Photo empruntée sur Google, appartenant au site Imdb.com
"The Hound of the Baskervilles" de Terence Fisher. 1959. Angleterre. 1h27. Peter Cushing, André Morell, Christopher Lee, Marla Landi, David Oxley, Francis De Wolff, Miles Malleson, Ewen Solon, John Le Mesurier, Helen Goss, Sam Kydd...
Sortie France: 23 décembre 1959. U.S.A: 03 juillet 1959. Royaume-Uni: 4 Mai 1959.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Terence Fisher est un réalisateur britannique né le 23 février 1904 à Londres (Maida Vale), et décédé le 18 juin 1980 dans la même ville. 1957 : Frankenstein s'est échappé, 1958 : Le Cauchemar de Dracula , 1958 : La Revanche de Frankenstein , 1959 : Le Chien des Baskerville , 1959 : L'Homme qui trompait la mort , 1959 : La Malédiction des pharaons, 1960 : Le Serment de Robin des Bois , 1960 : Les Étrangleurs de Bombay , 1960 : Les Maîtresses de Dracula , 1960 : Les Deux Visages de Docteur Jekyll , 1961 : La Nuit du loup-garou , 1962 : Le Fantôme de l'Opéra , 1962 : Sherlock Holmes et le collier de la mort , 1963 : The Horror of It All, 1964 : La Gorgone , 1965 : The Earth Dies Screaming, 1966 : L'Île de la terreur , 1966 : Dracula, prince des ténèbres , 1967 : La Nuit de la grande chaleur , 1967 : Frankenstein créa la femme , 1968 : Les Vierges de Satan , 1969 : Le Retour de Frankenstein , 1974 : Frankenstein et le monstre de l'enfer.
En 1959, la célèbre société de production anglaise Hammer entreprend d'adapter le fameux roman d'Arthur Conan Doyle, Le Chien des Baskerville sous la houlette du grand Terence Fisher. Ce roman publié pour la première fois dans le Strand Magazine en 1901 et 1902 est d'autre part l'aventure la plus connue de Sherlock Holmes. Mais mésestimé dans les pays anglo-saxons (le film ne rencontre pas le succès public) et initialement prévu pour une série de plusieurs longs-métrages portant la signature de Doyle pour la narration, la Hammer dédaigne le projet pour l'abdiquer définitivement. La raison la plus vraisemblable émane que ces récits policiers à suspense se prêtaient assez mal avec le genre Fantastico-gothique que la firme anglaise créa avant tout pour dépoussiérer le bestiaire des classiques de la Universal. Le pitch: En l'an 1790, en Angleterre, un tyran richissime, sir Hugo de Baskerville, fait régner la loi et la terreur auprès de la population locale. Une nuit, après une soirée de beuverie, il décide avec ses chiens de chasse de se lancer à la poursuite d'une paysanne en fuite qu'il eut retenu prisonnière dans son château. C'est dans les landes environnantes que l'homme sanguinaire retrouve sa proie pour la poignarder de sang froid. Mais un mystérieux hurlement raisonnant dans l'opacité de la nuit s'y fait soudainement écho. Quelques secondes plus tard, sir Hugo de Baskerville est mystérieusement dévoré par un animal sauvage.
Ainsi, cet illustre prologue s'avère déjà un morceau de bravoure resté dans toutes les mémoires ! De par sa facture irrationnelle à la fois haletante et flamboyante, et sa brutalité se clôturant sur un meurtre d'une surprenante gratuité. Mais le pire est à venir lorsque notre mécréant Hugo de Baskerville se fera déchiqueté (hors-champ !) par ce mythologique monstre surgi de nulle part. Scrupuleusement détaillée en y prenant son temps à nous présenter ses personnages, l'intrigue s'oriente rapidement vers l'investigation policière menée avec charisme dandy par un duo de gentlemans. Peter Cushing se fondant dans la stature scientifique de Sherlock Holmes avec persuasion finaude, sens aiguisé de l'observation et aptitude insolente à provoquer divers suspects afin de mieux résoudre ses énigmes en suspens. Secondé par Christophe Lee, il s'avère un chouilla en retrait pour endosser un lord venu tout droit des Etats-Unis afin d'hériter du manoir. Néanmoins, il reste tout de même imposant et convaincant (notamment auprès de son charisme sombrement distingué) lors de ses interrogations perplexes. Et ce au moment même de céder à l'amour d'une paysanne taciturne asservie par un père psycho-rigide. Ainsi donc, pour épicer le genre, l'enquête policière formellement mise en scène s'octroie d'un esthétisme gothique à tomber à la renverse ! En y privilégiant notamment en intermittence les couleurs rutilantes afin de renforcer la nature horrifico-fantastique de son argument de base savamment mis en place. A l'instar du manoir ensorcelant à l'architecture saillante, de l'immensité de la lande parfois nappée de brume au sein d'une nuit feutrée, de cette mine désaffectée renfermant un danger insidieux, des ruines antiques auquel un sacrifice humain vient d'avoir lieu sur une roche ensanglantée, ou encore de ses sables mouvants éclipsés par des sentiers broussailleux. Bref, le spectacle onirique demeure constamment envoûtant parmi la subtilité d'une intrigue à suspense jouant avec la peur du monstre tapi dans l'ombre.
Sobrement interprété par nos gentlemens de la Hammer et mis en scène avec une classe épurée auprès d'un Terence Fisher fidèlement impliqué, Le Chien des Baskerville transcende tout en fulgurance formelle son captivant récit autour d'un tortueux enjeu de cupidité punitive. Charnel, sensuel, féerique et inquiétant de par son imagerie occulte à damner un saint, il demeure une réussite flamboyante sous l'impulsion d'une épouvante séculaire suggérant plus qu'elle ne montre. Un parti-pris expectatif afin de mieux nous ébranler lors de sa brutale révélation. Inextinguible donc de par sa pérennité immatérielle, tel le bon vin soigneusement conservé depuis des siècles au fond d'une cave.
Note: C'est le premier long métrage mettant en scène les aventures de Sherlock Holmes à être filmé en couleur.
*Bruno
13.01.11. 334 v
29.05.20. 4èx
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