mercredi 27 mai 2015

Possession. Prix d'Interprétation Féminine, Cannes 1981.

                                 Photo empruntée sur Google, appartenant au site cinebisclassics.blogspot.fr/

d'Andrzej Zulawski. 1982. France/Allemagne. 2h04. Avec Isabelle Adjani, Sam Neil, Margit Carstensen, Heinz Bennent, Johanna Hofer, Carl Duering, Shaun Lawton.

Sortie salles France: 27 Mai 1981. Allemagne: 2007

FILMOGRAPHIE: Andrzej Zulawski est un réalisateur, scénariste, écrivain, metteur en scène de théâtre polonais, né le 22 Novembre 1940 à Lwow (Lviv). 1971: La Troisième partie de la nuit. 1972: Le Diable. 1975: L'Important c'est d'aimer. 1981: Possession. 1984: La Femme Publique. 1985: L'Amour Braque. 1987: Sur le globe d'Argent. 1989: Mes Nuits sont plus belles que vos jours. 1989: Boris Godounov. 1991: La Note Bleue. 1996: Chamanka. 2000: La Fidélité. 2015: Cosmos.

 
"L’hystérie comme dernier langage".
« Je dois à la mystique d'Andrzej Zulawski de m'avoir révélé des choses que je ne voudrais jamais avoir découvertes... Possession, c'était un film infaisable, et ce que j'ai fait dans ce film était tout aussi infaisable. Pourtant, je l'ai fait et ce qui s'est passé sur ce film m'a coûté tellement cher... Malgré tous les prix, tous les honneurs qui me sont revenus, jamais plus un traumatisme comme celui-là, même pas... en cauchemar ! ». Isabelle Adjani.

Fable sur le communisme et le totalitarisme, symbolisés par le mur de Berlin, Possession demeure, avant tout, un cauchemar sur pellicule. Un film d’horreur, au sens le plus brut du terme, tant Żuławski pousse l’hystérie jusqu’au paroxysme de la folie meurtrière. 
 
Pitch: Lorsque Marc rentre de voyage pour retrouver sa famille, son épouse Anna lui annonce, dans un souffle, son infidélité — puis le quitte. Incapable de supporter la rupture, Marc s’enfonce dans une dépression inexorable et commence à la harceler, allant jusqu’à engager un détective privé. Par son témoignage, nous découvrons qu’Anna entretient une double relation… jusqu’à ce qu’une étrange créature, tapie dans l’ombre d’une chambre, enfante un double masculin.

Expérience limite de la folie, Possession atteint une intensité rarement égalée grâce au surjeu névralgique de comédiens qui semblent sonder la foi, le bien, le mal — et leurs propres abîmes. Le film envoûte l’esprit, possédant littéralement le spectateur, notamment par la performance foudroyante d’Isabelle Adjani, habitée, transfigurée par la déchéance psychotique. Sa crise de nerfs dans les couloirs du métro reste un sommet d’extériorisation sauvage, où l’actrice se livre, corps et âme, à une caméra voyeuriste qui ne recule devant rien. Provocateur en diable, sans aucune pudeur, Żuławski façonne un film-monstre, pétri d’aberrations, ponctué de scènes chocs d’un réalisme clinique aussi éprouvant que dérangeant. Entre photographie blafarde, murs suintants d’appartements insalubres et Berlin fantomatique, l’univers visuel devient le miroir exact de la déliquescence morale d’êtres en chute libre.

Au-delà de l’horreur organique, Possession est aussi un drame psychologique — celui d’un couple qui refuse de regarder sa propre fin en face, préférant se rejeter mutuellement la faute. Żuławski, alors en plein divorce, exorcise ici son désespoir amoureux dans un cri cinématographique d’une puissance inouïe. Caméra convulsive, narration instable, émotions à vif : tout suinte l’abandon, la peur de l’autre, l’impossibilité d’aimer sans se perdre. Une fracture sentimentale poussée jusqu’à la rupture de toute logique, jusqu’à l’éclatement de la psyché. Un couple qui se refuse, par orgueil ou lâcheté, à endosser la responsabilité de sa propre désintégration. 


"Possédés par l’absence".
Malsain et dérangeant, glauque et suffocant, Possession est une œuvre de démesure, à l’image de L’Exorciste de Friedkin. Un film scandale, mais d’une singularité tranchante, où chaque crise, chaque convulsion, électrise l’écran. À cela s’ajoute le travail artisanal de Carlo Rambaldi, qui donne vie à une créature organique insaisissable, métaphore vibrante d’un désir monstrueux. Car derrière l’horreur, Possession cache un chef-d’œuvre d’une beauté vénéneuse, nonchalante, hallucinée. L’avidité désespérée d’aimer et d’être aimé dans une harmonie conjugale rêvée… jusqu’à perdre pied avec la réalité.
Public averti.

Bruno 
3èx

Récompenses:
Festival de Cannes 1981 : Prix d'interprétation féminine pour Isabelle Adjani (également récompensée pour Quartet).
Césars 1982 : César de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani.
Mostra de cinéma de São Paulo : Prix de la critique pour Andrzej Żuławski.
Fantasporto : Mention spéciale du public pour Andrzej Żuławski.
Prix de la meilleure actrice pour Isabelle Adjani.

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