de Jaume Balaguero. 2002. Espagne/U.S.A. 1h42. Avec Anna Paquin, Lena Olin, Iain Glen, Giancarlo Giannini, Fele Martinez.
Sortie salles France: 18 Juin 2003. Espagne: 3 Octobre 2002. U.S: 25 Décembre 2004
FILMOGRAPHIE: Jaume Balaguero est un réalisateur et scénariste espagnol d'origine catalane, né le 2 Novembre 1968 à Lérida. 1999: La Secte sans Nom. 2002: Darkness. 2005: Fragile. 2006: A Louer (moyen métrage). 2007: REC (co-réalisé avec Paco Plaza). 2009: REC 2 (co-réalisé avec Paco Plaza). 2011: Malveillance.
Poème funèbre d'une longue marche des Ténèbres, Darkness est entièrement dédié à la peur irrationnelle du noir, à l'aura de fascination que puisse susciter l'obscurité. Epaulé d'une photo fulgurante et de décors stylisés plutôt baroques, Jaume Balaguero renoue avec l'ambition des grandes histoires de fantômes parmi la force de suggestion. Ainsi, en se réappropriant des codes de la demeure hantée, de la possession et des prophéties antéchristiques héritées de La Malédiction ou de la 7è Prophétie, le cinéaste fait preuve d'originalité et d'audace afin d'agrémenter un dénouement implacable autour du sort des protagonistes. Le Pitch tournant autour d'une famille désunie par le comportement irascible d'un paternel au passé obscur. Alors que d'étranges phénomènes se produisent dans leur nouvelle demeure sans que les parents n'y prêtent attention, leur fille aînée, Régina, s'inquiète rapidement de leur comportement erratique quand bien même son petit frère est recouvert de stigmates au cou. Peu à peu, Régina et son amant vont tenter de déchiffrer l'identité de la demeure en se rapprochant auprès de l'architecte. C'est à cet instant précis que les évènements dramatiques vont se précipiter au fil de révélations toujours plus effrayantes.
Sans esbroufe grand-guignolesque (si on excepte 2/3 apparitions spectrales entrevues au plafond de la bâtisse !), Jaume Balaguero nous concocte ici un puzzle machiavélique autour d'une conjuration de grande ampleur. C'est à dire la consécration des ténèbres sur terre dans son apparence la plus insaisissable et à partir d'un rituel soigneusement planifié. Entièrement dédié à l'obscurité du noir dans sa forme la plus éthérée donc, Darkness distille une ambiance magnétique lorsque qu'une famille américaine devient l'objet d'une liturgie sataniste. Métaphore sur l'influence du Mal et la part d'ombre enfouie en chacun de nous, le film dégage une véritable atmosphère de fascination lorsque les forces du Mal tentent de percer la lumière rédemptrice pour instaurer leur suprématie. Si le film s'avère aussi pénétrant, inquiétant et anxiogène, il le doit également à la caractérisation dépressive de personnages facilement manipulables. A l'exception de la jeune Regina, investigatrice studieuse que l'actrice Anna Paquin endosse avec beaucoup d'humanisme et une incroyable force de caractère au point de voler la vedette à tous ces confrères. C'est aussi la densité d'un scénario habilement charpenté dévoilant peu à peu le venin d'une épouvantable machination où l'enfance maltraitée est portée en sacrifice ! Ce sentiment d'impuissance exercé par nos protagonistes et leur volonté de surpasser la peur du Mal convergeant au point-d'orgue aussi stressant que terrifiant. A l'instar de son épilogue pessimiste jouant sur l'ambiguïté d'une potentielle échappatoire.
Hymne au crépuscule du noir et à ses lourds secrets tapis dans l'ombre de notre fragile enfance, Darkness réussit à instaurer un climat d'inquiétude et de mystère subtilement ensorcelants. De par sa puissance de suggestion asservie par la psychologie torturée des personnages et son ambiance aussi lourde qu'oppressante y émane un diamant noir à la réalisation si maîtrisée que les années risquent de le sacraliser classique d'une horreur démoniale somme toute funeste.
La critique de la 7è Prophétie: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-septieme-prophetie-seven…
La critique de la 7è Prophétie: http://brunomatei.blogspot.fr/…/la-septieme-prophetie-seven…
La critique de la Malédiction: http://brunomatei.blogspot.fr/2013/10/la-malediction.html
*Bruno Matéï
03.01.22. 4èx. VO
*Bruno Matéï
03.01.22. 4èx. VO
Encore une belle exploration de l'horreur paella , avec ce "darkness" (vu au cinéma) qui , malgré son titre , met en lumière un vrai bon réalisateur , que ce balaguero !
RépondreSupprimerIl a apporté au cinéma de genre espagnol ce supplément d'âme , au même titre que de la iglesia et del toro .
Un film sans esbroufe technique , une plongée crépusculaire qui fait ressortir nos peurs primaires , comme celle du noir ...
Moins effrayant que sa "secte sans nom" mais vénéneusement poétique et ensorcelant , et mieux maitrisé ...une belle œuvre ,très peu relayée sur la toile , et sur laquelle tu amène un bel éclairage par le biais de cette nouvelle passionnante chronique ;J'espère qu'elle contribuera a rallier de nouveaux fans que mérite ce réalisateur talentueux , moins reconnu qu'une majorité de réal américains qui pourtant n'arrive pas a sa cheville !!!
Je suis de ton avis Peter pour ta comparaison avec l'excellent La Secte sans nom en terme de frayeurs, Darkness étant plus atmosphérique dans son ambiance sombre et ombrageuse. Je suis aussi surpris que Darkness ne soit pas aussi connu !
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