mercredi 18 août 2021

Siège. Prix du Meilleur Scénario, Prix de la Critique au Festival du Rex, Paris, 1984

                                           
                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site senscritique.com

"Self Defense" de Paul Donovan. 1983. Canada. 1h24/1h33 (extented version). Avec Tom Nardini, Brenda Bazinet, Darel Haeny, Jeff Pustil, Terry-David Després, Jack Blum, Keith Knight, Doug Lennox.

Sortie salles France: 8 Août 1984

FILMOGRAPHIE: Paul Donovan est un scénariste, réalisateur et producteur canadien, né le 26 Juin 1954 au Canada. 1981: South Pacific 1942. 1983: Siege. 1985: Def-Con 4. 1988: Norman's Awesome Experience. 1988: The Squamish Fire (télé-film). 1989: l'île des pirates disparus. 1992: Buried on Sunday. 1993: Tomcat: Dangerous Desires. 1994: Paint Cans. 1994: Life with Billy (télé-film). 1997: Lexx (série tv).


Sorti en salles dans l'anonymat et discrètement édité en Vhs malgré ses deux récompenses estampillées sur la jaquette (Prix du Meilleur Scénario, Prix de la Critique au Festival du Rex à Paris), Siege est une bande d'exploitation influencée par un modèle du survival, AssautLe pitchDans un bar gay, alors qu'une bande d'homophobes est entrain d'exécuter froidement cinq clients, l'un d'eux réussit à s'échapper. Parti se réfugier dans l'enceinte d'un appartement, les locataires acceptent de lui porter assistance quand bien même les assassins viennent d'encercler la tour. Une trame d'une grande simplicité régie autour de l'unité de temps et de lieu que Paul Donovan exploite avec la plus grande efficacité. Car nous illustrant avec minutie l'enjeu de survie imparti à une poignée de locataires reclus dans leur appartement, Siege est une série B redoutablement percutante à travers son florilège de stratégies guerrières afin de déjouer la menace. Ou comment de simples quidams vont jouer à cache-cache et se transformer en justiciers perspicaces pour élaborer en secret la fabrication d'armes customisées. Car faute d'une grève de police, ces témoins gênants n'auront donc comme alternatives de compter sur leur propre indépendance et le soutien d'un voisin féru d'artillerie. 


Ainsi, en alternant l'intensité du suspense et celui de l'action ultra violente, Paul Donovan réalise un captivant survival d'autant plus immersif que la bonne volonté des comédiens méconnus nous implique facilement dans leur détermination rebelle à contrecarrer l'intrusion. Avec ces trognes de seconde zone que les amateurs affectionnent (Tom Nardini Cat BallouJeff pustil - Macabre PartyJack Blum - Happy BirthdayKeith Knight - Class 84Doug Lenox - Police Academy), Siege attise la sympathie d'une série B intègre ne sombrant jamais dans la redondance. Les multiplies tentatives des assaillants de pénétrer dans l'appartement étant suffisamment réfléchies et audacieuses pour exploiter chaque recoin du logement. On peut d'ailleurs en dire de même pour la démarche des survivants élaborant avec enthousiasme mais aussi appréhension leurs divers pièges afin de riposter plus habilement. Pour parachever, son ambiance nocturne hostile et le tempo lugubre du score monocorde renforcent le caractère horrifique de la situation de siège, d'autant plus que sa violence abrupte fait parfois froid dans le dos (l'exécution des otages illustrée en prélude, le sort réservé à deux locataires de l'immeuble).


Oublié de tous et banni des écrans TV, Siege fait parti de ses pépites indépendantes desservies par la déveine. Dans son genre marginal et pour le registre du cinéma d'exploitation, il fait pourtant office de vraie réussite, tant auprès de son savoir-faire technique imparti au sens de l'efficacité que par le talent des comédiens issus de l'école Bisseuse. 

Remerciement à Contrebande Vhs pour leur version HD.

*Eric Binford
18.08.21.  4èx
07.14 154 v

Récompenses: Prix du Meilleur Scénario, Prix de la Critique au Festival du film fantastique du Rex à Paris en 1984

L'avis de Mathias Chaput:
A mi chemin entre "Vigilante" et "Assaut" de Carpenter, "Siege" (aussi connu sous le titre "Self defense") est un modèle du polar survival qui tranche dans le lard dès l'entame, sans la moindre fioriture ni le moindre apitoiement...
D'une brutalité et d'une dureté incroyables, le film nous plonge dans un univers anxiogène au possible avec des protagonistes prêts à en découdre coûte que coûte, ponctué par des trouvailles scénaristiques qui lui valurent un prix au festival du film fantastique de Paris, car le postulat est habile et très malin, se démarquant des moults productions antérieures sur des thèmes similaires...
Tourné de nuit à 90 %, "Siège" bénéficie d'une crédibilité solide et ne fait pas dans la dentelle, rendant des passages inoubliables aux yeux des aficionados friands de polars d'action violents, le personnage de Cabe faisant passer les pires salopards du genre pour des enfants de choeur !
Inimical, déstabilisant et angoissant, le film se suit avec intérêt et les comédiens sont en roue libre, s'articulant avec une mise en scène très étudiée et remarquable, sans aucun temps mort et faisant la part belle aux effets chocs et aux situations périlleuses...
Old school (car il connaît, maîtrise et s'approprie les codes érigés par ses prédécesseurs) et moderne en même temps (il apporte une relecture cinglante, bonifiant et revigorant un genre jusqu'ici en perte de vitesse), "Siège" se dote d'un montage ultra serré dynamisant et dynamitant une intrigue qui aurait pu être simpliste voire famélique...
Avec un final glaçant et une application dans les thématiques qu'il aborde comme le courage, la survie, la fuite mais aussi le handicap, "Siège" reste un des archétypes du polar canadien des années 80 et il est sidérant que ce film n'ait jamais pu bénéficier d'un format DVD !
Un modèle du style auquel il s'apparente à visionner impérativement, "Siège" est une vraie bombe, un jeu de massacre parfaitement calibré et un métrage d'une violence hors normes...

Note : 9/10

vendredi 13 août 2021

Videodrome

                                               
                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site dvdclassik.com

de David Cronenberg. 1982. U.S.A. 1h28'52" (uncut version).Avec James Woods, Sonja Smits, Deborah Harry, Peter Dvorsky, Leslie Carlson, Jack Creley, Lynne Gorman, Julie Khaner, Reiner Schwartz, David Bolt, Lally Cadeau.

Sortie Salles France: 16 mai 1984sortie U.S.A: 28 janvier 1983

FILMOGRAPHIE: David Cronenberg est un réalisateur canadien, né le 15 mars 1943 à Toronto (Canada. 1969 : Stereo, 1970 : Crimes of the Future, 1975 : Frissons, 1977 : Rage,1979 : Fast Company, 1979 : Chromosome 3, 1981 : Scanners, 1982 : Videodrome, 1983 : Dead Zone, 1986 : La Mouche, 1988 : Faux-semblants,1991 : Le Festin Nu. 1993 : Mr Butterfly, 1996 : Crash, 1999 : eXistenZ, 2002 : Spider, 2005 : A History of Violence, 2007 : Les Promesses de l'ombre, 2011 : A Dangerous Method
 

"Mort à Videodrome, longue vie à la nouvelle chair !"
Un an après l'ébouriffant ScannersDavid Cronenberg jette un pavé dans la mare avec Videodrome, diatribe contre la manipulation des médias à daigner lobotomiser la rétine du spectateur au sein de programmes vulgaires bâtis sur le sexe et la violence. SynopsisUn directeur de chaîne de télévision du canal 83, spécialiste en matière de programmes pornographiques, reçoit par le biais d'un de ses collègues une cassette vidéo intitulée Videodrome. Ce programme extrême à base de tortures et de viols commis sur des êtres humains ne serait non simulé d'après l'ambition d'un utopiste clairement déterminé à symboliser une nouvelle chair. Ce projet révolutionnaire aurait comme principal dessein d'immuniser une Amérique contre l'hostilité de pays étrangers en expansion économique. Attention ovni hallucinogène ! Objet visuel doué de vie organique ! Oeuvre mutante à visionner avec avertissement et modération ! On aurait d'ailleurs pu suggérer cette tagline en haut de l'affiche lors de sa discrète (et tardive) sortie salles. Si bien que Vidéodrome s'insinue dans notre mental avec une expression visuelle inédite de par son pouvoir de fascination malsain. Le scénario d'une richesse thématique inépuisable s'avère d'abord irracontable tant la structure des faits se distord et fusionne avec une réalité virtuelle régie par un organisme totalitaire.


Un groupuscule mystique et anarchiste s'étant permis via le tube cathodique d'employer une nouvelle technologie afin de mieux renforcer une Amérique paranoïaque contre la concurrence des états étrangers en voie de développement. Un outil technologique de contrôle absolu via l'image chimérique capable d'hypnotiser et d'altérer la perception oculaire des téléspectateurs. A savoir, des cobayes transis d'émoi, fascinés par les programmes toujours plus violents et complaisants destinés à appâter leurs bas instincts en manque de sensations nouvelles ! Le parcours de notre directeur de télévision, Max Renn, est un véritable dédale mental de tous les dangers à travers sa conscience pervertie mais aussi dans son malaise organique depuis que sa nouvelle chair corporelle s'est mutée en magnétoscope humain via le programme Vidéodrome. Ainsi, cette vidéo pirate provoquerait une tumeur au cerveau à ceux qui oseraient s'aventurer à zieuter l'une des cassettes frauduleuses. Des spectacles extrêmes pratiquant sur des cobayes humains meurtres, tortures, viols et soumissions ! Au coeur de ce vortex d'images putanesques, une nouvelle réalité se créerait par le biais de notre tube cathodique apte à retransmettre Vidéodrome afin d'y altérer notre psyché. Les hallucinations perpétrées sur l'esprit transi demeurant si réelles et sensorielles que le héros ne parvient plus à distinguer la réalité de l'abstraction ! Tout en sachant que l'achèvement du projet Vidéodrome est de rendre notre nouvelle réalité encore plus réelle que ce que l'oeil humain est capable de discerner à travers notre ornière quotidienne !


Avec aplomb et esprit d'arrogance, James Woods endosse le cobaye humain d'une expérience incongrue révolutionnaire. Une prestance audacieuse en directeur de cinéma transgressif apte à dénicher le programme le plus extrême afin de contenter une population addicte au sexe et à la violence ! Secondé par l'illustre chanteuse des années 80, Deborah Harry surprend par sa sensualité indocile en nourissant une aura vénéneuse à travers son goût fétichiste pour le sadomasochisme. Son regard charnel en quête d'une jouissance sadienne déroute le spectateur envoûté par son élégance sulfureuse à mettre en pratique ses fantasmes les plus déviants ! Par conséquent, avec un scénario atypique aussi passionnant que terriblement inquiétant pour l'avenir de notre "télé-réalité"David Cronenberg cultive un maelström d'images terrifiantes, malsaines et fascinantes, pour ne pas dire d'un impact dévastateur. A l'instar de la tête de Max enfouie au creux des immenses lèvres de Nicki s'extirpant de l'écran organique d'une TV, ou de ces coups de fouet assénés contre une esclave sexuelle. Il y également ce choc viscéral lorsque notre héros s'infiltre et s'extirpe un flingue de l'estomac par un orifice semblable à un vagin ! Ou encore cette orgie intestinale s'échappant de la déflagration d'un téléviseur ! Sans compter la scène évocatrice de la mission locale où des sans-abris amorphes contemplent la télé à l'instar de véritables toxicomanes ! Face à cet amoncellement de séquences chocs, les FX époustouflants de Rick Barker et Michael Lennick nous clouent sur notre fauteuil par leur inventivité graphique (en dehors d'un effet cheap grossier lorsqu'un revolver mute pour libérer des vis métalliques afin de s'infiltrer dans la main de Max).


La nouvelle chair
En tant que visionnaire, David Cronenberg livre ici une passionnante réflexion sur le pouvoir de l'image, sur l'altération de la réalité au travers de la fiction, sur le traitement de la violence et notre rapport intime avec nos bas instincts. Amplifié du score dissonant de Howard shore quasi permanent, Vidéodrome constitue un chef-d'oeuvre avant-gardiste pour sa terrifiante lucidité à dénoncer les effets pervers de la manipulation des médias engendrant une addiction au voyeurisme à la fois morbide et sexuel. Il y émane une expérience atypique éprouvante, terrifiante, somatique, indicible, au risque d'altérer votre psyché potentiellement compromise par la nouvelle chair (métaphore mystique sur l'au-delà) L'un des films les plus originaux et importants de l'histoire du cinéma selon mon jugement de valeur bien écorné par cette expérience virtuelle plus vraie que nature (ou presque !). 

*Eric Binford
13.08.2021. 5èx
10.01.2011   499 v
        

jeudi 12 août 2021

L'île du Dr Moreau

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"The Island of Dr. Moreau" de John Frankenheimer. 1996. U.S.A. 1h41(Director's Cut). Avec Marlon Brando, Val Kilmer, David Thewlis, Fairuza Balk, Ron Perlman, Marco Hofschneider, Temuera Morrison, William Hootkins.

Sortie salles France: 8 Janvier 1997. U.S: 23 Août 1996

FILMOGRAPHIE: John Frankenheimer est un réalisateur américain né le 19 Février 1930 à New-York, décédé le 6 Juillet 2002 à Los Angeles. 1957: Mon père, cet étranger. 1961: Le Temps du châtiment. 1962: l'Ange de la Violence. Le Prisonnier d'Alcatraz. Un crime dans la tête. 1964: 7 Jours en Mai. Le Train. 1966: Grand Prix. l'Opération Diabolique. 1968: l'Homme de Kiev. 1969: Les Parachutistes arrivent. The Extraordinary Seaman. 1970: Le Pays de la Violence. Les Cavaliers. 1973: l'Impossible Objet. The Iceman Cometh. 1975: French Connection 2. 1977: Black Sunday. 1979: Prophecy le monstre. 1982: A Armes Egales. 1985: Le Pacte Holcroft. 1986: Paiement Cash. 1989: Dead Bang. 1990: The Fourth War. 1992: Les Contes de la Crypte (Saison 4, épis 10). 1992: Year of the Gun. 1996: l'Ile du Dr Moreau. 1997: George Wallace. 1996: Andersonville (téléfilm). 1998: Ronin. 2000: Piège Fatal. 2002: Sur le Chemin de la guerre.

