vendredi 30 janvier 2015

SPIDER-MAN 2

                                                                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site screenrant.com

de Sam Raimi. 2004. U.S.A. 2h07. Avec Tobey Maguire, Kirsten Dunst, James Franco, Alfred Molina, Rosemary Harris, J.K. Simmons, Lucy Liu.

Sortie salles France: 14 Juillet 2004. U.S: 30 Juin 2004

FILMOGRAPHIE: Sam Raimi est un réalisateur, acteur, producteur et scénariste américain, né le 23 Octobre 1959 à Franklin, Etats-Unis.
1981: Evil-Dead. 1985: Mort sur le Grill. 1987: Evil-Dead 2. 1990: Darkman. 1993: Evil-Dead 3. 1995: Mort ou Vif. 1998: Un Plan Simple. 1999: Pour l'amour du jeu. 2000: Intuitions. 2002: Spi-derman. 2004: Spider-man 2. 2007: Spider-man 3. 2009: Jusqu'en Enfer. 2013: Le Monde fantastique d'Oz.


Second volet d'une trilogie à succès, Spider-man 2 s'avère indubitablement le meilleur volet de la série. Que ce soit en terme d'action anthologique au service de l'intrigue et de caractérisation humaine finement auscultée, le spectacle de Sam Raimi s'avère en tous point de vue éclatant de virtuosité dans une structure narrative passionnante. Cette fois-ci, Spider-man doit combattre Octopus, un savant ayant réussi à créé 4 bras mécaniques soudés à son corps et manipulés par son cerveau. Alors que Harry Osborn, meilleur ami de Peter Parker, souhaite se venger auprès de spider-man depuis la mort de son père, Mary-Jane Watson est sur le point de se marier. Partagé entre le désir de la reconquérir et son devoir héroïque, Peter finit envisage de mener une vie paisible avant que sa conscience et les conseils avisés de ses proches ne le rappellent à la raison. 


Sous couvert de film de super-héros trépidant déployant moult rixes urbaines entre Octopus (nouvel ennemi tentaculaire hyper charismatique !) et Spider-man, Spider-man 2 séduit surtout par sa nature romantique où l'amour s'avère le centre d'intérêt de Peter Parker, notamment pour préserver sa muse contre l'ennemi. Puisque livré à un choix cornélien, il doit aujourd'hui se confronter au choix moral de son statut de super-héros lorsque celle qu'il a toujours aimé est sur le point de se consacrer à une nouvelle vie sentimentale. Réflexion sur le dépassement et la confiance en soi (Peter perd ses pouvoirs à partir du moment où il commence à dénigrer son destin héroïque), sur la notion de héros (quitte à sacrifier un rêve, doit-il consacrer toute son existence à combattre l'ennemi pour protéger les innocents après s'être rendu coupable de la mort de son oncle ?) et sur l'influence du Mal du point de vue du rival (Octopus, dépassé par ses ambitions scientifiques, se retrouve esclave de sa machine avant que son intelligence ne le rappelle à une noble réflexion !), Spider-man 2 privilégie le portrait de personnages en conflit intrinsèque. A l'instar d'Harry Osborn envahi par sa rancoeur afin de venger l'honneur de son père (alors qu'il découvrira bientôt que son meilleur ami s'avère Spider-man ! ), et à l'exemple de Mary-Jane Watson espérant au fond d'elle que Peter lui avouera enfin ses sentiments. Cette densité impartie à la contrariété des personnages s'avère donc le pilier émotionnel de l'intrigue sans que le spectacle homérique de Sam Raimi ne pâtisse d'un manque de rythme dans les pugilats belliqueux. Les scènes d'action hyper vigoureuses et inventives s'avérant à couper le souffle, de par la fluidité technique mais aussi l'agilité des comédiens en roue libre ! 


Projet ambitieux de blockbuster intelligent alternant caractérisation psychologique et corps à corps dantesques entre super-héros stoïques, Spider-man 2 fait autant la part belle au lyrisme et à l'émotion empathique dans la force sentimentale de deux amants compromis au dilemme cornélien. Un spectacle aussi grandiose dans la démesure (les FX numériques sont ahurissants de réalisme à l'instar de l'assaut du métro et des envolées aériennes de Spider-man !) qu'intimiste dans la force de l'amour et la foi en l'accomplissement de soi ! 

Bruno Matéï
2èx

jeudi 29 janvier 2015

Une Hache pour la lune de miel / Il Rosso segno della follia

                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site bmoviezone.wordpress.com

de Mario Bava. 1970. Italie/Espagne. 1h28. Avec Stephen Forsyth, Dagmar Lassander, Laura Betti, Jesus Puente, Femi Benussi, Antonia Mas, Luciano Pigozzi.

Sortie salles Italie: 2 Juin 1970. Espagne: 14 Septembre 1970

FILMOGRAPHIE: Mario Bava est un réalisateur, directeur de la photographie et scénariste italien, né le 31 juillet 1914 à Sanremo, et décédé d'un infarctus du myocarde le 27 avril 1980 à Rome (Italie). Il est considéré comme le maître du cinéma fantastique italien et le créateur du genre dit giallo. 1946 : L'orecchio, 1947 : Santa notte, 1947 : Legenda sinfonica, 1947 : Anfiteatro Flavio, 1949 : Variazioni sinfoniche, 1954 : Ulysse (non crédité),1956 : Les Vampires (non crédité),1959 : Caltiki, le monstre immortel (non crédité),1959 : La Bataille de Marathon (non crédité),1960 : Le Masque du démon,1961 : Le Dernier des Vikings (non crédité),1961 : Les Mille et Une Nuits,1961 : Hercule contre les vampires,1961 : La Ruée des Vikings, 1963 : La Fille qui en savait trop,1963 : Les Trois Visages de la peur, 1963 : Le Corps et le Fouet, 1964 : Six femmes pour l'assassin, 1964 : La strada per Fort Alamo, 1965 : La Planète des vampires, 1966 : Les Dollars du Nebraska (non cédité), 1966 : Duel au couteau,1966 : Opération peur 1966 : L'Espion qui venait du surgelé, 1968 : Danger : Diabolik ! , 1970 : L'Île de l'épouvante ,1970 : Une hache pour la lune de miel ,1970 : Roy Colt e Winchester Jack, 1971 : La Baie sanglante, 1972 : Baron vampire , 1972 : Quante volte... quella notte, 1973 : La Maison de l'exorcisme, 1974 : Les Chiens enragés,1977 : Les Démons de la nuit (Schock),1979 : La Venere di Ille (TV).


Sorti discrètement en Vhs sous le titre fallacieux la Baie Sanglante 2 alors qu'il fut réalisé un avant la Baie Sanglante, Une Hache pour la lune de miel s'avère fort intéressant à plus d'un titre en dépit de sa réputation quelque peu timorée, bien qu'aujourd'hui il semble réconcilier les fans puristes du maestro Mario Bava

Le pitchJohn Harrington, riche héritier de la maison de couture de sa mère, est un psychopathe incapable de réfréner ses pulsions meurtrières lorsqu'il s'agit d'assassiner de jeunes mariées. Hanté par un souvenir traumatique lié à son enfance, il se détermine à répéter le même schéma macabre afin de démystifier l'horrible secret de son étrange pathologie. 

Considéré à tort comme l'une de ses oeuvres mineures, ce thriller vénéneux demeure pourtant original, captivant, déconcertant pour le portrait imparti à un schizophrène hanté par un trauma infantile. Travesti parfois d'une robe de mariée afin d'accomplir son rituel, on songe à Psychose lorsque ce dernier est sujet aux nombreuses visions macabres de son épouse fraîchement décédée, notamment auprès des thème du refoulement, de l'amour maternel et de la possessivité. 


Mario Bava se délectant à jongler entre hallucinations et réalité sinueuse pour mieux nous égarer dans son esprit torturé. Une séquence à suspense hitchcockien est d'ailleurs payante de par l'intensité de sa situation alarmiste lorsque quelques gouttes de sang tombées du haut d'un escalier vont atterrir à quelques mètres des policiers venus interroger le tueur. Formellement raffiné (comme de coutume) auprès de son ambiance gothique où les images sensuelles de robes nuptiales et gerbes de fleurs se confondent avec l'architecture baroque d'une demeure gothique, Une Hache pour la Lune de miel est notamment renforcé du jeu inquiétant de Stephen Forsyth. L'acteur se fondant dans la peau du tueur avec ambivalence, de par sa paranoïa incontrôlée et son désir de séduire les couturières candides afin de raviver une réminiscence obscure. Pourvu d'un regard azur et d'une apparence longiligne, Stephen Forsyth magnétise l'écran dans sa fonction victimisée de psychopathe éperdu d'amour impossible. Secondé de la troublante Laura Betti incarnant l'épouse infortunée, elle lui partage la vedette dans une essence de provocation et d'intimidation, notamment lorsqu'elle décide de vampiriser la psyché de son compagnon après son incinération. L'oeuvre maudite relançant l'intrigue car basculant en seconde partie vers le Fantastique pur lorsque John est victime des persécutions de sa défunte épouse revenue d'entre les morts pour ne jamais le quitter comme elle lui avait tant promis. 


La Mariée Sanglante
Soutenu d'une partition capiteuse de Sante Maria Romitelli (notamment cette valse lascive chorégraphiée autour de mannequins de robes nuptiales) et orné d'un esthétisme baroque inscrit dans la sensualité, Une Hache pour la lune de miel mérite à être réhabiliter, ne serait-ce que pour son ambiance trouble prégnante semant toujours plus la confusion quant à la réalité des faits exposés avec ambivalence (notamment cette cause surnaturelle à mi-parcours déconcertant au possible le spectateur), pour la beauté ténue de ses actrices italiennes et le portrait empathique admis à un schizophrène rongé par la culpabilité de sa fidélité indéfectible. Une oeuvre atypique en somme, précurseur de bon nombre de psycho-killers notoires qui envahiront les écrans lors des années 80 (Maniac, Henry, Schizophrenia), un récit cauchemardesque davantage éprouvant lorsque s'y matérialise un ectoplasme revanchard impossible à éradiquer. 

*Eric Binford
26.11.21.  
28.22.23. vostfr. 5èx


5

mardi 27 janvier 2015

ORANGE MECANIQUE (A Clockwork Orange)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com

de Stanley Kubrick. 1971. Angleterre. 2h17. Avec Malcolm McDowell, Patrick Magee, Michael Bates, Warren Clarke, John Clive, Adrienne Corri.

Sortie salles France: 21 Avril 1972. Angleterre: 13 Janvier 1971. U.S: 2 Février 1972

FILMOGRAPHIE: Stanley Kubrick est un réalisateur américain, né le 26 Juillet 1928 à New-York, décédé le 7 Mars 1999 à Londres.
1953: Fear and Desire. 1955: Le Baiser du Tueur. 1956: l'Ultime Razzia. 1957: Les Sentiers de la Gloire. 1960: Spartacus. 1962: Lolita. 1964: Dr Folamour. 1968: 2001, l'Odyssée de l'Espace. 1971: Orange Mécanique. 1975: Barry Lindon. 1980: Shining. 1987: Full Metal Jacket. 1999: Eyes Wide Shut.


Farce caustique terriblement controversée lors de sa sortie pour sa réflexion virulente impartie à la violence, Orange Mécanique n'en finit pas de perdurer son pouvoir de fascination plus de 40 ans après sa sortie. Provocant, décalé, sarcastique, burlesque, ultra-violent, dérangeant, érotique, baroque, débridé, psychédélique, cauchemardesque et j'en passe, ce pamphlet contre l'asservissement illustre avec une verve d'insolence (réparties ciselées à l'appui !) un délire d'anticipation aussi singulier qu'incisif . Alex est un jeune délinquant passionné par la musique classique de Beethoven et l'ultra-violence. Avec ses acolytes, il commet la nuit diverses agressions auprès de paisibles quidams, quand bien même la police finit par l'alpaguer au moment d'un sauvage homicide chez un couple nanti. Condamné à 14 ans de réclusion pour meurtre, il se voit néanmoins proposer par le ministre de l'intérieur un traitement révolutionnaire afin de le guérir de son Mal ! C'est à dire le rendre aussi docile qu'un agneau par le contrôle de sa conscience !


