jeudi 1 février 2018

DORIAN GRAY

                                                    Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

d'Oliver Parker. 2009. Grande-Bretagne. 1h52. Avec Ben Barnes, Colin Firth, Rebecca Hall, Rachel Hurd-Wood, Emilia Fox, Ben Chaplin.

Sortie France uniquement en BR et DVD: 1er Septembre 2010. Angleterre: 9 Septembre 2009

FILMOGRAPHIEOliver Parker est un réalisateur anglais né le 6 septembre 1960 à Londres. 1995: Othello. 1999 : Un mari idéal. 2002 : L'Importance d'être Constant. 2003 : The Private Life of Samuel Pepys (téléfilm). 2006 : Fade to Black. 2007 : I Really Hate My Job. 2007 : St Trinian's : Pensionnat pour jeunes filles rebelles. 2009 : Le Portrait de Dorian Gray. 2009 : St. Trinian's 2 : The Legend of Fritton's Gold. 2011 : Johnny English, le retour.


"Une vieillesse sans expérience ni réflexion est une enfance prolongée. On traverse l'enfance, la jeunesse, l'âge viril et la vieillesse pour redevenir enfant. La jeunesse est la saison de l'action, la vieillesse celle de la réflexion."

Réactualisation moderne du chef-d'oeuvre d'Albert Lewin, Dorian Gray demeure une splendide surprise honteusement passée par la case Dtv sur notre territoire. Visuellement fulgurant à travers une architecture gothique aussi bien stylisée qu'épurée, et littéralement hanté par la présence du troublant Ben Barnes distillant un charme sensuel subtilement perfide (de par son teint opalin étrangement séducteur et son regard ébène faussement innocent), Dorian Gray envoûte notre sens curieux sous le pivot d'un climat horrifique inhabituellement malsain. Tant et si bien qu'une odeur de souffre ne cesse de nous titiller les narines au fil des agissements lubriques d'un Dom Juam hédoniste subordonné à ses pulsions fantasques. Car influencé par le Lord Henry Wotton à céder à la tentation de la luxure et à celle de la drogue, Dorian plonge peu à peu dans une débauche avilissante depuis un compromis avec le diable. Et ce par la faute de son portrait dessiné par son comparse Basil Hallward si bien que la fresque étrangement expressive vieillira depuis à sa place en échange de beauté éternelle.


Tragédie romanesque d'un réalisme étonnamment méphitique et ponctué d'éclairs de violence parfois crus, Dorian Gray fascine irrémédiablement grâce à la puissance métaphorique de son intrigue viciée. Le réalisateur ambitieux et avisé auprès de sa mise en scène formelle établissant un parallèle entre la corruption de la débauche et l'orgueil de la beauté corporelle auprès d'un jeune bourgeois épris de curiosité et de rencontres distinguées mais incapable de se défaire d'une émancipation transgressive. Au-delà de ces thèmes passionnants tournant autour de l'influence du vice et de son accoutumance, de l'injustice de la vieillesse (et donc de la mort) et de l'apparence (parfois si) trompeuse de la beauté physique avide de jouvence, Dorian Gray nous immerge d'autant mieux dans la psyché du monstre angélique de par son intensité psychologique. Ce dernier, aussi bien infortuné que maudit, prenant enfin conscience en second acte, et au fil de décennies de dépravation et de désillusion, de sa déliquescence morale qu'il tentera vainement d'expier au moment d'une rencontre amoureuse. 


A  la fois étonnamment trouble, séduisant, malsain et fétide, Dorian Gray parvient haut la main à réactualiser le roman d'Oscar Wilde avec un art consommé aussi bien couillu qu'ambitieux.  Renforcé d'une solide distribution et surtout du jeu étrangement vénéneux de Ben Barnes, Dorian Gray y exalte de saisissantes images scabreuses alternant le macabre et l'érotisme sulfureux sous couvert d'une réflexion sur la maturité de la vieillesse (la surprenante séquence des convives sclérosés stupéfiés du retour d'un Dorian rajeuni nous bluffe d'émotion dérangée !). A découvrir absolument si bien qu'il s'agit à mon sens du meilleur épigone du parangon inégalé d'Albert Lewin

* Bruno
01.02.18
11.10.10

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire