dimanche 22 mai 2011

Le Grand Bleu


de Luc Besson. 1988.  France. 168 mns. Avec Rosanna Arquette, Jean-Marc Barr, Jean Reno, Jean Bouise, Paul Shenar, Marc Duret, Sergio Castellitto, Griffin Dunne.

Sortie salle France: 11 Mai 1988

FILMOGRAPHIE: Luc Besson est un réalisateur, producteur, et scénariste français né le 18 mars 1959 à Paris. 1983: Le Dernier combat, 1985: Subway, 1988: Le Grand Bleu, 1990: Nikita, 1991: Atlantis, 1994: Léon, 1997: Le 5è élément, 1999: Jeanne d'Arc, 2005: Angel-A, 2006: Arthur et les Minimoys, 2009: Arthur et la vengeance de Maltazard, 2010: les Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec, Arthur 3, la guerre des 2 mondes, 2011: The Lady.

                                   

"Le grand bleu et un poème existentiel en état de grâce et de mélancolie. Une oeuvre fragile immortelle car son thème est universel. Elle s'adresse à l'amour le plus placide et tranquille au gré d'une cause animale."

Cinq ans après le Dernier Combat, le néophyte Luc Besson amorce avec le Grand Bleu un voyage onirique au coeur des fonds marins. Une oeuvre simple et modeste inspirée de la vie de Jacques Mayol et Enzo Maiorcan, célèbres champions de plongée en apnée. Retour sur un phénomène de société qui déchaîna les passions, tant auprès du public transi d'émoi que des critiques assassines !

Le pitchJacques Mayol et Enzo Molinari sont deux apnéistes de haut niveau. Durant les années 50, dans les îles grecques de leur époque d'enfance, ces derniers eurent déjà le goût de la compétition pour plonger dans les profondeurs du "grand bleu". Vingt ans plus tard, ils se retrouvent en lice au championnat international. 

9,2 millions de spectateurs à sa sortie en France ! 3 millions de disques vendus dans le monde (dont 2 millions dans l'hexagone) d'après une bande originale d'Eric Serra. Ce succès commercial inattendu fut également vitupéré par une avalanche de critiques n'y ayant perçu qu'une bluette cucul sans autre intérêt que de contempler deux héros patauger dans la mer parmi de gentils dauphins. Ces biens penseurs snobinards (si j'ose dire), membres du prestigieux festival de Cannes, n'eurent probablement rien capté de sa dimension émotionnelle si bien que cet hymne à la nature garde intact son pouvoir d'envoûtement sensoriel auquel beaucoup de spectateurs (dont je fais parti) ne s'en sont jamais vraiment remis.

                                       

Ainsi donc, avec légèreté, émotion et sensibilité, Luc Besson nous transfigure une invitation au voyage dans l'immensité de la mer parmi les vertébrés coexistant en harmonie. Sur fond de compétition entre deux champion d'apnée, Luc Besson donc explore autant le mystère insondable de l'inconnu à travers la mer que de l'amour inconsidéré d'un plongeur pour sa beauté naturelle. Sa quête éperdue du sens de sa vie, sa passion pour un "ailleurs" jusqu'à envisager une fuite vers un abîme après que son meilleur ami s'y soit incidemment réfugié. Même l'idylle avec une séduisante new-yorkaise (Rosanna Arquette, sémillante, vertueuse, sensuelle !) n'y changera rien ! Jacques, bien que chérissant sa nouvelle amie, est absorbé par un amour irrépressible, celui de l'océan, de l'inconnu et des dauphins, faute d'une existence sur terre qu'il ne saisit pas à travers son âme d'enfant éternel. Notre héros s'avère si obsédé par la candeur des flots qu'il ira notamment la côtoyer dans l'inconscience de ces rêves nocturnes, fantasmes édéniques qui l'amèneront finalement à affronter l'autre côté du miroir. L'incroyable sentiment d'évasion que l'on éprouve à la vision de cette fable demeure si immersive qu'on se laisse transporter par la passion du héros convaincu que la spiritualité (une foi en la réincarnation ?) pourra peut-être un jour exaucer son rêve improbable (devenir dauphin ou homme poisson ?). Niveau casting, Jean Reno endosse un personnage acariâtre de mauvais perdant avec beaucoup d'humour, tandis qu'en plongeur timoré réfractaire à la rivalité, Jean Marc Barr lui dispute un jeu d'innocence profondément émouvant de par son ambition suicidaire d'aller jusqu'au bout de son rêve. A eux deux, ils forment un tandem irrésistible bâtie sur la confiance, le sens de l'amitié, l'épreuve de force et la dignité.

                                             

Poème d'amour sur la passion de la nature et celle des dauphins auquel un plongeur se destine à s'y sacrifier, Le Grand Bleu ensorcelle et bouleverse le spectateur plongé dans une aventure humaine quasi désespérée. L'élégie musicale feutrée d'Eric Serra (récompensé d'un César) exacerbant avec beaucoup de vérisme son intensité dramatique auquel certains spectateurs (il y a eu une génération "Grand Bleu" !) resteront à jamais éprouvés par cet éloge au mutisme et à l'éloignement. Fastueux. 

* Bruno
11 Janvier 2010

Note: L'apnéiste Enzo Majorca n'apprécia pas le film et entama une procédure en diffamation contre Besson, ce qui bloqua la diffusion du film en Italie pendant quatorze ans. Le film put être distribué en 2002 dans une version abrégée. Parmi les scènes coupées, on trouve celle où Enzo Molinari se fait payer pour sauver la vie d'un homme en train de se noyer.
La version américaine du film comprend une fin différente des versions européennes et française. En effet, une scène a été rajoutée afin de rendre cette fin plus heureuse.
L'exploitation américaine du film s'est faite sans la musique d'Eric Serra, remplacée par une partition de Bill Conti.

1 commentaire:

  1. Julien Fleury Mon 2ème film préferé tous genres confondus.
    Je l'ai découvert pour la 1ère fois en 1994 à l'âge de 10 ans, j'étais avec mon père et ce fût également un choc, aussi bien pour lui pour que moi. Un film immense qui nous rapproche, une déclaration d'amour à la mer.
    J'ai eû la chance de rencontrer Jean-Marc Barr en 2012 à Nancy, je lui ai déclaré que je lui devais mes plus belles larmes de cinéma durant ma jeunesse. Il en était très touché. Un Grand Monsieur assez timide mais très accessible.

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