Naufrage artistique resté dans les annales avec une préproduction chaotique (mésentente entre la prod et Richard Stanley, cinéaste et scénariste à l'origine du projet, changements d'acteurs et de réalisateur, suicide de Cheyenne Brando, fille de Marlon Brando dévasté par sa disparition au point de s'exiler dans l'urgence) et un tournage houleux (divergence entre Brando et Kilmer alors que John Frankenheimer est irrité par le comportement de ce dernier, modification du scénario), l'île du Dr Moreau est clairement ce un film maudit à travers sa formulation éculée de Remake hollywoodien tentant de rajeunir le mythe. Bénéficiant d'une superbe photographie au sein d'une somptueuse nature australienne, et de formidables effets spéciaux confectionnés par le maître Stan Winston (bien que certains mouvements des créatures accourant dans la nature font tâche à travers leur facture visuelle), l'ïle du Dr Moreau aurait pu être une bande-dessinée homérique de par son alliage d'action, d'horreur, de romance et de fantastique exotique dénonçant en filigrane notre instinct à la fois primitif et destructeur d'après les travaux démesurés d'un savant démiurge conjuguant notre ADN avec celui d'animaux. Mi-hommes, mi-créatures, ceux ci étant asservis par le Dr Moreau s'efforçant de maîtriser leurs pulsions sauvages à l'aide d'un implant électrique transplanté sous leur peau. Mais l'arrivée d'un naufragé frondeur va semer le trouble et l'anarchie au sein de la communauté hybride. 

Si la première demi-heure assez prenante et convaincante nous séduit à travers cette fascinante monstrueuse parade qu'Edward Douglas redoute, entre fascination et répulsion, notamment auprès de la brutalité de Moreau martyrisant à sa guise ses sujets dans sa doctrine contrairement pacifiste (avec une effrayante séquence d'accouchement !), le reste est un joyeux délire borderline rendu quasi incontrôlable. A croire que John Frankenheimer aurait quitté précipitamment le plateau pour laisser quartier libre aux casting littéralement en roue libre. Val Kilmer se ridiculisant à outrance après la mort de Moreau en substituant son trône alors que Marlon Brando occupait juste avant un poste de dictateur cabotin grimé de pommade sur la tronche depuis son allergie solaire. Fort heureusement, le rythme nerveux ne laisse que peu de place à l'ennui, entre 2/3 séquences involontairement cocasses ou hilarantes; si bien que la seconde partie accorde beaucoup de place à l'action belliqueuse lorsque les créatures de Moreau tente d'asseoir leur autorité en détruisant tout sur leur passage. On peut également vanter lors de quelques violences graphiques des effets gores redoutablement réalistes, à l'instar du lynchage de Moreau démembré par ses monstrueuses créations. Même David Thewlis, le héros naufragé, semble peut à l'aise dans sa fonction de redresseur de tort et de témoin effaré par tant de monstruosité, qui plus est peu favorisé par des répliques infantiles. 


Y'a t-il un réalisateur aux commandes ?
On suit donc cette farce grotesque d'un oeil aussi curieux qu'amusé, série B de luxe permutée en objet filmique non identifié sous couvert de Remake aseptique pimenté de sauce bisseuse. 

*Eric Binford. 
2èx

Box-Office France: 249 838 entrées

mercredi 11 août 2021

Arachnophobie

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Frank Marshall. 1990. U.S.A. 1h49. Avec Jeff Daniels, Harley Jane Kozak, John Goodman, Julian Sands, Stuart Pankin, Brian McNamara, Henry Jones; 

Sortie salles France: 17 Avril 1991. U.S: 18 Juillet 1990

FILMOGRAPHIE: Frank Marshall est un producteur et réalisateur américain né à Los Angeles le 13 septembre 1946. 1990 : Arachnophobie. 1992 : Les Survivants. 1993 : Johnny Bago - Saison 1, épisode 3. 1995 : Congo. 1998 : De la Terre à la Lune (From the Earth to the Moon) - Épisode 6. 2006 : Antartica, prisonniers du froid.

Première réalisation de Frank Marshall, un habitué des divertissements hollywoodiens "grand public", bien que sa filmo demeure timorée en terme prolifique, Arachnophobie surprend à la revoyure par son parti-pris réaliste. Si bien que celui-ci exploite très efficacement à l'écran de véritables araignées, bien que certaines, plus grosses, sont simulées par animatronic sans que cela n'interfère la crédibilité des évènements soigneusement dépeints. Par conséquent, ce qui force le respect à travers cette production  lucrative (Spielberg en est l'un des mécènes) découle de sa sobriété à ne jamais céder à l'esbroufe ou à l'outrance en se jouant de la peur viscérale des araignées au compte-goutte. Le film efficacement structuré prenant d'abord son temps à développer la personnalité de ses personnages (un médecin arachnophobe, son épouse et ses enfants, le shérif du coin, le praticien sclérosé refusant au denier moment de prendre sa retraite, l'exterminateur d'araignées que John Goodman endosse avec une ironie sardonique plaisamment cocasse) au sein d'une aimable bourgade rurale où tout le monde s'y côtoie dans le partage, le respect et la bonne humeur. C'est donc à travers l'emménagement du médecin et de sa famille dans leur maison campagnarde que l'intrigue tisse progressivement sa toile au gré de morts suspectes en nombre grandissant. 

Frank Marshall instaurant un suspense exponentiel à chaque séquence alerte lorsqu'une petite araignée (exportée du Venezuela nous décrira son magnifique prologue à travers ses vastes panoramas naturels !) est sur le point d'alpaguer sa future victime par une piqure mortelle. Sa proie trépassant d'un arrêt cardiaque en un temps furtif ! Ainsi, en dosant efficacement l'angoisse des situations de stress typiquement Hitchcockienne, Frank Marshal parvient à susciter une véritable appréhension viscérale en la présence fascinante de ses araignées morbides rampant sournoisement sur les sols. Celui-ci exploitant notamment la diversité de situations d'apparence tranquille (un terrain de foot et leurs joueurs, une fille sous la douche, un couple âgé dans son salon, le médecin reclus dans sa grange pour combattre sa phobie puis sa confrontation avec la reine dans la cave, la chambre des bambins) auquel les victimes y feront les frais d'une araignée passée maître dans l'art d'agripper leur proie d'une estocade mortelle. Bien que par intermittence il ne s'agissait en fait que d'une fausse alerte par le principe éculé de l'humour noir que le spectateur redoute instinctivement. Quand au final paroxystique, on surfe sur le mode catastrophe lorsque le médecin et sa famille sont envahis par les araignées au sein de leur cocon domestique. Un point d'orgue d'effroi décuplant sans modération les moments de stress et les offensives humaines par le biais de mains secourables, experts en entomologie ou en désintégration criminelle. 

A travers ses notes fantaisistes plutôt efficaces et quelques personnages extravagants égayant un peu  l'atmosphère, Frank Marshall n'en perd jamais le fil d'une angoisse palpable avant les confrontations de terreur oppressante que de simples araignées (réelles !!!) parviennent à distiller à l'écran avec un réalisme viscéral. C'est ce qui fait la principale réussite de cet intelligent divertissement horrifique aussi mesuré dans le jeu tranquille des acteurs que véritablement jouissif lors de ces nombreux effets de terreur phobiques. A redécouvrir sans réserve. 

