mardi 12 mars 2024

La Grande attaque du Train d'or / The First Great Train Robbery. Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario

                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Michael Crichton. 1978. Angleterre.1h51. Avec Sean Connery, Donald Sutherland, Lesley-Anne Down, Malcolm Ferris, Alan Webb, Pamela Salem.

Sortie salles France: 18 Avril 1979. Angleterre: 14 Décembre 1978

FILMOGRAPHIE: Michael Chrichton est un écrivain, scénariste, producteur et réalisateur américain, né le 23 Octobre 1942, décédé le 4 Novembre 2008 à Los Angeles. 1972: Pursuit (télé-film inédit en France). 1973: Mondwest. 1978: Morts Suspectes. 1979: La Grande Attaque du Train d'or. 1981: Looker. 1984: Runaway, l'évadé du futur. 1989: Preuve à l'appui (Physical Evidence).

Bijou de film de casse transplanté dans l'époque victorienne à bord d'un train séculaire, La Grande attaque du train d'or resplendit de 1000 feux sous l'impulsion du trio gagnant: Sean Connery, Donald Sutherland ainsi que la ravissante (et oh combien charnelle !) Lesley-Anne Down. L'inoubliable auteur Michael Crichton (Mondwest, Morts Suspectes, Looker, Runaway l'évadé du Futur, excusez du peu !) structurant essentiellement son récit sur les préparatifs, combines et actions (savamment coordonnées) du cambriolage exécutés avec un art artisanal eu égard des cascades finales que Sean Connery élabore sur les toits des voitures de la locomotive avec un réalisme décoiffant. Si bien qu'il n'est point doublé ! Ainsi, à travers ces profils de gangsters anti-manichéens on s'étonne d'autant plus de certains écarts cruels que le réalisateur se permet audacieusement d'injecter (le sort imparti à un second-rôle) au sein d'un divertissement grand public soigneusement reconstitué. On peut d'ailleurs hélas franchement déplorer (et accuser) la dérive d'une séquence abjecte de snuff animalier lorsqu'un chien (un Jack Russell) se réjouit de dévorer vivants des rats piégés au sein d'une areine face à une foule de parieurs en liesse. 

Mais bon, en dépit de cette séquence intolérable flirtant avec le mauvais goût et le sadisme le plus vil et lâche, La Grande attaque du train d'or reste un divertissement de haute volée n'ayant rien à envier à la série Mission Impossible. Alors que le récit improbable mais si bluffant de réalisme s'inspire toutefois d'une histoire vraie. Et c'est ce qui rend passionnante cette aventure rétro que de nous relater avec souci du détail technique et formel les nombreuses missions (à haut risque) de notre trio malfaiteur repoussant incessamment les limites du risque et du courage avec audace incongrue. Les monstres sacrées Sean Connery / Donald Sutherland se taillant une carrure snobée de cambrioleurs infiniment retors afin de duper leur entourage lors de subterfuges insensés qu'épaule en faire-valoir Lesley-Anne Down de son charme girond évanescent. Le tout irrigué en intermittence d'humour, de légèreté, d'érotisme badin et de cocasserie au sein d'un réalisme historique contrasté comme susnommé plus haut. Une référence donc qu'il serait temps de ranimer afin de le faire connaître au plus grand nombre comme le souligne avec tant de dynamisme la partition primesautière de Jerry Goldsmith

*Bruno

                                     

Anecdote (source Wikipedia):

Sean Connery a réalisé toutes les cascades sur le toit du train : équipé de chaussures à semelle de caoutchouc, marchant sur le toit des voitures recouvert pour l'occasion de surfaces adhérentes, il eut des difficultés à garder les yeux ouverts en raison de la fumée et des cendres émises par la locomotive, d'autant plus que le train roulait plus vite qu'on lui avait annoncé (40 miles à l'heure au lieu de 20). Il faillit tomber du train lors d'un saut entre deux voitures. De même, Wayne Sleep, qui incarne Willy l'anguille, a également réalisé lui-même les escalades notamment celle du mur de la prison (il était un des plus brillants danseurs classiques britanniques, faisant partie de la prestigieuse Royal Ballet Company)

mardi 5 mars 2024

Mais qui a tué Harry ? / The Trouble with Harry

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Wikimedia.org

d'Alfred Hitchcock. 1955. Angleterre. 1h39. Avec Edmund Gwenn, John Forsythe, Shirley MacLaine, Mildred Natwick, Mildred Dunnock, Jerry Mathers, Royal Dano

Sortie salles France: 14 Mars 1956. Angleterre: 13 Avril 1955

FILMOGRAPHIE: Alfred Hitchcock est un réalisateur, producteur et scénariste anglo américain, né le 13 Août 1899, décédé le 29 Avril 1980. 1935: Les 39 Marches. 1936: Quatre de l'Espionnage. Agent Secret. 1937: Jeune et Innocent. 1938: Une Femme Disparait. 1939: La Taverne de la Jamaique. 1940: Rebecca. Correspondant 17. 1941: Soupçons. 1942: La 5è Colonne. 1943: l'Ombre d'un Doute. 1944: Lifeboat. 1945: La Maison du Dr Edward. 1946: Les Enchainés. 1947: Le Procès Paradine. 1948: La Corde. 1949: Les Amants du Capricorne. 1950: Le Grand Alibi. 1951: L'Inconnu du Nord-Express. 1953: La Loi du Silence. 1954: Le Crime était presque parfait. Fenêtre sur cour. 1955: La Main au Collet. Mais qui a tué Harry ? 1956: l'Homme qui en savait trop. Le Faux Coupable. 1958: Sueurs Froides. 1959: La Mort aux Trousses. 1960: Psychose. 1963: Les Oiseaux. 1964: Pas de Printemps pour Marnie. 1966: Le Rideau Déchiré. 1969: l'Etau. 1972: Frenzy. 1976: Complot de Famille.


Véritable bijou de comédie romantique irrigué d'humour noir lors d'une période où le public fut peu habitué à fréquenter rupture de ton aussi décalée (d'où son succès timoré Outre-Atlantique), Mais qui a tué Harry ? est un régal de tendresse, de cocasserie et de fantaisie autour de 2 couples en éveil sentimental s'interrogeant sur la mort d'un cadavre arboré sur la pelouse verdoyante d'une plaine automnale. Alfred Hitchcock magnifiant au possible chaque plan de sa scénographie bucolique au point de s'éblouir constamment de son esthétisme flamboyant fleurant bon l'insouciance, la sérénité, la joie de vivre auprès de ce hameau du Vermont que nos couples résident en toute tranquillité (ou presque). Ce qui contraste indubitablement avec cette découverte macabre que ceux-ci n'auront de cesse de fréquenter en s'efforçant de trouver une résolution à leurs éventuelles culpabilités. Quand bien même d'autres témoins, tels le jeune garçon Arnie, le médecin du coin ou encore ce clochard, vont également rencontrer sur leur chemin aléatoire cette étrange découverte dénuée de raison. Divertissement finaud fondé sur les rapports de force (tranquille) de ces deux couples nantis d'une attitude aussi nonsensique que décomplexée, Mais qui a tué Harry ? distille avec une fine émotion badine et empathique une ambiance romantico-macabre qui n'appartient qu'à lui. 