D'une audace polissonne dans son esthétisme sexuel, sa partition dissonante oscillant avec l'élégance classique de Beethoven, sa violence stylisée semi-parodique et la posture excentrique de délinquants forcenés, Orange Mécanique ironise à tout va pour souligner l'instinct violent inné en chacun de nous. Que ce soit en terme d'indignation, de rébellion, de vengeance, de légitime défense ou de sévices gratuits intentés à son prochain, la violence fait partie intégrante de la nature humaine, notamment pour extérioriser notre exaspération face au sentiment d'injustice, d'inégalité et d'intolérance. Chaque être humain ayant le choix moral d'exercer le Bien ou le Mal au nom de sa libre indépendance dans une société démocrate bâtie sur le principe d'égalité. Par le biais d'un traitement révolutionnaire apte à expurger toute idéologie destructrice chez un meurtrier, Stanley Kubrick entend dénoncer les travers perfides d'une société totalitaire délibérée à lobotomiser l'individu pour mieux l'asservir à des fins politiques. Alex devenant après 15 jours d'expérimentions un pantin dénué de toute agressivité, que ce soit de son libre-arbitre, d'humiliations et de menaces auprès d'un agresseur ou par l'influence sexuelle d'une plantureuse aguicheuse. De manière satirique et pour mieux proclamer le caractère grotesque de ces expérimentations inhumaines, Kubrick réduit donc la nature d'Alex à l'objet d'obédience avant que ses pulsions perverses ne le rappellent à sa raison. D'ancien meurtrier sans vergogne féru de sexe et de violence, il se retrouve aujourd'hui reconverti en victime stérile. Notamment par le rejet de ses parents chagrinés de honte, par la brimade implacable de ses anciens camarades (affectés dans la corruption sous la bannière policière !) et la vengeance retorse du mari de sa dernière victime. Enfin, triste ironie quand à l'issue de sa convalescence lorsqu'une partition de Beethoven va le rappeler à l'ordre de ses bas instincts de jouissance ! (ou quand l'art ne peut remédier à sa rédemption !).


Dominé par l'interprétation hallucinée de Malcolm McDowell (son rôle le plus magnétique et exubérant de toute sa carrière !) et rehaussé de la mise en scène stylisée du maître Kubrick n'hésitant pas à cristalliser une ambiance baroque néo-futuriste, Orance Mécanique s'édifie en film monstre. Un chef-d'oeuvre de décadence où pointe le désespoir d'une jeunesse livrée à elle-même, faute de démission parentale, de crise du chômage et d'une société conservatrice toujours plus restrictive dans sa censure opiniâtre, quand bien même la violence restera le catalyseur du malaise existentiel. Indémodable !

Dédicace à Chris Steadyblog
Bruno Matéï
4èx

lundi 26 janvier 2015

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (The Theory of Everything)

                                                                                         Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

de James Marsh. 2014. Angleterre. 2h03. Avec Eddie Redmayne, Felicity Jones, Maxine Peake, Charlie Cox, Harry Lloyd, Emily Watson, Guy Oliver-Watts.

Sortie salles France: 21 Janvier 2015. Angleterre: 1er Janvier 2015

FILMOGRAPHIE: James Marsh est un réalisateur anglais, né le 30 Avril 1963 à Truro.
1999: Wisconsin Death Trip. 2005: The King. 2009: The Red Riding Trilogy: 1980. 2012: Shadow Dancer. 2014: Une Merveilleuse histoire du Temps.


Avez vous une philosophie de la vie qui vous aide ?
Nous ne sommes qu'une race avancée de primates, sur une petite planète en orbite autour d'une étoile moyenne, dans la banlieue extérieure d'une galaxie, parmi d'autres centaines de milliards. Mais, depuis l'aube de la civilisation, l'homme a recherché à connaître l'ordre sous-jacent du monde. Les conditions aux limites de l'univers ont quelque chose de spécial. Quoi de plus spécial que l'absence de limites ? Il ne faut pas de limites à l'activité humaine. Nous sommes tous différents. Aussi mauvaise que peut sembler notre vie, il y a toujours quelque chose que l'on peut faire, réussir. Là ou il y a de la vie, il y a de l'espoir. Stephen Hawking

Biographie du physicien théoricien Stephen Hawking, Une Merveilleuse histoire du temps (titre français beaucoup trop sirupeux que son modèle !) relate le destin singulier de ce professeur dans ses recherches scrupuleuses axées sur l'origine de la vie et la création de l'univers. L'action se déroule en Angleterre au début des années 60. Alors qu'il poursuit ses études de Cosmologie à l'université de Cambridge, Stephen Hawking tombe amoureux de Jane Wilde, une jeune fille passionnée des arts. Mais à la suite d'une chute accidentelle, son destin bascule lorsqu'il apprend qu'il est atteint de la maladie de Charcot. Une dystrophie neuromusculaire le condamnant à rester cloîtrer sur une chaise roulante. Paralysé des muscles mais n'ayant aucune séquelles pour ses fonctions cognitives, il entreprend néanmoins de fonder une famille avec son amie tout en poursuivant ses ambitieuses études afin de remporter un doctorat et d'écrire un livre sur la notion du temps. 


Quel superbe mélodrame que nous convie là le réalisateur James Marsh, Une Merveilleuse histoire du temps relatant autant la condition de vie précaire (il ne lui reste que 2 ans à vivre selon le corps médical) d'un paraplégique érudit que sa romance partagée avec une charmante étudiante. En évitant l'écueil du pathos et du sentimentalisme, la réalisateur réussit à nous bouleverser dans une mesure d'empathie que le duo Eddie Redmayne/Felicity Jones transcende avec complicité pugnace et amoureuse. L'acteur réussissant à se fondre dans la peau d'un infirme sans complaisance de cabotinage, un piège qui aurait pu facilement lui être fatal pour surjouer ce rôle physique d'estropié ! Toujours plus inapte à se défendre contre la maladie dégénérative de son corps (notamment sa soudaine perte d'élocution après un coma artificiel), il réussit souvent à suggérer une intense émotion par la persuasion de son regard empli d'humanité et de volonté. Avec beaucoup de dignité, de compassion et d'amour, sa partenaire se réserve l'aplomb d'une épouse de soutien dans un jeu flegmatique et en dépit de son physique radieux. A eux deux, ils forment un tandem proprement bouleversant dans leur épreuve de force et leur soutien communs à combattre la maladie dans le cadre de leur quotidienneté. Pourvu d'un esthétisme raffiné (reconstitution classieuse) et parfois stylisé (jeux de couleurs et décors baroques), c'est une leçon de philosophie (Là ou il y a de la vie, il y a de l'espoir !) et de courage, un hymne à la vie que nous illustre sans fioriture James Marsh, son oeuvre nous emportant dans un tourbillon d'émotions où les maîtres mots s'avèrent l'optimisme, la force des sentiments et de l'espoir.


Avec simplicité et en comptant beaucoup sur l'humble complicité des deux comédiens, Une Merveilleuse histoire du temps distille une émotion aussi bouleversante que déchirante pour le destin exemplaire de Stephen Hawking, recréé avant tout dans l'intimité du rapport conjugal. Un homme partagé entre l'amour de son épouse et l'amitié d'une aide-soignante, un physicien habité par l'ambition et la réussite de ses projets, un philosophe athée et finalement agnostique lorsque le temps a décidé de lui accorder la part du doute et de l'espoir. 

