mardi 17 mai 2011

FRIGHTMARE (ONCE UPON A FRIGHTMARE)



de Pete Walker. 1974. Angleterre. 1h22. Avec Rupert Davies, Sheila Keith, Deborah Fairf, Kim Butcher et Paul Greenwood.

FILMOGRAPHIE: Pete Walker est un réalisateur, scénariste et producteur britannique, né en 1939 à Brighton. 1968: l'Ecole du sexe, For men only, 1970: Cool, c'est Carol, 1971: Man of violence, Die Screaming, Marianne, 1972: Quatre dimensions de Greta, le Théâtre de l'angoisse, 1973: Tiffany Jones, 1974: Flagellations, Frightmare, 1976: The Confessionnal, Schizo, 1978: Hallucinations, 1979: Home Before Midnight, 1983: House of the long shadows.

                                    

Réalisé la même année que Flagellations qui dénonçait les excès des conservateurs adeptes de la peine capitale et d'une justice individuelle, le petit maître anglais (ou le modeste artisan, c'est selon !) Pete Walker illustre ici une histoire aberrante de famille cannibale par le biais d'une matriarche sexagénaire friande de cerveau humain ! Londres, 1957. Un homme se rend chez une cartomancienne pour ne jamais en ressortir puisque celle-ci va sauvagement l'assassiner. La meurtrière et son époux complice sont jugés coupable de folie mentale et enfermés dans un asile psychiatrique durant 15 années. En 1974, Jackie s'occupe de sa jeune soeur Debbie, une fille marginale, insolente et prétentieuse. Un soir, la grande soeur rend visite à un couple dans une auberge bucolique pour leur livrer un colis.

                                        

Série B dénuée d'ambition si ce n'est de dénoncer un système judiciaire faillible, Frightmare cultive son intérêt par la folie de son scénario débridé dédié à un couple de personnages sans vergogne, autrefois compromis dans une sordide affaire de cannibalisme. C'est essentiellement la femme délurée, adepte de chair fraîche et en particulier de cerveaux humains, pour cause de traumatisme infantile, qui va pousser le mari à accepter ces terribles exactions commises sur d'innocentes victimes. Quinze ans plus tard, ils retrouvent enfin leur liberté, la justice étant convaincue de leur guérison mais la mégère frappée du ciboulot ne peut s'abstenir de son addiction meurtrière. De prime abord, Pete Walker dépeint l'existence futile de deux jeunes filles dont on apprendra furtivement qu'il s'agit en faite des progénitures des parents monstrueux. Jackie a beaucoup de mal à s'occuper de sa jeune soeur de 18 ans, Debbie, une fille insolente dans ses nombreuses provocations verbales et physiques octroyées à son entourage. Elle enchaîne facilement les conquêtes amoureuses jusqu'au jour ou son dernier amant s'interpose lors d'une altercation avec un barman provoqué par celle-ci. Quelques jours plus tard, l'homme agressé est retrouvé sauvagement assassiné. Debbie, découvrant le corps sans vie décide de le cacher à l'arrière du capot du véhicule du concubin, convaincue que son ami est le véritable responsable du meurtre.

                                         

Au travers d'un script sobrement structuré, Pete Walker nous décrit le portrait ambivalent de deux soeurs juvéniles vivant communément depuis plus de 15 ans dans l'indépendance. De façon insinueuse, nous allons nous apercevoir que Debbie est davantage influencée par des pulsions malsaines et morbides depuis qu'elle a décidé de cacher un cadavre dans le coffre d'un véhicule. Leur existence quotidienne est mise en parallèle avec les agissements macabres de leurs parents fraîchement libérés d'une lourde peine de détention psychiatrique. Au préalable, le réalisateur nous aura dépeint une épouse flegme et docile, dénuée de tout soupçon, en compagnie de la fidélité d'un mari aimant, même si perplexe de l'état moral de sa dulcinée. Mais l'aînée des deux soeurs ne va pas tarder à s'apercevoir que la nouvelle vie parentale faussement harmonieuse est vite rattrapée par les penchants meurtriers de sa mère. Tous ces personnages bien dessinés et interprétés avec conviction laissent une impression de fascination latente dans leur caractérisation à peine grotesque, voire pittoresque pour l'humour noir sous-jacent émanant des exactions criminelles d'une tueuse azimutée. Pete Walker soigne également ses décors et son atmosphère proche du conte fantastique, particulièrement auprès de la description antique de la demeure familiale dépeinte comme une paisible auberge à proximité d'un environnement forestier. Notamment envers le personnage de la sexagénaire, véritable harpie lorsqu'elle s'adonne vulgairement à ses pulsions crapuleuses. Sheila Keith, actrice fétiche du metteur en scène, incarne le rôle de cette mamie d'apparence affable et raisonnée mais odieusement cinglée. Il faut la voir perpétrer ses crimes à coup de perceuse ou de fourche à travers des mimiques cartoonesques de rictus à la fois démoniaque et mesquin.

                                      

Efficacement réalisé, Frightmare constitue donc une agréable série B pourvue de certains meurtres d'une complaisance parfois gratinée et d'une galerie de personnages effrontés. Son final aussi sardonique que cynique ne laisse pas non plus indifférent dans son degré d'immoralité.

17.05.11
Bruno Matéï.

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