D'où la sensation capiteuse de revoir une oeuvre indémodable par son alliage de genres contradictoires ici idoines afin de nous surprendre par son originalité audacieuse, pour ne pas dire politiquement incorrecte. Outre le talent distingué de ses comédiens des années 50 admirablement dirigés par un maître du suspense désireux d'y bousculer nos attentes, on est d'autant plus séduit par la première apparition à l'écran de Shirley Maclaine du haut de ses 20 ans en veuve placide apprenant peu à peu à s'attacher auprès d'un peintre ambitieux non dupe de son charme épuré. Alfred Hitchcock composant ses images picturales à l'instar d'une fresque onirique tant cette nature automnale semble s'extraire d'un Eden oublié que le spectateur perçoit avec une immersion proéminente. Il faut d'ailleurs savoir que par souci perfectionniste les feuilles de plusieurs arbres de la vallée du Vermont ont été recollées sur leurs branches puis peintes à la main par les décoristes à cause d'un violent orage ! Il est donc indispensable de redécouvrir ce chef-d'oeuvre formel en qualité HD pour en saisir toute ses nuances sous l'impulsion de romances attendries terriblement attachantes à travers ses moults répliques à la fois bienveillantes, contrariées (ou si peu) et lestement sarcastiques. A revoir d'urgence. 


*Bruno
3èx. vo

Ci-joint l'analyse pertinente de DVDCLASSIKMais qui a tué Harry ? de Alfred Hitchcock (1955) - Analyse et critique du film - DVDClassik

samedi 2 mars 2024

Les Enfants des Autres

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Rebecca Zlotowski, 2022. France. 1h44. Avec Virginie Efira, Roschdy Zem, Victor Lefebvre, Chiara Mastroianni, Callie Ferreira-Goncalves, Yamée Couture.

Sortie salles France: 21 Septembre 2022

FILMOGRAPHIERebecca Zlotowski est une scénariste, réalisatrice et actrice française, née le 21 avril 1980 à Paris. 2010 : Belle Épine. 2013 : Grand Central. 2019 : Une fille facile. 2022 : Les Enfants des autres. 

                       "Savoir cueillir les silences entre les mots et les remplir de sens, d'humanité."

Mélo dépouillé auprès de sa constante bienveillance inondant le métrage entre lyrisme, tendresse et bonne humeur existentielle, les Enfants des Autres est à nouveau un coup de <3 émotif sous l'impulsion luminescente de Virginie Efira (quelle imparable franchise décomplexée !) accompagnée ici de la force tranquille et de sureté de Roshdy Zem. Pour rappel, un des plus grands acteurs français comme il le prouve à nouveau ici en paternel indécis balloté entre l'amour pour sa fille de 7 ans, Leila, pour son ex Alice (incarnée par Chiara Mastroianni, excusez du peu) et pour sa nouvelle compagne Rachel (Virginie Efira) que le récit illustre lestement auprès d'une quotidienneté sentimentale gratifiante faisant honneur à leur maturité parentale. Or, les tenants et aboutissants de ce duo épanoui finiront par éclore lors de l'ultime demi-heure pour la remise en question maternelle de Rachel du fait de son âge, de son trauma infantile lui causant sa peur de l'engagement et de sa nouvelle conquête amoureuse qu'elle partage tendrement avec Ali lors de séquences intimes inscrites dans une quiétude communicative. Quand bien même la fille de celui-ci, Leila, navigue entre l'amour pour sa mère et cette nouvelle étrangère pour autant accorte, attendrissante, soucieuse de la préserver dans sa posture maternele altruiste. 

Une belle-mère courtoise proche des autres (comme elle le prouve par ailleurs dans sa fonction éducatice de prof de Français auprès d'un étudiant), s'efforçant de la chérir afin d'y consolider son nouveau couple en voie d'accomplissement. La réalisation pleine de pudeur, d'onirisme naturaliste et d'attention pour ses personnages à la fois lumineux et dépités demeurant sans fioriture afin de privilégier un réalisme existentiel sans pathos. Notamment en empruntant d'une certaine manière la démarche du conte romantique (on peut même y voir des clins d'oeil au cinéma muet, Chaplin proritairement) à l'épilogue nullement plombant. Les Enfants des autres se déclinant en sensible réflexion sur le besoin inné d'une maternité (salvatrice) qu'une belle-mère peine a exaucer auprès de son parcours personnel compromis par l'absence d'une mère. Vortex d'émotions tendres, amoureuses, exaltantes avant de chavirer doucement vers une dramaturgie rigoureusement discrète et timorée de par le tact de cette réalisation auscultant les sentiments de ses adultes pleins de discernement et de sagesse d'esprit, Les Enfants des Autres nous donne finalement furieusement envie d'aimer et de croire en l'autre au moment propice de notre destinée gagnée par le positivisme, la confiance en soi, l'ambition, la générosité d'embrasser le monde. Ce que suggère ce final anthologique inscrit dans l'équilibre, le non-dit auprès de la déambulation tranquille de Virginie Efira ensorcelant une ultime fois l'écran avec une faveur désarmante de naturel. 

*Sam Malone

mercredi 28 février 2024

Rien à Perdre. Prix d'Ornano-Valenti, Deauville 2023.

                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Delphine Deloget. 2023. France. 1h52. Avec Virginie Efira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter, Mathieu Demy, India Hair.

Sortie salles France: 22 Novembre 2023

FILMOGRAPHIEDelphine Deloget est une réalisatrice et documentariste, née en 1975 à Paimpol. 
2023 : Rien à perdre

A croire que Virginie Efira transforme en or tout ce qu'elle touche (ou presque) si bien que Rien a perdre prouve à nouveau qu'au sein du paysage (trop souvent) formaté du cinéma Français, celui, indépendant, révèle à nouveau que nous sommes capables d'offrir le meilleur lorsqu'il s'agit d'une auteure aussi scrupuleuse que Delphine Deloget, réalisatrice, documentariste et historienne (si j'ose dire en me référant à sa "maîtrise universitaire" et à ses documentaires de guerre) de mettre en exergue un récit dramatique aussi sobre que sans fioriture. Car dénonçant sans ambages la déshumanisation en roue libre (euphémisme !) d'une administration judiciaire après avoir placé un enfant difficile dans un foyer à la suite d'un accident domestique, Rien à Perdre est un uppercut émotionnel littéralement improbable quant à la descente aux enfers d'une mère aimante s'acharnant à hurler son innocence pour y récupérer son enfant. La faute, incongrue, incombant à ce système administratif et à ces pions médisants aveuglés par leur déontologie castratrice car finalement dénuée de discernement à force de daigner péserver à tous prix le sort (potentiellement) précaire d'un mineur féru d'amour pour sa mère mais sombrant peu à peu dans une hyper activité volcanique à force d'injustice, de solitude, d'embrigadement, d'absence paternelle. 

