mardi 10 août 2021

La Créature du Cimetière

                                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Graveyard Shift" de Ralph S. Singleton. 1990. U.S.A. 1h26. Avec David Andrews, Kelly Wolf, Stephen Macht, Andrew Divoff, Vic Polizos, Brad Dourif. 

Sortie salles France: 19 Juin 1991. U.S: 26 Octobre 1990

FILMOGRAPHIE: Ralph S. Singleton et un réalisateur et producteur américain né le 22 Mars 1940 dans le Massachusetts, USA. 1990: La créature du cimetière. 1985-1986 Cagney et Lacey (TV Series) (2 episodes) - The Marathon (1986) - Organized Crime (1985).


"Conspué à l'époque, faute de sa mention bankable : "d'après Stephen King", ce sympathique divertissement mineur est sauvé par son ambiance méphitique ainsi que l'apparence repoussante du monstre organique."
Tiré d'une nouvelle de Stephen King, la Créature du Cimetière fut conspué par la critique et le public dès sa sortie, et ce en dépit de sa sélection au Festival d'Avoriaz (bien qu'il repartit bredouille). Probablement à cause de la réputation notoire de l'écrivain hyper doué à créer des histoires singulières au sein d'un contexte contemporain, la Créature du Cimetière se solda inévitablement par un échec. Car il faut bien avouer que l'intrigue linéaire ne nous invoque aucune surprise au fil d'un cheminement prévisible que l'on connait par coeur. Quand bien même les protagonistes au QI de moineau se brocardent à n'en plus finir dans leur inlassable traque contre un rat mutant, histoire d'égayer l'aventure dénuée de rebondissements (si ce n'est le revirement criminel du contremaître aussi sournois que sarcastique à se débarrasser de son entourage). Or, la Créature du Cimetière possède néanmoins deux qualités factuelles ! La première émanant de son climat glauque perméable que le réalisateur ne cesse de mettre en exergue durant toute l'intrigue à l'aide d'une photo sépia se prêtant harmonieusement à l'ambiance délétère de l'usine de textile. Un décorum séculaire insalubre soigneusement exploité sous toutes les coutures, tant au rez-de-chaussée que dans l'immense sous-sol, repère domestique de la créature avec ces charniers de cranes et de squelettes humains s'amoncelant en mont. 


Quant au second point qualitatif, la créature confectionnée à l'artisanale parvient à créer son effet de fascination morbide ! Notamment grâce à l'habileté du réalisateur filmant au compte goutte les diverses parties de son anatomie afin de renforcer le mystère de son indicible morphologie. Un corps polymorphe que l'on peine d'identifier mais qui parvient véritablement à susciter un dégoût organique à l'aide d'un climat rubigineux aux relents fétides. Ainsi, en jouant sur l'attente des apparitions du monstre, le réalisateur instaure un menu suspense avant les diverses effets de surprise du monstre toujours mieux dévoilé au gré de péripéties plus musclées. On peut également dénoter en restant sur la même ligne de conduite malsaine quelques effets chocs gorasses assez répulsifs lorsque les victimes y font les frais de la créature gloutonne de taille disproportionnée. Des membres arrachés ou broyés que le cinéaste prend plaisir à filmer avec une certaine efficacité formelle. Pour autant, ne comptez pas sur lui pour nous dévoiler les origines de son rat mutant confiné à proximité d'un cimetière, tant et si bien que l'action de l'intrigue ne tourne qu'autour des affrontements, physiques et psychologiques, entre ouvriers et leur contremaître à tenter de se débarrasser quotidiennement des rats qui envahissent l'usine. 


B movie du Samedi soir indiscutablement mineur car étique, maladroit, bâclé et constamment superficiel, la Créature du Cimetière demeure malgré tout un sympathique film d'ambiance en compagnie d'attachants protagonistes jouant les décervelés avec un charisme bisseux (même le héros naïf parvient à injecter une expression amiteuse en redresseur de tort malgré lui). Si bien qu'à la revoyure, et avec le recul, cette commande horrifique imprime aujourd'hui un certain charme vintage à travers son étonnante facture malsaine d'y vanter les exactions du rat pestilentiel "d'origine inconnue" ! (calembour évidemment délibéré, réservé à la génération 80 ! ^^).  

*Eric Binford
3èx

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