*Eric Binford
3èx

Récompense: Prix du meilleur film d'horreur et du meilleur acteur pour Jeff Daniels, ainsi que nomination au prix du meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur second rôle masculin (John Goodman), par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1991.

mardi 10 août 2021

La Créature du Cimetière

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Graveyard Shift" de Ralph S. Singleton. 1990. U.S.A. 1h26. Avec David Andrews, Kelly Wolf, Stephen Macht, Andrew Divoff, Vic Polizos, Brad Dourif. 

Sortie salles France: 19 Juin 1991. U.S: 26 Octobre 1990

FILMOGRAPHIE: Ralph S. Singleton et un réalisateur et producteur américain né le 22 Mars 1940 dans le Massachusetts, USA. 1990: La créature du cimetière. 1985-1986 Cagney et Lacey (TV Series) (2 episodes) - The Marathon (1986) - Organized Crime (1985).


"Conspué à l'époque, faute de sa mention bankable : "d'après Stephen King", ce sympathique divertissement mineur est sauvé par son ambiance méphitique ainsi que l'apparence repoussante du monstre organique."
Tiré d'une nouvelle de Stephen King, la Créature du Cimetière fut conspué par la critique et le public dès sa sortie, et ce en dépit de sa sélection au Festival d'Avoriaz (bien qu'il repartit bredouille). Probablement à cause de la réputation notoire de l'écrivain hyper doué à créer des histoires singulières au sein d'un contexte contemporain, la Créature du Cimetière se solda inévitablement par un échec. Car il faut bien avouer que l'intrigue linéaire ne nous invoque aucune surprise au fil d'un cheminement prévisible que l'on connait par coeur. Quand bien même les protagonistes au QI de moineau se brocardent à n'en plus finir dans leur inlassable traque contre un rat mutant, histoire d'égayer l'aventure dénuée de rebondissements (si ce n'est le revirement criminel du contremaître aussi sournois que sarcastique à se débarrasser de son entourage). Or, la Créature du Cimetière possède néanmoins deux qualités factuelles ! La première émanant de son climat glauque perméable que le réalisateur ne cesse de mettre en exergue durant toute l'intrigue à l'aide d'une photo sépia se prêtant harmonieusement à l'ambiance délétère de l'usine de textile. Un décorum séculaire insalubre soigneusement exploité sous toutes les coutures, tant au rez-de-chaussée que dans l'immense sous-sol, repère domestique de la créature avec ces charniers de cranes et de squelettes humains s'amoncelant en mont. 


Quant au second point qualitatif, la créature confectionnée à l'artisanale parvient à créer son effet de fascination morbide ! Notamment grâce à l'habileté du réalisateur filmant au compte goutte les diverses parties de son anatomie afin de renforcer le mystère de son indicible morphologie. Un corps polymorphe que l'on peine d'identifier mais qui parvient véritablement à susciter un dégoût organique à l'aide d'un climat rubigineux aux relents fétides. Ainsi, en jouant sur l'attente des apparitions du monstre, le réalisateur instaure un menu suspense avant les diverses effets de surprise du monstre toujours mieux dévoilé au gré de péripéties plus musclées. On peut également dénoter en restant sur la même ligne de conduite malsaine quelques effets chocs gorasses assez répulsifs lorsque les victimes y font les frais de la créature gloutonne de taille disproportionnée. Des membres arrachés ou broyés que le cinéaste prend plaisir à filmer avec une certaine efficacité formelle. Pour autant, ne comptez pas sur lui pour nous dévoiler les origines de son rat mutant confiné à proximité d'un cimetière, tant et si bien que l'action de l'intrigue ne tourne qu'autour des affrontements, physiques et psychologiques, entre ouvriers et leur contremaître à tenter de se débarrasser quotidiennement des rats qui envahissent l'usine. 


B movie du Samedi soir indiscutablement mineur car étique, maladroit, bâclé et constamment superficiel, la Créature du Cimetière demeure malgré tout un sympathique film d'ambiance en compagnie d'attachants protagonistes jouant les décervelés avec un charisme bisseux (même le héros naïf parvient à injecter une expression amiteuse en redresseur de tort malgré lui). Si bien qu'à la revoyure, et avec le recul, cette commande horrifique imprime aujourd'hui un certain charme vintage à travers son étonnante facture malsaine d'y vanter les exactions du rat pestilentiel "d'origine inconnue" ! (calembour évidemment délibéré, réservé à la génération 80 ! ^^).  

*Eric Binford
3èx

lundi 9 août 2021

La Nuée. Prix de la critique, Prix du Public, Gérardmer 2021.

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Just Philippot. 2020. France. 1h42. Avec Suliane Brahim, Sofian Khammes, Marie Narbonne, Raphael Romand, Victor Bonnel, Vincent Deniard, Christian Bouillett

Sortie salles France: 16 Juin 2021

FILMOGRAPHIEJust Philippot est un réalisateur français né le 18 Février 1982. 2020: La Nuée. 

Une fois n'est pas coutume, un film Fantastique noble, adulte, intelligent, dépouillé, sincère, sans fioriture, ne court surement pas les rues en ces temps de remakes / reboot tentant de rameuter le jeune public sevré aux produits mainstream parmi lesquels Anabelle, La Nonne, La Malédiction de la dame Blanche et j'en passe. Si bien que pour une première réalisation, Just Philippot rend ses lettres de noblesse au Fantastique éthéré que l'on croirait extirpé des années 80, notamment auprès de sa faculté à rendre fascinant un contexte horrifique des plus dérangeants. C'est dire si La Nuée joue dans la cour (indépendante) des grands à imposer un récit irrationnel constamment inquiétant en privilégiant la psychologie tourmentée des protagonistes en proie à une menace écolo meurtrière. Ces derniers, une mère et ses 2 ados, tentant de survivre dans leur ferme en élevant des sauterelles de bien étrange manière. Mais chut, n'en dévoilons pas plus, disons que La Nuée prend tout son temps à planter son univers rural et ses personnages familiaux tentant de se reconstruire à la suite de la mort du paternel. Just Philippot nous radiographiant au compte goutte la déliquescence véreuse d'une agricultrice sujette à la précarité mais délibérée à retrousser ses manches pour rentabiliser dans l'élevage de sauterelles. 

Ainsi, à travers l'unité familiale de ses protagonistes aussi vrais que dépouillés, Just Philippot les dirigent admirablement pour se familiariser auprès d'eux avec une empathie prédominante. Sa progression dramatique parfaitement planifiée nous réservant des situations frissonnantes dénuées de concession à travers la menace de ces sauterelles filmées en gros plan et sous toutes les coutures. Qui plus est épaulé d'une bande-son dissonante auprès de la vibration de leurs mouvements lorsqu'ils sont confinés dans les serres, leur posture erratique nous provoque une appréhension malaisante. Car aussi improbable soit son pitch singulier, La Nuée instaure un pouvoir de fascination de par sa véracité à nous faire croire à l'incongru sous l'impulsion de ses personnages se démenant avec force et fragilité contre l'incompréhension. Le réalisateur ayant recruté des comédiens méconnus au physique ordinaire en leur dictant des répliques naturelles réfractaires à l'élocution théâtrale (rare pour ne pas le souligner). Notamment auprès des deux ados incroyablement justes dans leur spontanéité à chérir leur mère, telle une copine, ou au contraire à s'en méfier au fil d'une dérive morale davantage opaque. Just Philippot retardant au maximum les effets chocs en privilégiant leur dimension humaine démunie, une cellule familiale au bord du marasme lorsque la mère ne parvient plus vraiment à distinguer le bien du mal par peur du chômage.  