Et c'est ce qui fait la force et la fureur de ce récit implacable de témoigner de façon aussi désarmante que cette maman battante un tantinet instable (un penchant un peu trop récurrent pour les beuveries entres amis au grand dam de ses responsabilités maternelles) son inépuisable épreuve de force morale (jusqu'au point de non retour) que l'on subit comme un éprouvant fardeau avant sa conclusion (lestement) en suspens. Et si Rien à perdre demeure aussi captivant que passionnant à travers sa méticuleuse retranscription d'une quotidienneté familiale subitement minée par la morosité, le doute, l'appréhension, l'espoir puis la désillusion (préjudiciable), il le doit beaucoup à la sobriété de sa réalisation "documentée", prise sur le vif, et de ses comédiens expressifs trouvant le ton juste d'un jeu d'intégrité afin d'éviter également de plomber le récit dans une sinistrose trop appuyée. Virginie Efira crevant comme de coutume l'écran auprès de sa force émotionnelle puis sa fatale fragilité dénuée de fard (tant physique que morale) en maman esseulée repoussant incessamment l'emprise de l'injustice avec une dignité (modérément) bouleversante. Ses prises de conscience, ses dérapages, ses accès de fureur, parfois incontrôlées, et ses baisses de tension dépressive donnant lieu à des séquences émotionnelles magnétiques dans sa condition erratique pour autant lucide quant aux reflets de sa tendresse maternele irrécusable.    

Cri d'alarme contre les failles d'une administration judiciaire abusant de leur pouvoir pour mettre à terre une maman éplorée ayant fauté à son rôle maternel lors d'un incident de parcours pardonnable, Rien à perdre s'avère réellement terrifiant face aux exactions d'une implacable machine administrative ici inarétable d'y retirer la garde d'un enfant au point d'y dissoudre toute une cellule familiale au bord du précipice. Et pour une première oeuvre sociétale forcément d'utilité publique, Delphine Deloget frappe déjà fort au point de trôner Rien à Perdre comme l'un des meilleurs films de l'année 2023. 

*Sam Malone 

Récompenses:

Festival du film francophone d'Angoulême 2023 : Valois des étudiants

Festival du cinéma américain de Deauville 2023 : Prix d'Ornano-Valenti

                                                             Ce qu'en pense la presse: 


vendredi 23 février 2024

L'Effet Papillon / The Butterfly Effect. Prix du Public, Bruxelles 2004.

                                                       Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Eric Bress, J. Mackye Gruber. 2004. U.S.A/Canada. 1h59 (Director's Cut). Avec Ashton Kutcher, Amy Smart, Melora Walters, Elden Henson, William Lee Scott, John Patrick, Amedori, Irene Gorovaia, Kevin Schmidt, Jesse James.

Sortie salles France: 10 Mars 2004 (Int - 12 ans). U.S: 23 Janvier 2004 (int - 17 ans)

FILMOGRAPHIE: Eric Bress, né à New-York, est un scénariste et réalisateur américain.2004: L'Effet Papillon. 2020 : Ghosts of War. 
Jonathan Gruber, plus connu sous le nom de J. Mackye Gruber, est un réalisateur, producteur et scénariste américain. 2004 : L'Effet papillon. 2006 : Kyle XY. 


"On dit que le battement d'ailes d'un papillon peut engendrer un typhon à l'autre bout du monde."
La Théorie du Chaos.
Film culte s'il en est, si bien qu'(au 3è visionnage) on se rend d'autant mieux compte à quel point il serait infaisable de nos jours (surtout en version Director's Cut, préparez vous au choc final contrairement traumatique !), l'Effet Papillon fait l'effet d'un uppercut émotionnel à travers sa dramaturgie escarpée d'une rigoureuse cruauté (euphémisme j'vous dit). Et si on peut toutefois se réconforter auprès de son épilogue rédempteur d'après le Director's CutEric Bress  et J. Mackye Gruber jouent audacieusement la carte tranchée de la demi-teinte quant à la destinée de notre héros juvénile voyageant péniblement dans le passé par autosuggestion épistolaire. Ainsi donc, renouvelant admirablement la thématique du voyage temporel au sein du contexte contemporain d'une bourgade ricaine faussement sereine, l'Effet Papillon s'édifie en effroyable descente aux enfers auprès des thématiques de la pédophilie, de la maltraitance, du bizutage, de la déchéance, de la toxicomanie, de l'inceste, de la prostitution et de l'enfance meurtrière à la suite d'un incident littéralement explosif. Et si, de base, nous avions bien affaire à un divertissement hollywoodien rondement mené car sans temps mort et incessamment surprenant jusqu'au vertige de l'effroi (3 séquences s'avèrent perturbantes quant aux retrouvailles d'Evan avec son père en prison, la condition estropiée du fils quelques instant plus loin et enfin son hallucinant épilogue mortifié d'autant plus déchirant), nos auteurs osent la gageure d'imbiber leur récit d'une atmosphère malsaine à la fois dérangeante, étouffante, malaisante qui ne lâchera pas d'une semelle le spectateur embarqué dans une course contre la montre temporelle sous l'impulsion du jeune Evan s'efforçant vainement de préserver la tranquillité de ses 3 amis.


Si bien que tout a une influence sur tout et que tout le monde affecte tout le monde. Le récit demeurant finalement un prétexte pour témoigner des conséquences parfois désastreuses de nos actions irréfléchies / irresponsables quelque soit notre âge. Même si en l'occurrence nous avions affaire à 2 évènements traumatiques impartis à une enfance galvaudée. "On se change les uns les autres" suggèrent ainsi les auteurs du point de vue démuni d'Evan au sein d'un récit dramatique infiniment cauchemardesque, et ce jusqu'au point de non retour. Outre l'incroyable noirceur du récit martyrisant le spectateur sans complexe aucun (citez moi un titre de film référentiel aussi sordide, violent, cruel et radical à travers la thématique du voyage temporel car personnellement je n'ai pas trouvé), l'Effet Papillon doit également beaucoup de sa dimension dramatique en la présence de ses attachants seconds-rôles d'une évidente fragilité torturée. Quand bien même Ashton Kutcher mène fébrilement le groupe avec une intensité expressive à la fois trouble, inquiétante, tourmentée, sensible quant à son désir irrépressible de sauver ses amis ainsi que sa mère impliquée dans un désarroi infortuné (euphémisme quand on comprend les tenants et aboutissants de cette étrange malédiction filiale dénuée d'explications - et c'est tant mieux afin de préserver son mystère irrésolu -). 


Changer une chose... change tout.
Authentique classique du genre explosant les codes, son cadre solaire et l'évolution de ses personnages meurtris au gré d'une cruauté humaniste constante, l'Effet Papillon nous laisse un (inévitable) souvenir impérissable de par le parti-pris couillu des auteurs de se permettre l'immontrable dans leur incontournable Director's Cut inédit en salles. Et après visionnage aussi éprouvant, on comprends mieux pourquoi les producteurs ont préféré opter pour l'assurance d'un final plus doux et conventionnel en version salles afin de ne pas traumatiser le grand public balloté tous azimuts par cette effroyable odyssée temporelle. Si bien que derrière cette radicale noirceur s'y décline une réflexion (essentielle) sur notre destinée quant aux conséquences dramatiques de nos actions les plus graves, illimitées et irréfléchies, tant auprès de notre ego que de notre entourage le plus cher. 

*Bruno
23.02.24. 3èx. Vostfr.

Récompense: Festival international du film fantastique de Bruxelles 2004 : Pégase - Prix du public décerné à Eric Bress et J. Mackye Gruber

ATTENTION ! SPOILERS EN PAGAILLE POUR ETABLIR LE DISTINGO ENTRE LES 2 VERSIONS !!!

