Sortie salles France: ?
FILMOGRAPHIE: Soi Cheang Pou-soi (chinois simplifié : 鄭保瑞 ; pinyin : Cheang Pou-soi), né le 11 juillet 1972 à Macao, est un réalisateur hongkongais. 2000 : Diamond Hill. 2001 : Horror Hotline... Big Head Monster. 2002 : New Blood. 2003 : The Death Curse. 2004 : Love Battlefield. 2004 : Hidden Heroes. 2005 : Home Sweet Home. 2006 : Dog Bite Dog. 2007 : Coq de combat. 2009 : Accident. 2012 : Motorway. 2014 : The Monkey King. 2015 : SPL 2 : A Time for Consequences. 2016 : The Monkey King. 2018 : The Monkey King 3. 2021 : Limbo.
Coup de poing dans l'estomac issu de Hong-Kong, Limbo est la nouvelle référence du film de serial-killer afin de ne pas tourner autour du pot. Entièrement tourné dans un noir et blanc glacé, Limbo est tout d'abord une pure merveille formelle pour qui raffole des ambiances glauques et macabres au confins de l'apocalypse. C'est simple, et selon mon jugement de valeur, je n'avais pas contemplé une oeuvre aussi génialement décorée depuis le mastodonte Blade Runner de Ridley Scott auquel on peut peut-être y porter certaines allusions à travers quelques vues d'ensemble (fantasmagoriques) surplombant l'immensité d'immeubles high-tech à la luminosité nocturne. Le réalisateur se chargeant de transfigurer son cadre urbain de tous les dangers à l'aide d'une armada de détails morbides et insalubres quant aux détritus, sacs d'ordures et déchets hétéroclites qui inondent les ruelles malfamées. Par conséquent, au sein de ce no man's land ravagé de précarité, 2 flics, l'un expéditif, l'autre réfléchi, vont unir leur force pour mettre un terme au dangereux serial-killer adepte des mains tranchées. Et parmi ce triangle maudit, une junky paumée fraîchement sortie de taule aura fort affaire avec ces derniers à travers une traque infernale, témoin et indic malgré elle de règlements de compte en tous genres qu'elle subira telle une enfant martyr. Ultra violent, poisseux et escarpé de par sa manière tranchée d'y molester la junky sans modération (tant auprès des flics déboussolés, des dealers rancuniers que du serial-killer méthodique), Limbo est une épreuve de force que le spectateur subit de plein fouet à travers son impuissance de ne porter secours au divers protagonistes. Quand bien même Soi Cheang ne cède jamais à la complaisance pour nous heurter ou renchérir dans l'horreur des situations malaisantes parfois à la limite du supportable.
A l'instar de son final de fou furieux (même si outré dans les confrontations barbares à répétition) d'une intensité exponentielle à bout de souffle que le spectateur endure avec une appréhension suffocante. C'est dire si le vérisme de sa mise en scène (oh combien) stylisée et le jeu rigide des acteurs nous fascine à travers une scénographie anxiogène que l'on croirait extirpée d'un enfer futuriste. Le réalisateur prenant notamment soin d'y filmer, en mode tarabiscotée, des panoramas urbains aussi dantesques que vertigineux. Ainsi donc, cette plongée en enfer davantage humectée demeure une course contre la montre afin de retrouver le fameux responsable des meurtres en série que les protagonistes combattent avec autant de crainte que de résignation. Quand bien même la junky sur le fil du rasoir affrontera au même instant un parcours du combattant, entre résilience et vaillance à perdre haleine, quitte à y perdre la raison face au déchaînement de violence (anthologique !) qui s'ensuit sans vergogne. Et si l'intrigue demeure simpliste, voire sans surprise, tout ce que le réalisateur parvient à bâtir autour de ses personnages relève de l'exploit, d'une sorte d'expérience sensorielle en concertation avec le macabre. Ce qui relève du jamais vu dans un thriller à suspense qui plus est entièrement monochrome afin de renforcer son sentiment d'insécurité éminemment crépusculaire. Si bien qu'un sentiment d'ivresse tacite nous accompagne en route à travers cette fulgurance visuelle bien à part, pour ne pas dire inusitée lorsque l'on est sensible au climat horrifique en acuité émotionnelle éprouvante. A l'instar de la condition torturée de l'héroïne infréquentable absolument poignante puis bouleversante dans sa capacité à endurer les coups en dépit de sa fragilité physique et de sa névralgie morale. Quant au tueur en série, sournois et laconique, là aussi le réalisateur parvient à crédibiliser son profil et ses terrifiants méfaits à travers les thèmes de la religion et de la famille en connivence avec les meurtres dépeints. Un assassin impitoyable pour autant aimant (et donc humaniste !) à quelques occasions intimes avec sa victime fétiche. Mais psychologiquement terrifiant lorsqu'il se décide de passer à l'acte de la déraison criminelle avec une force physique outre-mesure. Alors que son physique quelque peu ordinaire nous trouble la vue par le biais d'un regard à la fois neutre et docile.
Merci à George Abitbol pour la découverte
*Eric Binford
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