jeudi 15 février 2018

VALERIE AU PAYS DES MERVEILLES. Grand Prix Festival de Bergame, 1970.

                                            Photo empruntée sur Google, appartenant au site pinterest.fr

"Valerie a týden divů" de Jaromil Jireš. 1970. Tchécoslovaquie. 1h17. Avec Jaroslava Schallerová, Helena Anýzová, Petr Kopriva, Jirí Prýmek, Jan Klusák, Libuse Komancová.

Sortie salles France: 23 Février 1972. Tchécoslovaquie: 16 Octobre 1970

FILMOGRAPHIE PARTIELLEJaromil Jireš est un réalisateur et scénariste tchécoslovaque né le 10 décembre 1935 à Bratislava, décédé le 26 octobre 2001 à Prague (République tchèque).1958 : Horecka. 1959 : Strejda. 1960 : Stopy. 1960 : Sál ztracených kroku. 1962 : Don Spagát. 1963 : Le Premier Cri (Krik). 1965 : Srub. 1966 : Obcan Karel Havlícek. 1965 : Les Petites Perles au fond de l'eau. 1967 : Hra na krále. 1968 : Don Juan 68. 1969 : Tribunál. 1969 : Dedácek. 1969 : La Plaisanterie (Zert). 1970 : Valérie au pays des merveilles. 1972 : ...a pozdravuji vlastovky. 1973 : Leoš Janáček (TV). 1973 : Kasar. 1974 : Il Divino Boemo. 1977 : Talíre nad Velkým Malíkovem. 1978 : Mladý muz a bílá velryba. 1979 : Causa králík. 1980 : Úteky domu. 1980 : Svet Alfonse muchy. 1984 : Prodlouzený cas. 1984 : Katapult. 1985 : Milos Forman - Das Kuckucksei (TV). 1987 : Sidney Lumet: I Love New York (TV). 1987 : Po zarostlem chodnícku. 1987 : F. Murray Abraham (TV). 1991 : Beschreibung eines Kampfes. 1991 : Labyrinth. 1992 : Rekviem za ty, kteri prezili. 1992 : Hudba a víra (TV). 1992 : Hudba a bolest (TV). 1994 : Helimadoe. 1995 : Ucitel tance. 1999 : Dvojrole.


Diamant culte natif de la Tchécoslovaquie, Valérie au pays des Merveilles transfigure les composants de la féerie et du fantastique macabre par le biais d'une allégorie sur la perte de l'innocence. Dénué de compréhension, faute d'une intrigue hermétique sans fil conducteur (ou alors si peu); Valérie... se vit et se contemple à l'instar d'un rêve éveillé que l'héroïne chrysalide fantasme lors d'un enchaînement de situations érotiques tantôt capiteuses, tantôt scabreuses. Abordant avec audace et provocation (mais sans aucune complaisance) les thèmes du saphisme et les tabous de l'échangisme (vaguement allusif), de l'hébéphilie et de l'inceste (l'héroïne semble perturbée, pour ne pas dire traumatisée par des parents sexuellement abusifs, en prime de son frère épris de sentiments pour elle), Jaromil Jireš privilégie une fulgurance formelle pour nous envoûter la vue et l'ouïe au rythme des mélodies classiques (oh combien entêtantes !) de Luboš Fišer. Chaque plan résolument pictural oscillant la sensualité candide et le symbolisme mortifère si bien que Lubos Fiser ne laisse rien au hasard auprès de l'architecture des décors domestiques ou de sa nature épure semblable au jardin d'Eden. A ce titre, Valérie au pays des merveilles demeure l'une des oeuvres les plus génialement décorées de l'histoire du cinéma doublée d'une expérience (assez) sensorielle à la fois fascinante et déroutante. Car difficile d'accès, son rythme sporadique peine malgré tout à intensifier les situations les plus folles ou délétères (notamment auprès d'une religion véreuse nantie de pulsions sexuelles déviantes). Mais pour autant, grâce à la puissance évocatrice de ses images fantasmatiques et à la beauté opaline de la troublante comédienne Jaroslava Schallerová (sobrement hantée par son rôle !), Valérie au pays des Merveilles nous illumine les yeux lors d'un maelstrom d'émotions aussi bien diaphanes que lascives.


Fort de sa fulgurance fantasmagorique que le cinéaste (méconnu chez nous) est parvenu à matérialiser sous l'oeil de sa caméra charnelle, Valérie au pays des merveilles constitue une expérience cinégénique à la fois concupiscente et déconcertante. De par son climat d'étrangeté indicible dépassant notre raison et d'un florilège d'images érotiques qu'une adolescente en éveil sexuel tente maladroitement d'apprivoiser dans sa psyché névrosée. Quoiqu'il en soit, ce Fantastique auteurisant ne peut laisser personne indifférent comme l'a justement prôné son Grand Prix au Festival de Bergame l'année même de sa sortie historique. 

* Bruno

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