Version director's cut
Le film existe en deux versions : La version cinéma incluant une fin « producteur », et la version director's cut incluant une fin « réalisateur », celle disponible sur le DVD du film. Voici les différents ajouts et modifications figurant dans la director's cut15,16.

Evan découvre que son grand-père avait le même don que lui, et a aussi été considéré comme fou, comme son père.
Evan et sa mère vont consulter une voyante. Cette dernière est horrifiée à l'idée de découvrir qu'Evan « n'a pas d’aura, pas d’âme » et qu’« il ne devrait pas être ici ».
Dans la scène suivante, la mère d'Evan, sous le choc, lui confesse qu'elle a eu deux fausses couches avant lui, et qu'elle a toujours considéré sa venue au monde comme un miracle.
Une scène de prison où les détenus lisent publiquement le journal intime d'Evan pour se moquer de lui.
Une scène de prison où les détenus viennent le violer pendant la nuit.
La scène de l'hôpital où Evan rend visite à sa mère malade est étendue.
Une fin alternative :

Dans la version cinéma, le film se termine après qu'Evan, revenu dans son enfance au moment de sa première rencontre avec Kayleigh, la menace violemment de mort pour être sûr qu'elle ne reste pas vivre chez son père pour lui. Dans la scène qui suit, Evan se réveille en compagnie de Lenny, et demande Kayleigh, mais Lenny lui répond qu'il ne connaît personne de ce nom. Huit ans plus tard, on retrouve Evan et Kayleigh devenus adultes se croisant dans une rue de New York au milieu de la foule et, selon la version — il y en a trois —, soit ils se parlent, soit ils s'évitent, soit Evan suit Kayleigh.

Mais dans le director's cut, une tout autre fin est disponible. Ici, Evan choisit de revenir dans le ventre de sa mère, et enroule le cordon ombilical autour de son cou, il se suicide avant de venir au monde et sauve ainsi tous les êtres qui lui sont chers. Le dialogue rajouté avec la voyante, et la confession de sa mère sur les deux fausses couches qu'elle a eues sont inclus en off pendant qu'Evan se laisse mourir, et sous-entendent qu'il n'est pas le premier enfant de sa mère à avoir fait ce sacrifice de renoncer à exister.

vendredi 16 février 2024

Spécial Rétro: Les 30/40 meilleurs films d'horreur de ces 25 dernières années (1999 - 2024)


Suite à la revoyure du flippant Insidious (pour la 3è fois), et pour prouver que le cinéma d'horreur n'est point inhumé, quels sont vos 30 à 40 films d'horreur préférés de ces 25 dernières années ?
Tant dans l'ordre que dans le désordre. 

                                                                      Bruno Matéï
1- Maniac (choix subjectif). It Follows. Les Ruines. Hérédité. La Main. The Witch. Frankenstein. Le projet Blair Witch. Frozen. May. Sisters. La Colline a des Yeux. 28 Jours plus tard. Sinister. Eden Lake. Insidious. Saw. Martyrs. Mister Babadook. Hostel 2. Jeepers Creepers. Morse. Haute Tension. The Devil's Rejects. Dark Water. The Woman. Wolf Creek. Long week-end. La Dernière maison sur la Gauche. The Children. l'Orphelinat. Conjuring 1. Suspiria. Isolation. The Descent. Abandonné. Tusk. Darkness. Ginger Snaps 2. Halloween 2. Massacre à la Tronçonneuse. Les Autres. Get out. Calvaire. 

Voici les réponses d'internautes de l'entourage amical. 
Mais les classements d'autres horizons sont également les bienvenus: 

Thierry Savastano Di Marzio
Midsommar. It Follows. Evil dead rise. Hérédité. Suspiria. The Witch. The Descent. REC (original). La Colline a des Yeux 2006. Sinister. Eden Lake. Insidious 1. Saw. Martyrs. Mister Babadook. La Cabane dans les bois. Evil dead 2013. Morse. Le Projet Blair Witch. Get out. Conjuring 1. La Main. Eden Lake. Hostel. Massacre à la Tronçonneuse 2003. I Spit on your grave 2010. Mandy. 

Renaud Florent Benoist
Hérédité. The Witch. Sinister. Insidious. Martyr. Hostel 2. Jeepers Creepers. Conjuring. Suspiria. Massacre à la Tronçonneuse. Midsommar. REC. Dark water. Audition. Ju On. Haute tension. Calvaire. Wolf creek. The woman. Evil dead rise. Le sanctuaire. The autopsy of Jane Doe. Mother. The deep house. Speak no evil.

Jérôme André Tranchant:
1 Midsommar 2 lord of salem 3 Conjuring 4 Hostel 2 5 The descent 6 l'orphelinat 7 The box 8 it's Follow 9 Ghostland 10 Dark water ( version Japonaise) 11 Creepy 12 Eden lake 13 kill list 14 Boulevard de la mort 15 Mandy 16 Green Room 17 Sinister 19 Crawl 20 The Host 21 Morse 22 the witch 23 Frankenstein Version Bernard Rose 24 Wolf Creek 25 Grave

Jean-francois Dupuy:
The Strangers. Sinister. Midsomar. Hérédité. Dark water (Nakata). The autopsy of Jane Doe. Ring zero. Cold skin. Bubba Ho-tep. Ça. Mama. Mr Badadook. Insidious. Jeeper Creepers(1 et 2). Wolf Creek 2. Hostel 2. The descent. La colline a des yeux. Oculus/The mirror. Morse. Mirrors. Ouija, les origines
Identity. John dies at the end. Tusk. Predestination. Cohérence. Je dois en oublier. 

Florian Goujon
Haute Tension. Martyrs. Modus Anomali. Deadstream. House of the Devil. Evil Dead. Evil Dead Rise. Triangle. The Void. Let us Prey. Midnight Meat Train. Isolation. Sinister. Constantine. Frontiere(s). The Jane Do Identity. Audition. Grotesque. The Human Centipede. Calvaire. Baskin. Hérédité. World War Z.

George Abitbol:
28 jours plus tard. Wolf creek. eden lake. Haute tension. Morse. Maniac. Calvaire. The devil's reject. Hérédité. La Main. The Witch. Trick R treat. La Colline a des Yeux. Sinister 1. Insidious. Martyr. Mister Babadook. Triangle. Jeepers Creepers. The Children. l'Orphelinat. Conjuring 1. Suspiria. The Descent 1. Dark water. The void. The human centipede. Serbia film. Midsommar. The woman. 

Donnie Dé:
Megan is missing. Martyr. Found/headless. Mister Babadook. Tucker and Dale fights evil. The human centipede trilogie. Deux sœurs. A ghost story/I am a ghost. The poughkeepsie tapes. Hérédité. American guinea pig : Sacrifice. A serbian film. Triangle. The sadness. Malignant. Circus of the dead. Good night mommy. Thanatomorphose. Saw/hostel. 28 jours/semaines plus tard. X/pearl. Halloween reboot (Rob Zombie). Let us prey. Morse. Suspiria (reboot). L’armée des morts. Pièces of talent. Evil dead reboot. Sinister/insidious/house of the devil. Brutal. Lord of chaos. The empty man. Spring. Psycho Goreman /Turbo kid/night of something strange. The void. Vampires en toute intimité. Begotten. Visceral between the ropes of madness. May/the woman. Tusk.

