"Quand on aime, on aime toujours trop". "Quand on aime on voit les belles choses".
samedi 21 mai 2011
SOMEWHERE. Lion d'Or à la Mostra de Venise 2010.
de Sofia Coppola. 2010. U.S.A. 1h38. Avec Stephen Dorf, Elle Fanning, Michelle Monaghan, Chris Pontius, Kristina Shannon, Karissa Shannon, Lala Sloatman
Sortie en salles en France le 5 Janvier 2011.
FILMOGRAPHIE: Sofia Carmina Coppola est une réalisatrice, actrice, productrice, et scénariste américaine née le 14 Mai 1971 à New-York.
1999: Virgin Suicides
2003: Lost in Translation
2006: Marie Antoinette
2010: Somewhere
Avis subjectif d'un puriste amateur.
Après sa chronique singulière du passage de l'enfance à l'âge adulte avec le personnage extravagant de Marie Antoinette, Sofia Coppola dépeint dans Somewhere, l'envers du décor d'Hollywood avec sa fausse modestie, son univers de paillette postiche et ses acteurs starisés noyés dans la solitude et l'ennui. L'histoire simple d'un père absent qu'une fille va involontairement ramener à la raison de ses responsabilités.
Johnny Marco est un acteur notoire esseulé vivant reclus dans différents hôtels qu'il loue de manière continuelle afin de se rendre facilement à ses conférences de presse, séances photos et d'une éventuelle prochaine invitation dans une cérémonie tansalpine pour son prochain métrage.
Un matin débarque dans sa chambre Cléo, sa propre fille de 11 ans.
Somewhere est une douce chronique nonchalante d'un acteur surestimé aux portes de la gloire dont la vie affective va basculer le jour où sa petite fille vient emménager avec lui durant quelques jours.
La réalisatrice toujours au plus près des sentiments de ses personnages humanistes et chétifs nous entraîne avec une grande pudeur et un esprit autonome prégnant dans une ballade new-yorkaise en compagnie de deux êtres séparés par une rupture conjugale. Johnny et sa fille Cléo vont partager communément des moments intimes de leur existence dans leur appartement loué ou chambre d'hôtel impromptues entre deux interviews risibles de journalistes excentriques, et plutôt s'évader dans les loisirs récréatifs pour le plaisir ludique de l'épanouissement en s'attardant sur le moment présent de leur cheminement.
Sofia Coppola filme cette sobre odyssée comme un documentaire réaliste à la mise en scène limpide extrêmement maîtrisée, oscillant et insistant sur ces instants présents latents en alternance avec les évènements festifs alloués pour Johnny et sa fille. Chaque séquence superbement éclairée par une photographie épurée, mise en exergue à l'intérieur d'une quotidienneté urbaine est magnifiquement composée dans un soin consciencieux à rendre ces moments actuels du quotidien enivrant, exaltant sous l'oeil attentif d'une caméra virtuose à ébaucher l'espace du cadre.
La réalisatrice borde ses personnages avec un souci de véracité probant et un soin naturel, s'attarde sur l'instant présent, les non-dits, le silence élliptique, détourne les conventions et filme une histoire simple universelle avec autant d'humilité. C'est une quête identitaire escomptée qui nous est contée, le poids davantage répressif de la solitude et la découverte d'un amour paternel osculté auprès d'un illustre acteur menant une vie dissipée faussement édénique.
Stephen Dorf, plutôt rare ces dernières années pour un rôle majeur, excelle dans sa prestance naturelle à retranscrire avec souci d'humanisme et d'aigreur élégiaque sa vie versatile partagée entre les conquêtes féminines d'un soir et les sorties éméchées entre amis alcoolisés. Il se révèle particulièrement émouvant dans les derniers retranchements d'une prise de conscience soudaine pour enfin décider de se prendre en main et changer de destin afin de tenter de retrouver un équilibre pour sa prochaine postérité.
La petite Cléo interprétée par Elle Fanning (l'Etrange Noel de Benjamain Button) est confondante d'aisance naturelle et de spontanéïté dans le personnage mature d'une enfant docile pleine de bon sens mais destructurée, lamentée et fébrilement démunie de la séparation brutale de ses parents.
Chronique douce-amère sur la tare de la solitude et le refus de grandir avant la prise de conscience rédemptrice à l'aube d'une maturité présagée, Somehere est un joli portrait plein de modestie pour ces personnages humanistes coexistant dans un univers aussi snob, hautain et aisé par l'embourgeoisement égocentrique que tristement fade, illusoire, aux lendemains toujours aussi vains enrayés dans une vacuité quotidienne.
Toujours aussi harmonieusement rythmé par une bande son stimulante du groupe Phoenix, le quatrième long-métrage de Sofia Coppola séduit avec beaucoup de sincérité mais pourra risquer de rebuter et endormir certains spectateurs peu captivés par une romance pastel entre un père reconverti et sa fille victimisée par la séparation conjugale.
22.05.11.
Bruno Matéï.
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