Bruno Matéï 

Récompenses:
Festival du film de Hollywood 2014 : Hollywood Breakout Performance Award pour Eddie Redmayne
Festival du film Nuits noires de Tallinn 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
New York Film Critics Online Awards 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
Women Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur acteur pour Eddie Redmayne
Golden Globes 2015 :
Meilleur acteur dans un film dramatique pour Eddie Redmayne
Meilleure musique de film pour Jóhann Jóhannsson

vendredi 23 janvier 2015

LES YEUX DU MAL (The Godsend)

                                                                        Photo empruntée sur Google, appartenant au site fredanderson.typepad.com

de Gabrielle Beaumont. 1980. U.S.A. 1h27. Avec Malcolm Stoddard, Cyd Hayman, Angela Pleasance, Patrick Barr, Wilhelmina Green.

Sortie salle France: 16 Mars 1983. U.S: 11 Juin 1980

FILMOGRAPHIE: Gabrielle Beaumont est une réalisatrice, productrice, scénariste et actrice anglaise, née le 4 Juillet 1942 à Londres (Royaume-Uni).
1980: Les yeux du Mal. 1981: Meurtre d'une créature de rêve (télé-film). 1983: Secrets of a Mother and Daughter (télé-film). 1984: Gone are the Dayes (télé-film). 1987: He's my Girl. 1993: Fatal Inheritance. 1993: Riders (télé-film). 1996: Dar l'Invincible 3 (télé-film). 1998: Diana, princesse du peuple (télé-film).


Exploité sous l'étendard étoilé d'Hollywood Video, Les Yeux du Mal aura fait fantasmer tous les fantasticophiles des vidéos-clubs avec sa jaquette flamboyante héritée de la Malédiction et de l'Exorciste ! On imagine alors au vu de cette affiche crépusculaire une série B plaisante dans la lignée d'Une si gentille petite fille, des Tueurs de l'éclipse ou du rigolard De si gentils petits monstres ! Des petits plaisirs coupables redoutablement ludiques pour qui sait apprécier les bisseries décomplexées au délire assumé ! Primé au Festival Fantastique de Paris dixit la jaquette française ! Mais au vu du résultat affligeant de maladresse, on imagine sans peine l'effronterie de son argument commercial bâti sur le simulacre. Car oui, Les Yeux du Mal s'avère un mauvais film dans tous les sens du terme, et hormis le charisme inquiétant (mais inexpressif !) de la petite Wilhelmina Green (son regard noir et rigide met parfois mal à l'aise !), il n'y a quasiment rien à sauver de ce succédané de "l'enfant diabolique".


La faute incombant à un scénario trivial d'une rare vacuité et bourré d'incohérences (d'où vient cette femme enceinte ? Que souhaite t'elle précisément ? Pour quelle raison elle laisse son bébé à cette famille lambda ? Quelle est la véritable ambition de Bonnie ? Qu'en est-il de cet épilogue irrésolu ?), à un jeu d'acteurs effroyablement mal dirigés, à des dialogues aussi grotesques qu'ineptes, et à une réalisation infructueuse. Pour résumer, une paisible famille se voit contrainte d'élever un bébé abandonné depuis la disparition soudaine d'une étrange iconnue qu'ils venaient d'héberger par charité ! Depuis, des incidents meurtriers vont ébranler chaque enfant de la cellule parentale ! Si le score musical ombrageux s'efforce à distiller une ambiance oppressante dans le cadre champêtre d'une demeure isolée et pour l'influence malsaine de la fillette maléfique, et que son final rocambolesque réussit parfois à nous arracher quelques sourires, de par la cocasserie (involontaire) des parents en alerte; la lenteur du récit, les situations récursives d'incidents meurtriers (établis hors-champs !), et la perplexité des protagonistes en discorde finissent rapidement par nous démotiver. En dépit de ses multiples maladresses, une séquence réussit peut-être à tirer son épingle du jeu lorsque l'un des bambins se retrouve défenestré par l'autorité diabolique de la gamine. Une séquence spectaculaire assez réaliste dans la violence tolérée à sa chute abrupte, quand bien même la victime sans défense est impartie à l'innocence !


Pour les amateurs de curiosité oubliée des années 80, Les Yeux du Mal peut peut-être intéresser les collectionneurs incorrigibles de films d'horreur au rabais (moi même, je le conserve en guise mémorative !). Pour les autres, il restera sans doute un navet que je me démotive à vous conseiller, même si avec indulgence, le dénouement chaotique de l'intrigue peut prêter à sourire et le charisme inflexible de la gamine peut parfois créer une certaine illusion ! On garde en tous cas en mémoire la chimère d'une splendide jaquette, le fantasme d'un B movie d'apparence prometteuse mais reflétant au final une arnaque mercantile issue de la célèbre firme Cannon

Bruno Matéï

jeudi 22 janvier 2015

INTERSTELLAR

                                                                              Photo empruntée sur Google, appartenant au site flicksandbits.com

de Christopher Nolan. 2014. U.S.A/Angleterre. 2h49. Avec Matthew McConaughey, Anne Hataway, Jessica Chastain, Mackenzie Foy, Ellen Burstyn, Michael Caine, Casey Affleck, Timothée Chalamet, John Lithgow, Wes Bentley, David Gyasi, Matt Damon.

Sortie salles France: 5 Novembre 2014. U.S: 7 Novembre 2014

FILMOGRAPHIE: Christopher Nolan est un réalisateur, scénariste et producteur anglais, né le 30 Juillet 1970 à Londres en Angleterre.
1998: Following. 2000: Memento. 2002: Insomnia. 2005: Batman Begins. 2006: Le Prestige. 2008:The Dark Knight. 2010: Inception. 2012: The Dark Knight Rises. 2014: Interstellar.


Etablir un point de vue objectif à la sortie de la projo d'Interstellar est pour moi une gageure irréalisable au premier visionnage. De par la complexité d'un scénario trop confus comme de ses nombreux termes scientifiques paraphrasées, l'odyssée de Nolan ne m'a pas empêché de m'étourdir face à ce trip interstellaire plus vrai que nature ! Pour faire bref, l'intrigue retrace l'expédition cosmique d'un groupe d'explorateurs partis en mission afin de sauver l'humanité en pénurie alimentaire et d'oxygène. C'est à dire envisager une évacuation de la terre en confectionnant des vaisseaux spatiaux adéquats pour transporter la population, ou en cas d'échec, préparer une colonisation à partir du développement d'embryons humains. Contraints de s'exiler dans l'espace pour une durée indéterminée, Joseph Cooper doit quitter précipitamment son fils et sa fille inconsolable afin de tenter de trouver une alternative de secours, et sans savoir s'il reverra un jour ses enfants. 


