jeudi 9 avril 2020

Manhattan Baby / La Malédiction du Pharaon

                                   Photo empruntée sur Google, appartenant au site lupanarsvisions.blogspot.com

de Lucio Fulci. Avec Christopher Connelly, Martha Taylor, Brigitta Boccoli, Giovanni Frezza

Sortie salles Italie: 12 Août 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 :L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio,1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Démoli par la critique et même ses fans indéfectibles, La malédiction du Pharaon me laisse dans une certaine incompréhension eu égard du plaisir (coupable ?) que j'y ai ressenti lors de son troisième visionnage. Et ce après avoir attendu plus d'une décennie pour le rembobiner avec la crainte évidente d'y être déçu. Que nenni, si bien que c'est tout l'inverse qui se produisit ! Car aussi mineur, incohérent et maladroit soit-il, la Malédiction du Pharaon demeure une sympathique bobine bisseuse comme on en voit plus de nos jours. Car outre son ambiance latine délectable qui enveloppe tout le récit (renforcé du score omniprésent de Frizzi !), son rythme bien soutenu ne nous laisse nulle répit pour y insuffler un éventuel soupçon d'ennui. Lucio Fulci nous illustrant, avec parfois un parti-pris onirique détonnant (notamment les séquences touristiques en Egypte), le parcours moral d'une paisible famille ricaine en proie à la malédiction d'un médaillon que leur fille ramena d'Egypte. Dieu du Mal ayant pris possession de cette dernière, les évènements surnaturels vont s'y enchaîner à rythme effréné, et ce en dépit de sa redondance narrative pour autant jamais ennuyeuse. Fulci parvenant à renouveler l'action horrifique à travers moult détails ésotériques tantôt nonsensique (Tommy disparaissant dans une autre dimension pour réapparaître quelques plans plus tard en chair et en os sans explications aucune, le sort de l'antiquaire mordu par un serpent alors que l'instant d'après on nous le présente revigoré !), tantôt fascinants (les disparitions fantasmagoriques dénuées de raison et les morts violentes qui s'ensuivent chez certains figurants dont une ultra gore en guise d'épilogue paroxystique).


Et ce sous l'impulsion du magnifique score de Fabio Frizzi (même s'il empreinte fréquemment quelques bribes à Frayeurs et à l'Au-delà). C'est donc un pur film d'ambiance que nous emballe correctement Lucio Fulci avec l'évidente volonté formelle de nous immerger dans un cauchemar singulier délibérément nébuleux afin de mieux nous désorienter (à l'instar de l'Au-delà auquel il empreinte quelques similitudes, notamment auprès de la cécité de certains protagonistes et des zooms fréquemment imposés sur les échanges de regards contrariés ou perplexes). Quant aux acteurs de seconde zone bien connus des amateurs, c'est un réel  plaisir de les retrouver à nouveau dans des prestances correctement attachantes, même si parfois le surjeu tient lieu de rigueur. Au-delà du plaisir d'évoquer l'aimable présence de Christopher Connelly en archéologue incompétent face à l'inexpliqué, de Giovanni Frezza en enfant blondinet jovial (la Maison près du Cimetière), de Brigitta Boccoli en maman aussi dubitative qu'aimante (quoique un peu plus en retrait que son amant), de la croquignolette Cinzia De Ponti en babysitter faire-valoir, on s'amuse également d'y retrouver lors de brèves apparitions Cosimo Cinieri en antiquaire récalcitrant (le médecin égrillard de l'Eventreur de New-York), Martin Sorrentino en concierge (le sergent afro du prologue de Frayeurs) ou encore Tonino Pulci (le plombier de l'Au-delà)


Conte macabre bonnard scandé du score délicieusement entêtant de Frizzi, La Malédiction du Pharaon ne méritait pas à mon sens un tel acharnement péjoratif eu égard de son pouvoir de fascination (aussi léger soit-il) constamment imposé à l'écran. De par le soin de ses images tantôt surréalistes (fertiles en détails et symboles oniriques), tantôt morbides (dont une superbe séquence gore inusitée qui ne laissera personne indifférent). Un pur film d'exploitation certes, brouillon et superflu, mais pétri de bonnes intentions, de bonnes gueules bisseuses et de louables qualités formelles, si bien que l'ambiance horrifico-latine qui y émane nous laisse en mémoire un charmant spectacle sobrement envoûtant. 

*Bruno
3èX

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