Guillaume Gabreau:
Je m'y lance (25 films pile classés par année 1998-2023) : 1998 : Ring. 1999 : Vorace. 2000 : Hellraiser : Inferno. 2001 : L’Echine du Diable, Les Autres. 2002 : 28 Jours plus tard, May, Dark Water. 2003 : Haute Tension. 2004 : Shaun of the Dead. 2005 : Wolf Creek. 2007 : The Mist. 2009 : Triangle. 2010 : Bedevilled (film coréen). 2011 : Malveillance. 2014 : The Babadook, We are what we are. 2015 : The Witch, The Voices. 2017 : Ca : Chapitre 1. 2018 : Ghostland, The House that Jack Built. 2022 : Smile, Abuela. 2023 : When Evil Lurks. 1999 : Audition. 2001 : Ichi the Killer. 2002 : Bubba Ho-tep. 2004 : Saw, Calvaire, Creep. 2005 : The Devil’s Rejects. 2006 : La Colline a des yeux. 2010 : Insidious. 2011 : I saw the Devil, The Woman. 2013 : Evil Dead. 2016 : Bone Tomahawk, The Autopsy of Jane Doe. 2019 : Midsommar. 
 
Philippe Beun-garbe:
Martyrs / The Witch/ Midsommar/ Heredity/ Funny Games / Mother! / Speak No Evil / Maniac le remake / Dellamorte Dellamore / Evil Dead le remake / La colline a des yeux le remake / Ghostland / Morse / A Sicilian Ghost Story /Lord of Salem / The Devil's reject/ Bug de Friedkin / il Signor Diavolo de Pupi Avati/ Haute Tension / The Chaser / J ai rencontre' le Diable / Saw / Le labirinthe de Pan / Calvaire / High Rise / Hostel / The Voices/ Ne nous jugez pas/ The Lighthouse / L echine du Diable.
Pas en ordre de préférence. Je m' aperçois que dans cette liste il y a plus de "monstres" humains que de creatures extraordinaires

Lbz : 22 février 2024 à 11:16
Fight Club. May. La Colline a des Yeux. 28 Jours plus tard. Eden Lake. Haute Tension. Wolf Creek. The Witch. The Descent. REC. Creep. The Human Centipede 2. 28 jours plus tard. X/pearl. Lord of chaos. Enter the void. Vorace. Bedevilled ( coréen). When Evil Lurks. The Chaser ( coréen). J ai rencontre' le Diable ( coréen). The murderer ( coréen). Lighthouse. Limbo. Dream home (chinese).

mardi 13 février 2024

Iron Claw / The Iron Claw

                                             Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Sean Durkin. 2023. U.S.A/Angleterre. 2h13. Avec Zac Efron, Jeremy Allen White, Harris Dickinson, Holt McCallany, Lily James, Maura Tierney, Stanley Simons 

Sortie salles France: 24 janvier 2024. Canada: 22 Décembre 2023

FILMOGRAPHIESean Durkin, né le 9 décembre 1981 au Canada, est un réalisateur et scénariste américain. 2006 : Doris (court métrage). 2010 : Mary Last Seen (court métrage) (également scénariste et monteur). 2011 : Martha Marcy May Marlene (également scénariste). 2013 : Southcliffe (mini-série). 2019 : The Nest (également scénariste). 2023 : Iron Claw. 


"L'âme de la famille, c'est le nom que l'on porte pour l'honorer"
Uppercut tout en pudeur que nous livre là Sean Durkin en s'inspirant de l'histoire vraie de la famille Von Erich, 4 frères catcheurs que leur patriarche "inextinguible" poussa à la gloire sans modération aucune, Iron Claw est un grand moment de cinéma comme on n'en voit quasiment plus de nos jours, à quelques exceptions près dans l'évidence. Tant et si bien que l'acuité de son intensité dramatique et la pudeur de sa réalisation sciemment elliptique, car allant droit à l'essentiel pour se libérer des clichés éculés, m'a quelque peu remémoré l'inoubliable Voyage au bout de l'Enfer de Michael Cimino, toutes proportions gardées. Notamment à travers son refus d'une sinistrose complaisante que le réalisateur parvient facilement à bannir de son métrage voué à la psychologie torturée de ses 4 frères inséparables. J'aurai peut-être pu citer un ou deux autres exemples mais c'est précisément ce chef-d'oeuvre ultime qui m'est promptement venu à l'esprit, tel un écho, une hantise malaisante, tant l'oeuvre fragile de Sean Durkin m'a également impliqué dans une impuissance morale éprouvante eu égard de l'infortune en crescendo qui s'abat sur cette famille prolo dépendante d'un père castrateur dénuée d'amour, de discernement et encore moins d'indulgence auprès de sa filiation. 

Ainsi donc, à travers l'épreuve sportive du catch que nous illustre Sean Durkin avec un brio spectaculaire n'ayant rien à envier aux matchs cuisants de Rocky, Iron Claw sombre peu à peu (passée la 1ère heure tout du moins) vers une dramaturgie escarpée au point d'avoir les nerfs solides pour mieux redouter le pire. Magnifiquement interprété, (je pèse mes mots), c'est toutefois Zac Efron qui tire son épingle du jeu en frère aîné voué corps et âme à l'amour de ses frères avec une sensibilité infiniment fragile en dépit de sa corpulence mastard aux muscles d'airain si j'ose dire. Un acteur habité par l'expression de ses sentiments fragiles, touchant et émouvant par le regard sa grande innocence quasi infantile (la séquence finale est inoubliable lorsqu'il se livre à ses enfants), mais également inquiétant lorsqu'il se laisse guider par ses démons intérieurs pour autant désireux de s'extirper de l'infortune après avoir appris à gérer ses sentiments haineux pour y rejoindre la sagesse d'esprit. Outre sa présence à la fois démunie et acharnée à tenter de relever les défis sportifs impossibles et les drames qui l'étreigne, faute d'une éducation bigote où les valeurs chrétiennes, de la compétition et de l'élitisme lui ont été instruits dès la naissance, au risque d'y laisser sa peau, il faut évidemment prôner le jeu charismatique de Holt McCallany en paternel impitoyable n'ayant comme seul dessein d'y bâtir un empire en son propre patronyme. Un personnage vil, sournois, cupide, médiocre car d'un égoïsme préjudiciable impardonnable de soumettre ses rejetons à un épuisement physique, moral irréversible pour leur surentraînement à corps perdu. 


La véritable famille ne se détermine pas par le lien du sang mais plutôt par le choix du coeur.
Admirablement reconstitué au sein de la sacro-sainte décennie 80 en faisant preuve d'une incroyable pudeur pour raconter son récit dramatique jusqu'au-boutiste (alors que la réalité fut encore plus sombre !), Iron Claw transfigure son ambition biographique sous l'impulsion d'acteurs au firmament pour retranscrire sans fard la douleur interne, inconsolable, d'une fratrie superstitieuse soumise à une autorité paternelle déloyale. Dépressifs, s'abstenir toutefois, en gardant bien à l'esprit qu'il s'agit là d'un très grand drame familial digne du cinéma vérité des Seventies.

*Sam Malone
Vf. 

jeudi 8 février 2024

Lèvres de sang

                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site Ebay.fr

de Jean Rollin. 1975. France. 1h27. Avec Annie Belle, Jean-Loup Philippe, Natalie Perrey, Paul Bisciglia, Martine Grimaud, Béatrice Harnois, Willy Braque.

