de Alejandro Gonzalez Inarritu. 2010. U.S.A/Mexique. 2h18. Avec Javier Bardem, Maricel Álvarez, Eduard Fernàndez, Diaryatou Daff, Cheick N'Diave.
Sortie en salles en France le 20 Octobre 2010.
FILMOGRAPHIE: Alejandro Gonzales Inarritu est un réalisateur et producteur mexicain né le 15 Aout 1963 à Mexico. 2000: Amours Chiennes. 2003: 21 Grammes. 2006: Babel. 2010: Biutiful

Après avoir sondé la solitude et le désarroi existentiel pour le destin croisé de quidams au sein des pays du Maroc, des U.S.A, du Mexique et du Japon avec Babel, Alejandro Gonzales Inarritu illustre dans Biutiful le parcours désespéré d'un marginal condamné par la maladie du cancer mais s'efforçant de chérir l'amour de sa famille.
Synopsis: Père séparé à la charge de deux enfants, Uxbal est responsable d'une entreprise illégale exploitant des immigrés clandestins (sénégalais et chinois) pour la fabrication de sacs à main. Sa femme, Marambra est atteinte de troubles bipolaires et ne peut plus bénéficier de la garde de ces enfants. Alors que Uxbal apprend subitement qu'il est atteint d'un cancer de la prostate, ses affaires commerciales vont davantage le mettre dans une situation précaire intenant à l'avenir de sa progéniture.

Avec son quatrième long aussi introspectif que ces prédécesseurs pour la caractérisation de personnages chétifs en situation alarmiste, Alejandro Gonzales Inarritu livre son oeuvre la plus dure, la plus opaque et dépressive. Le portrait aigre d'une famille précaire en situation alerte. La descente aux enfers d'un couple tourmenté tentant désespérément de se raccrocher à l'amour familial.

Sur fond de misère sociale, Biutiful est l'un des plus durs portraits jamais réalisés auprès d'un homme sur le déclin car vivant ses derniers instants dans un environnement glauque et sordide faute d'une société gangrenée par le chômage et la délinquance.
Par l'entremise d'une mise en scène limpide prenant soin de nous illustrer avec une acuité sensitive ses personnages surmenés en détresse morale, le réalisateur évoque en toile de fond l'affres de la maladie la plus mortelle. Le refus de s'y résoudre, craindre sa dégénerescence physique, se raccrocher désespérément à sa foi, aussi morne et inespérée qu'elle soit. Car chaque protagoniste est dépeint avec un soin humaniste alerte, souci de réalisme tangible, livré à la dure loi de la survie dans un monde impitoyable où une immigration davantage expansive peine à ériger un semblant de vie paisible.
Dans cet univers suffocant d'un appartement délabré, un couple tente de renouer une ultime fois avec leur idylle d'autrefois, pendant que les enfants attentifs à leur désoeuvrement vont malgré se conforter dans la tendresse inculquée par leurs parents.

Du haut de ses larges épaules, Javier Bardem s'avère époustouflant dans celui du type désabusé, contraint de se soumettre à l'illégalité pour la postérité familiale. Un anonyme toujours préoccupé mais débordant d'empathie, d'humilité pour des étrangers aussi désoeuvrés car sur le fil de la déchéance miséreuse. Hanté de remord et d'amertume, sa détermination de se battre malgré tout jusqu'au bout y magnifie un personnage esseulé terrifié à l'idée de laisser ses enfants sur le bord du bitume.
L'incroyable interprétation de Maricel Álvarez impose autant d'empathie, d'élégie affectée dans celle d'une mère maniaco-dépressive. Une épouse pour autant pleine d'amour pour son mari mais incapable d'endosser son rôle maternel. Son physique burriné de paumée immature suscite une authenticité expressive désarmante à travers son grand coeur écorchée vive.
A travers une photo naturaliste aux teintes funestes, Biutiful se décline en drame humain d'une noirceur immuable de par son désespoir social cruellement éprouvant car sans issue de secours. En éludant avec dextérité le recours aux effets pompeux du pathos et du misérabilisme, Alejandro Gonzales Inarritu a su modeler une oeuvre dure et dépressive dont on ne sort pas indemne par son vérisme acrimonieux.
*Bruno
29.05.11.
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