vendredi 20 décembre 2019

L'Eventreur de New-York

                                          Photo empruntée sur Google, appartenant au site Senscritique.com

"Lo Squartatore di New York / The New-York Ripper" de Lucio Fulci. 1982. Italie. 1h33. Avec Jack Hedley, Almanta Suska, Howard Ross, Andrea Occhipinti, Alexandra Delli Colli, Paolo Malco, Cinzia de Ponti, Cosimo Cinieri, Daniela Doria, Babette New.

Sortie salles France: 4 Mai 1983. U.S: 1982

FILMOGRAPHIE SELECTIVELucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur, 1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977: l'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York, 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable, 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence.


Le pitch: Un mystérieux tueur surnommé l'éventreur s'en prend à des femmes particulièrement lubriques. Chargé de l'enquête, l'inspecteur Williams prend sous son aile un psychologue de renom pour tenter de démasquer le criminel simulant une voix de canard. Si bien qu'il prend malin plaisir à trafiquer sa voix au téléphone pour railler la police et l'avertir de son prochain méfait.


Sorti la même année que Ténèbres d'ArgentoLucio Fulci renoue également avec le néo-giallo. Ou plutôt le psycho-killer car l'influence de Maniac, sorti en 1980, est particulièrement prégnante dans cette volonté graphique de choquer le plus vulgairement auprès de meurtres d'une bestialité inouïe, et ce à travers la scénographie inquiétante d'un New-York littéralement dépravé. En l'occurrence, nos citadins caractérisés par un gigolo, une nympho et son mari notable laissent libre cours à leur fantasmes de par leurs pulsions sexuelles incontrôlées. D'ailleurs, même le flic de routine, peu perspicace dans son enquête, couche avec une jeune prostituée pour combler son vide conjugal. Ainsi, à travers le canevas d'une investigation criminelle émaillée de fausses pistes, Lucio Fulci s'intéresse parmi l'évidente efficacité d'une réalisation très inspirée à nous façonner un show de sexe et de mort jusqu'au vertige des sens ! Car comme souvent chez le maître transalpin de l'horreur, une attention assidue est impartie aux séquences gores d'une extrême violence dans leur impact visuel putassier. Si bien que la qualité des effets de maquillage conçus par Rosario Prestopino s'avèrent toujours aujourd'hui frappants de réalisme en imposant des séquences d'anthologie à graver dans les annales (à l'instar du rasoir du tueur tranchant délicatement un téton pour ensuite pénétrer l'oeil de la victime, le tout filmé en focal variable !). Ainsi, la manière toute personnelle dont Fulci élabore ses séquences chocs avec sadisme cuisant s'écarte miraculeusement de la complaisance (à contrario des critiques défaitistes de l'époque !) de par sa brutalité stylisée qui n'appartient qu'à lui.


Par conséquent, au-delà de son caractère ultra sanglant, la sexualité déviante est autant mise en exergue au sein de l'urbanisation débauchée d'un new-york livré à la corruption sexuelle. Ce climat très malsain d'un environnement subordonné au meurtre et la perversité prendra donc au piège une poignée de libertins soumis aux exactions meurtrières d'un éventreur vindicatif. Et si l'Eventreur de New-York extériorise un sentiment de claustration auprès du spectateur, c'est notamment pour ses séquences de sexe sensorielles filmées avec une audace inévitablement dérangeante (on frôle parfois même le X pour certains plans dénudés). En l'occurrence, il n'est point question d'agrémenter de jolies séquences érotiques pour titiller la libido du spectateur, mais à contrario de nous placer dans la position inconfortable du voyeur livré aux provocations aussi bien triviales que goguenardes (le jeu de jambes improvisé dans un bar par trois clients pour exciter la bourgeoise nympho ou encore le show érotique diffusé dans une salle de peep-show auquel les spectateurs sont transis d'émoi !). Ainsi, au fil de l'intrigue soigneusement mise en place à travers ses dérives précitées, Fulci va ensuite s'intéresser à l'unique survivante épargnée et entretenir un certain suspense quand à la véritable identité du meurtrier. L'idée inhabituelle d'associer une voix de canard afin de falsifier la personnalité du suspect s'avère aussi originale que facétieuse de par son ton sardonique d'y provoquer la police, quand bien même le spectateur s'interroge à connaître les réelles motivations de l'éventreur misogyne. D'autant plus que son point d'orgue judicieux laisse préalablement place à un simulacre pour ensuite nous dévoiler une vérité sordide liée à l'agonie infantile. Spoil ! On quitte alors le film avec un arrière goût amer dans la bouche d'avoir été finalement témoin de l'iniquité d'un mélodrame familial dénué de gratuité quant aux intentions justifiées du tueur. Une cruelle tragédie auquel un père de famille noyé de chagrin s'est laissé livré à ses instincts les plus bas pour réclamer une vengeance aveugle. Fin du Spoil


Joliment photographié dans un New-York égrillard et esthétiquement soigné de par ses éclairages saturés pas si éloignés d'un Argento alchimiste, l'Eventreur de New-york demeure la dernière pièce maîtresse du maître transalpin. Car mis en scène avec une ambition artistique probante afin de se démarquer de ses homologues ricains, ce giallo à la fois novateur et personnel sait utiliser à bon escient les tabous de sexe et de mort à travers ses métaphores sur le malaise existentiel et la solitude.

*Bruno
20.12.19. 5èx
12.09.12. 208 v

Dédicace à Berangere Soustre De Condat-Rabourdin

Apport qualitatif du Blu-ray Blue Underground: 8,5/10

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