"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
dimanche 8 mai 2011
Justice Sauvage / Walking Tall
de Phil Karlson. 1973. U.S.A. 1h40. Avec Joe Don Baker, Elisabeth Hartman, Leif Garrett, Daw Lyn, Noah Beery Jr, Lurene Tuttle, Ed Call, Dominick Mazzie, Lynn Borden.
Sortie salles U.S.A: 22 Février 1973
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Phil Karlson est un réalisateur, scénariste et producteur américain né le 2 Juillet 1908 à Chicago, décédé le 12 décembre 1985 à Los Angeles. 1948: Rocky, 1949: Le Chat sauvage, 1952: Le 4è Homme, 1959: Les Incorruptibles défient Al Capone, 1961: Le Dernier passage (The Secret Ways), Les Blouses Blanches (The Young Doctors) , 1962: Un direct au coeur (Kid Galahad) , 1963: Massacre pour un fauve (Rampage) , 1966 : Matt Helm, agent très spécial (The Silencers) , 1967 : La poursuite des tuniques bleues (A Time for Killing) , 1968: Alexander the great (TV) , 1969: Matt Helm règle ses comptes (The Wrecking Crew), 1970 : l'Assaut des jeunes loups (Hornets' Nest) , 1972: Ben, 1973: Justice Sauvage (Walking Tall) , 1975: La trahison se paie cash (Framed)
Tourné la même année qu'Un Justicier dans la Ville mais sorti un an et demi plus tard (le 24 Juillet 1974 aux USA), Justice Sauvage entame le courant du film d'auto-défense alors que le 23 Décembre 1971 explosait sur les écrans l'Inspecteur Harry de Don Siegel, créant ainsi son personnage iconique de flic charognard aux méthodes expéditives aussi brutales qu'illégales. Le film entrepris par Phil Karson aura lui aussi connu un tel succès public que trois autres suites seront rapidement mises en chantier durant toute la décennie seventie. Pitch: Dans une contrée bucolique, un ancien catcheur à la retraite revenu dans sa région natale est élu par sa communauté du Tennessee pour devenir leur shérif. Un homme de loi drastique et équitable par qui la corruption et la criminalité seront définitivement bannis de sa ville empoisonnée par une mafia régnant en maître dans un bordel. Une guerre sans merci est alors livrée entre les deux camps.
Voici l'une des oeuvres fondatrices du film d'auto-défense, une série B célébrée par une horde de fans adeptes de la violence réac qui frappe brutalement dans un défouloir de scènes d'action explosives habilement concoctées. Si bien que ce pur western involontairement pittoresque (on jurerait qu'il fut réalisé durant les années 50) est aujourd'hui devenu un sommet de loufoquerie dompté par la présence robuste de Joe Don Baker auquel les scènes de violences très brutales surprennent encore par son âpreté et sa verdeur infligée. La narration est d'un classicisme on ne peut plus balisé dans cette incessante guerre de rixe entre un shérif redresseur de tort condamné à rétorquer de manière sauvage auprès d'une bande de crapules immorales, propriétaires d'un bordel champêtre. S'ensuit donc à rythme métronome une succession d'incidents majeurs commis en défaveur de notre shérif continuellement pris à parti mais armé d'un imposant gourdin pour y nettoyer les truands opiniâtres des quartiers de son patelin en ébullition. Il faut le voir dans sa posture de catcheur entrer dans l'enceinte d'un tribunal, saisi de sa matraque pour présenter au juge les derniers larrons qu'il vient d'appréhender ! Des situations aussi improbables et grossières, Justice Sauvage en regorge à foison et tous les personnages sont si caricaturés à l'extrême qu'il transcendent la consternation pour créer la sympathie. Que ce soit la femme chérissante de Budford, chétive, craintive et aimante, les enfants dociles fascinés par leur paternel héroïque, les grands parents puritains et protecteurs, l'acolyte de couleur noir à la trogne bonnard fidèlement associé au shérif inflexible ou les malfrats lâches et orduriers davantage rancuniers dans leurs trafalgars obtempérés.
Ainsi, au sein de ce vrai western (faussement) contemporain reprenant tous les poncifs du genre, l'ambiance est si surréaliste dans son époque contée, exacerbée de personnages saugrenus, convaincus de leur prestance cordiale que Justice Sauvage entraîne de bonne foi le spectateur dans une guérilla puérile lardée de scènes de violences sauvages ! Les coups de poing et de burin pleuvants tous azimuts et les décharges de chevrotine explosant les corps ensanglantés par de furieux impacts de balle. A ce titre, la scène la plus foudroyante dans son intensité explicite est ce moment dramatique arrivant de manière fortuite, pour un personnage clef décimé par une balle explosant l'arrière de sa boite crânienne durant une poursuite automobile. De surcroît, la spontanéité rigoureuse et l'impressionnant charisme viril du personnage principal campé par Joe Don Baker apporte une dimension humaine équivoque de par l'illégalité et la tolérance de ses exploits héroïques suicidaires, alors qu'il manquera à trois reprises de mourir in extremis sous les balles perfides de l'ennemi rival. Le manque d'enjeu dramatique s'y fait malgré tout cruellement sentir durant le fil narratif et devient plus contraignant à force que le métrage évolue dans ces incessantes attaques vindicatives répertoriées dans les deux camps opposés. Jusqu'à ce que l'ultime quart d'heure reprenne une certaine ampleur lors de sa tragédie familiale, ultime point d'orgue d'une vengeance meurtrie aveuglée par la haine et la rancoeur.
Ainsi donc, Justice Sauvage se décline en petit classique d'exploitation faisant aujourd'hui office d'attachant divertissement rétro assez atypique. Le savant dosage de violence rrugueuse, les situations toutes plus saugrenues les unes que les autres, ces personnages stéréotypés à l'extrême et l'imposante présence de Joe Don Baker achèvent de rendre ce succédané sémillant, à défaut d'être passionnant, que les inconditionnels du genre ne manqueront pas d'affectionner.
08.05.11.
*Bruno
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