Grâce à sa qualité d'écriture narrative, à son élégante facture formelle et à ses personnages bien dessinés, La Nuée élève le genre Fantastique à son statut le plus intègre en suscitant lestement l'appréhension au gré d'une intensité dramatique toujours plus éprouvante. Le profil équivoque imparti à cette agricultrice maternelle nous réservant un dérangeant portrait de femme en perte de repères moraux faute de sa crainte de l'échec. Gérardmer ne s'y sera pas trompé, leurs Prix de la Critique et du Public ne sont point usurpés alors qu'il s'agit d'une production 100% française ! Comme quoi nous sommes parfois capable du meilleur avec de petites oeuvres indépendantes pour qui le genre est un sacerdoce. 

*Eric Binford

Récompenses

Festival international du film de Catalogne 2020 (Sitges):
Prix spécial du jury
Meilleure actrice pour Suliane Brahim

Festival international du film fantastique de Gérardmer 2021:
Prix de la critique
Prix du public

vendredi 6 août 2021

Tremblement de Terre

                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

"Earthquake" de Mark Robson. 1974. U.S.A. 2h02. Avec Charlton Heston, Ava Gardner, George Kennedy, Lorne Greene, Geneviève Bujold, Richard Roundtree, Marjoe Gortner, Victoria Principal,  Walter Matthau.

Sortie salles France: 12 Février 1975. U.S: 15 Novembre 1974

FILMOGRAPHIEMark Robson est un réalisateur et monteur canadien qui fit carrière aux États-Unis, né à Montréal (Canada) le 4 décembre 1913, mort à Londres (Angleterre), le 20 juin 1978. 1943 : La Septième Victime. 1943 : Le Vaisseau fantôme. 1944 : Youth Runs Wild. 1945 : L'Île des morts. 1946 : Bedlam. 1949 : Le Champion. 1949 : Roughshod. 1949 : La Demeure des braves. 1949 : Tête folle. 1950 : La Marche à l'enfer. 1951 : La Nouvelle Aurore. 1951 : Face à l'orage. 1953 : Retour au Paradis. 1954 : Les Ponts du Toko-Ri. 1954 : L'Enfer au-dessous de zéro. 1954 : Phffft! 1955 : Le Procès. 1955 : Hold-up en plein ciel. 1956 : Plus dure sera la chute. 1957 : Les Plaisirs de l'enfer. 1957 : La Petite hutte. 1958 : L'Auberge du sixième bonheur. 1960 : Du haut de la terrasse. 1963 : Pas de lauriers pour les tueurs. 1963 : À neuf heures de Rama. 1965 : L'Express du colonel Von Ryan. 1966 : Les Centurions. 1967 : La Vallée des poupées. 1969 : La Boîte à chat. 1971 : Happy Birthday, Wanda June. 1972 : Limbo. 1974 : Tremblement de terre. 1978 : Avalanche Express. 

Premier film catastrophe à utiliser le procédé Sensurround (effets de vibration que les spectateurs ressentaient sur leur siège au moment des secousses sismiques), Tremblement de Terre fut un gros succès international grâce à ces effets-spéciaux particulièrement réalistes, même encore aujourd'hui. Car si on peut relever sur certains plans quelques maquettes ici et là (autrement plus convaincantes qu'un Kaijū), les nombreuses séquences de destruction massive demeurent toujours impressionnantes par leur réalisme cauchemardesque. Pour autant, Tremblement de Terre ne demeure pas du niveau qualitatif de ses homologues (imputrescibles) La Tour Infernale et l'Aventure du Poséidon, aussi charismatique soit-il. La faute incombant à une absence flagrante de suspense lors des séquences de sauvetage, bien que sa dernière demi-heure rehausse le niveau lorsque Charlton Heston tente de sauver ses 2 maîtresses conjugales dans le sous-sol d'un immeuble peu à peu envahi d'eau. Tant et si bien que l'on s'étonne également de sa conclusion dramatique imposée par Heston himself afin sans doute de rehausser l'aspect tragique de la catastrophe implantée en plein coeur de Los Angeles. Ainsi, Tremblement de Terre pâtit de plusieurs séquences de sauvetage impressionnantes ou haletantes mais dénuées d'intensité affolante (même si certains moments de survie précaire y font leur petit effet d'appréhension). A l'instar de cette situation héroïque un peu trop rapidement expédiée lorsque le Sgt. Lew Slade (excellement endossé par George Kennedy de par sa force tranquille et de sureté) porte secours à une jeune femme à la suite d'une tentative de viol commise par un militaire rendu psychotique depuis le contexte cataclysmique. 

Fort heureusement, Tremblement de Terre possède néanmoins une patine symptomatique des Seventies, dans la mesure où le film s'avère solidement réalisé et interprété (sacrées gueules charismatiques de la grande époque !) en prime d'être formellement fascinant (Oscar des Effets Visuels à l'époque). Mark Robson parvenant à diriger ses acteurs avec savoir-faire, notamment auprès d'un habile montage scrupuleusement établi en fonction des réactions censées de chaque personnage, jusqu'aux figurants  d'arrière plan. Charlton Heston monopolisant évidemment l'écran en héros volontaire s'évertuant à sauver le plus de personnes possible en compagnie du sergent Lew Slade avec qui il réserve une franche complémentarité solidaire. On peut également louer le jeu parfaitement convaincant de Victoria Principal (Dallas) dans un rôle secondaire de plantureuse jeune femme s'attirant les avances d'un militaire pathologiquement monomane si j'ose dire (Marjoe Gortner demeurant habité par son personnage de tortionnaire criminel faute de son homosexualité refoulée). Quant à la star Ava Gardner jouant l'épouse trompée avec un tempérament borderline (sa fausse tentative de suicide), elle nous provoque une attention soutenue lors de ses moult tentatives à reconquérir son compagnon épris de la jeune Denise Marshall que Geneviève Bujold incarne avec un naturel quelque peu décomplexée lorsqu'elle s'adresse sereinement à lui pour le courtiser. On peut enfin relever à travers ce spectacle grandiose de surprenante pointes d'humour pour le genre catastrophe en la présence de Walter Matthau en ivrogne invétéré incapable de se soucier de son prochain et encore moins de sa personne lors de l'évènement sismique ou lors d'une bagarre de billard. Le type accoudé au bar poursuivant sa compétition éthylique comme si de rien n'était alors que le chaos s'acharne peu à peu autour de lui.

Sans toutefois nous passionner pour nous immerger de plein fouet auprès du désarroi des survivants; Tremblement de Terre reste néanmoins un bon film catastrophe sauvé par ses nombreux effets spéciaux souvent convaincants, sa réalisation appliquée épaulée de moyens considérables et son cast 3 étoiles  irréprochable que les fans des années 70 auront bougrement plaisir à retrouver. 

