dimanche 29 décembre 2019

L'Elite de Brooklyn

                                      Photo empruntée sur Google, appartenant au site Allocine.fr

Brooklyn's Finest de Antoine Fuqua. 2009. U.S.A. 2h12. Avec Richard Gere, Don Cheadle, Ethan Hawke, Wesley Snipes, Will Patton, Lili Taylor, Michael K. Williams.

Sortie salles France: 5 Mai 2010

FILMOGRAPHIE: Antoine Fuqua est un réalisateur américain, né le 19 janvier 1966 à Pittsburgh. 1998 : Un tueur pour cible. 2000 : Piégé. 2001 : Training Day. 2003 : Les Larmes du Soleil. 2004 : Le Roi Arthur. 2006 : The Call (court métrage). 2007 : Shooter, tireur d'élite. 2010 : L'Élite de Brooklyn. 2013 : La Chute de la Maison Blanche. 2014 : Equalizer. 2015 : La Rage au ventre. 2016 : Les Sept Mercenaires. 2018 : Equalizer 2. 2018 : American Dream/American Knightmare (documentaire). 2020 : Infinite.


KO à la sortie de la projo après un second visionnage. C'est dire si l'Elite de Brooklyn est probablement le polar le plus dur, le plus estomaquant, le plus tangible d'Antoine Fuqua. Car dénonçant aussi bien la corruption policière et le racisme (l'incommunicabilité entre eux et black en guise d'orgueil) que leur condition de travail houleuse dans une métropole avilie par la drogue et la prostitution, l'Elite de Brooklyn est une descente aux enfers urbaine d'une intensité dramatique anxiogène. Et ce afin de culminer vers un final aux confins du cauchemar le plus mortifère eu égard de sa violence frontale difficilement supportable. Si bien que le spectateur en sort aussi bien éprouvé que lamenté de par le constat sociétal qu'Antoine Fuqua vient de nous dresser sans une once de fioriture, et ce sous l'impulsion d'une tension diluée de manière terriblement scrupuleuse afin de mettre en exergue les états d'âme torturés de nos protagonistes communément impliqués dans le désordre, la confusion, le remord, la lâcheté, sans espoir de rédemption. Car à travers les faits et gestes de 3 flics au bord de la crise de nerfs de par leur mission à haut risque; celui-ci prend son temps à ausculter leur évolution morale en proie à la désillusion, au dépit, voir même au suicide.


Outre son cast irréprochable (tant auprès des acteurs blancs que des afros américains parvenant à nous faire oublier leur charisme reconnaissable - mention spéciale à Wesley Snipes ! -); on retient surtout la force d'expression dépressive de Richard Gere en flicard suicidaire à quelques jours de sa retraite. Tant et si bien que son lent chemin de croix a de quoi nous laisser un goût amer quant à la probabilité de sa destinée précaire auquel la mort plane sur ses frêles épaules. Réfugié dans les bras d'une prostituée au gré d'une compassion désabusée, ce dernier se taille in extremis une carrure de redresseur de tort en lieu et place d'exutoire. D'une violence inouïe quant aux brutaux règlements de compte dénués de concession, l'Elite de Brooklyn afflige, éprouve, ébranle nos sentiments de manière à la fois diffuse et insidieuse à travers sa scrupuleuse radiographie du trio de policiers communément affligés par le sentiment d'iniquité et d'impuissance face à cette flambée de violence que personne ne parvient à canaliser. Tant auprès d'une criminalité toujours plus galopante, primale et triviale que de leur hiérarchie policière dénuée d'empathie, de médiation et de reconnaissance pour les risques qu'ils endossent quotidiennement avec un sens de vigilance et de bravoure le plus circonspecte possible afin d'éviter la bavure.


Les sentiers de la perdition.
Tendu et pessimiste, cafardeux et fétide car d'une noirceur inouïe à travers l'introspection d'une poignée de flics dépressifs délibérés à transgresser les règles en lieu et place d'autonomie frondeuse,  si bien que l'ombre de Taxi Driver plane auprès de son dernier acte quant à la rigueur de sa violence tranchée et le jusqu'au-boutisme de sa cruelle dramaturgie (l'héroïsme burné du justicier dans les entrailles de la perversion en guise d'expiation), l'Elite de Brooklyn nous laisse collapsé sitôt son épilogue imprimé du regard impassible d'Eddie partagé entre épuisement et relâchement. Du grand cinéma policier enragé et déloyal sous couvert d'un état des lieux sociétal anarchique. 

*Bruno
2èx

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