mardi 30 août 2011

FLAVIA LA DEFROQUEE (Flavia, la monaca musulmana)


de Gianfranco Mingozzi. 1974. Italie. 1h40. Avec Florinda Bolkan, Maria Casares, Claudio Cassinelli, Anthony Higgins, Jill Pratt.

FILMOGRAPHIE: Gianfranco Mingozzi est un réalisateur et scénariste italien né le 5 avril 1932 à Molinella, province de Bologne en Emilie-Romagne, mort le 7 Octobre 2009 à Rome.
1959: Festa a Pamplona
1961: Les Femmes accusent
1967: Trio
1974: Flavia la défroquée
1975: Morire a Roma
1977: Les 3 Derniers jours
1983: l'Ecran magique
1987: Les Exploits d'un jeune Don Juan
1988: La Femme de mes Amours. Ma mère... mon amour
2000: Le Café des Palmes

                         

Réalisateur peu connu en France, Gianfranco Mingozzi réalise en 1974 un pamphlet féministe contre le machisme et l'asservissement de la gente masculine exerçant leur dictature durant l'époque moyenâgeuse d'un couvent intégriste.

En l'an 1400, dans le sud de l'Italie, une jeune femme, Flavia Gaetani se voit contraint de vivre dans un couvent sous l'autorité de son père, témoin d'avoir observé sa fille émue de la mort d'un guerrier sarrasin. L'ambiance dans le monastère devient davantage indécente et frénétique par la folie déraisonnée de jeunes nonnes refoulées. Dès lors, Flavia en quête d'autonomie décide de s'évader en compagnie d'un juif pratiquant dans une contrée plus paisible. 

                          

Difficile de décrire ce réquisitoire contre le totalitarisme d'une société machiste dans ce nunsploitation auteurisant tant il dégage un sentiment persistant de mal être et de fascination d'une expérience vécue comme si nous avions parcouru un bon dans le temps révolu. Autant dire que la manière dont Gianfranco Mingozzi s'emploie à nous immerger dans une lointaine époque vétuste et rétrograde se révèle aussi rebutante que captivante. Le réalisateur réussit parfaitement à reconstituer une époque moyenâgeuse réactionnaire où notre héroïne réduit à l'état d'esclave, va peu à peu prendre conscience de son existence intolérable et surtout de son emprise sectaire avec une religion extrémiste incapable d'ajuster la notion intrinsèque du Bien et du Mal.
Cette oeuvre austère se vit comme un parcours obsédant d'une femme en éveil à sa sensualité sexuelle et sa condition de domestique, en proie à son psyché lourdement éprouvé par l'agissement de ses comparses délurées, des nonnes hystériques sous emprise d'une folie extériorisée. 
Dans un florilège de séquences débridés et hallucinatoires, alternant l'horreur des tortures infligées, l'épanouissement délurée de nonnes endiablées et la prise de conscience humaniste d'une femme jamais dupe, Flavia la Défroquée nous entraîne dans un maelström d'images provocantes et dérangeantes. Une ambiance lourde de névrose dévergondée, décuplée par une mise en image cinglante proche des débordements déraisonnés des Diables de Ken Russel, tourné 3 années au préalable ou encore des visions ésotériques, surréalistes d'Alejandro Jodorowski

                          

Dans son physique ombrageux d'un regard noir renfrogné, Florinda Bolkan (le Venin de la peur, la Longue Nuit de l'Exorcisme) se révèle parfaitement accomplie dans la peau d'une nonne juvénile réfutant toute forme de domination de la part des mâles incapables d'éprouver une moindre compassion pour la femme assouvie à un objet sexuel quand elle n'est pas une esclave inculquée dans la piété. Par la faveur des insurgés musulmans, sa destinée anarchique semble vouée à une quête de rébellion à grande échelle, telle une Jeanne d'Arc vêtue d'un uniforme belliqueux, afin de faire payer à ces tortionnaires un châtiment vindicatif. ATTENTION SPOILER !!! Mais sa bataille sera de courte durée par la cause d'une jalousie orgueilleuse omis à un leader sarrasin, possessif et insidieux dans sa virilité jusqu'au-boutiste.FIN DU SPOILER.

Soutenue par une douce partition musicale dérivative et baignant dans une superbe photographie sepia, Flavia la Défroquée est un nunsploitation à prendre en considération historique sur la vérité des faits exposés. Une forme de documentaire provocateur quelque peu rébarbatif, difficile d'accès pour certains spectateurs exigeants mais tout à fait convaincant dans sa démarche de dénoncer avec force une religion obscurantiste, tributaire de sa société despotiste éludant l'égalité des sexes opposés. Une oeuvre subversive difficilement oubliable par son ambiance démoralisante, ses scènes chocs malsaines (la castration du cheval, la femme nue enfouie dans la carcasse d'un veau suspendu, les quelques sévices corporels inquisiteurs) et son portrait attentionné pour une femme en pleine crise identitaire. 
  
31.08.11
Bruno Matéï



 

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