mercredi 31 janvier 2018

FAUTE D'AMOUR. Prix du Jury, Cannes 2017

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinemaclock.com

"Нелюбовь / Loveless" d'Andreï Zviaguintsev. 2017. Russie/France/Allemagne/Belgique. 2h07. Avec Mariana Spivak, Alexeï Rozin, Matveï Novikov, Marina Vasilieva.

Sortie salles France: 20 Septembre 2017. Russie: 1er Juin 2017

FILMOGRAPHIEAndreï Petrovitch Zviaguintsev (en russe : Андрей Петрович Звягинцев) est un cinéaste russe né le 6 février 1964 à Novossibirsk. 2003 : Le Retour. 2007 : Le Bannissement. 2012 : Elena. 2014 : Léviathan. 2017 : Faute d'amour.


Production germano-russo-franco-belge récompensée du Prix du Jury à Cannes, Faute d'amour retrace avec un vérisme implacable la quotidienneté monocorde d'un couple en instance de divorce. Ayant déjà indépendamment prémédité leur nouvelle liaison conjugale auprès d'un nouveau partenaire, ils en oublient de se soucier de leur enfant, Aliocha, 12 ans, parti en fugue après avoir subrepticement entendu une conversation blessante sur son sort. Chacun de leur côté, ils s'efforcent d'épauler la police ainsi qu'une brigade afin de retrouver le plus rapidement leur enfant en vie. Introspection morale d'une cellule familiale en crise dénuée depuis trop longtemps de compassion et de dialogues, Faute d'Amour laisse en état de choc sitôt son générique glaçant écoulé. Autant dire qu'il est impossible de sortir indemne de cette épreuve psychologique du point de vue de parents (limite irresponsables) se vautrant dans une médiocrité morale. 


Totalement immergé dans une ambiance de sinistrose davantage anxiogène au fil de recherches infructueuses et de crises conjugales triviales, Andreï Zviaguintsev s'alloue d'une mise en scène solide, jamais voyeuriste ou complaisante, pour nous décrire avec une froideur parfois insupportable l'étude comportementale d'un couple individualiste préalablement élevé dans des conditions aussi guindées. A l'instar de la mère esseulée de Genia, virago haineuse envers sa propre progéniture pour des raisons orgueilleuses et punitives. Constat d'échec d'une société quasi mutique repliée sur elle même et peu enclin à se soucier de son prochain (à l'instar de la nouvelle jeune compagne de Boris littéralement ingrate, égocentrique et capricieuse), Faute d'Amour nous terrifie de malaise par le biais de joutes verbales d'une cruauté insensée lorsque le couple se reporte mutuellement la faute parentale à chacune de leur houleuse retrouvaille. Autant dire que leurs discordes primaires aussi immatures que vulgaires nous désarment d'impuissance et de désarroi face à leur incapacité d'établir une communication censée et d'y éprouver la noblesse des sentiments. Et ce en dépit de leur angoisse dépressive à redouter une issue dramatique auprès de leur bambin.


Très dur, cruel, voir même malsain d'y dénoncer aussi ouvertement et sans concession une démission parentale en perte des valeurs (notamment depuis leur ascendance elle-même réfractaire à l'enseignement, l'amour et au respect d'autrui), Faute d'amour révèle de la manière la plus brute les conséquences désastreuses, immensément tragiques des parents du divorce lorsque l'enfant doit faire face à l'ignorance. A réserver toutefois à un public adulte et préparé pour la remise en cause de son climat dérangeant jusqu'au-boutiste confinant au traumatisme.  

* Bruno

Récompenses: Prix du Jury au Festival de Cannes, 2017
Prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma 2018 : Meilleur film étranger

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