Photo empruntée sur Google, appartenant au site bronxscine.wordpress.com
de Guillermo Del Toro. 2001. Mexique/Espagne. 1h46. Avec Eduardo Noriega, Marisa Paredes, Federico Luppi, Fernando Tielve, Inigo Garcés.
Sortie salles Espagne: 20 Avril 2001. France: 8 Mai 2002
FILMOGRAPHIE: Guillermo Del Toro est un réalisateur, scénariste, romancier et producteur américain, né le 9 Octobre 1964 à Guadalajara (Jalisco, Mexique).
1993: Cronos. 1997: Mimic. 2001: l'Echine du Diable. 2002: Blade 2. 2004: Hellboy. 2006: Le Labyrinthe de Pan. 2008: Hellboy 2. 2013: Pacific Rim.
"N'oublions pas que nous sommes tous, et avant tout, des êtres déviants et marginaux. On est toujours l'étranger de l'autre." Guillermo Del Toro.
Pour son 3è long-métrage, et bien avant Le Labyrinthe de Pan, Guillermo Del Toro avait déjà abordé le thème douloureux de l'innocence bafouée par la guerre d'Espagne des années 30. Multi récompensé dans divers festivals, L'Echine du Diable emprunte le genre fantastique pour mettre en exergue un drame psychologique d'une rare dureté dans le traitement infligé aux personnages car sévèrement contrariés par une situation sociale en déclin et d'être ensuite molestés par un facho aussi cupide que fourbe. Sur ce point, on peut saluer la prestance insidieuse du bellâtre Eduardo Noriega endossant de manière viscérale un criminel sans vergogne habité par le Mal. Métaphore du fascisme, Del Toro restitue à travers cet antagoniste l'esprit dictateur de la guerre d'Espagne, celle de la période Franquiste, et le châtiment intenté aux enfants orphelins où les fantômes du passé patientent leur revanche. Alors que Carlos vient de perdre son père, il est envoyé par son tuteur dans l'orphelinat de la directrice Carmen et du docteur Casares. Sur place, il doit faire face aux provocations railleuses de certains camarades et de l'attitude castratrice de Jacinto, un trentenaire exploitant la faiblesse des autres par son aimable apparence. Rapidement, Carlos est désorienté par les visions récurrentes d'un fantôme infantile. Durant son intégration, il va tenter de percer le mystère qui entoure la disparition du jeune Santi avant que la direction ne décide de quitter les lieux, faute d'une guerre civile incontrôlable.
Sous couvert d'argument surnaturel, Guillermo Del Toro aborde la barbarie de la guerre Franquiste avec une belle singularité dans le cadre ensoleillé d'un orphelinat réduit au confinement. Baignant dans une poésie macabre stylisée pour les apparitions spirituelles de Santi, le film privilégie le suspense lattent autour du sort tragique autrefois intenté à ce bambin martyr. Et de transcender la caractérisation fragile des autres enfants avec une dimension désespérée car apeurés des exactions immorales de Jacinto. Du point de vue des adultes, Del Toro dessine également le portrait torturé d'un couple de sexagénaires discrédités par l'adultère et l'appât du gain, Spoiler ! Carmen s'autorisant au cours de certaines nuits les avances sexuelles de Jacinto. Rongée par le remord de son infidélité, leur relation va finalement éclater au grand jour lorsque son compagnon Casarès décide de quitter les lieux avec les enfants en daignant emporter un trésor de la cause républicaine. Fin du Spoiler. C'est à partir de ce départ précipité que l'intrigue va décupler son intensité dramatique dans les stratégies meurtrières intentées au couple de fuyards, à une jeune gouvernante et aux orphelins. Récit initiatique où les enfants sont confrontés à la dérive criminelle d'un être démoniaque (et non à celui du fantôme revanchard !), ils sont contraints de s'unifier et rétorquer par la légitime violence pour retrouver leur indépendance. Eprouvant par sa violence réaliste car souvent exercée avec une lâcheté intolérable, l'Echine du Diable met donc en relief le désespoir de survivants de la guerre contraints de vivre avec leurs démons intérieurs et de se rebeller contre l'ennemi, alors qu'un enfant martyr veille à concrétiser sa revanche.
Les fantômes du passé
Grave, difficile, cruel et éprouvant mais plein de sensibilité pour la dimension déchue de ces protagonistes en perdition, l'Echine du Diable exploite l'argument fantastique avec l'intelligence d'une situation historique de triste mémoire (le spectre d'une guerre) tout en portant humble témoignage à la maltraitance infantile. Un chef-d'oeuvre d'onirisme singulier dont il est difficile d'évacuer sa rigueur émotive.
La critique du Labyrinthe de Pan (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2013/08/le-labyrinthe-de-pan-el-laberinto-del.html
2èx
Récompenses:
Festival du film fantastique d'Amsterdam 2002 : Grand Prix d'argent du meilleur film fantastique européen pour Guillermo del Toro
Festival international du film fantastique de Gérardmer 2002 : Prix du jury, Prix de la critique internationale et Prix du jury jeunes de la région Lorraine
MTV Movie Awards Latin America 2002 : meilleur mexicain travaillant à l'étranger pour Guillermo del Toro (également nommé pour Blade 2)
Young Artist Awards 2002 : meilleur jeune acteur dans un film international pour Fernando Tielve
Quelle oeuvre !!! Un film fabuleux qui s'applique à proposer une lecture générationnelle de la guerre civile espagnole ! Quelle claque et encore à l'époque on n' imaginait pas que Del Toro allait nous clouer au fauteuil du ciné cinq plus tard avec son terrible "Labyrinthe de Pan" !
RépondreSupprimerEncore UNE plongée dans le genre hispanique , ou le fil ténu entre fantastique , critique sociale et épouvante devient une marque de fabrique de cette movida .
RépondreSupprimerIl y a incontestablement "un style" espagnol ,que tu relates avec toujours autant de brio , de nature a en faire refaire ce parfum si particulier . Aprés tes chro enthousiastes sur les œuvres De la iglesia , tu démontres avec celle de Del Toro que tu es fan (tout comme moi )de cet univers ,car s'en est un .Merci pour cette critique sur pensionnat , véritable postulat contre le franquisme , une fable émotionnelle a travers des enfants , ce qui rend l'exercice si difficile , et d'autant plus sa réussite .
Très bon papier, au niveau de l’œuvre de référence .
Merci Peter, pas évidente à écrire cette critique, le film étant tellement riche et complexe au niveau de sa symbolique et ses métaphores. J'en ai d'ailleurs oublié la moitié !
RépondreSupprimerLabyrinthe de Pan (le): http://brunomatei.blogspot.fr/2013/08/le-labyrinthe-de-pan-el-laberinto-del.html