Space-opera extrêmement ambitieux mais aussi abstrait et imbitable qu'un 2001, Interstellar nous fait vivre une expérience cinégénique hors des sentiers battus ! Christopher Nolan manipulant et maîtrisant nos sens émotionnels avec une virtuosité aussi vertigineuse que l'intensité musicale de Hans Zimmer ! Le tour de force technique imparti aux images sidérales d'une planète océan, d'un trou de ver et d'un trou noir nous transcendant également un dépaysement aussi crédible que celui de Gravity d'Alfonso Cuaron. Mais ce qui m'a principalement interpellé durant cette dérive spatio-temporelle où plane l'existence extra-terrestre, c'est sa dimension humaine impartie entre un père et sa fille. Leur brutale séparation étalée sur un nombre infinie d'années, leur tentative de communication à partir de messages audiovisuels envoyés depuis la Terre, et enfin leurs différences d'âge imparties à l'éventuelle retrouvaille laissent en mémoire des séquences intimistes bouleversantes dans leur relation précaire non avare d'aspiration ! Les thèmes de la famille, de l'amour, de la foi, de l'espoir, de l'optimisme étant illustrés avec une sensibilité écorchée vive ! A l'instar du dénouement renversant vécu à mon sens comme l'un des plus beaux moments de cinéma que j'ai pu vivre de mémoire de cinéphile. Déchirant car d'une intensité dramatique éprouvante, Spoiler ! la séquence érigée autour d'une retrouvaille Fin du Spoiler m'a littéralement crevé le coeur par sa puissance humaniste, sa dignité et son sens de loyauté. C'est donc pour moi avant tout une bouleversante histoire d'amour entre un père et une fille que nous relate Nolan avec un humanisme à fleur de peau, et avant que les rebondissements, subterfuges et cliffhanger ne viennent nous plaquer au siège !


D'une richesse thématique universelle dans sa réflexion spirituelle et métaphysique mais aussi dans sa notion temporelle, sa foi en l'optimisme et à l'intelligence de l'être humain, Interstellar n'a pas besoin d'être studieusement analysé pour apprécier le spectacle vertigineux auquel Nolan nous a préparé. Dans une démesure et, à échelle égale, dans la pudeur ! Véritable ode aux sentiments et au sens de la responsabilité, Interstellar s'adressant de prime abord au coeur d'un vibrant témoignage. Celui du fondement familial, du courage et de l'espoir de concrétiser un avenir autrement optimiste par l'intelligence scientifique. Du cinéma sensitif à coeur ouvert, à l'instar de la prestance écorchée du monstre sacré Matthew McConaughey

Bruno Matéï

                                      

mercredi 21 janvier 2015

WILD

                                                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site commeaucinema.com

de Jean-Marc Vallée. 2014. U.S.A. 2h00. Avec Reese Witherspoon, Gaby Hoffmann, Laura Dern, Michiel Huisman, Charles Baker, W. Earl Brown, Kevin Rankin.

Sortie salles France: 14 Janvier 2015. U.S: 5 Décembre 2014

FILMOGRAPHIE: Jean-Marc Vallée est un réalisateur et scénariste américain, né le 9 Mars 1963 au Québec.
1992: Stéréotypes. 1995: Les Fleurs Magiques. 1995: Liste Noire. 1997: Los Locos. 1998: Les Mots Magiques. 1999: Loser Love. 2005: C.R.A.Z.Y. 2009: Victoria: les jeunes années d'une reine. 2011: Café de Flore. 2013: The Dallas Buyers Club. 2014: Wild. 2015: Demolition.


"Le chemin qui mène à la sagesse est long, tortueux et semé d'obstacles".

Un an après l'oscarisé The Dallas Buyers ClubJean-Marc Vallée entreprend d'adapter l'histoire vraie de Cheryl Strayed à travers son périple de 1500 kms de marche à pied. Afin de tolérer le deuil de sa mère subitement éteinte d'un cancer, puis son divorce avec son compagnon, Cheryl décide d'entreprendre un pèlerinage de longue haleine pour évacuer ses démons, ses blessures et peut-être renouer avec une rédemption existentielle. Si le sujet avait déjà été magnifiquement traité dans Into the WildJean-Marc Vallée n'a aucunement l'intention de le plagier dans sa mise en scène personnelle à contre-courant de l'acuité émotionnelle du chef-d'oeuvre de Sean Penn


Le film se réservant un sentiment contenu dans le cheminement moral de l'héroïne vouée à se dépasser pour accéder à la sérénité. Ce qui compte avant tout ici est donc de retranscrire avec vérité et pudeur les états d'âme de cette excursionniste livrée à sa raison d'être au beau milieu d'une nature contemplative, tout en alternant avec les flash-back concis de son passé déchu. Endossée par Reese Whiterspoon, l'actrice porte littéralement le film sur ses frêles épaules dans un jeu de sobriété axée sur l'introspection torturée d'une solitaire hantée par les remords et le fardeau de la douleur. Celle d'avoir accumulé les incidents de parcours, comme ses relations sexuelles multiples ou son addiction pour l'héroïne, faute de son échec sentimental et de sa colère à réfuter l'injustice du deuil. Durant son épreuve semée de rencontres impromptues avec des pèlerins et quidams parfois interlopes, elle tentera de comprendre les aboutissants de ses échecs récursifs dans une initiation identitaire. C'est donc une leçon de vie que nous retrace sans fioriture le cinéaste, les aléas de notre destinée commune auquel le hasard n'a aucune emprise. A travers cette remise en question du point de vue fragile de la femme (notamment sa paranoïa instinctive de se confronter à l'homme suspicieux !) et en se pardonnant à soi même ses erreurs, Wild met notamment en évidence le côté fructueux de nos incertitudes, de nos souffrances et faiblesses intrinsèques pour mieux concrétiser le bonheur !


Le chemin de la destinée
Avec son parti-pris authentique et son émotion toute en retenue, Jean-Marc Vallée illustre sans effets de style l'aventure humaine d'une femme en berne renouant difficilement avec la quiétude dans son cheminement existentiel. Mais envisageant sa vie comme un voyage insaisissable, sauvage et sacrée, et après avoir purgé sa douleur dans une interminable errance solitaire, elle finira par retrouver le salut en s'acceptant telle qu'elle est.  

