Photo empruntée sur Google, appartenant au site impawards.com
"E tu vivrai nel terrore - L'aldilà" de Lucio Fulci. 1981. Italie. 1h27. Avec Catriona MacColl, David Warbeck, Cinzia Monreale, Antoine Saint-John, Veronica Lazar, Anthony Flees, Giovanni De Nava, Al Cliver.
Sortie salles France: 14 Octobre 1981. Italie: 29 Avril 1981. Interdit aux - de 18 ans lors de sa sortie.
FILMOGRAPHIE SELECTIVE: Lucio Fulci est un réalisateur, scénariste et acteur italien, né le 17 juin 1927 à Rome où il est mort le 13 mars 1996. 1966: Le Temps du Massacre, 1969 : Liens d'amour et de sang , 1971 : Carole, 1971: Le Venin de la peur,1972 : La Longue Nuit de l'exorcisme, 1974 : Le Retour de Croc Blanc, 1975: 4 de l'Apocalypse, 1976: Croc Blanc, 1977 : L'Emmurée vivante, 1979: l'Enfer des Zombies, 1980 : la Guerre des Gangs, 1980 : Frayeurs, 1981 : Le Chat noir, 1981 : L'Au-delà, 1981 : La Maison près du cimetière , 1982 : L'Éventreur de New York , 1984 : 2072, les mercenaires du futur, Murder Rock, 1986 : Le Miel du diable , 1987 : Aenigma, 1988 : Quando Alice ruppe lo specchio, 1988 : les Fantomes de Sodome, 1990 : Un chat dans le cerveau, 1990 : Demonia, 1991 : Voix Profondes, 1991 : la Porte du Silence..
Spectacle (enchanteur) de poésie morbide autour d'une scénographie gothique aussi ensorcelante qu'anxiogène (l'hôtel bucolique de la Nouvelle-Orléans et ses chambres poussiéreuses), L'Au-delà est entré au fil des décennies au panthéon du genre alors qu'à sa sortie il fut souvent dénigré à tort comme une vulgaire série B à la violence aussi gratuite qu'obscène. Revoir pour la énième fois ce mastodonte putrescent sans jamais se lasser de son impact visuel (intensité renforcée des maquillages hallucinés de Giannetto De Rossi !), sensoriel (l'impact olfactif de nos cadavres purulents !) et auditif (Fabio Frizzi se déchaînant à composer un contrepoint musical tantôt lancinant, tantôt mélodique !), prouve à quel point Lucio Fulci était un génie passé maître dans l'art de rationaliser notre peur intrinsèque: la hantise de la mort et sa putréfaction corporelle. Cette angoisse du néant, ce rapport viscéral au trépas, cette effluve nauséabonde émanant de cadavres décrépits ou de corps fraîchement torturés, l'Au-delà l'inscrit sur pellicule rubigineuse (photo sépia de Sergio Salvati en sus !) par le biais d'une caméra chirurgicale auscultant les plaies déchiquetées de l'agonie humaine.
Si l'intrigue simpliste, voir incohérente diront certains, n'est qu'un prétexte à étaler à intervalle régulier des mises à mort d'anthologie jamais vues au préalable (même la séquence des araignées parfois décriée pour la facture mécanique d'une ou deux figurines parvient miraculeusement à nous transir d'émoi !), Lucio Fulci parvient à la transcender grâce à la symétrie d'une mise en scène étonnement stylisée (on peut prôner par exemple la mémorable fantasmagorie routière lorsque Emilie et son berger allemand se figent au milieu d'une chaussée sans destination !). Ou comment également réussir l'exploit de transfigurer les pires sévices crapoteux grâce à la beauté sulfureuse d'une poésie mortifère dédiée au spectacle pestilentiel (inoubliable supplice du bain d'acide consumant délicatement le visage d'une veuve avant de laisser écouler sur le sol une mousse crémeuse d'un rouge pastel !). Hymne effronté à la cruauté organique (le martyr christique de Schweick transgresse la morale d'une justice dépravée !), cantique à la mort mais aussi à la plénitude du repos éternel (voir l'épilogue fantasmatique décrivant avec une sidérante poésie picturale la vision du néant, représentation graphique du tableau de Schweick !), sarabande infernale de zombies en ascension (leur déambulation iconique au sein de l'hôpital provoque un malaise pétrifiant) auquel l'enfer entrouvre l'une de ses portes pour laisser libre court aux rituels meurtriers, l'Au-délà empoisonne ses personnages sous l'impulsion d'une entité fétide tout en les confrontant avec des phénomènes surnaturels nonsensiques ! La fresque du peintre (métaphore de l'enfer !) n'étant finalement que la prémonition de ces suppliciés que Fulci nous matérialise avec une fulgurance sépulcrale.
L'Etrange couleur des larmes de ton corps
En dépit de la superficialité des dialogues et d'une direction d'acteurs perfectibles que leur charisme inquiétant parvient malgré tout à rehausser, l'Au-delà réussit l'exploit de nous parfaire le plus beau poème morbide jamais inscrit sur pellicule. Ou à l'instar de l'opéra gracile Suspiria et à travers la splendeur du néant, comment ornementer les pires sévices du châtiment humain par le biais d'une féerie macabre et d'un climat funèbre aussi évocateur que lyrique ! Envoûtant, angoissant et effrayant (Emilie entourée d'un quatuor de zombies gutturaux en interne de son salon, le plombier surgissant de la baignoire pour énucléer la domestique !), l'Au-delà est également sublimé par la présence suave de Catriona MacColl avec l'influence symbolique d'une non-voyante échappée de l'enfer.
