre 1983

FILMOGRAPHIE: Claude Langmann, dit Claude Berri, est un réalisateur, scénariste, producteur et acteur français, né le 1er juillet 1934, décédé le 12 janvier 2009. 1964: Les Baisers (segment « Baiser de 16 ans »). La Chance et l'amour (segment « La Chance du guerrier »). 1966: Le Vieil homme et l'enfant. 1968 Mazel Tov ou le Mariage. 1969: Le Pistonné . 1970: Le Cinéma de papa. 1972: Sex-shop. 1975: Le Mâle du siècle. 1976: La Première fois. 1977: Un moment d'égarement. 1980: Je vous aime. 1981: Le Maître d'école. 1983: Tchao Pantin. 1986: Jean de Florette. Manon des sources. 1990: Uranus. 1993: Germinal. 1996: Lucie Aubrac. 1999: La débandade. 2001: Une femme de ménage. 2004: L'Un reste, l'autre part. 2006: Ensemble, c'est tout. 2009: Trésor.


Avec ses 3 829 139 entrées, Tchao Pantin conquit le coeur du public comme celui de la critique de par sa mise en scène très maîtrisée (chaque séquence inscrite dans une quotidienneté miséreuse est une leçon de coordination), son intensité dramatique dénuée de concession et surtout le jeu naturel des comédiens d'une sobriété infaillible, particulièrement Richard Anconina (quelle révélation !) et Coluche dans un rôle à contre-emploi proprement inoubliable. Tant et si bien qu'il se livre corps et âme face écran avec une fragilité dépressive tacite. Prenant pour thème (éculé) la justice individuelle d'un homme ravagé par l'alcool, la vengeance mais aussi la culpabilité à la suite de la mort de son fils, Claude Berri opte pour un parti-pris draconien quant à l'âpreté de son climat glauque régie dans les ruelles malfamées franciliennes. Photo blafarde, score musical monotone (composé et interprété par l'illustre Charlélie Couture), climat pluvieux, peinture acrimonieuse de marginaux sans repères ni avenir avec, en filigrane, l'émancipation punk à l'orée années 80 (que Berri souligne à travers le concert de Gogol premier et les virées nocturnes de la bande de Lola), flic suintant la sueur et l'alcool (Philippe Leotard plus vrai que nature à travers sa gueule cassée et sa défroque insalubre).


Tout dans Tchao Pantin transpire la déréliction, le spleen, la sinistrose en dépit des lueurs d'espoir d'amour et d'amitié que suscitent communément le trio Anconina / Coluche / Soral. Car décrivant dans un premier temps avec un humanisme à la fois chétif et plombant l'intense amitié entre un pompiste inconsolable et un jeune dealer au grand coeur, Tchao Pantin nous immerge intimement dans leur fidèle complémentarité avec un réalisme cafardeux. Eu égard de leurs moralités dénuées d'ambition et de rédemption surfant vers la délinquance et la criminalité. Ainsi donc, Claude Berri,  plus avisé que jamais à y parfaire un drame social en perdition, parvient à transcender les clichés du "vigilante movie" (amorcé lors du second acte) sous l'impulsion du trio d'acteurs bouleversants d'affliction mélancolique. Et ce sans jamais se livrer à une démonstration de force racoleuse ou sirupeuse. Et c'est bien là sa grande force morale étalée sans ambages, notamment de par une direction d'acteurs hors-pair. La grande densité du récit émanant du développement pessimiste de ces laissés-pour-compte dépendants de leur fêlure morale au point de se soustraire à la loi de Murphy dans leur condition d'exclusion. L'étincelle d'espoir ou l'optimisme n'auront donc pas lieu d'être si bien que dans Tchao Pantin ("salut mon pote !") tout est sombre, sale et cafardeux, jusqu'à leurs déchirants adieux...


Tableau nécrosé d'écorchés vifs errants au sein d'une cité urbaine en déliquescence sociale; Tchao Pantin dégage une intensité émotionnelle aussi bien capiteuse qu'immuable. 

*Bruno
4èx

Récompenses: César 1984
Meilleur acteur pour Coluche
Meilleur second rôle masculin, Richard Anconina
Meilleur espoir également, Richard Anconina
Meilleure photographie, Bruno Nuytten
Meilleur son, Gérard Lamps et Jean Labussière.

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