Bruno Matéï

mardi 20 janvier 2015

LA NUIT DE LA MORT (Les Griffes de la Mort).

                                                                Photo empruntée sur Google, appartenant au site Vhsdb

de Raphael Delpard. 1980. France. 1h34. Avec isabelle Goguey, Betty Beckers, Charlotte de Turckheim, Georges Lucas, Michel Debrane, Jean-Paul Lilienfeld, Michel Flavius.

FILMOGRAPHIE: Raphael Delpard est un acteur, réalisateur, scénariste, journaliste et écrivain français, né en 1942 à Paris.
1976: Perversions. 1978: Ca va pas la tête. 1979: Le Journal. 1980: La Nuit de la Mort. 1981: Les Bidasses aux grandes manoeuvres. 1982: Le Marionnettiste (télé-film). 1984: Vive le fric ! 1984: Clash. 1998: Les Enfants Cachés (doc). 2009: Les Convois de la Honte.


"C'est un film que l'on a fait avec des bouts de ficelle et des bouts de carton. Il nous a rapporté de l'argent. (...) Il a été vendu aux Etats-Unis, en Allemagne, en Angleterre, en Italie. Tobe Hooper m'a envoyé un télégramme que malheureusement j'ai perdu (nous avions le même diffuseur vidéo) et lorsque je suis allé à Hollywood j'ai été absolument stupéfait de rencontrer des gens qui avaient vu le film et qui me récitaient des répliques entières du film en français, et qui disaient "Ce n'est pas un Français qui a fait ça, il n'y a aucune patte française." C'est très curieux et le film m'a valu une petite renommée. (...) Le film est sorti la même semaine que Shining. C'est ridicule de sortir deux films fantastiques en même temps (...) Le temps a fait que c'est devenu un film culte, au début seuls quelques journalistes et le petit milieu du fantastique ont véritablement apprécié, le public, lui, était indifférent.". Propos du réalisateur recueillis sur le site Nanarland.

Réalisateur touche-à-tout ayant oeuvré à deux reprises dans le domaine du Fantastique, Raphael Delpard est loin d'avoir convaincu les journalistes de l'époque, puisque n'hésitant pas à le discréditer pour ses essais entrepris avec La Nuit de la Mort et Clash. Sorti à la même période que Shining, La Nuit de la mort fut également boudé par le public français, alors qu'aux Etats-Unis il remporte le succès au moment même où Tobe Hooper délégua au cinéaste une lettre d'approbation ! Commercialisé ensuite en location Vhs dans les rayons de nos Vidéos-Club, les amateurs de gore attisés par sa jaquette explicite (on y voyait la tête en lambeaux d'une femme ensanglantée suspendue à un croc de boucher !) s'empressèrent de le louer avant une certaine côte d'appréciation. Film d'horreur franchouillard surfant sur la vague gore des bisseries transalpines, La Nuit de la mort aborde le thème du cannibalisme dans le cadre inquiétant d'une maison de retraite. Alors qu'une nouvelle gouvernante, Martine, vient d'être recrutée par la directrice, les pensionnaires avides de chair et sang frais sont sur le point de sacrifier leur domestique actuelle afin d'accéder à la pérennité ! Inquiète de sa disparition soudaine, Martine commence à suspecter le comportement interlope des vieillards ! 



Série B d'exploitation conçue avec une réelle sincérité de divertir en toute simplicité, La Nuit de la Mort fait presque figure d'ovni dans le paysage français par son esprit foutraque et débridé à illustrer l'orgie dégueulbif de pensionnaires incapables d'accepter le fardeau de la vieillesse. Tour à tour blagueurs, cyniques, mesquins et un brin polissons, ces cannibales du 3è âge s'avèrent l'attraction principale de ce délire macabre n'hésitant pas en 1er acte de surenchérir dans l'horreur vomitive ! Je parle bien évidemment du fameux banquet sanglant auquel nos vieillards sont invités pour dévorer goulûment la tripaille d'une Charlotte de Turckeim éventrée ! Epaulé de maquillages de latex minimalistes, l'effet choc désiré fait son petit effet de répulsion, notamment par la texture d'un sang onctueux et d'organes crus fraîchement arrachés de leurs entrailles ! Passé cette séquence choc, La Nuit de la mort laisse place ensuite au suspense lattent (entre une séance inopinée de flagellation SM !) lorsque la gouvernante Martine tente de déjouer les prochaines pitreries de nos cannibales en jouant l'investigatrice nocturne. Sans jamais céder à l'ennui, cette seconde partie réussit à éveiller l'intérêt dans les chassés-croisés impartis entre les vieillards et notre héroïne toujours plus fouineuse à élucider la vérité. La compagnie attachante des seconds-rôles sclérosés, la posture maladroite de Michel Flavius (en boiteux déficient !) et surtout la vertu sensuelle d'Isabelle Goguey accentuant l'aspect délirant de cette confrérie orgueilleuse en dépit de maladresses et d'incohérences narratives. Enfin, le final bordélique renoue avec l'esprit gore du 1er acte dans une succession de péripéties haletantes autour de la survie de l'héroïne, sans compter deux rebondissements assez bienvenus dans leur facture horriblement mesquine !


Epaulé d'un score dissonant, de décors parfois sinistres ou inquiétants (la chaufferie, la salle insalubre du banquet ou encore les longs couloirs étroits auquel une assemblée de vieillards abordent une marche funèbre), et d'une ambiance malsaine palpable, La Nuit de la mort s'avère l'une des rares réussites franchouillardes dans le domaine peu exploité du gore bisseux. Si l'aspect mineur de la réalisation et le jeu amateur de certains seconds-rôles le rattachent au nanar Z, il n'en demeure pas moins aussi attachant que divertissant, à l'instar de l'apparition impertinente d'une Charlotte de Turckheim mise à nu ! 

Bruno Matéï
2èx

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lundi 19 janvier 2015

LES RATS DE MANHATTAN (Les Mutants de la 2è Humanité / Rats - Notte di terrore)

                                                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site wrongsideoftheart.com

de Bruno Mattei. 1984. Italie. 1h37. Avec Richard Raymond, Janna Ryan, Alex McBride, Richard Cross.

