Photo empruntée sur Google, appartenant au site backtothemovieposters.blogspot.com
"Fear City" de Abel Ferrara. 1984. U.S.A. 1h36. Avec Tom Berenger, Melanie Griffith, Billy Dee Williams, Jack Scalia, Rossano Brazzi, Rae Dawn Chong, John Foster.
Sortie salles France: 18 Juillet 1984. U.S: 16 Février 1985.
FILMOGRAPHIE: Abel Ferrara est un réalisateur et scénariste américain né le 19 Juillet 1951 dans le Bronx, New-York. Il est parfois crédité sous le pseudo Jimmy Boy L ou Jimmy Laine. 1976: Nine Lives of a Wet Pussy (Jimmy Boy L). 1979: Driller Killer. 1981: l'Ange de la Vengeance. 1984: New-York, 2h du matin. 1987: China Girl. 1989: Cat Chaser. 1990: The King of New-York. 1992: Bad Lieutenant. 1993: Body Snatchers. Snake Eyes. 1995: The Addiction. 1996: Nos Funérailles. 1997: The Blackout. 1998: New Rose Hotel. 2001: Christmas. 2005: Mary. 2007: Go go Tales. 2008: Chelsea on the Rocks. 2009: Napoli, Napoli, Napoli. 2010: Mulberry St. 2011: 4:44 - Last Day on Earth. 2014: Welcome to New-York. 2014: Pasolini.
Trois ans après l'Ange de la Vengeance, Abel Ferrara renoue avec les ambiances nocturnes de la métropole new-yorkaise soumise ici aux exactions d'un serial-killer expert en arts-martiaux.
Le pitch: Matty, ancien boxeur aujourd'hui associé à un club de strip-tease assiste impuissant au déclin de son buziness depuis les agressions sanglantes commises sur ses effeuilleuses. Rongé par le remord d'avoir tué un de ses adversaires en plein match de boxe, il se retrouve dans une impasse à tenter d'appréhender le mystérieux tueur. Jusqu'au jour où son comparse et sa petite amie deviennent les nouvelles cibles de l'assassin. Entièrement filmé de nuit au sein des quartiers miteux de Manhattan, New-York, 2 heures du matin s'édifie en fascinante plongée dans le cadre d'une boite de strip-tease prise à parti avec un maniaque dont nous ne connaîtrons jamais le mobile. L'intérêt résidant plutôt dans le portrait de cet ancien boxeur hanté par sa culpabilité depuis un homicide involontaire. En quête de rédemption, et c'est là où l'intrigue distille un parfum de souffre particulièrement vénéneux, ce dernier s'efforce de s'opposer à la violence jusqu'au jour où il est contraint de s'y adonner depuis un concours de circonstances toujours plus préjudiciables.
Car au risque de sombrer dans la faillite professionnelle et s'attirant la colère de ces rivaux pour leur entreprise en chute libre, Matt finit par sombrer dans l'obsession d'appréhender coûte que coûte le responsable de ses ennuis et de ses névroses. Ce qui culminera vers un final redoutablement âpre lorsqu'il usera à nouveau de ses poings pour éradiquer un adversaire adepte en arts-martiaux. Outre l'efficacité de l'intrigue oscillant les rebondissements horrifiques et les rapports de force entre associés véreux (notamment la filature infructueuse d'une police réactionnaire) et membres mafieux (que notre anti-héros côtoie depuis un contexte sanglant de son enfance), New-York, deux heures du matin tire-parti de son pouvoir de fascination par son climat d'authenticité régi au sein d'une jungle urbaine à laquelle une faune marginale se complaît au voyeurisme. En dépit des rôles secondaires criants de vérité dans leur stature machiste ou burinée (à l'instar de l'intervention mafieuse d'un parrain), le film est transcendé de la carrure inflexible de Tom Berenger portant le film à bout de bras de sa stature proscrite. Ce dernier endossant dans une attitude à la fois flegme et renfrognée un macro au coeur tendre assailli par la culpabilité de son instinct meurtrier. Il y émane un saisissant portrait sans concession car à double-tranchant, ce dernier étant contraint de réveiller sa tendance destructrice pour la survie de sa compagne et afin d'inhumer son passé galvaudé.
D'une violence percutante et d'une morale ambiguë, New-York, deux heures du matin n'a rien perdu de sa puissance d'évocation de par l'illustration sordide de sa jungle urbaine subordonnée à la perversion et au crime gratuit. Taillé sur-mesure dans une intrigue solide terriblement magnétique, ce redoutable psycho-killer exploite notamment avec beaucoup d'efficacité le caractère oppressant du contexte horrifique parmi la facture psychologique d'un anti-héros condamné à l'impasse après avoir ranimer ses pulsions meurtrières. A ne pas rater.
14.05.22. 5èx
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