Sortie salles France: 18 Mai 1975 (Int - 13 ans)

FILMOGRAPHIE: Jean Rollin, de son vrai nom Jean Michel Rollin Roth Le Gentil, est un réalisateur, producteur et scénariste français, né le 3 novembre 1938 à Neuilly-sur-Seine (France), décédé le 15 Décembre 2010. 1958 : Les Amours jaunes, 1961 : Ciel de cuivre, 1963 : L'Itinéraire marin, 1964 : Vivre en Espagne, 1965 : Les Pays loin, 1968 : Le Viol du vampire, 1969 : La Vampire nue, 1970 : Le Frisson des vampires, 1971 : Requiem pour un vampire, 1973 : La Rose de fer, 1974 : Les Démoniaques, 1975 : Lèvres de sang, 1978 : Les Raisins de la mort, 1979 : Fascination,1980 : La Nuit des traquées, 1981 : Fugues mineures (Les Paumées du petit matin, 1981 :Le Lac des morts vivants (sous le pseudonyme de J. A. Lazer), 1982 : La Morte vivante, 1984 :Les Trottoirs de Bangkok, 1985 : Ne prends pas les poulets pour des pigeons (sous le pseudonyme de Michel Gentil), 1989 : Perdues dans New York, 1990 : La Griffe d'Horus(TV), 1991 : À la poursuite de Barbara, 1993 : Killing Car, 1997 : Les Deux Orphelines vampires, 2002 : La Fiancée de Dracula, 2007 : La Nuit des horloges, 2010 : Le Masque de la Méduse.


Tâcheron Z dans l'Hexagone, Auteur fantastique Outre-Manche, Jean Rollin ne laisse à mon sens nullement indifférent auprès de son univers chimérique imprégné d'érotisme (parfois provocateur), d'étrangeté singulière, de fantastique et d'onirisme naturaliste qui n'appartient qu'à lui. C'est ce que nous propose à nouveau l'auteur français à travers Lèvres de Sang (quel joli titre limpide) réalisé en 3 semaines en 1975. Une surprenante histoire d'amour prenant tout son sens lors des 20 dernières minutes aussi déroutantes que séduisantes eu égard de l'aspect envoûtant de sa poésie surréaliste et de l'émotion docile qui y émane en dépit de l'amoralité de cette liaison interdite. Et c'est bien là la force du récit que de nous attendrir auprès d'une romance marginale entre un humain et une vampire après de longues années de séparation suite à l'hibernation de celle-ci prisonnière de sa geôle. Car même si la damnation est de rigueur entre nos amants en étreinte éternelle et que leur survie dépend du sang des mortels auprès de navigateurs imprudents, Lèvres de sang provoque finalement l'empathie, le charme, l'adhésion auprès de cet amour attendri d'une infinie douceur dans leur quiétude recluse. 

Ainsi donc, on sent constamment que Jean Rollin est réellement motivé à nous conter avec son calme olympien son récit vampirique en y soignant le cadre visuel superbement éclairé ou alambiqué (notamment auprès du château en ruines nocturne ou limpide, du cinéma de quartier, des statues de pierre à proximité ou encore des filles dénudées aux nuisettes emportés par la bise). Or, que l'on adhère ou pas à ce Fantastique à la fois laconique et sciemment atone, Lèvres de Sang se forge une personnalité atypique pour nous emporter dans un rêve fantasmatique où hallucination et réalité se chevauchent naturellement au service d'un récit faisant honneur à ses personnages marginaux, hostiles, esseulés. Quant aux acteurs au jeu amateuriste souvent décrié chez Jean Rollin, ils demeurent pourtant ici convaincants à leur manière intime, pleinement investis dans leur fonction hagarde, hasardeuse, évanescente afin de renforcer l'aspect irréel de ce conte charnel imprégné d'images saisissantes où inquiétude et séduction s'entrecroisent timidement au rythme d'une ballade ésotérique avec l'amour et la mort. A découvrir donc, avec le sentiment prégnant qu'un second visionnage serait encore plus perméable pour nous confondre dans cette illusion (davantage) domesticable de par la familiarité des persos proscrits que l'on continue à aimer avec plus d'attention et de considération.  

*Sam Malone.
2èx

mercredi 7 février 2024

Monsieur St.Ives / St. Ives

                                               Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Jack Lee Thompson. 1976. U.S.A. 1h34. Avec Charles Bronson, John Houseman, Jacqueline Bisset, Maximilian Schell, Harry Guardino, Harris Yulin, Dana Elcar, Michael Lerner

Sortie salles France: 1er Décembre 1976. U.S: 1er Septembre 1976

BIO: Jack Lee Thomson, de son vrai nom John Lee Thompson, est un réalisateur, scénariste et producteur britannique né le 1er août 1914 à Bristol (Royaume-Uni), décédé le 30 août 2002 à Sooke (Canada). Avec 47 longs-métrages, le cinéaste aborda tous les genres avec plus ou moins de bonheur dont certains sont qualifiés de chefs-d'oeuvre. Pour ses titres les plus notoires, on peut citer Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, la Conquête de la planète des singes, la Bataille de la Planète des singes, le Bison Blanc, l'Empire du Grec, Monsieur St-Ives, Passeur d'hommes et Happy Birthday (son unique incursion dans le slasher). Il signera en outre une illustre série de films d'action particulièrement violents, le "vigilante movie" parmi son acteur fétiche Charles Bronson (Le Justicier de Minuit, l'Enfer de la Violence, la Loi de Murphy, le Justicier braque les dealers, le Messager de la mort et Kinjite, sujets tabous).


Un déshonneur, un affront, tout du moins une imbitable incompréhension que ce formidable film policier, symptomatique des Seventies par sa splendide ambiance stylée, soit si occulté de nos jours, même auprès des fans les plus aguerris. Or, cet excellent polar a beau paraître un tantinet confus, on prend tellement plaisir à l'investigation de St-Yves à retrouver les fameux responsables du vol de plusieurs manuscrits (les plans d'un cambriolage appartenant à un riche septuagénaire) qu'on en omet naturellement sa complexité en se fixant sur le ressenti exaltant. Car d'autant plus transcendé du charisme minéral de l'imposant Charles Bronson par sa présence aussi robuste que décontractée (bon Dieu quel acteur inné !), Monsieur St-Ives est un pur plaisir de cinéma que le score de Lalo Schifrin  transfigure autant en nous remémorant les accents jazzy de l'Inspecteur Harry. Si bien que pour une première collaboration entre Charles Bronson et le briscard Jack Lee Thompson, ce film policier rondement mené demeure constamment plaisant, captivant, intriguant même, entre scènes d'action parfaitement réglées (dont une incroyable chute à travers les câbles d'un ascenseur), violence spectaculaire, séquences charnelles avec la vénéneuse Jacquelines Bisset (magnifique de snobe élégance dans son tailleur noir rappelant un peu Adjani dans Driver de Hill) et suspense tendu pour ses machiavéliques subterfuges. 