En dépit de la superficialité des dialogues et d'une direction d'acteurs perfectibles que leur charisme inquiétant parvient malgré tout à rehausser, l'Au-delà réussit l'exploit de nous parfaire le plus beau poème morbide jamais inscrit sur pellicule. Ou à l'instar de l'opéra gracile Suspiria et à travers la splendeur du néant, comment ornementer les pires sévices du châtiment humain par le biais d'une féerie macabre et d'un climat funèbre aussi évocateur que lyrique ! Envoûtant, angoissant et effrayant (Emilie entourée d'un quatuor de zombies gutturaux en interne de son salon, le plombier surgissant de la baignoire pour énucléer la domestique !), l'Au-delà est également sublimé par la présence suave de Catriona MacColl avec l'influence symbolique d'une non-voyante échappée de l'enfer.
Bruno Matéï. 5èx
La critique de Mathias Chaput:
Véritable ode à la putréfaction, « l’au-delà » est le meilleur film de Fulci à ce jour…
Doté d’un onirisme incroyable et omniprésent (suffit de voir la fin du film pour comprendre que tout ceci n’était qu’un rêve !), le spectateur navigue entre irréel, horreur, angoisse et fascination…
Tout est relaté merveilleusement, avec des morceaux de bravoure incroyable (notamment les scènes dans l’hôpital) , certaines séquences témoignent de l’horreur pure (les araignées), et les comédiens sont tous bien impliqués dans leurs rôles, laissant transparaitre leur angoisse et leur incompréhension face à des phénomènes qui les dépassent…
De nos jours, certains le trouveront désuet et daté, ceci dit il ne faut pas occulter que « L’au-delà » est un pan du cinéma d’horreur d’auteur, véritable pilier, véritable renaissance d’un genre à son apogée vers le début des eighties !
Un film de puriste en somme… pas donné à tout le monde !
Dans ce paysage actuel de remakes à tout va, il est parfois bon de se replonger dans les œuvres des maitres, des dieux du gore !
Et Fulci fait partie de cette catégorie …
Certaines mauvaises langues diront que le maestro a pompé religieusement « Shining » (le coup de la chambre) ou « Suspiria » (le chien dévorant l’aveugle), en attendant il a su insufflé à son métrage un côté épique et surdimensionné dans l’horreur ultime !
Considérons qu’il était littéralement en état de grâce et qu’il a accouché de quelque chose qui se vit, une EXPERIENCE, l’aboutissement d’une carrière donnant naissance à une perle, un morceau cristallin, reléguant tous les autres films du genre au rang inférieur et marquant la pierre tombale d’un certain cinéma populaire !
Surprenant, exerçant une fascination empathique encore maintenant, « L’au-delà » est d’une puissance, d’une beauté et d’un impact hors du commun !!!!
A voir religieusement…
Véritable ode à la putréfaction, « l’au-delà » est le meilleur film de Fulci à ce jour…
Doté d’un onirisme incroyable et omniprésent (suffit de voir la fin du film pour comprendre que tout ceci n’était qu’un rêve !), le spectateur navigue entre irréel, horreur, angoisse et fascination…
Tout est relaté merveilleusement, avec des morceaux de bravoure incroyable (notamment les scènes dans l’hôpital) , certaines séquences témoignent de l’horreur pure (les araignées), et les comédiens sont tous bien impliqués dans leurs rôles, laissant transparaitre leur angoisse et leur incompréhension face à des phénomènes qui les dépassent…
De nos jours, certains le trouveront désuet et daté, ceci dit il ne faut pas occulter que « L’au-delà » est un pan du cinéma d’horreur d’auteur, véritable pilier, véritable renaissance d’un genre à son apogée vers le début des eighties !
Un film de puriste en somme… pas donné à tout le monde !
Dans ce paysage actuel de remakes à tout va, il est parfois bon de se replonger dans les œuvres des maitres, des dieux du gore !
Et Fulci fait partie de cette catégorie …
Certaines mauvaises langues diront que le maestro a pompé religieusement « Shining » (le coup de la chambre) ou « Suspiria » (le chien dévorant l’aveugle), en attendant il a su insufflé à son métrage un côté épique et surdimensionné dans l’horreur ultime !
Considérons qu’il était littéralement en état de grâce et qu’il a accouché de quelque chose qui se vit, une EXPERIENCE, l’aboutissement d’une carrière donnant naissance à une perle, un morceau cristallin, reléguant tous les autres films du genre au rang inférieur et marquant la pierre tombale d’un certain cinéma populaire !
Surprenant, exerçant une fascination empathique encore maintenant, « L’au-delà » est d’une puissance, d’une beauté et d’un impact hors du commun !!!!
A voir religieusement…
10/10 intemporel
Merci pour la dédicace ...les critiques sont presque aussi belles que le film lui même...^^
RépondreSupprimerDe rien, j'ai instinctivement pensé à toi (aussi parce que je t'avais offert le dvd). Merci pour le compliment.
RépondreSupprimerUn de mes films préférés... quelle belle époque
RépondreSupprimerFulci Lives !
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