FILMOGRAPHIE: Bruno Mattei est un réalisateur, monteur et scénariste italien, né le 30 Juillet 1931 à Rome, décédé d'une tumeur au cerveau le 21 Mai 2007 à Rome (Italie).
1980: Virus Cannibale. 1980: L'Autre Enfer. 1982: Caligula et Messaline. 1981: Holocausto Porno. 1982: Les Aventures sexuelles de Néron et de Poppée. 1982: Pénitencier de Femmes. 1983: Révolte au pénitencier de filles. 1984: Les Rats de Manhattan. 1986: Bianco Apache. 1987: Scalps. 1988: Robotwar. 1988: Zombie 3. 1995: Cruel Jaws. 2003: Horror Cannibal 1 et 2. 2007: L'île des Morts-vivants. 2008: Zombie: la création.


Fleuron du Z transalpin moins réputé que son compère Virus Cannibale, les Rats de Manhattan s'avère pourtant beaucoup mieux rythmé et plus drôle dans sa succession de péripéties fantaisistes auquel un groupe de survivants tentent de déjouer la menace de rats meurtriers au sein d'une bicoque abandonnée. Ce pitch d'une simplicité désarmante, cumulant les situations grotesques d'attaques animales, est transcendé par la prestance cabotine de comédiens au comportement particulièrement extravagant dans leurs enjeux de survie et les effets de panique qui s'ensuivent. Que ce soit dans leur performance outrée d'insuffler la terreur face à la menace animale, dans leur cohésion combative mais aussi couarde (un traître est infiltré parmi eux !), dans leur esprit potache de camaraderie ("chui dev'nue toute blanche, euh !") et dans leur patronyme risible ("Chocolat", "Video" et "Lucifer" se disputent le pseudo le plus ringard !), tous les protagonistes semblent évacués d'une bande dessinée vitriolée.


Confiné dans le huis-clos d'une demeure délabrée et souvent filmé dans la pénombre, Bruno Mattei pallie sa carence budgétaire et sa scénographie restreinte par la vigueur d'une réalisation fertile en péripéties, à l'instar des nombreuses agressions sanglantes. D'ailleurs, on remarque bien la marque de fabrique de nos chers italiens à insister sur l'imagerie gore des plaies purulentes ou déchiquetées, entaillées sur les victimes, alors que d'autres effets spéciaux prêtent à sourire dans leur aspect bricolée ! (la tête d'un rat s'évacuant de la bouche d'une victime !). Pas le temps de surveiller le cadran de notre montre donc tant l'aventure affolante laisse toujours place à des rebondissements horrifiques aussi grotesques qu'impayables ! Qui plus est, la mine sympathique des protagonistes militant pour l'esprit de fraternité donne lieu à des moments empathiques hilarants dans leur fonction désoeuvrée ! Émanant d'un pitch d'anticipation surfant sur la vague post-apo de Mad-Max, Les Rats de Manhattan rejoint rapidement le survival horrifique parmi cette offensive de rats exterminant un à un la communauté des laissés-pour-compte. Le problème, c'est que le résultat à l'écran fait risible figure dans la capacité du cinéaste à nous faire croire que les rongeurs, régis en nombre, redoublent d'agressivité auprès des victimes pourchassées, alors qu'ils s'avèrent plutôt aussi inoffensifs et dociles qu'une souris ! Souvent violemment largués sur les comédiens afin de simuler leur vélocité meurtrière, les rats provoquent plus la bonhomie dans leur insouciance à se voir contraint d'ébranler leurs adversaires ! Enfin, et pour parachever, on ne manquera pas de souligner l'incroyable audace du cliffhanger à faire pâlir de jalousie Franklin J. Schaffner ! Un moment de suspense saisi par la stupeur d'une révélation aussi improbable qu'hilarante !


Souligné par l'harmonium lugubre de Luigi Ceccarelli, Les Rats de Manhattan ne manque pas de distiller une ambiance horrifique assez prégnante dans le huis-clos d'une bâtisse poussiéreuse. D'une rare vacuité dans le cheminement de survie de nos protagonistes, l'aventure post-apo ne provoque pourtant jamais l'ennui dans sa succession d'incidents rocambolesques où l'homme, sévèrement malmené, semble encore plus erratique que son oppresseur quadrupède. Un nanar fastueux donc comme seuls les italiens ont le secret, sans doute le meilleur film de son auteur (voir même son plus attachant !), si on épargne l'Autre Enfer !

Bruno Matéï
3èx 



vendredi 16 janvier 2015

Freddy 3, les Griffes du Cauchemar (A Nightmare On Elm Street 3: Dream Warriors)

                                                                                  Photo empruntée sur Google, appartenant au site rowsdowr.com

de Chuck Russell. 1987. U.S.A. 1h36. Avec Heather Langenkamp, Craig Wasson, Patricia Arquette, Robert Englund, Ken Sagoes, Rodney Eastman.

Sortie salles France: 17 Juin 1987. U.S: 27 Février 1987

Récompense: Prix de la Critique, Fantasporto, 1988.

FILMOGRAPHIE: Chuck Russel est un réalisateur, producteur, scénariste américain, né le 6 Août 1952 à Highland Park dans l'Illinois (Etats-Unis). 1987: Freddy 3. 1988: Le Blob. 1994: The Mask. 1996: l'Effaceur. 2000: l'Elue. 2002: Le Roi Scorpion. 2014: Arabian Nights.


Troisième volet de la franchise des Freddy, Les Griffes de Cauchemar renoue avec l'originalité du premier opus après une séquelle (bonnard) assez conventionnelle réalisée par Jack Sholder. C'est au débutant Chuck Russel, futur réal du Blob, The Mask et de l'Effaceur, qu'incombe la tâche de prendre la relève, et on peut dire qu'avec une intrigue haletante et le brio d'effets spéciaux réussis, Freddy 3 réussit à divertir avec modeste efficacité. Qui plus est, outre l'aspect cosmétique de la psychologie des jeunes héros, le réalisateur compte tout de même à les humaniser dans leur autonomie fragile à redouter les attaques de Freddy et dans leur pugnacité à relever ensuite le défi pour le combattre communément au sein de leur rêve. On reconnaîtra d'ailleurs l'attachante Patricia Arquette pour sa seconde apparition juvénile à l'écran, et en terme de figuration, la futur star Laurence Fishburne dans celui d'un aide-soignant prévenant. 


