samedi 24 février 2018

Hellraiser: le pacte. Prix de la peur, Avoriaz 88.


de Clive Barker. 1987. Angleterre. 1h30. Avec Andrew Robinson, Clare Higgins, Ashley Laurence, Sean Chapman, Oliver Smith, Robert Hines, Anthony Allen, Leon Davis, Michael Cassidy, Frank Baker.

Sortie en salles en France le 24 Février 1988. U.S: 18 Septembre 1987

FILMOGRAPHIEClive Barker est un réalisateur, écrivain, peintre, producteur et scénariste anglais, né le 5 Octobre 1952. 1973: Salome (court). 1978: The Forbidden (court). 1987: Hellraiser. 1990: Cabal. 1995: Le Maître des Illusions.

"Résurrection d’un Amant Décomposé".
Pour son premier long-métrage, tiré de son propre roman The Hellbound Heart, l’écrivain anglais Clive Barker transpose à l’écran un univers SM peuplé d’icônes maléfiques, arrachées aux entrailles d’un enfer où se confondent douleur et plaisir. Justement récompensé à Avoriaz, Hellraiser n’a rien perdu de sa saveur putride, conjuguant avec une audace anti-religieuse sexe et hardgore. Frank, pèlerin fasciné par les plaisirs de la chair, achète un étrange écrin chez un brocanteur. De retour chez lui, en manipulant le cube, il libère des forces démoniaques tout droit issues de l’au-delà. Déchiqueté par les Cénobites — créatures vouées à l’accueillir dans cet ailleurs de supplice —, Frank parvient pourtant à s’en extraire lorsqu’une blessure accidentelle de son frère, emménagé dans l’ancienne demeure, laisse couler quelques gouttes de sang… Le premier pas vers une résurrection interdite. Mais Frank a besoin de sang humain pour se régénérer.

Premier volet d’une saga culte incarnée par le désormais mythique Pinhead, Hellraiser repousse les limites du conformisme dans un alliage savamment orchestré d’horreur morbide et de lascivité malsaine. La perversité de ses thèmes s’affirme dans une posture masochiste, habitée par des hédonistes en quête de luxure et de souffrance. Par l’entremise du cube hermétique, Frank — personnage lubrique et dépendant à ses plaisirs disparates — se retrouve projeté dans l’univers occulte des Cénobites. Répugnantes créatures en combinaisons de latex noir, lacérées de plaies béantes et parsemées de crochets, vis, broches : tout un artisanat du corps scarifié. Pour retrouver son existence terrestre, le mécréant, tapi dans le grenier de la maison familiale, a besoin d’un flux régulier de sang. Il comptera sur la complicité vénéneuse de son ancienne maîtresse, Julia, pour lui ramener d’aimables prétendants, que leurs ardeurs condamneront.

Frank — cadavre décrépi, fugitif de l’enfer — et Julia — muse assassine — forment le couple maudit d’une quête sanglante vers la régénération charnelle. Clive Barker, créateur d’une mythologie inédite, ne lésine pas sur l’imagerie gore, exaltant la transformation d’un corps décharné retrouvant peu à peu sa forme originelle (jusqu’à dupliquer la physionomie du frère). Il filme, avec une retenue cruelle, des visions macabres d’une beauté sensuelle, sublimées par la procession lancinante du thème de Christopher Young. La poésie funèbre de ces séquences nous hypnotise autant qu’elle nous révulse, car elle convoque nos pulsions les plus inavouables. Chez Barker, Hellraiser pulvérise les tabous, blasphème le Christ lui-même et érige le plaisir de la douleur en système cosmique, sous l’égide des Cénobites : figures fétichistes, fascinantes dans leur étrangeté organique.

Dans ce théâtre infernal, Kirsty, la fille de Larry, devra pactiser en ultime recours pour renvoyer l’enfer à ses geôles. On reste aussi frappé par Julia, matrone meurtrière, épouvantablement sournoise, qui revendique sans honte sa libido insatiable pour nourrir la renaissance de son amant spectrale.

 
"Les Épousailles de la Chair et du Fer". 
Mis en scène avec un lyrisme envoûtant, Hellraiser dégage un parfum de soufre et de scandale, porté par un environnement malsain aux vertiges fascinants. L’onirisme noir de ses images gores, la puissance de ses effets spéciaux, l’immoralité de ses personnages, l’atmosphère putride et la pureté désolée de sa musique conduisent cette œuvre vers les cimes du culte. Un sommet d’horreur SM, troublant et inoubliable.

* Bruno
05.01.19. (4èx)

La chronique d'Hellraiser 2: http://brunomatei.blogspot.com/2011/10/hellraiser-2-les-ecorches-hellbound.html

Note: Avant d'opter pour Hellraiser, la production avait songé au titre Sadomasochistes from Beyond the Grave, qu'on pourrait traduire par Les Masochistes d'outre-tombe.
La maison du film se situe au 55 Ludovico Place, qui se trouve être l'adresse de l'institut Ludovico du film Orange Mécanique où Alex avait été envoyé pour devenir non-violent.

RécompensesPrix spécial de la peur à Avoriaz en 1988.
Prix de la Critique à Fantasporto en 1988.

19.10.11.   4
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