*Eric Binford

Anecdotes (info Wikipedia): Trois autres films : La Bataille de Midway (1976), Le Toboggan de la mort (1977) et Galactica (1978), utilisèrent également l'effet "Sensurround" ; mais les nuisances sonores qu'il provoquait dans les salles et immeubles voisins n'encouragèrent pas la poursuite de l'exploitation du système qui était en outre facturé très cher aux exploitants.

Récompenses:
Oscar du meilleur son : Ronald Pierce, Melvin Meldalfe Sr.
Oscar des meilleurs effets visuels : Frank Brendel, Glen Robinson, Albert Whitlock.

jeudi 5 août 2021

Limbo

Photo empruntée sur Facebook 

de Soi Cheang. 2021. Hong-Kong. 1h57. Avec Gordon Lam, Mason Lee, Yase Liu, Hiroyuki Ikeuchi, Fish Liew. 

Sortie salles France: ?

FILMOGRAPHIESoi Cheang Pou-soi (chinois simplifié : 鄭保瑞 ; pinyin : Cheang Pou-soi), né le 11 juillet 1972 à Macao, est un réalisateur hongkongais. 2000 : Diamond Hill. 2001 : Horror Hotline... Big Head Monster. 2002 : New Blood. 2003 : The Death Curse. 2004 : Love Battlefield. 2004 : Hidden Heroes. 2005 : Home Sweet Home. 2006 : Dog Bite Dog. 2007 : Coq de combat. 2009 : Accident. 2012 : Motorway. 2014 : The Monkey King. 2015 : SPL 2 : A Time for Consequences. 2016 : The Monkey King. 2018 : The Monkey King 3. 2021 : Limbo. 

Coup de poing dans l'estomac issu de Hong-Kong, Limbo est la nouvelle référence du film de serial-killer afin de ne pas tourner autour du pot. Entièrement tourné dans un noir et blanc glacé, Limbo est tout d'abord une pure merveille formelle pour qui raffole des ambiances glauques et macabres au confins de l'apocalypse. C'est simple, et selon mon jugement de valeur, je n'avais pas contemplé une oeuvre aussi génialement décorée depuis le mastodonte Blade Runner de Ridley Scott auquel on peut peut-être y porter certaines allusions à travers quelques vues d'ensemble (fantasmagoriques) surplombant l'immensité d'immeubles high-tech à la luminosité nocturne. Le réalisateur se chargeant de transfigurer son cadre urbain de tous les dangers à l'aide d'une armada de détails morbides et insalubres quant aux détritus, sacs d'ordures et déchets hétéroclites qui inondent les ruelles malfamées. Par conséquent, au sein de ce no man's land ravagé de précarité, 2 flics, l'un expéditif, l'autre réfléchi, vont unir leur force pour mettre un terme au dangereux serial-killer adepte des mains tranchées. Et parmi ce triangle maudit, une junky paumée fraîchement sortie de taule aura fort affaire avec ces derniers à travers une traque infernale, témoin et indic malgré elle de règlements de compte en tous genres qu'elle subira telle une enfant martyr. Ultra violent, poisseux et escarpé de par sa manière tranchée d'y molester la junky sans modération (tant auprès des flics déboussolés, des dealers rancuniers que du serial-killer méthodique),  Limbo est une épreuve de force que le spectateur subit de plein fouet à travers son impuissance de ne porter secours au divers protagonistes. Quand bien même Soi Cheang ne cède jamais à la complaisance pour nous heurter ou renchérir dans l'horreur des situations malaisantes parfois à la limite du supportable. 

A l'instar de son final de fou furieux (même si outré dans les confrontations barbares à répétition) d'une intensité exponentielle à bout de souffle que le spectateur endure avec une appréhension suffocante. C'est dire si le vérisme de sa mise en scène (oh combien) stylisée et le jeu rigide des acteurs nous fascine à travers une scénographie anxiogène que l'on croirait extirpée d'un enfer futuriste. Le réalisateur prenant notamment soin d'y filmer, en mode tarabiscotée, des panoramas urbains aussi dantesques que vertigineux. Ainsi donc, cette plongée en enfer davantage humectée demeure une course contre la montre afin de retrouver le fameux responsable des meurtres en série que les protagonistes combattent avec autant de crainte que de résignation. Quand bien même la junky sur le fil du rasoir affrontera au même instant un parcours du combattant, entre résilience et vaillance à perdre haleine, quitte à y perdre la raison face au déchaînement de violence (anthologique !) qui s'ensuit sans vergogne. Et si l'intrigue demeure simpliste, voire sans surprise, tout ce que le réalisateur parvient à bâtir autour de ses personnages relève de l'exploit, d'une sorte d'expérience sensorielle en concertation avec le macabre. Ce qui relève du jamais vu dans un thriller à suspense qui plus est entièrement monochrome afin de renforcer son sentiment d'insécurité éminemment crépusculaire. Si bien qu'un sentiment d'ivresse tacite nous accompagne en route à travers cette fulgurance visuelle bien à part, pour ne pas dire inusitée lorsque l'on est sensible au climat horrifique en acuité émotionnelle éprouvante. A l'instar de la condition torturée de l'héroïne infréquentable absolument poignante puis bouleversante dans sa capacité à endurer les coups en dépit de sa fragilité physique et de sa névralgie morale. Quant au tueur en série, sournois et laconique, là aussi le réalisateur parvient à crédibiliser son profil et ses terrifiants méfaits à travers les thèmes de la religion et de la famille en connivence avec les meurtres dépeints. Un assassin impitoyable pour autant aimant (et donc humaniste !) à quelques occasions intimes avec sa victime fétiche. Mais psychologiquement terrifiant lorsqu'il se décide de passer à l'acte de la déraison criminelle avec une force physique outre-mesure. Alors que son physique quelque peu ordinaire nous trouble la vue par le biais d'un regard à la fois neutre et docile. 

La Petite fille au bout du Chemin.
Perle noire du thriller poisseux à trôner auprès des plus belles réussites du genre (l'Etrangleur de Boston, Seven, Le Silence des Agneaux, l'Etrangleur de Rillington Place, Prisoners, The Chaser, Que dios nos perdone, Le Voyeur, le 6è Sens et quelques autres), Limbo est le genre d'épreuve morale, émotionnelle et sensorielle ne ressemblant à nul autre métrage. Il demeure donc incontournable à travers sa faculté innée de nous immerger dans un enfer urbain désenchanté où l'apocalypse ne demande qu'à y émerger !

Merci à George Abitbol pour la découverte

*Eric Binford

La Nonne et les 7 pécheresses

                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ernst Ritter von Theumer (Richard Jackson). 1972. Italie/Allemagne de l'Ouest. 1h11 / 1h32. Avec Monica teuber, Vonetta McGee, Mara Krup (pour une poignée de dollars), Ivana Novak, Tony Kendall, William Berger et Gordon Mitchell.

Sortie salles Italie; 25 Mai 1972

FILMOGRAPHIE: Ernst Ritter von Theumer est un réalisateur, scénariste et  producteur autrichien né le 5 Septembre 1926 à Vienne. 1987: Hell Hunters.  1985 Chaleur rouge (uncredited).  1984 Les guerriers de la jungle. 1979 Die Totenschmecker. 1972 La nonne et les sept pécheresses (as Richard Jackson). 1967 Le baron vampire. 1965: 001 destination Jamaïque. 1962 Les hyènes chassent la nuit. 1961 In der Hölle ist noch Platz.

Pur produit d'exploitation 100% Grindhouse, La Nonne et les 7 pécheresses se décline en spectacle du samedi soir que l'on fréquentait dans les cinémas de quartier. Réalisé par l'autrichien Ernst Ritter von Theumer (le Baron Vampire), l'intrigue, littéralement improbable, suit la fuite désordonnée de taulardes dans les contrées africaines parmi la faible autorité d'une nonne tentant maladroitement de les remettre sur le droit chemin. Ainsi, durant leur traque chaotique semé de kidnappings et de cadavres, elles n'auront de cesse d'être pourchassées par des trafiquants de traite des blanches et des arabes, violeurs misogynes (dont un nabot sadique adepte du fouet !). Complètement foutraque, faute d'un montage bordélique que Roger Corman supervisa pour son exploitation Outre-Atlantique en le raccourcissant de 20 minutes, La Nonne et les 7 pécheresses n'est qu'un généreux prétexte pour satisfaire les bas instincts du spectateur embarqué dans une improbable traque entre prisonnières frondeuses et phallocrates dans le désert de l'Afrique du Nord. Truffé d'actions, de tortures (en mode flagellations), de vulgarité, de dialogues primaires, de gueules puantes, de seins nus et de fesses à l'air, cette série B étonnamment ludique ne nous ennuie guère à travers son rythme trépidant d'une action à la fois haletante et sanglante que le réalisateur exploite jusqu'à redondance. 

Et ce sans jamais y éprouver une quelconque lassitude, notamment lorsque celui-ci exploite efficacement ses splendides décors naturels que l'on croirait issus d'une grosse production ricaine. Sans compter que les comédiens à la trogne parfois familière se prêtent au jeu de l'aventure et au goût du risque avec une fougue assez communicative de par leur charisme franchement bisseux (mâchoire serrée, mitraillette à la main !). Outre la gratuité métronome de ses provocations SM et érotomanes amorcés par des mâles en rut, on se distrait autant de ses situations capillotractées lorsque certains antagonistes (ou héroïnes) adoptent un revirement nonsensique dans leur posture schizo. Quand bien même son final calqué sur le jeu de massacre de La horde Sauvage adopte une inopinée tournure dramatique sans que le spectateur y éprouve de l'effarement faute de son absence de réalisme (on est clairement dans une sorte de western cartoonesque pour adultes) et de sa moisson de rebondissements dénués de crédibilité. Pour l'autant, l'action permanente, la bonhomie des donzelles farouches jouant les guerrières suicidaires et l'insolence des phallocrates sans vergogne parviennent à y instaurer un charmant climat de délire décomplexé propre aux bisseries des seventies.

Evidemment mineur, elliptique (pour le montage d'1h11 dont la violence et la nudité restent toutefois intégrales) et savoureusement maladroit, La Nonne et les 7 pecheresses ne démérite nullement à nous imposer un divertissement trivial pétri de générosité et de sincérité de la part d'un auteur en roue libre s'amusant comme un gosse avec ses joujous belliqueux. A découvrir. 

Remerciement à Warning Zone pour sa splendide version 1080P

*Eric Binford

mercredi 4 août 2021

Blood Red Sky

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Peter Thorwarth. 2021. U.S.A/Allemagne. 2h05. Avec Peri Baumeister, Carl Anton Koch, Alexander Scheer, Kais Setti, Gordon Brown, Dominic Purcell. 

Diffusé sur Netflix le 23 Juillet 2021

FILMOGRAPHIEPeter Thorwarth est un acteur, réalisateur et scénariste allemand, né le 3 Juin 1971 à Dortmund. 2021: Blood Red Sky.  2019 Der letzte Bulle. 2014 Nicht mein Tag. 2006 Goldene Zeiten.  2002 Was nicht passt, wird passend gemacht. 1999: Bang Boom Bang - Ein todsicheres Ding. 1998: Die zwei beiden vom Fach (TV Movie). 


Chronique express

A peine influencé par l'intro du splendide L'Avion de l'Apocalypse, en remplaçant les zombies (infectés) par des vampires, Blood Red Sky étale ce concept transalpin sur 2h05 avec pas mal d'efficacité quant à la première heure quinze fertile en suspense, rebondissements et tension constamment soutenus. On apprécie également la judicieuse idée d'une vampire, victime malgré elle, contrainte de se substituer en héroïne de dernier ressort pour venir à bout de la prise d'otages à bord de l'avion. Le réalisateur relaçant constamment l'action des enjeux humains à l'aide d'idées et de péripéties retorses, tout en exploitant de fond en comble les décors  restreints de l'avion. Là où ça se gâte découle des 40 dernières minutes cédant trop facilement aux conventions de la surenchère si bien que l'on finit par décrocher par son outrance racoleuse en dépit d'un final au suspense à nouveau haletant quant aux sorts indécis de la mère vampire (Peri Baumeister très convaincante à travers ses expressions humaines haletantes) et de son bambin (moins motivé que celle-ci cela dit) toujours en proie à une course contre la survie. 
Dispensable donc bien que sa 1ère partie ne manque pas de charme, de vigueur, de violence hardgore (un peu trop complaisante parfois auprès des exactions du terroriste psychotique s'en prenant aux otages avec barbarie) et de nervosité fructueuse.

*Eric Binford

mardi 3 août 2021

L'Affrontement

                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site buddy-movierepack.blogspot.com

"Harry & Son" de Paul Newman. 1984. U.S.A. Avec Paul Newman, Robby Benson, Ellen Barkin, Wilford Brimley, Judith Ivey, Ossie Davis, Morgan Freeman, Joanne Woodward. 

Sortie salles France: 4 Avril 1984

FILMOGRAPHIEPaul Newman, né le 26 janvier 1925 à Shaker Heights (Ohio) et mort le 26 septembre 2008 à Westport (Connecticut), est un acteur, réalisateur, producteur, scénariste, philanthrope, pilote automobile et américain. 1968 : Rachel, Rachel. 1971 : Le Clan des irréductibles. 1972 : De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. 1980 : The Shadow Box (TV). 1984 : L'Affrontement. 1987 : La Ménagerie de verre. 


"J'aurai tant aimé défendre cette oeuvre intime méconnue car l'Affrontement accouche d'une souris."
Il y a des films que l'on fantasme depuis leur sortie, faute de n'avoir eu la chance de les découvrir pour des raisons diverses et variées. L'Affrontement est de ceux là lorsque je découvris une critique dans le magazine TV, Télé-Poche si je ne m'abuse (à moins que ce soit Télé Star). Alors que j'apprends aujourd'hui que les critiques et le public lui firent (à priori) grise mine, force est de constater que je comprends amplement pourquoi l'Affrontement sombra dans l'oubli dès sa conception. Réalisé et interprété par Paul Newman que je vénère comme un monstre sacré; L'affrontement est un ratage à tous les niveaux. Et bien que j'ai beaucoup de peine à oser l'avouer, ce drame psycho (mâtiné de mélo lors des ultimes minutes dont on éprouve une once de compassion, un comble !) demeure maladroitement réalisé par un Paul Newman du tout inspiré parce qu'il nous narre et nous filme. L'intrigue s'efforçant à souligner les confrontations tendues entre un père bourru et son jeune fils après le licenciement du paternel suite à un problème de vue (il est ouvrier de chantier). 