Et même si on parvient à griller 1 ou 2 rebondissements (ce fut mon cas suspicieux auprès de l'identité de 3 personnages) lors de son final à tiroir fertile en déconvenues, Monsieur St-Ives nous rappelle à point nommé pour quelles raisons nous aimions le cinéma par sa faculté à nous immerger ici dans un univers criminel aussi envoûtant que séducteur. C'est dire le style classieux de la mise en scène inspirée de Thompson peaufinant son objet cinématographique avec un art consommé du travail bien fait. Comme le souligne par ailleurs son choix consciencieux d'y recruter une foule de remarquables seconds couteaux (avec comme point commun un putain de charisme aujourd'hui révolu !) que le fan émérite retrouvera avec soupçon de nostalgie gratifiant. A découvrir donc ou à revoir d'urgence pour tous les amoureux de ciné rétro dont l'émotion, ici omniprésente, s'avère aussi factuelle que lestement dosée. Tout bien considéré, l'un des meilleurs métrages de Thompson.


*Sam Malone

Un grand merci à Warning Zone

mardi 6 février 2024

Pas d'orchidées pour Miss Blandish / The Grissom Gang

                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Aldrich. 1971. U.S.A. 2h08. Kim Darby, Scott Wilson, Tony Musante, Robert Lansing, Connie Stevens, Irene Dailey, Wesley Addy.

Sortie salles France: 29 Septembre 1971.

FILMOGRAPHIE: Robert Aldrich est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 9 août 1918 à Cranston (Rhode Island) et mort le 5 décembre 1983 à Los Angeles (Californie).1953 : Big Leaguer. 1953 : Alerte à Singapour. 1954 : Bronco Apache. 1954 : Vera Cruz. 1955 : En quatrième vitesse. 1955 : Le Grand Couteau. 1956 : Attaque. 1956 : Feuilles d'automne. 1956 : Racket dans la couture. 1959 : Tout près de Satan. 1959 : Trahison à Athènes. 1961 : El Perdido. 1962 : Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? 1962 : Sodome et Gomorrhe. 1963 : Quatre du Texas. 1964 : Chut... chut, chère Charlotte. 1965 : Le Vol du Phœnix. 1967 : Les Douze Salopards. 1968 : Le Démon des femmes. 1968 : Faut-il tuer Sister George ? 1970 : Trop tard pour les héros. 1971 : Pas d'orchidées pour miss Blandish. 1972 : Fureur apache. 1973 : Plein la gueule. 1973 : L'Empereur du Nord. 1975 : La Cité des dangers. 1977 : Bande de flics. 1977 : L'Ultimatum des trois mercenaires. 1979 : Le Rabbin au Far West.1981 : Deux Filles au tapis. 

Echec commercial à sa sortie alors que l'éminent Robert Aldrich fut contraint de revendre son studio à la suite de 3 antécédents échecs successifs, Pas d'Orchidée pour Miss Blandish est une sorte de conjugaison vitriolée de Bonnie and Clyde, Dilinger et de Bloody Mama de Corman (à revoir d'urgence celui-ci !) pour son contexte historique, pour ses profils meurtriers en roue libre et la brutalité âpre qui y émane avec un sens de provocation qui fit grand bruit à l'époque. D'une grande violence donc, alors que les années 70 s'autorisaient le plus souvent les audaces les plus couillues, cette oeuvre marginale préserve aujourd'hui son réalisme plutôt poisseux à dresser dans un climat solaire irrespirable (tous les personnages sont noyés de sueur tout le long de l'intrigue) le vil portrait d'une bande de malfrats dénués de morale. De médiocres kidnappeurs d'autant plus sales, vulgaires et ignorants ne comptant que sur le vice, la violence, la feinte, la lâcheté et surtout leur ego pour s'extirper de leur précarité. A l'exception toutefois du personnage psychotique de Slim, bien que le plus benêt de la bande mais aussi le plus fragile, névralgique et sensible au point de rigoureusement tomber amoureux de sa victime otage. Une jeune héritière bon chic bon genre aussi mal dans sa peau, faute d'un père psychorigide insensible au mal-être de sa progéniture baignée depuis son enfance dans le confort et l'assistanat parental. 

C'est donc une descente aux enfers morale que nous illustre efficacement Robert Aldrich en filmant sa tragédie criminelle à l'instar des fameux films noirs des années 50 qui ont bercé notre passé cinéphile. Or, toutefois désireux de dépoussiérer le film de gangster, celui-ci s'approprie d'un climat plutôt malsain et d'une violence perpétuelle assez épineuse afin d'imprimer sa personnalité frondeuse n'épargnant personne (pas même la police - voir leur témoignage dans la chambre d'hôtel lorsqu'ils s'aperçoivent que la victime semblerait éprouver des sentiments auprès de son tortionnaire alors qu'à la base il ne s'agit que d'une simulation de survie -). Si bien que tous les personnages anti-manichéens qui traversent le récit demeurent peu recommandables, pathétiques, risibles, sans pitié ni empathie, à l'exception de notre duo infortuné toujours plus replié sur eux mêmes. Car des amants de fortune ayant comme point commun une démission parentale auprès de leur irrépressible désir d'aimer et d'être aimé que leur entourage (familial/amical) n'eut pu exaucer. Ce qui nous vaut d'ailleurs un final (de 20 minutes) aussi mémorable que poignant d'après son concentré d'ultra violence et d'étreinte amoureuse noyée de désespoir, de perte de repère, d'isolement; de désir d'en finir avec l'existence au demeurant. 

Film de gangster à l'ancienne vitaminé de sa violence davantage hystérique, Pas d'orchidée pour Miss Blandish laisse un goût assez amer dans la bouche sitôt le générique clos d'avoir assisté à tant de déroute, d'acrimonie et de bassesse humaine au sein d'un climat tantôt poisseux, tantôt baroque (la rutilante chambre d'hôtel est à damner un saint) qu'Aldrich filme sous l'impulsion d'une dimension humaniste davantage éprouvante, sans aucune lueur d'espoir. 

*Sam Malone

Remerciement à Atreyu.

lundi 5 février 2024

Contact

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com

de Robert Zemeckis. 1997. U.S.A. 2h29. Avec Jodie Foster, Matthew McConaughey, Tom Skerritt, James Woods, John Hurt, David Morse, William Fichtner, Rob Lowe, Max Martini, Geoffrey Blake, Angela Bassett, Larry King, Jena Malone.

Sortie salles France: 17 Septembre 1997. U.S: 11 Juillet 1997

FILMOGRAPHIE: Robert Zemeckis est un réalisateur, scénariste et producteur américain, né le 14 Mai 1951 à Chicago (Illinois). 1978: Crazy Day. 1980: La grosse Magouille. 1984: A la Poursuite du diamant vert.1985: Retour vers le Futur. 1988: Qui veut la peau de Roger Rabbit. 1989: Retour vers le Futur 2. 1990: Retour vers le Futur 3. 1992: La Mort vous va si bien. 1994: Forrest Gump. 1997: Contact. 2000: Apparences. 2000: Seul au monde. 2004: Le Pôle Express. 2007: La Légende de Beowulf. 2009: Le Drôle de Noël de Mr Scrooge. 2013: Flight. 2015: The Walk.2016 : Alliés. 2018 : Bienvenue à Marwen . 2020 : Sacrées Sorcières. 2022 : Pinocchio. 2024 : Here. 