Le pitch: Dans un institut psychiatrique, de jeunes patients deviennent les nouveaux souffre-douleur du Boogeyman aux griffes d'acier. Rescapée du premier opus, Nancy Thompson va y apporter son soutien pour les aider à le combattre en communauté. Avec l'aide d'un thérapeute ayant pour mission de retrouver le cadavre de Freddy afin de l'enterrer sous une terre bénite, les étudiants vont de leur côté tenter de l'annihiler en interne de leurs cauchemars. Dès lors, une lutte sans merci s'engage entre nos héros et le tueur, sachant que certains d'entre eux ont la faculté d'extérioriser des pouvoirs surnaturels par le biais du songe ! Une intrigue efficace donc, menée sans temps morts de par son jeu de duperie entre rêves et réalité, son lot de meurtres aussi spectaculaires que redoutablement inventifs, son humour sardonique et enfin son action échevelée conçue à travers la chimère du rêve ! Ce qui donne également lieu à une scénographie onirico-macabre de par la variété des décors baroques et crépusculaires ! Et pour consolider la psychologie torturée du personnage de Freddy, nous en apprenons un peu plus sur ses origines par le biais d'une apparition maternelle divulguant précisément dans quelles conditions sordides son fils bâtard fut enfanté, et donc pour quelle raison il voue une aversion viscérale pour les enfants ! 


Pur divertissement prioritairement bâti sur l'aspect festif d'effets spéciaux aussi remarquables qu'impressionnants, Freddy 3 évite honorablement la surenchère grâce à l'alibi d'un scénario bien construit où les héros persévèrent en bravoure de par leur loyauté solidaire, et ce en dépit du sacrifice de certains d'entre eux (on est d'ailleurs surpris de la tournure dramatique impartie à un personnage essentiel !). Dénué de prétention, Chuck Russel assure donc le quota d'une série B horrifique cartoonesque avec une volonté sincère de livrer un spectacle flamboyant. 

*Bruno
23.10.20. 5èx


jeudi 15 janvier 2015

WHIPLASH

                                                                                     Photo empruntée sur Google, appartenant au site imgkid.com

de Damien Chazelle. 2014. U.S.A. 1h46. Avec Miles Teller, J. K. Simmons, Paul Reiser, Melissa Benoist, Austin Stowell, Jayson Blair.

Sortie salles France: 24 Décembre 2014. U.S: 10 Octobre 2014

FILMOGRAPHIE: Damien Chazelle est un réalisateur et scénariste américain, né le 19 Janvier 1985 à Providence (Rhode Island).
2009: Guy and Madeline on a Park Bench. 2013: Whiplash (court-métrage). 2014: Whiplash. 2015: La La Land.


Célébration au jazz et à tous ces néophytes mélomanes rêvant de consécration, Whiplash est une épreuve de force d'une intensité à couper au rasoir ! Pour ces plages musicales les plus incisives afin de parfaire la réussite, celle ordonnée par un chef d'orchestre féru d'élitisme, et pour cette relation masochiste entamée entre ce dernier et un batteur en ascension. Le cinéaste filmant ses compositions musicales à l'instar d'un match de foot ou d'un combat de boxe auquel tous les participants studieux s'affrontent pour déployer le meilleur d'eux mêmes. Rehaussé d'un montage rapide étourdissant de maîtrise géométrique, Whiplash est un véritable uppercut émotionnel pour l'affrontement au sommet imparti entre un jeune musicien avide de notoriété et un professeur tyrannique n'hésitant pas à humilier chacun de ses candidats.


Oubliez donc la simplicité de son intrigue, et pour les réfractaires au Jazz, soyez même rassurés, le film dégageant une telle acuité dans son suspense implacable (Andrew Neiman va t'il accéder au rêve avant que son professeur ne le détruit moralement ?), une telle énergie viscérale dans ce duo au sommet, et une telle immersion musicale dans les sonorités éclectiques des instruments de Jazz, que le plus amateur d'entre nous se surprend à tendre l'oreille la plus prévenante afin d'ausculter le morceau d'anthologie régi de main de fer ! A travers les rapports à couteaux tirés d'un élève et de son maître, et les méthodes despotiques employées par celui-ci, Whiplash nous questionne sur l'abus de pouvoir et la notion d'élitisme (favoriser les élèves les plus talentueux au détriment des plus faillibles, quitte à briser la vie des plus fragiles !), sur la limite séparant la passion de l'obsession, sur le désir du dépassement de soi et la détermination d'accéder à la réussite au risque de se décourager, faute d'un professeur orgueilleux avili par sa dictature. Quelle est à la limite à ne pas franchir lorsque l'esprit est habité par la gagne, quel est le seuil de tolérance à appliquer afin de se prémunir contre l'éventuel échec ? Faut-il également s'infliger le dilemme du choix cornélien lorsque les sentiments amoureux peuvent ternir la concentration et la constance de l'épreuve professionnelle ?


Full Metal Jacket, ou La Rage de Vaincre
Spectacle musical étourdissant de rythme, de rigueur et d'émotions dans son panel de sueurs, de larmes et de sang, Whiplash fait figure d'ovni pour son registre alloué à l'intimité écolière du Jazz. Outre la virtuosité de sa mise en scène scrupuleuse, on est estomaqué par le brio viscéral des acteurs transis de frénésie passionnelle (le novice Miles Teller et le briscard J. K. Simmons se disputant le pouvoir avec un masochisme démesuré !). La tension infernale de leur relation houleuse culminant vers un point d'orgue de rude épreuve ! Un film inoubliable, un moment de cinéma singulier où les sens sensitifs du spectateur sont totalement asservis par l'alchimie du cinéaste ! A couper le souffle !

Bruno Matéï 

Récompenses:
Festival international du film de Calgary 2014 : People's Choice Award
Festival du cinéma américain de Deauville 2014 : sélection en compétition
Grand prix du jury
Prix du public
Festival du grain à démoudre 2014 : prix du public
Festival du film de Mill Valley 2014 : prix du public
Festival du film de Sundance 2014 : sélection « U.S. Dramatic Competition »
Grand prix du jury
Prix du public
Festival international du film de Valladolid 2014 :
Golden Spike du meilleur film
Pilar Miró Award pour Damien Chazelle
American Film Institute Awards 2014 : top 10 des meilleurs films de l'année
Boston Society of Film Critics Awards 2014 :
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Meilleure utilisation de musique dans un film
Chicago Film Critics Association Awards 2014 :
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Réalisateur le plus prometteur pour Damien Chazelle
Meilleur montage pour Tom Cross
Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
New York Film Critics Circle Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
New York Film Critics Online Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Toronto Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Washington D.C. Area Film Critics Association Awards 2014 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
National Society of Film Critics Awards 2015 : meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons (1re place)
Vancouver Film Critics Circle Awards 2015 :
Meilleur film
Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons
Golden Globes 2015 : Meilleur acteur dans un second rôle pour J. K. Simmons