Celui-ci, humilié par son âge sclérosé, reportant sa colère et sa rancoeur sur les frêles épaules de son fils cumulant les petits jobs entre deux batifolages. L'affrontement dépeignant en parallèle les rapports amoureux du fils et de son ancienne compagne en instance de réconciliation. Or, tous ces personnages mal dessinés demeurent si caricaturaux et mal dirigés que l'on éprouve ni empathie ni sympathie auprès de leurs conflits familiaux en demi-teinte. Quand bien même le fils, plus lucide et optimiste, vole la vedette au père acariâtre davantage outré et ridicule à fustiger sa famille (notamment sa fille et son beau-fils assureur) par égoïsme, orgueil et malveillance (parfois revancharde). Bref, tout cela demeure à la fois poussif, tantôt hors sujet et dégingandé à conjuguer drame social, romance et comédie sur fond de conflit familial décérébré (Paul Newman demeurent à côté de la plaque en paternel en berne incapable de faire preuve de discernement et surtout de relativisme dans sa condition licenciée du 3è âge). Qui plus est, l'acteur bellâtre Robby Benson aux yeux bleus "perçants" accuse un jeu cabotin trop docile et vertueux pour nous convaincre de ses expressions naturelles. Il fut d'ailleurs nominé aux Razzie Awards 1 an plus tard.


Pour tous les fans de Paul Newman
, l'Affrontement est à découvrir comme une curiosité au risque de vous décevoir par tant de couacs, fantaisie sirupeuse et maladresse. Car plus l'intrigue évolue, plus les personnages en roue libre semblent converger dans des directions hasardeuses, faute d'un récit mal écrit qu'aucun ne parvient à maîtriser. Et ce jusqu'à cette conclusion incongrue conçue pour faire pleurer dans les chaumières avec une complaisance infertile. 

Remerciement à buddy-movierepack

*Eric Binford

lundi 2 août 2021

Aventure du Poséidon (l')

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Ronald Neame. 1972. U.S.A. 1h57. Avec Gene Hackman, Ernest Borgnine, Red Buttons, Carol Lynley, Roddy McDowall, Stella Stevens, Shelley Winters, Jack Albertson, Pamela Sue Martin, Arthur O'Connell, Eric Shea, Leslie Nielsen. 

Sortie salles France: 29 Mars 1973. U.S: 15 Décembre 1972

FILMOGRAPHIERonald Neame est un réalisateur, producteur et scénariste britannique, né le 23 avril 1911 à Londres (Angleterre) et mort le 16 juin 20101 à Los Angeles (Californie). 1947 : Je cherche le criminel. 1950 : La Salamandre d'or. 1952 : Trois dames et un as. 1954 : L'Homme au million. 1956 : L'Homme qui n'a jamais existé. 1956 : De la bouche du cheval. 1957 : Alerte en Extrême-Orient. 1957 : La Passe dangereuse. 1960 : Les Fanfares de la gloire.1962 : Les Fuyards du Zahrain. 1963 : L'Ombre du passé. 1963 : Mystère sur la falaise. 1965 : Mister Moses. 1966 : Un hold-up extraordinaire. 1966 : D pour danger. 1968 : Prudence et La Pilule. 1969 : Les Belles Années de miss Brodie. 1970 : Scrooge. 1972 : L'Aventure du Poséidon. 1974 : Le Dossier ODESSA. 1979 : Meteor. 1980 : Jeux d'espions. 1981 : First Monday in October. 1986 : Le Sorcier de ces dames. 1990 : The Magic Balloon. 


Chef-d'oeuvre du film catastrophe à trôner à proximité de La Tour Infernale, l'Aventure du Poséidon n'a rien perdu de sa puissance à la fois dramatique et épique au gré du parcours du combattant d'une poignée de survivants à trouver une issue de secours pour s'extirper de leur geôle d'acier. En l'occurrence, un paquebot de croisière que le réalisateur exploite sous toutes les coutures à travers ses nombreux décors délabrés, que ce soit à l'air libre, sous les gaz d'échappement ou sous l'eau. Inspiré d'une histoire vraie issue de la seconde guerre mondiale (un navire dû affronter une énorme vague au moment d'avoir risqué de chavirer), l'Aventure du Poséidon est un modèle d'efficacité auprès de son lot de péripéties et rebondissements dramatiques que Ronald Neame transcende avec souci du détail technique. Dans la mesure où nous restons plaqués au siège à observer les espoirs désespérés de cette poignée de survivants comptant sur l'héroïsme impérieux d'un révérend jamais avare d'idées et d'énergie pour déjouer la faucheuse. Si bien qu'à travers ce rôle étonnamment vaillant adepte des nobles valeurs chrétiennes, Gene Hackman excelle à imposer son autorité drastique en dépit de son outrecuidance que nombre de passagers (en complexe d'infériorité) réfuteront pour lui contredire ses stratégies de survie. 


Ernest Borgnine
lui disputant admirablement la vedette en policier à la fois renfrogné et obtus tentant de s'opposer à ses propositions pour lui soumettre son refus d'obtempérer. D'ailleurs, à travers ces protagonistes attachants généralement stéréotypés auprès du genre catastrophe, on s'étonne de leur accorder autant d'empathie parfois poignante (pour ne pas dire bouleversante) si bien que Ronald Neame sait les diriger intelligemment en les profilisant avant tout comme des êtres humains fragiles, apeurés et terrifiés mais rapidement nantis d'un esprit solidaire fructueux au fil de leur escapade de dernier ressort. Spectaculaire en diable sans jamais verser dans la surenchère ou la gratuité, les incessantes bravoures de l'Aventure du Poséidon font preuve d'un suspense infaillible pour rendre compte du sort précaires des personnages grâce au vérisme de la réalisation au plus près de ses derniers, démunis, et aux trucages artisanaux absolument bluffants de réalisme. Tant et si bien que cette oeuvre matricielle, symptomatique des Seventies, demeure une expérience émotionnelle, voir même quelque peu sensorielle (surtout auprès des claustrophobes et ablutophobes) tant le spectateur s'immerge naturellement dans ce huis-clos maritime avec une tension anxiogène littéralement fascinante eu égard de sa vigueur visuelle cauchemardesque. 


De par son intensité dramatique parfois éprouvante car sans concession (impossible d'anticiper les futures victimes à trépasser) découlant d'une réalisation consciencieuse attachant autant d'importance à la caractérisation de ses personnages qu'à l'exploration de ses décors communément délétères qu'ils arpentent tels des enfants apeurés, l'Aventure du Poséidon préserve intact son pouvoir de fascination quelques décennies après sa conception. Il est donc à revoir d'urgence si vous souhaitez (à nouveau) participer à une expérience de survie "humaniste" comme si vous y étiez à l'aide d'un sens du sacrifice faisant office de sacerdoce. Du grand cinéma révolu donc, modèle de film catastrophe (alors en début d'émergence !) à la lisière de la perfection. 

*Eric Binford
3èx

Récompenses: Oscar du cinéma 1973 : Oscar de la meilleure chanson originale ; nominations dans les catégories meilleur second rôle féminin, meilleur son, meilleure musique.
BAFTA 1973 : Meilleur acteur (Gene Hackman)
Golden Globe 1973 : Meilleure second rôle féminin (Shelley Winters)