Est-ce qu'il y a d'autre gens que nous dans l'univers ?
Ca c'est une bonne question. Qu'est ce que tu crois ?
Ché pas.
Ca c'est une bonne réponse. 
Sceptique hein ! 
La chose la plus importante c'est que vous cherchiez toujours vos propres réponses. 
Je vais tout de même vous dire deux mots sur l'univers. 
L'univers, c'est vraiment, vraiment, grand. 
C'est plus grand que tout ce que n'importe qui n'a jamais pu rêver à ce jour. 
Alors s'il n'y a que nous, ça me semble un beau gâchis d'espace. 
Non ?


Récit initiatique au sein d'une introspection morale contrariée par la perte de l'être cher et le sentiment de solitude suite à l'absence parentale, Contact est un poème incandescent opposant avec beaucoup de respect, d'intelligence et de pudeur la science et la religion quant à l'existence d'une vie extra-terrestre au sein de l'univers, et au-delà. Robert Zemeckis tablant sur la fougue passionnelle de l'extraordinaire Jodie Foster, crevant une fois de plus l'écran car portant l'intrigue sur ses épaules avec une détermination tant humaniste, pour nous remettre en question existentielle avec espoir aussi gratifiant qu'interrogatif. Car sans vouloir apporter de réponses à sa fiction à la fois stellaire et spirituelle, le cinéaste nous incite à réfléchir sur notre condition (toujours plus) isolée depuis l'ère de l'informatique et des progrès de la technologie en suggérant que nous ne sommes pas seul par le truchement d'une athée revenue d'un voyage hallucinatoire, ou pas. Quelque soit nos convictions, Contact incite avec une émotion à la fois fébrile, sensible et fragile à notre réflexion personnelle sur le sens de notre propre vie en militant pour les valeurs essentielles d'espoir, d'amour et de cohésion. Si bien que la vérité, nous l'avons au fond de nous même... 


*Bruno
2èx. VF.

samedi 27 janvier 2024

Dogman

                                                       Merci à Thierry Savastano pour l'affiche 

de Luc Besson 2023. France. 1h53. Avec Caleb Landry Jones, Lincoln Powell, Jonica T. Gibbs, Christopher Denham, Clemens Schick, Grace Palma, John Charles Aguilar, Alexander Settineri, Michael Garza.

Sortie salles France: 27 Septembre 2023.

FILMOGRAPHIE: Luc Besson est un réalisateur, producteur, et scénariste français né le 18 mars 1959 à Paris. 1983: Le Dernier combat, 1985: Subway, 1988: Le Grand Bleu, 1990: Nikita, 1991: Atlantis, 1994: Léon, 1997: Le 5è élément, 1999: Jeanne d'Arc, 2005: Angel-A, 2006: Arthur et les Minimoys, 2009: Arthur et la vengeance de Maltazard, 2010: les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Arthur 3, la guerre des 2 mondes, 2011: The Lady. 2013 : Malavita. 2014 : Lucy. 2017: Valérian et la Ville aux mille planètes. 2019 : Anna. 2023 : DogMan. 
Besson, la résurrection. 

                                 "Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien."
                                  Lamartine. 

On n'y croyait tellement plus au fil des décennies écoulées, je craignais tant le produit sirupeux sombrant involontairement dans la semi-parodie que j'ai finalement opté pour une projo matinale en lieu et place de "Dernière Séance" nocturne. Or, à l'arrivée, et en dépit d'un 1er quart d'heure sur le fil du rasoir (il faut un temps d'adaptation et de familiarité), une déchirure interne causée auprès de son arc en ciel final imprégné de spiritualité, mode lyrisme élégiaque. Une séquence anthologique à marquer d'une pierre blanche pour ceux qui ont su ouvrir leur coeur face à cette odyssée humaine incongrue (fatalement) en perdition. Un immense moment d'émotion donc et de fragilité aigue comme rarement Luc Besson su nous le retranscrire dans son autonomie intime (si on excepte sans doute Le Grand Bleu et Léon) sous l'impulsion d'un acteur habité par ses écorchures morales dénuées de fioriture. Dogman s'appuyant beaucoup sur sa profondeur de jeu dépouillé n'implorant nullement la pitié, la sinistrose ou le pathos de comptoir. Caleb Landry Jones vivant son personnage apatride au gré d'une détresse morale tacite car impassible, introverti à exhiber ouvertement ses douleurs intimes tant il se refuse à émouvoir le spectateur (et son auditrice congénère !) pour la trivialité d'une émotion programmée. Sa présence aussi luminescente que profondément tragique suscitant chez nous un terrible attachement fébrile pour autant inscrit dans la dignité de par sa condition désoeuvrée/misanthrope impartie à l'inconsolable solitude que nous ressentions dans la réserve car en pudeur contenue. Or, quoi de plus fidèle et loyale que la rassurante présence du chien pour s'échapper de l'enfer qu'il se partage en masse au sein de son taudis douillet. 

                                            

Et si l'intrigue s'avère simpliste autant que lunaire et surprenante, elle tire justement parti de son charme, de sa fantaisie (musicale), de son excentricité enjouée et de son innocence communicative en cette icone marginale épaulée de ses compagnons retors. Des seconds-rôles canins insensés car admirablement (ou plutôt "justement") dirigés, qui plus est par un Luc Besson infiniment inspiré, attentionné, amoureux, lucide, clairvoyant à donner chair à ceux-ci et à sa narration entre sensibilité épurée et poésie surréaliste que l'on adoube sans s'en rendre compte. Et c'est bien là la grande force de ce conte féérique meurtri que de vivre au sens large sa folle histoire, que de nous conter ses étreintes fraternelles, entre poésie, humour, éclairs de violence et plages de tendresse. Le chemin de croix d'un laissé-pour-compte abdiqué par l'homme mais se façonnant un semblant de vie autrement plus tolérable, respirable, supportable parmi la protection de ses chiens envoyés du ciel. Et donc ne puisant un sens à son existence qu'en leur fidèle présence soumise à sa noble autorité qu'ils acceptent pour tenir lieu de sacerdoce, Douglas Munroe nous relate (à nous et à son auditrice afro) sa trajectoire morale avec une nonchalance taiseuse criante de vérité effacée quitte à me répéter. Son expressivité à la fois si tangible, responsable et discrète invitant à l'humilité dans sa mansuétude que son auditrice consulte avec une étonnante attention humaine de par leur commune douleur familiale, sociétale qu'ils se partagent en contradiction d'éthique.

Voilà, Dogman est donc à mes yeux, grâce aussi à sa modeste simplicité si payante un (gros) coup de coeur, un cri du chant aussi (splendide hommage nostalgique à Edith Piaf !) autant qu'un cri du coeur issu de Besson, parce que peut-être son oeuvre la plus fragile, tourmentée et personnelle. Et pour ce retour en grâce dénué d'opportunisme et encore moins de cynisme, je ne peux que te remercier Luc de m'avoir triturer le coeur tous azimuts (bon Dieu quel déchirant final scintillant que je serai incapable d'omettre !) auprès de ta dramaturgie salvatrice émaillée d'émotions exaltées. Et bon sang je me rends compte à terme que tu m'a bien manqué depuis toutes ses décennies infructueuses (tant ciné que pour nos rapports humains en perdition que tu dénonces à ciel ouvert avec une sensibilité lestement / fructueusement infantile). Une oeuvre malade en somme car écorchée vive, magnifique tout simplement.

*Bruno